Ce n’est pas une ironie d’associer l’agneau à la bête dans une même image! Dans l’imaginaire de conte, l’agneau incarne l’innocence et dans une certaine mesure la faiblesse face au danger menaçant. Tandis que la bête représente la férocité, le mal qui agit en l’absence de toute empathie envers sa proie. Par rapport à cette férocité réelle ou appréhendée, l’imaginaire du conte, au regard de l’instinct de survie en chacun de nous, nous pousse à prendre des dispositions pour combattre la bête avec toute notre énergie.
À cela, l’association de l’image de l’agneau à celle de la bête en lien au concept de « soupirs de la bête » consiste à un procédé pour dire que dans ce qui semble être son agonie ou sa repentance en vue des derniers sacrements avant la mort, la bête émet des cris de détresse. Ces cris s’apparentent à des lamentations qui conduisent la bête à s’incarner en agneau en vue de se mettre dans une innocence incarnant une victimisation. Elle vise à faciliter la mise en apostrophe de son adversaire pour qu’on soit porté à voir en l’adversaire la bestialité qui en réalité sommeil davantage en lui que dans l’autre.
En effet, lorsque l’on est amené à examiner quelques comportements de certains soi-disant compagnons de lutte, on est en droit de se demander, toute chose étant égale, comment sérions-nous mieux préservés si ceux qui prétendent à la vertu agissent par le mal décrié avec leurs camarades alors qu’ils sont ensembles dans la lutte contre ce même mal.
Lorsque par le hasard des discussions il nous est révélé le comportement qu’affichent certains à notre égard et que l’on prend conscience qu’ils font exactement ce qu’ils dénoncent, il est de l’instinct de survie que de se mettre en émoi. Dans la frayeur qui prend place, s’érigent des doutes sur la certitude de nos convictions par rapport à certains.
Et naturellement, il devient légitime de se demander sérions-nous mieux sauvegardés par certains que par d’autres si certains événements avaient favorisé l’existence d’un certain état de choses. Certains diraient qu’il n’est pas de bon temps que de s’instituer dans ce genre de doute parce que l’on en vient à se situer dans le combat dans une posture bancale qui ne peut que ralentir notre force de combat et affaiblir notre camp. Pourtant, ne faut-il pas, au regard de plusieurs faits, prendre une certaine distance de doute. Ne vaut-il pas mieux demeurer prisonnier de plusieurs doutes et nourrir des pas hésitants que de vivre dans des certitudes et entrer dans sa propre agonie.
En effet quand il est soutenu que l’homme est la bête de l’homme, nous sommes enseignés que le monde n’est pas manichéen. D’où, d’un côté on aurait que des personnes entièrement vertueuses et de l’autre celui des personnes entièrement immorales. Le monde, quel que soit le côté où tombe notre regard est constitué de toute sorte de personnes. Il faut donc pratiquer le douteen prenant appui dans l’histoire des révolutions et saisir que des compagnons de combat sont devenus les tortionnaires de leurs camarades lorsque la lutte avait abouti à la victoire.
Joël Mbiamany-N’tchoreret
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