André Mba Obame (AMO) a annoncé son retour au Gabon après un long séjour de maladie et de convalescence. Lors de son séjour en Afrique du Sud comme en France, André Mba Obame a reçu les membres de son parti politique et d’autres personnalités gabonaises pour discuter de la situation politique de son pays.
Il a notamment rencontré des personnalités influentes du nouveau pouvoir français pour discuter de la situation politique et économique qui prévaut au Gabon. Dans ces entretiens, il a parlé du respect de la démocratie et de la bonne gouvernance comme les piliers fondamentaux à mettre sur pied pour sortir le Gabon de sa léthargie. Ces piliers sont par ailleurs les deux éléments fondamentaux évoqués par François Hollande dans la considération de la nouvelle politique de coopération nouvelle qu’il entend entretenir avec les pays africains. AMO n’a donc pas hésité à solliciter la France pour qu’elle soit une facilitatrice dans le nécessaire débat politique entre Gabonais pour asseoir le cadre démocratique essentiel à la bonne gouvernance du pays.
En vue de susciter ce débat national, AMO a eu plusieurs séances de travail avec la diaspora politiquement active, les représentants de la société civile et certains cadres de l’Union Nationale. Un mémorandum déclinant les différents aspects de ce débat a été remis aux autorités françaises qui en ont discuté avec le président Ali Bongo Ondimba. Ce mémorandum fait l’objet d’examen en ce moment des différents états-majors de l’opposition gabonaise. M. Ali Bongo Ondimba (ABO), après avoir reçu conseil des caciques du PDG encore aux affaires, par la voie de son porte-parole, a décliné l’offre du débat national considérant que « le pays n’est pas en crise ». L’arrivée au pays d’AMO va-t-elle malgré tout favoriser ce débat présenté par tous les observateurs comme inéluctable?
Il faut se rappeler que du vivant du président Omar Bongo Ondimba, AMO, ABO et Pascaline Ferry Bongo, après Édith Bongo Ondimba, étaient les personnalités les plus dominantes du régime. En prenant le pouvoir illégitimement au détriment d’AMO et de l’opposant historique Pierre Mamboundou Mamboundou (PMM), ABO a focalisé la lutte politique contre sa personne et le pouvoir qu’il a usurpé. Dans cette lutte, avec le décès de l’opposant historique Pierre Mamboundou Mamboundou, la vie politique du pays est comme cristallisée autour d’AMO et ABO, les « deux fils » du défunt président. Pour cela, AMO est perçu en ce moment comme la seule personnalité politique susceptible de réellement concurrencer ABO et peut-être l’évincer du pouvoir. D’ailleurs, quand il est hors du pays, la vie politique gabonaise évolue dans une monotonie, donnant l’impression d’une abdication totale de l’opposition face au dictat d’ABO.
Assurément, le retour d’AMO va susciter une dynamique. L’exigence de la tenue de la Conférence nationale souveraine ne pourra dormir dans les tiroirs des armoires de la présidence. Pourtant, AMO devra se surpasser , s’il souhaite que Conférence nationale souveraine se tienne.
En effet, si ABO dort d’un œil quand AMO est au Gabon, il sait disposer d’une garde politique et d’un socle sécuritaire pour l’encourager dans le refus de ce débat. Il sait que même si AMO dispose d’une bonne assise partisane, elle n’est pas suffisamment étendue à toutes les couches sociologiques du pays, et, surtout, n’est pas suffisamment dense pour créer la mobilisation qui favoriserait l’insomnie à ABO.
Bien que, plus des trois quarts des Gabonais ne veulent pas d’ABO comme président et souhaiteraient son départ du pouvoir le plus tôt possible. AMO ne parvient pas à fédérer ces trois quarts contre ALI Bongo en sa faveur. D’où la sérénité d’Ali Bongo et son sourire en coin.
Jusqu’à maintenant, effectivement, AMO a été un stratège politique inefficace. Il a focalisé celle-ci sur seule notoriété et le désamour à l’égard d’ABO, croyant, sans un effort pensé, qu’ils sont suffisants pour faire partir le député de Bongoville de la présidence de la République. Encore que, comme le disait feu président Omar Bongo Ondimba, « le pouvoir ne se donne pas, on l’arrache ». À ce jour, AMO n’a pas montré qu’il voulait arracher le pouvoir, qu’il était en mesure de l’arracher ou qu’il désirait réellement l’arracher. ABO a fait ses preuves en cette matière.
