
En effet, la pratique du pouvoir que l’on observe semble ne laisser aucune place à l’ambigüité. La mémoire
populaire cultivée à dessein fait naitre la peur là où d’habitude seuls la
compétence et l’amour vrais mobilisent les esprits.
Incontestablement, l’émergent du village entretient
la peur avec brio, l’exploite à satiété.
Qui peut oser…pas moi, se disent certains dans le
murmure de l’anonymat de leur esprit tourmenté par la crainte des représailles.
Non pas qu’ils seront fusillés mais dépouillés de leurs biens….mal acquis?
Aussi, habités
par cette angoisse permanente de perdre leurs privilèges, ceux qui sont en
mesure de contester le pouvoir usurpé n’osent pas ouvrir les yeux. Bien au
contraire, ils les gardent bien fermés.
Lors du dernier congrès du PDG, cette peur était
bien lisible dans bien de visages. Elle a conduit tous les caciques et autres
grands hommes du parti, sous un autre règne, à se réfugier dans le creux de
leurs mains. De la même façon qu’ils étaient blottis dans leurs fauteuil comme pour
dissimuler toute grimace qui trahirait la moindre opposition, ils évitaient le
regard arrogant de leur hôte qui n’attendait qu’un regard de défiance. Devant l’arrogance amusée, on a vu des gens
habités par l’humiliation et surtout la honte, considérés par une certaine
gestuelle de domination certaine comme des moins que rien. Ainsi, ont-il involontairement
laisser apparaitre l’impression de gens accrochés ad vitam aeternam au pouvoir de
l’émergent comme une arapède à son rocher.
Cela est compréhensible dans une certaine mesure.
L’histoire de la conquête du pouvoir par la force et
de la domination qui en résulte est riche en enseignements. Elle nous apprend
que les premiers gouvernements qui se sont emparés du pouvoir par la guerre et
par la conquête politique illégitime ont imposé aux conquis une domination
résultant de la peur. Les vaincus qui n’avaient pas été exécutés ou vendus
comme esclaves devaient payer un tribut aux vainqueurs. Au moindre signe de
rébellion, les vainqueurs menaçaient de confisquer les biens des conquis et de
les réduire à l’esclavage. Dans ce contexte, le paiement d’un tribut était un
moindre mal. Ainsi apparurent les premiers régimes d’impôts. Dans mon village
émergent, il suffit de menacer ces nantis de les traduire devant la Commission
de l’enrichissement illicite ou de priver certains de leur salaire pour s’assurer
contenir la les moindres signes de contestation politique.
Certainement, l’émergent du village a longtemps
compris que le moindre signe de faiblesse de sa part risque de se solder par la
révolte des conquis. Faire régner une certaine peur soustrait les plus coriaces
à l’entreprise de dénonciation de son pouvoir. Pour cette raison, il est
immergé dans ce délire obsidional, l’incitant à mobiliser tous les moyens de
l’Etat non pas pour le bien de la population, mais pour la conservation de ce
pouvoir, en répandant à dose homéopathique de la peur au sein de la population.
De fait, certains sont sous cette impression d’un danger anticipé.
La mémoire collective cultivé entre autre par le
décès de Josèphe Redjambé et la douloureuse mort de Rawiri est sans équivoque.
Ce type qui a une pierre à la place du cœur est capable des monstruosités
inimaginables. L’opinion des leaders nationaux qui doit être un rempart, semble
être du côté du bourreau non pas amour pour lui mais par peur. Dès lors,
abandonnant la veuve et l’orphelin à leur triste sort, certains ont pris parti
de plier l’échine. Voilà pourquoi, lors du congrès du PDG on avait même du mal
à les identifier. La bouille renfournée, ils étaient porteurs de masque, le
masque de la peur.
JMN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire