Depuis sa prise de pouvoir par un coup d’État électoral au Gabon, Ali Bongo a multiplié les rencontres avec les personnalités de la scène internationale; organisé des activités festives, des forums économiques et politiques inutiles et coûteux; participé à des sommets et à des réunions internationaux où il a été amené à prendre la parole, même quand cela n’était pas nécessaire. Il s’est fait inviter à la finale du championnat européen de soccer (UEFA). Comme un cheveu dans la soupe du Prince Charles, il a poussé son besoin du m'as-tu-vu…j’étais là, jusqu’à figurer dans la photo de l’équipe championne célébrant sa victoire. On aurait cru qu’il faisait partie du staff technique de Chelsea, l’équipe championne.
Avant cela, le besoin insatiable du paraître a amené Ali Bongo à faire de nombreux dons financiers vulgarisés à coup de communiqués de presse, notamment, celui fait au Japon, un pays dix mille fois plus riche que le Gabon, suite aux dévastations du tremblement de terre qui ont paralysé une partie de ce pays.
Des indiscrétions qui nous parviennent indiquent que pour prendre part ou organiser ces différentes rencontres et activités nationales et internationales, Ali Bongo Ondimba a déboursé depuis trois ans, quelque deux cents millions d’euros. Alors que son peuple croupit dans la promiscuité de la misère, à quel intérêt correspond le besoin effréné d’Ali Bongo d’apparaître dans toutes les activités internationales organisées un peu partout à travers le monde?
On présente l’autocratie dans la plupart des études de sciences politiques comme reposant sur l’oppression des citoyens pour les priver de leurs libertés. Le but étant de faire taire et de contenir la remise en cause de la légitimité du pouvoir usurpé. Peu d’analyses montrent qu’en plus de l’oppression, à l’ère de la mondialisation accentuée par la convergence des technologies de la communication qui fait de la planète un village, l’image et les informations qu’ils véhiculent sont des instruments de pouvoir. Utilisées habilement, elles participent à faire accepter les dictateurs, de sorte que, comme l'a dit Malcolm X, « Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment ».
En fait, la séduction politique est le leitmotiv des activités d’Ali Bongo Ondimba qui ne cherche pas à gouverner, mais régner avec des dépenses sans compter. Pour y parvenir, il n’hésite pas à utiliser l’argent du Gabon comme instrument d'échange de sa reconnaissance mondiale comme président du Gabon. Selon l’analyse qu’en fait Patrick Meney (1992) du phénomène, Ali Bongo agit en kleptocrate. Les kleptocrate sont les dirigeants politiques qui pratiquent l’achat de la reconnaissance politique à grande échelle en vue d’asseoir leur pouvoir personnel. Ils érigent la corruption politique en instrument de légitimation du statut politique qu’ils désirent faire prévaloir.
La corruption est pour ces dirigeants une façon de tordre ou détériorer, physiquement ou moralement, l’aspect d’une chose ou d’une réalité. Elle procède de falsification qui entraîne la substitution des faits d’une réalité en échange d’un gain. La falsification ne conduit pas la réalité authentique à disparaitre totalement. Au contraire, elle subsiste, mais dans l’apparence. Car lorsqu’elle est corrompue, la réalité politique attendue légitimement perd son essence. Même si elle a toutes les caractéristiques requises, la chose corrompue ne remplit plus sa fonction initiale. Elle n’a plus les attributs essentiels pour le fonctionnement attendu.
Ainsi, pour correspondre à la chose substituée, les informations diffusées sur les activités d’Ali Bongo sont des faits qui se juxtaposent sur les fonctions et les attributs altérés par sa prise de pouvoir forcée. Ce qui conduit à instituer un chef d’État hybride alliant les formes de respectabilité de l’institution de chef de l’État et les comportements mafieux par lesquels, il agit à sa guise sans respect des valeurs et normes institutionnelles qu’un président normal respecterait. En réalité le kleptocrate arbore à la fois des comportements légaux lorsqu’il cherche à conquérir sa reconnaissance politique par la séduction dans la scène internationale et en mafieux lorsqu’il l’impose à ses concitoyens.
Comme de raison, la fonction de chef de l’État en démocratie est dévolue à un individu d’après la volonté exprimée librement par la majorité des citoyens et validée en totalité par les institutions et les acteurs politiques nationaux et internationaux. Afin de s’assurer de l’authenticité des résultats proclamés, un ensemble de mécanismes juridiques et institutionnels est considéré lors des consultations politiques électorales. Lorsqu’il y a absence de contestation à grande échelle, on présume qu’il y a reconnaissance de la validé du processus électoral et des résultats proclamés.