La première faiblesse d’AMO dans son incapacité à évincer ABO est la qualité de l’équipe politique qui l’entoure. AMO confond expertise professionnelle avec diplômés de grande école. Il confond collaborateurs avec famille. Il confond clan politique avec parti politique. De même, il confond rêve avec réalité et réalité avec désir. Toutes ces confusions sont les causes des manquements dans sa stratégie de communication, dans ses stratégies d’actions politiques et dans sa stratégie de mobilisation des Gabonais pour évincer Ali Bongo du pouvoir usurpé.
Lorsqu’AMO était ministre de l’Intérieur, il était champion de la deuxième division. Maintenant qu’il veut être président du Gabon, il est dans le championnat de première division. Certes, il peut garder les bons éléments qu’il avait en D2, il doit néanmoins recruter, s’entourer d’autres éléments, des nouveaux joueurs susceptibles de rehausser le niveau de jeu de son équipe. Pour cela, sans exclure les éléments de sa famille, ses copains ou de ceux qui pensent exactement comme lui, il serait souhaitable qu’il s’entoure aussi des gens qui ne caressent pas sa main dans le sens du poil.
Il doit disposer, dans son entourage immédiat, d’une équipe composée des gens des différentes régions du Gabon. Ils sauront à l’occasion confronter leur point de vue, critiquer ses choix et l’amener à prendre une certaine distance par rapport à ses décisions. Il saura ainsi agir avec cohérence et prudence au regard des objectifs qu’il se donne avec son équipe. Avec tous ses ÉNARQUES qui l’entourent, ses professeurs d’université et ses autres docteurs et ses anciens collaborateurs politiques du temps où il était au PDG, il est comme dans une équipe où tous les joueurs sont les meilleurs défenseurs de la deuxième division, avec les mêmes réflexes du grand parti de masse.
Mais qui va marquer les buts. Chaque défenseur voulant être sur le terrain à sa position naturelle pour faire valoir son talent et retenir l’attention du chef, chacun agit comme si le match était gagné. Tous n’hésitent donc pas à venter leur talent et par ricochet les atouts de l’équipe. En tout état de cause, il n’est donc pas étonnant d’entendre certains parler des cadres de l’Union nationale comme de l’équipe de rêve. On se mettrait à saliver au pétillement de leurs yeux et à leur voix mielleuse de leur vantardise politique creuse. Il en résulte des manquements graves que nous observons. Par exemple, nous sommes d’avis qu’il n’existe aucun plan de communication stratégique mis en place par ces cadres supersoniques pour les interventions d’AMO. En comparaison des stratégies de communication d’ABO, on n’est pas trop loin de l’amateurisme que beaucoup de Gabonais décrient à l’égard d’ABO.
Comme de fait, depuis la prise illégitime du pouvoir par ABO, les communications faites par AMO à France24, Africa24 , RFI et même de sa dernière prise de parole lors du meeting populaire animé par de l’Union nationale et la société civile, ont toutes étaient médiocres au regard des grandes attente des populations. Là est la première faiblesse d’AMO : l’inexistence d’une méthode de communication politique stratégique efficace.
Dès le départ, Bruno Ben-Moubamba (BBM) comme vice-président, il aurait fallu le considérer comme le chargé de la communication du parti. BBM est un excellent communicateur politique. Je ne connais aucun Gabonais qui a le flair et le sens de communication politique comme lui. AMO, s’il avait voulu faire confiance à ceux qui n’étaient pas avec lui en D2, il aurait effectivement pu faire de BBM son principal conseiller en stratégie de communication. Pour cela, évidemment, il aurait dû préalablement, compte tenu de l’actif politique entre les deux, tisser des liens francs, des liens de solidarité fondés sur le respect. Il aurait dû également pour cela montrer à l’égard de BBM cette considération qui entraîne à la fidélité et à la communion des vues. Au lieu de cela, il a joué le représentant de BBM au sein de l’UN contre lui dans cet exercice et pour les visées de la sorcellerie politique gabonaise. On sait les conséquences de ce qui en a résulté.
Par ailleurs, depuis 2010, AMO a poursuivi une stratégie politique d’espérance du partage du pouvoir avec ABO. En bon étudiant de sciences politiques qu’il était, il a oublié qu’en politique on ne partage que le pouvoir que l’on ne possède pas. Même s’il dit avoir gagné l’élection présidentielle, il n’a pas gagné le pouvoir de la puissance publique qui va avec. C’est ABO qui a le pouvoir, illégitime soit-il. Comment peut-il prétendre vouloir le partage! De plus, il n’était pas le seul à revendiquer cette victoire.
