En 2009 je conseillais aux autorités, au regard du retard des chantiers relatifs aux infrastructures d’accueil, de renoncer à l’organisation de la CAN. Aujourd’hui, je lance un appel patriotique pour une mobilisation des gabonais de l’intérieur et de l’extérieur au soutien de cet évènement. Ne nous trompons pas, il ne s’agit pas un évènement politique, mais d’un moment de notre nation, d’une fête que veulent les gabonais, et qui a à voir avec l’image du pays. Souvenons-nous du bonus en image engrangé par l’Afrique du Sud il y a moins de deux années.
La sauvegarde de l’image de notre pays
Ne devons-nous pas départir l’image du Gabon à l’étranger des turpitudes d’un évident combat politique ? Seuls les terroristes n’hésitent pas à transformer les moments de communion populaire en catastrophe.
Il est heureux que les panthères soient qualifiées pour la phase finale des Jeux Olympiques. Il faut les féliciter, nos athlètes ont fait quelque chose d’utile pour le Gabon. Le sport doit unir au delà des clivages politiques. Mon passage au Gabon m’a permis de me rendre compte que même si rien n’est parfait, l’accueil de nos hôtes ne sera pas couvert du sceau de la honte. Nous aurons le temps et les moyens de nous disputer ensuite.
Et j’écris ceci en connaissance de cause, je suis déterminé à impulser un profond changement dans notre pays, mais je souhaite que notre combat soit mené avec intelligence, stratégie, dignité et respect pour nous-mêmes. ll est hors de question de mener notre lutte de manière inappropriée. J’appelle donc mes amis de l’opposition à déposer les armes de la contradiction quelques jours, et à porter les couleurs des panthères dans un souci d’apaisement pour l’amour du sport. Parce que nous pouvons gagner.
La dissolution de l’actuelle assemblée nationale, un impératif de cohésion nationale
Ceci posé, j’attends aussi une réponse aux suggestions quant à la tout autant possible que nécessaire dissolution de l’assemblée nationale afin de relancer la cohésion nationale. Nous ne pouvons pas demander aux citoyens de s’engager dans quelque effort économique en les excluant du jeu politique. Ces élections ont été un moment d’exclusion, je le rappelle.
Sur les modalités de ces élections appaisées auxquelles j’appelle, elles seraient couplées avec les élections municipales de 2013. Leur organisation ne coûtera pas un centime au contribuable gabonais, parce que les élections aux magistratures municipales sont déjà inscrites au calendrier électoral national.
Sur la légitimité de cette assemblée qui approfondirait la cohésion nationale, à la différence des malheureuses précédentes, l’introduction d’un contrôle biométrique de l’identité des votants sera effectif, comme l’a d’ailleurs promis le président de la République dans un discours récent:
« De même, conformément à nos engagements, la biométrie doit être effective à l’occasion des élections locales de 2013, dès lors que la loi relative à la protection des données à caractère personnelle a été, elle aussi, adoptée. »
Prenons M. Ali Ben Bongo Ondimba au mot, à moins que l’on ne veuille le désordre ou que l’on souhaite les pires convulsions à venir, cette difficile décision sera salutaire.
La réforme du Conseil Économique et Social
J’ai également questionné le fonctionnement d’une de nos principales institutions, le Conseil Économique et Social. Elle sera bientôt renouvelée pour la tranche 2012 / 2017. J’appelle toujours à sa dépolitisation.
Je note qu’Ali Bongo vient d’appeler à la création d’un conseil national de cohésion nationale. Il est souhaitable de prendre garde qu’il ne s’agisse point d’une coquille vide. Rappelons- nous du forum des jeunes. Quelle sera la mission précise de cette institution ? Ne fera-t-elle pas doublon, dans ses missions, dans son domaine de compétence, avec le Conseil Économique et Social ?
Je souhaite que les réponses et les débats autour de ces enjeux capitaux quittent les domaines de l’intimidation, des rumeurs, des menaces, de l’incantation ou des manipulations de tous ordres, car le débat national au Gabon doit être rehaussé. Nous devons tous nous battre, quel que soit notre bord, pour l’intelligence politique dans notre pays.
Le Gabon, un pays de Guépards économiques
Mon séjour a été l’occasion de rencontres diverses et de discussions de haut niveau au cours desquelles j’ai plaidé à nouveau pour le choix d’une troisième voie politique et pour la modernisation de l’économie gabonaise. J’ai rappelé à mes interlocuteurs mon credo depuis quelques années maintenant : l’enrichissement des africains, et des gabonais en particulier, n’est pas contraire à l’intérêt mondial. Un pouvoir d’achat plus important des citoyens gabonais se traduira par une consommation performante et participera sur le long terme à la résolution de la crise économique mondiale. Ma conviction est que les organismes qui survivent dans un environnement changeant sont des organismes qui peuvent changer eux-mêmes. C’est pour cette raison que j’appelle les dirigeants occidentaux et africains à changer, car ce changement fera des deux parties des partenaires crédibles et ouverts. La génération post-coloniale à laquelle j’appartiens est celle de guépards économiques, qui souhaitent une normalisation des rapports économiques, qui ont en soucis d’être considérés comme des homo oeconomicus crédibles et ouverts.
La nécessité d’un état d’urgence social
Nous avons besoin en tant que gabonais d’un état d’urgence social pour parvenir au statut de consommateurs performants que j’évoquais ci-dessus. Il faut d’abord pour cela, dans la ligne droite de la pyramide des besoins, telle que théorisée par Maslow, satisfaire les besoins primaires des populations. Nous, gabonais, devons dépasser le stade quasi animal dans lequel nous sommes maintenus pour qu’un développement soit possible.
J’expliquais récemment à un de mes interlocuteurs de haut niveau que si l’on échoue la modernisation du Gabon, pays d’un million d’habitants aux ressources naturelles importantes, la tâche s’avérera impossible pour le reste de l’Afrique. Il faut donc que sur ces questions de modèles économiques, les organisations internationales se servent du Gabon comme laboratoire pour une Afrique nouvelle.
En posant l’état d’urgence social, nous inscririons dans nos constitutions africaines le bien-être matériel et social des populations en tant que droit fondamental reconnu à tout citoyen.
Je ne crois pas qu’au Gabon l’on soit en mesure de résoudre seul cette question fondamentale du bien-être social, sous prétexte que l’on détient le pouvoir. Je dis donc sincèrement au président de la République qu’il fera face à une opposition intelligente et constructive, à condition que lui-même prenne la mesure de la nécessité d’une modernisation des rapports politiques et sociaux du pays. Il ne s’agit surtout pas d’une quelconque allégeance politique. Nous devons résolument quitter l’arène de la sauvagerie politique pour intégrer celle d’un rapport de force constructif et bénéfique à la nation gabonaise.
Ne nous trompons pas, la bataille sera âpre et difficile. Mes concitoyens et mes camarades politiques peuvent compter sur moi pour être solide comme un roc, à la manière de Pierre Mamboundou Mamboundou, le défunt président de l’UPG.
Bruno Ben Moubamba
contact : Comité de Soutien de Bruno Ben Moubamba
communication@moubamba.com
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