Pour contenir les contestations, avant la proclamation des résultats du vote tronqués, l’armée est mise au pas, casque à la tête, matraque à la main et les véhicules blindés positionnés dans tous les coins où des foules sont susceptibles de manifester leur contestation des résultats proclamés. Ainsi, pas besoin de corrompre l’ensemble des citoyens ou même de donner suite aux promesses de la campagne électorale. Il suffit d’acheter la conscience de ceux qui dirigent les forces de l’ordre et ceux qui organisent, contrôlent le processus électoral, proclament et valident les résultats du vote.
Le chef de l’État élu doit également obtenir la reconnaissance des acteurs de la communauté internationale qui cautionnent le processus de la désignation du chef de l’État. Pour qu’il existe, l’État doit avoir la reconnaissance internationale. De la même façon, les chefs d’État étrangers et les acteurs transnationaux donnent leur assentiment sur le processus de désignation du chef de l’État, suite à une élection, par les félicitations qui sont adressées au nouvel élu. Le poids de l’opinion internationale à la validation des votes dans un pays est davantage requis lorsque le processus n’a pas été honnête et lorsque ce pays est un jeu politique et économique des grandes puissances. À cet égard l’opinion des citoyens du pays compte moins que celle des acteurs économiques et des personnalités politiques importantes de ces grandes puissances.
Les États africains sont des réservoirs des matières premières des États occidentaux. Voilà pourquoi, depuis la fin de la guerre froide, la reconnaissance des chefs d’État des pays d’Afrique a tendance à se faire non pas en fonction des résultats des urnes authentiques, mais de la préservation de certains intérêts des personnalités ou des organisations des pays les plus influents de la communauté internationale. La reconnaissance de la validité du processus électoral en Afrique noire serait ainsi un jeu de dupe. Bien souvent, la communauté internationale reconnait comme élu que celui qui leur permet d’obtenir ou de préserver un gain politique ou matériel. Cette situation fait de la corruption politique l’assise de la reconnaissance politique des chefs d’États africains.
Indubitablement, l’enjeu que représente le Gabon dans la politique africaine de la France et de ses intérêts économiques fait que depuis le coup d’État militaire de février 1964, le pays n’a connu aucun moment où l’expression exprimée par les citoyens a été validée. La conquête du pouvoir politique au Gabon est jusqu’à maintenant moins une quête de l’assentiment des citoyens par la satisfaction de leurs besoins que la capacité d’obtenir des soutiens des personnalités politiques et économiques français. D’où le besoin insatiable d’Ali Bongo de contribuer financièrement, d’organiser et de participer à diverses activités internationales, peu importe le coût pour le trésor public.
Pour cela, l’essence même du pouvoir d’Ali Bongo est de mettre sous son autorité toutes les sources financières de l’État. La conquête du pouvoir est concomitante à la conquête des sources financière et matérielle de l’État. Agissant dans son pays en gangster, il travestit le mode de fonctionnement du gouvernement en créant des agences qui retirent au gouvernement les prérogatives de la gestion directe des ressources financières. Ces agences et toutes les régies financières sont mises sous tutelle à la présidence de la République pour les besoins de la corruption politique.
En somme, il est dit cyniquement que la corruption est, avec la prostitution, le plus vieux métier du monde. Si la prostitution représente une mise en location de son corps pour l’acquis d’un gain quelconque, la corruption est l’achat et la vente d'une conscience. Lequel achat s’exerce par l'abus d'un pouvoir en vue d'un gain personnel ou au bénéfice d'un groupe auquel il doit allégeance. Ainsi, l’achat des immeubles en France et aux États-Unis a servi à faire des dons à des personnalités de ces pays pour adouber sa présidence. De la même façon il organise pour le Gabon ou au nom du Gabon des activités qui n’ont aucune retombée économique pour l’ensemble des Gabonais mais qui profitent à ses invités internationaux.
Par rapport à ce système kleptocrate, la lutte pour la libération politique exige une mobilisation de l’ensemble des Gabonais. Cette mobilisation des Gabonais requiert l’unification de l’opposition en une seule organisation. Afin de laisser transpirer les particularités et les différences qui caractérisent l’ensemble des expressions politiques du Gabon, cette opposition unique peut être composée des tendances diverses. Face à une opposition unie, en effet, la communauté internationale sera bien obligée d’accepter les gouvernants que les Gabonais auraient librement et souverainement choisis. Les divergences qui émaillent nos débats et nos actions sont des ingrédients qui alimentent la dictature que nous subissons et réduisent nos capacités d'en découdre. Agissons en conséquence.
