L’annonce de 12 000 milliards de francs CFA faite par Ali Bongo pour les investissements dans les infrastructures est-elle réaliste? Quelles mesures de contrôle permettront de faire en sorte que ces investissements aboutissent aux fins visées? Où ira-t-on chercher cet argent?
D’abord, disons que le terme infrastructure est un concept philosophique développé au XIXe siècle par Karl Marx et Friedrich Engels pour désigner ce qui est relatif à la production. À partir de la fin des années soixante-dix, suite notamment aux programmes d’investissement mis en œuvre en Amérique du Nord et en Europe, le terme infrastructure a pris une définition plus précise. Ainsi, il est vu comme l’ensemble des moyens économiques et techniques d’un pays ou d’une région. Généralement, on considère que les infrastructures sont des installations publiques (routes, ponts, rues, conduites d’eau, ports, etc.) servant à fournir des services essentiels qui accroissent la capacité de production de l’économie d’un pays. Les plus grands investissements faits au Gabon dans la poursuite des objectifs de l’accroissement de la production économique datent des années soixante-dix, jusqu’au milieu des années quatre-vingt. Depuis, l’économie gabonaise a végété dans des demi-programmes d’investissement souvent mal ciblés, maquant de suivis de rigoureux et de contrôle de la qualité. Nous savons ce qu’il en a été.
Voilà qu’on nous annonce des investissements colossaux en dehors de tout cadre normalisé de contrôle et d'efficacité des investissements de cette sorte. 12 000 milliards de francs CFA c’est environ trois fois en moyenne du budget annuel du Gabon au cours des dix dernières années. Afin de réunir cette somme, dans les cinq prochaines années, le Gabon doit réduire l’ensemble de ses dépenses publiques d'une somme de 1 967 milliards de francs CFA annuellement. Le président Ali Bongo n’a pas dit dans quels secteurs cette réduction obligatoire des dépenses devra se faire, même s’il faut envisager des investissements des organismes internationaux comme la Banque africaine de Développement ou la Banque Mondiale. Nous savons que la plus grande part de la tarte des dépenses publiques annuelle va dans le domaine des salaires des fonctionnaires, du financement dans le domaine de l’Éducation, celui de la santé et des dépenses militaires. Quel secteur sera sacrifié pour dégager les marges de manoeuvre financières nécessaires?
Dans les secteurs de l’éducation et la santé, toute réduction est à exclure, les pgrammes de ces secteurs étants déjà sous-financés. De plus, le gouvernement vient d’engager des nouveaux fonctionnaires et aucun processus de mise à la retraite n’est envisageable en ce moment. N’étant donc pas dans un processus de réduction des effectifs des fonctionnaires et des salaires des salaires associés, nous voyons bien que ce n’est pas de ce côté que le gouvernement ira chercher les réductions budgétaires à faire. Où ira-t-on chercher ces 1 967 milliards de francs CFA annuellement?
Par ailleurs, au-delà des ambitions affichées, cette annonce nous laisse dubitatifs su sa faisabilité. Le gouvernement doit donner les détailles de son annonce pour édifier les Gabonais. C’est dans les détails que se cache le diable. Osera-t-il nous présenter le diable? Certes, de nombreux organismes de financement internationaux prêteront les sommes qu’il faut pour investir dans les infrastructures. Mais quelle sera la contrepartie? Qu’est-ce qui servira de garantie ou de caution à ces prêts d’investissement? Ali bongo nous habitué à nous annoncer tout et son contraire. Cette annonce ne fait pas exception. En l’absence d’une opposition politique au parlement, les Gabonais devront se contenter de ce que diront les tenants du pouvoir public. On est carrément revenu à l’époque du parti unique. C’est là une situation intenable, ne serait-ce que pour le bien du gouvernement lui-même.
Les investissements de l’ampleur de ceux annoncés nécessitent un débat public de grande envergure. Il s’agit de s’assurer que les investissements de l’État dans les infrastructures publiques soient faits conformément aux meilleures pratiques de gestion et de manière transparente et qu’il y ait une répartition adéquate de ces investissements entre ceux relatifs à l’entretien des infrastructures existantes et ceux relatifs aux développements des nouvelles infrastructures.
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