Il me semble que la stratégie d’AMO, dès octobre 2009, au lieu de faire la grève de la faim ridicule, aurait été de conquérir le cœur des Gabonais, tous les Gabonais. Pour cela, dans une suggestion que nous lui faisions en 2010, connaissant Mamboundou souffrant, nous lui avons demandé de travailler pour une alliance stratégique avec l’UPG dans le but de faire de Mamboundou le premier ministre. Une telle alliance était de nature à contrer définitivement le PDG dans ses magouilles électorales et de dresser contre le système mafieux pdg les ¾ des Gabonais. Cette suggestion, comme les autres faites antérieurement, fut ignorée. À sa place, ABO sur les recommandations de la France proposa à Mamboundou une alliance politique de gouvernement.
Le dilemme d’AMO dans sa faiblesse vient aussi du fait qu’il est prisonnier de certaines certitudes. Il ne réalise pas que celui qui a le pouvoir, et qui sait en user, renverse toujours les choses en sa faveur. Pour évincer ABO, AMO doit sortir de ses certitudes et de l’arrogance du PDG-PARTI-UNIQUE (1968-1990) véhiculée par ceux qui l’entourent. Il doit revisiter ses priorités et ses plans politiques. Il doit concevoir dans un délai de trois ans ce qu’il doit faire si ABO n’est pas parti avant.
Conséquemment, quand il revient de Paris, après avoir été accueilli à l’aéroport, il devra faire un discours de mobilisation de ses partisans et prendre de rendez-vous avec les Gabonais, en annonçant une tournée nationale. Il devra commencer cette tournée par le Sud du Gabon, ensuite le Sud-Est, le Nord-Est, le Nord, le Centre, l’Ouest pour finir avec une grande réunion de mobilisation à Libreville. Cette réunion de mobilisation à la mi-septembre sera le moment d’exiger, voire d’imposer la tenue de la Conférence nationale.
Toutefois, pour mobiliser tous les Gabonais, dès son retour et dans l’ensemble de ses discours, AMO doit renoncer à dire qu’il veut le pouvoir, que c’est lui qui a été élu. Certains Gabonais le pensent, ils sont néanmoins passés à autre chose. En se réinventant, AMO doit trouver autre chose, un mot-clé, un slogan qui évoque à la fois les maux des Gabonais et leur espérance à quelque chose de nouveau, de beau et de prometteur, si ces Gabonais osent se mobilisent contre le pouvoir illégitime et l’amateurisme gouvernemental.
Le leader qui attire le peuple opprimé est une personne qui a souffert dans son sang, un martyr, une personne qui a tout abandonné pour vivre avec le peuple ses souffrances, une personne humble. Personne n’ira se mobiliser contre ABO si le gain convoité est celui d’une autre personne, surtout lorsqu’il n’y a aucune affiliation sociologique telle qu’on la connait au Gabon.
Le renoncement pour soi et la quête pour les autres doit transfigurer dans le comportement, le parler, dans l’évocation gestuelle d’AMO. Il doit comprendre que le pasteur qui mobilise ne parle pas en son nom, mais au nom de Jésus. Il doit parler au nom du Peuple gabonais, au nom de la Nation gabonaise. Son entourage doit arrêter de mystifier ceux qui ne sont pas de son origine sociologique. Il faut qu’il se dépouille d’une certaine image de lui-même pour se laisser habiller par le peuple qui souffre. Ainsi, il le verra porteur de ses espérances, de sa soif du combat politique. Ainsi, il sera le leader national.
AMO devra aussi éviter ces réunions de l’Union nationale où ses « cadres » sont assis d’un côté, sur des belles chaises et les simples militants de l’autre. Tous doivent être confondus avec les militants, le peuple. Oui, l’humilité, il faut faire preuve d’humilité pour que l’on sache qu’AMO et ses partisans veulent servir et non se servir. En continuant de faire comme ils font, ils montrent qu’ils ne sont en rien différents du PDG et qu’ils veulent prendre leur revanche. Cela le peuple ne le veut pas. Il veut que l’on s’occupe de lui, de ses problèmes, de ses envies et de ses besoins.