Joel Mbiamany-N’tchoreret
Avant cela, le besoin insatiable du paraître a amené Ali Bongo à faire de nombreux dons financiers vulgarisés à coup de communiqués de presse, notamment, celui fait au Japon, un pays dix mille fois plus riche que le Gabon, suite aux dévastations du tremblement de terre qui ont paralysé une partie de ce pays.
Des indiscrétions qui nous parviennent indiquent que pour prendre part ou organiser ces différentes rencontres et activités nationales et internationales, Ali Bongo Ondimba a déboursé depuis trois ans, quelque deux cents millions d’euros. Alors que son peuple croupit dans la promiscuité de la misère, à quel intérêt correspond le besoin effréné d’Ali Bongo d’apparaître dans toutes les activités internationales organisées un peu partout à travers le monde?
On présente l’autocratie dans la plupart des études de sciences politiques comme reposant sur l’oppression des citoyens pour les priver de leurs libertés. Le but étant de faire taire et de contenir la remise en cause de la légitimité du pouvoir usurpé. Peu d’analyses montrent qu’en plus de l’oppression, à l’ère de la mondialisation accentuée par la convergence des technologies de la communication qui fait de la planète un village, l’image et les informations qu’ils véhiculent sont des instruments de pouvoir. Utilisées habilement, elles participent à faire accepter les dictateurs, de sorte que, comme l'a dit Malcolm X, « Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment ».
En fait, la séduction politique est le leitmotiv des activités d’Ali Bongo Ondimba qui ne cherche pas à gouverner, mais régner avec des dépenses sans compter. Pour y parvenir, il n’hésite pas à utiliser l’argent du Gabon comme instrument d'échange de sa reconnaissance mondiale comme président du Gabon. Selon l’analyse qu’en fait Patrick Meney (1992) du phénomène, Ali Bongo agit en kleptocrate. Les kleptocrate sont les dirigeants politiques qui pratiquent l’achat de la reconnaissance politique à grande échelle en vue d’asseoir leur pouvoir personnel. Ils érigent la corruption politique en instrument de légitimation du statut politique qu’ils désirent faire prévaloir.
La corruption est pour ces dirigeants une façon de tordre ou détériorer, physiquement ou moralement, l’aspect d’une chose ou d’une réalité. Elle procède de falsification qui entraîne la substitution des faits d’une réalité en échange d’un gain. La falsification ne conduit pas la réalité authentique à disparaitre totalement. Au contraire, elle subsiste, mais dans l’apparence. Car lorsqu’elle est corrompue, la réalité politique attendue légitimement perd son essence. Même si elle a toutes les caractéristiques requises, la chose corrompue ne remplit plus sa fonction initiale. Elle n’a plus les attributs essentiels pour le fonctionnement attendu.
Ainsi, pour correspondre à la chose substituée, les informations diffusées sur les activités d’Ali Bongo sont des faits qui se juxtaposent sur les fonctions et les attributs altérés par sa prise de pouvoir forcée. Ce qui conduit à instituer un chef d’État hybride alliant les formes de respectabilité de l’institution de chef de l’État et les comportements mafieux par lesquels, il agit à sa guise sans respect des valeurs et normes institutionnelles qu’un président normal respecterait. En réalité le kleptocrate arbore à la fois des comportements légaux lorsqu’il cherche à conquérir sa reconnaissance politique par la séduction dans la scène internationale et en mafieux lorsqu’il l’impose à ses concitoyens.
Comme de raison, la fonction de chef de l’État en démocratie est dévolue à un individu d’après la volonté exprimée librement par la majorité des citoyens et validée en totalité par les institutions et les acteurs politiques nationaux et internationaux. Afin de s’assurer de l’authenticité des résultats proclamés, un ensemble de mécanismes juridiques et institutionnels est considéré lors des consultations politiques électorales. Lorsqu’il y a absence de contestation à grande échelle, on présume qu’il y a reconnaissance de la validé du processus électoral et des résultats proclamés.
