L’État gabonais ne prend aucune mesure concrète pour stopper les crimes rituels qui sévissent dans le pays et protéger ses citoyens. Avec raison, il semblerait que le parti au pouvoir est le principal commanditaire de ces crimes. Qu’en est-il?
Le 11 janvier 2011, le journal en ligne gaboneco.com évoque l’émoi des habitants de la ville de Booué : « depuis la découverte de ce qui ressemble à un crime rituel et que des personnalités politiques de la localité sont soupçonnées d’en être les commanditaires ». Devant la grogne, le Parti démocratique gabonais (PDG) avait ordonné une enquête policière pour démasquer et arrêter les personnes soupçonnées de commettre ces crimes. Pourtant, à ce jour aucune arrestation du commanditaire et des assassins n’a été faite. L’injonction du gouvernement aux forces de sécurité n’était qu’un acte de propagande de communication publique pour monter qu’il veillait à la sécurité de ses citoyens. Depuis, l’injonction du gouvernement aux services de sécurité, le nombre de crimes rituels a quintuplé en un an. Le pays, selon gaboneco vivrait au quotidien une psychose.
À côté du climat d’insécurité, qui n’est pas sans rappeler celui de la jungle, ce qui émeut le plus les populations est l’impression d’impunité régnante. Cette impunité perceptible à travers la liberté dont jouissent des auteurs de crimes connus et identifiés de ces actes. Ils ne sont inquiétés ni par la loi, ni par les forces de sécurité et de défense ». Il est inutile de demander à qui profitent ces crimes!
Tous ces crimes participeraient à la consolidation du pouvoir de certains hommes politiques incapables d’y parvenir par l’expression démocratique. Ainsi, le Gabon est le pays où la vie humaine a valeur de grigri politique. Les pratiques d’ésotérisme des loges en tout genre étant un fait politique notoirement rependu et encouragé par ces messieurs et dames du parti au pouvoir.
Assurément, dans sa déclaration sur le sujet, le chef de l’État du Gabon reconnait que pour gravir les échelons du pouvoir les femmes et les hommes politiques ont pris l’habitude de se doter d’un grigri politique façonné à partir d’organes humains. Le phénomène est si rependu qu’il fait partie de la culture politique du pays.
Pour cela, à l’approche des élections ou de changements politiques notables, il ne se passe pas deux semaines sans qu'un crime rituel ne soit commis ou dénoncé au Gabon. Ce cannibalisme commencé à la fin des années soixante a atteint aujourd’hui des proportions angoissantes.
Autrefois ces crimes étaient commis dans l’anonymat. La culture de l’impunité qui règne au pays donne aux exécutants des assassinats le courage d’agir presque devant les regards de tous. On en vient même à trouver au petit matin des corps mutilés devant des écoles primaires et secondaires.
La recrudescence et le silence complice des puissances publiques face à ces atrocités donnent l’impression qu’il s’agit un phénomène anodin. On en parle comme d'un fait divers. Encore que le chef de l'État ne fait que s'indigner. Il évoque ces crimes humains comme s’il parlait de la recrudescence des accidents de la route pour déplorer les pertes des vies humaines. Un chef de l’État, garant de la sécurité de tous les Gabonais. Il y a de quoi pleurer de toutes ses larmes par rapport à cette insensibilité. On comprend pourquoi il y a comme une culture d’impunité au Gabon, si le chef de l’État n’est pas plus choqué que cela.
Dans d’autres pays où les dirigeants sont plus humains, de telles atrocités auraient entrainé les pouvoirs publics à mettre en branle une équipe d’agents pour faire trouver coupables devant les tribunaux ces chasseurs d’organes humains. À défaut d’arrêter ces coupables, des mesures d’enquêtes à la hauteur de ces crimes et de l’émoi suscité montreraient que le gouvernement prend à bras le corps ce problème et qu’il désire y mettre fin. Il naitrait dans l’esprit des populations une certaine sécurité qui chasserait la psychose qui habite nous habite tous.
Pourtant, rien n’a été proposé. Aucune escouade de police ou de gendarmerie n’a été mise en place. Il faut croire que c’est quelque chose de normal.
Joël Mbiamany-N’tchoreret
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