Voilà, à mon sens, comment AMO devra agir pour mobiliser les Gabonais.
Joel Mbiamany-N'tchoreret
Il a notamment rencontré des personnalités influentes du nouveau pouvoir français pour discuter de la situation politique et économique qui prévaut au Gabon. Dans ces entretiens, il a parlé du respect de la démocratie et de la bonne gouvernance comme les piliers fondamentaux à mettre sur pied pour sortir le Gabon de sa léthargie. Ces piliers sont par ailleurs les deux éléments fondamentaux évoqués par François Hollande dans la considération de la nouvelle politique de coopération nouvelle qu’il entend entretenir avec les pays africains. AMO n’a donc pas hésité à solliciter la France pour qu’elle soit une facilitatrice dans le nécessaire débat politique entre Gabonais pour asseoir le cadre démocratique essentiel à la bonne gouvernance du pays.
En vue de susciter ce débat national, AMO a eu plusieurs séances de travail avec la diaspora politiquement active, les représentants de la société civile et certains cadres de l’Union Nationale. Un mémorandum déclinant les différents aspects de ce débat a été remis aux autorités françaises qui en ont discuté avec le président Ali Bongo Ondimba. Ce mémorandum fait l’objet d’examen en ce moment des différents états-majors de l’opposition gabonaise. M. Ali Bongo Ondimba (ABO), après avoir reçu conseil des caciques du PDG encore aux affaires, par la voie de son porte-parole, a décliné l’offre du débat national considérant que « le pays n’est pas en crise ». L’arrivée au pays d’AMO va-t-elle malgré tout favoriser ce débat présenté par tous les observateurs comme inéluctable?
Il faut se rappeler que du vivant du président Omar Bongo Ondimba, AMO, ABO et Pascaline Ferry Bongo, après Édith Bongo Ondimba, étaient les personnalités les plus dominantes du régime. En prenant le pouvoir illégitimement au détriment d’AMO et de l’opposant historique Pierre Mamboundou Mamboundou (PMM), ABO a focalisé la lutte politique contre sa personne et le pouvoir qu’il a usurpé. Dans cette lutte, avec le décès de l’opposant historique Pierre Mamboundou Mamboundou, la vie politique du pays est comme cristallisée autour d’AMO et ABO, les « deux fils » du défunt président. Pour cela, AMO est perçu en ce moment comme la seule personnalité politique susceptible de réellement concurrencer ABO et peut-être l’évincer du pouvoir. D’ailleurs, quand il est hors du pays, la vie politique gabonaise évolue dans une monotonie, donnant l’impression d’une abdication totale de l’opposition face au dictat d’ABO.
Assurément, le retour d’AMO va susciter une dynamique. L’exigence de la tenue de la Conférence nationale souveraine ne pourra dormir dans les tiroirs des armoires de la présidence. Pourtant, AMO devra se surpasser , s’il souhaite que Conférence nationale souveraine se tienne.
En effet, si ABO dort d’un œil quand AMO est au Gabon, il sait disposer d’une garde politique et d’un socle sécuritaire pour l’encourager dans le refus de ce débat. Il sait que même si AMO dispose d’une bonne assise partisane, elle n’est pas suffisamment étendue à toutes les couches sociologiques du pays, et, surtout, n’est pas suffisamment dense pour créer la mobilisation qui favoriserait l’insomnie à ABO.
Bien que, plus des trois quarts des Gabonais ne veulent pas d’ABO comme président et souhaiteraient son départ du pouvoir le plus tôt possible. AMO ne parvient pas à fédérer ces trois quarts contre ALI Bongo en sa faveur. D’où la sérénité d’Ali Bongo et son sourire en coin.
Jusqu’à maintenant, effectivement, AMO a été un stratège politique inefficace. Il a focalisé celle-ci sur seule notoriété et le désamour à l’égard d’ABO, croyant, sans un effort pensé, qu’ils sont suffisants pour faire partir le député de Bongoville de la présidence de la République. Encore que, comme le disait feu président Omar Bongo Ondimba, « le pouvoir ne se donne pas, on l’arrache ». À ce jour, AMO n’a pas montré qu’il voulait arracher le pouvoir, qu’il était en mesure de l’arracher ou qu’il désirait réellement l’arracher. ABO a fait ses preuves en cette matière.