Pour contenir les contestations, avant la proclamation des résultats du vote tronqués, l’armée est mise au pas, casque à la tête, matraque à la main et les véhicules blindés positionnés dans tous les coins où des foules sont susceptibles de manifester leur contestation des résultats proclamés. Ainsi, pas besoin de corrompre l’ensemble des citoyens ou même de donner suite aux promesses de la campagne électorale. Il suffit d’acheter la conscience de ceux qui dirigent les forces de l’ordre et ceux qui organisent, contrôlent le processus électoral, proclament et valident les résultats du vote.
Le chef de l’État élu doit également obtenir la reconnaissance des acteurs de la communauté internationale qui cautionnent le processus de la désignation du chef de l’État. Pour qu’il existe, l’État doit avoir la reconnaissance internationale. De la même façon, les chefs d’État étrangers et les acteurs transnationaux donnent leur assentiment sur le processus de désignation du chef de l’État, suite à une élection, par les félicitations qui sont adressées au nouvel élu. Le poids de l’opinion internationale à la validation des votes dans un pays est davantage requis lorsque le processus n’a pas été honnête et lorsque ce pays est un jeu politique et économique des grandes puissances. À cet égard l’opinion des citoyens du pays compte moins que celle des acteurs économiques et des personnalités politiques importantes de ces grandes puissances.
Les États africains sont des réservoirs des matières premières des États occidentaux. Voilà pourquoi, depuis la fin de la guerre froide, la reconnaissance des chefs d’État des pays d’Afrique a tendance à se faire non pas en fonction des résultats des urnes authentiques, mais de la préservation de certains intérêts des personnalités ou des organisations des pays les plus influents de la communauté internationale. La reconnaissance de la validité du processus électoral en Afrique noire serait ainsi un jeu de dupe. Bien souvent, la communauté internationale reconnait comme élu que celui qui leur permet d’obtenir ou de préserver un gain politique ou matériel. Cette situation fait de la corruption politique l’assise de la reconnaissance politique des chefs d’États africains.
Indubitablement, l’enjeu que représente le Gabon dans la politique africaine de la France et de ses intérêts économiques fait que depuis le coup d’État militaire de février 1964, le pays n’a connu aucun moment où l’expression exprimée par les citoyens a été validée. La conquête du pouvoir politique au Gabon est jusqu’à maintenant moins une quête de l’assentiment des citoyens par la satisfaction de leurs besoins que la capacité d’obtenir des soutiens des personnalités politiques et économiques français. D’où le besoin insatiable d’Ali Bongo de contribuer financièrement, d’organiser et de participer à diverses activités internationales, peu importe le coût pour le trésor public.
Pour cela, l’essence même du pouvoir d’Ali Bongo est de mettre sous son autorité toutes les sources financières de l’État. La conquête du pouvoir est concomitante à la conquête des sources financière et matérielle de l’État. Agissant dans son pays en gangster, il travestit le mode de fonctionnement du gouvernement en créant des agences qui retirent au gouvernement les prérogatives de la gestion directe des ressources financières. Ces agences et toutes les régies financières sont mises sous tutelle à la présidence de la République pour les besoins de la corruption politique.
En somme, il est dit cyniquement que la corruption est, avec la prostitution, le plus vieux métier du monde. Si la prostitution représente une mise en location de son corps pour l’acquis d’un gain quelconque, la corruption est l’achat et la vente d'une conscience. Lequel achat s’exerce par l'abus d'un pouvoir en vue d'un gain personnel ou au bénéfice d'un groupe auquel il doit allégeance. Ainsi, l’achat des immeubles en France et aux États-Unis a servi à faire des dons à des personnalités de ces pays pour adouber sa présidence. De la même façon il organise pour le Gabon ou au nom du Gabon des activités qui n’ont aucune retombée économique pour l’ensemble des Gabonais mais qui profitent à ses invités internationaux.
Par rapport à ce système kleptocrate, la lutte pour la libération politique exige une mobilisation de l’ensemble des Gabonais. Cette mobilisation des Gabonais requiert l’unification de l’opposition en une seule organisation. Afin de laisser transpirer les particularités et les différences qui caractérisent l’ensemble des expressions politiques du Gabon, cette opposition unique peut être composée des tendances diverses. Face à une opposition unie, en effet, la communauté internationale sera bien obligée d’accepter les gouvernants que les Gabonais auraient librement et souverainement choisis. Les divergences qui émaillent nos débats et nos actions sont des ingrédients qui alimentent la dictature que nous subissons et réduisent nos capacités d'en découdre. Agissons en conséquence.
Joel Mbiamany-N’tchoreret
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