La première faiblesse d’AMO dans son incapacité à évincer ABO est la qualité de l’équipe politique qui l’entoure. AMO confond expertise professionnelle avec diplômés de grande école. Il confond collaborateurs avec famille. Il confond clan politique avec parti politique. De même, il confond rêve avec réalité et réalité avec désir. Toutes ces confusions sont les causes des manquements dans sa stratégie de communication, dans ses stratégies d’actions politiques et dans sa stratégie de mobilisation des Gabonais pour évincer Ali Bongo du pouvoir usurpé.
Lorsqu’AMO était ministre de l’Intérieur, il était champion de la deuxième division. Maintenant qu’il veut être président du Gabon, il est dans le championnat de première division. Certes, il peut garder les bons éléments qu’il avait en D2, il doit néanmoins recruter, s’entourer d’autres éléments, des nouveaux joueurs susceptibles de rehausser le niveau de jeu de son équipe. Pour cela, sans exclure les éléments de sa famille, ses copains ou de ceux qui pensent exactement comme lui, il serait souhaitable qu’il s’entoure aussi des gens qui ne caressent pas sa main dans le sens du poil.
Il doit disposer, dans son entourage immédiat, d’une équipe composée des gens des différentes régions du Gabon. Ils sauront à l’occasion confronter leur point de vue, critiquer ses choix et l’amener à prendre une certaine distance par rapport à ses décisions. Il saura ainsi agir avec cohérence et prudence au regard des objectifs qu’il se donne avec son équipe. Avec tous ses ÉNARQUES qui l’entourent, ses professeurs d’université et ses autres docteurs et ses anciens collaborateurs politiques du temps où il était au PDG, il est comme dans une équipe où tous les joueurs sont les meilleurs défenseurs de la deuxième division, avec les mêmes réflexes du grand parti de masse.
Mais qui va marquer les buts. Chaque défenseur voulant être sur le terrain à sa position naturelle pour faire valoir son talent et retenir l’attention du chef, chacun agit comme si le match était gagné. Tous n’hésitent donc pas à venter leur talent et par ricochet les atouts de l’équipe. En tout état de cause, il n’est donc pas étonnant d’entendre certains parler des cadres de l’Union nationale comme de l’équipe de rêve. On se mettrait à saliver au pétillement de leurs yeux et à leur voix mielleuse de leur vantardise politique creuse. Il en résulte des manquements graves que nous observons. Par exemple, nous sommes d’avis qu’il n’existe aucun plan de communication stratégique mis en place par ces cadres supersoniques pour les interventions d’AMO. En comparaison des stratégies de communication d’ABO, on n’est pas trop loin de l’amateurisme que beaucoup de Gabonais décrient à l’égard d’ABO.
Comme de fait, depuis la prise illégitime du pouvoir par ABO, les communications faites par AMO à France24, Africa24 , RFI et même de sa dernière prise de parole lors du meeting populaire animé par de l’Union nationale et la société civile, ont toutes étaient médiocres au regard des grandes attente des populations. Là est la première faiblesse d’AMO : l’inexistence d’une méthode de communication politique stratégique efficace.
Dès le départ, Bruno Ben-Moubamba (BBM) comme vice-président, il aurait fallu le considérer comme le chargé de la communication du parti. BBM est un excellent communicateur politique. Je ne connais aucun Gabonais qui a le flair et le sens de communication politique comme lui. AMO, s’il avait voulu faire confiance à ceux qui n’étaient pas avec lui en D2, il aurait effectivement pu faire de BBM son principal conseiller en stratégie de communication. Pour cela, évidemment, il aurait dû préalablement, compte tenu de l’actif politique entre les deux, tisser des liens francs, des liens de solidarité fondés sur le respect. Il aurait dû également pour cela montrer à l’égard de BBM cette considération qui entraîne à la fidélité et à la communion des vues. Au lieu de cela, il a joué le représentant de BBM au sein de l’UN contre lui dans cet exercice et pour les visées de la sorcellerie politique gabonaise. On sait les conséquences de ce qui en a résulté.
Par ailleurs, depuis 2010, AMO a poursuivi une stratégie politique d’espérance du partage du pouvoir avec ABO. En bon étudiant de sciences politiques qu’il était, il a oublié qu’en politique on ne partage que le pouvoir que l’on ne possède pas. Même s’il dit avoir gagné l’élection présidentielle, il n’a pas gagné le pouvoir de la puissance publique qui va avec. C’est ABO qui a le pouvoir, illégitime soit-il. Comment peut-il prétendre vouloir le partage! De plus, il n’était pas le seul à revendiquer cette victoire.
Il me semble que la stratégie d’AMO, dès octobre 2009, au lieu de faire la grève de la faim ridicule, aurait été de conquérir le cœur des Gabonais, tous les Gabonais. Pour cela, dans une suggestion que nous lui faisions en 2010, connaissant Mamboundou souffrant, nous lui avons demandé de travailler pour une alliance stratégique avec l’UPG dans le but de faire de Mamboundou le premier ministre. Une telle alliance était de nature à contrer définitivement le PDG dans ses magouilles électorales et de dresser contre le système mafieux pdg les ¾ des Gabonais. Cette suggestion, comme les autres faites antérieurement, fut ignorée. À sa place, ABO sur les recommandations de la France proposa à Mamboundou une alliance politique de gouvernement.
Le dilemme d’AMO dans sa faiblesse vient aussi du fait qu’il est prisonnier de certaines certitudes. Il ne réalise pas que celui qui a le pouvoir, et qui sait en user, renverse toujours les choses en sa faveur. Pour évincer ABO, AMO doit sortir de ses certitudes et de l’arrogance du PDG-PARTI-UNIQUE (1968-1990) véhiculée par ceux qui l’entourent. Il doit revisiter ses priorités et ses plans politiques. Il doit concevoir dans un délai de trois ans ce qu’il doit faire si ABO n’est pas parti avant.
Conséquemment, quand il revient de Paris, après avoir été accueilli à l’aéroport, il devra faire un discours de mobilisation de ses partisans et prendre de rendez-vous avec les Gabonais, en annonçant une tournée nationale. Il devra commencer cette tournée par le Sud du Gabon, ensuite le Sud-Est, le Nord-Est, le Nord, le Centre, l’Ouest pour finir avec une grande réunion de mobilisation à Libreville. Cette réunion de mobilisation à la mi-septembre sera le moment d’exiger, voire d’imposer la tenue de la Conférence nationale.
Toutefois, pour mobiliser tous les Gabonais, dès son retour et dans l’ensemble de ses discours, AMO doit renoncer à dire qu’il veut le pouvoir, que c’est lui qui a été élu. Certains Gabonais le pensent, ils sont néanmoins passés à autre chose. En se réinventant, AMO doit trouver autre chose, un mot-clé, un slogan qui évoque à la fois les maux des Gabonais et leur espérance à quelque chose de nouveau, de beau et de prometteur, si ces Gabonais osent se mobilisent contre le pouvoir illégitime et l’amateurisme gouvernemental.
Le leader qui attire le peuple opprimé est une personne qui a souffert dans son sang, un martyr, une personne qui a tout abandonné pour vivre avec le peuple ses souffrances, une personne humble. Personne n’ira se mobiliser contre ABO si le gain convoité est celui d’une autre personne, surtout lorsqu’il n’y a aucune affiliation sociologique telle qu’on la connait au Gabon.
Le renoncement pour soi et la quête pour les autres doit transfigurer dans le comportement, le parler, dans l’évocation gestuelle d’AMO. Il doit comprendre que le pasteur qui mobilise ne parle pas en son nom, mais au nom de Jésus. Il doit parler au nom du Peuple gabonais, au nom de la Nation gabonaise. Son entourage doit arrêter de mystifier ceux qui ne sont pas de son origine sociologique. Il faut qu’il se dépouille d’une certaine image de lui-même pour se laisser habiller par le peuple qui souffre. Ainsi, il le verra porteur de ses espérances, de sa soif du combat politique. Ainsi, il sera le leader national.
AMO devra aussi éviter ces réunions de l’Union nationale où ses « cadres » sont assis d’un côté, sur des belles chaises et les simples militants de l’autre. Tous doivent être confondus avec les militants, le peuple. Oui, l’humilité, il faut faire preuve d’humilité pour que l’on sache qu’AMO et ses partisans veulent servir et non se servir. En continuant de faire comme ils font, ils montrent qu’ils ne sont en rien différents du PDG et qu’ils veulent prendre leur revanche. Cela le peuple ne le veut pas. Il veut que l’on s’occupe de lui, de ses problèmes, de ses envies et de ses besoins.
Voilà, à mon sens, comment AMO devra agir pour mobiliser les Gabonais.
Joel Mbiamany-N'tchoreret
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