Les paroles de Jésus dans la quête de l’espérance portent sur deux réalités : les facteurs annonciateurs du monde nouveau et la venue de ce monde nouveau.
Jésus lui-même va accomplir les textes de l’Ancien Testament à la fin des temps et les disciples ne doivent pas se soucier de l’heure précise du retour de Jésus. Quand nous lisons le verset 26, nous savons que Jésus est l’être céleste qui viendra dans la puissance et la gloire.
Comme le Fils de l’Homme de Daniel, le Jésus de Marc reviendra et rassemblera ses élus « des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel » (Marc 13,27). Jésus ne faisait pas miroiter à ses disciples un avenir étincelant. Il parlait de l’époque que vivaient les premiers lecteurs de Marc et, en vérité, de celle que nous vivons nous-mêmes. Jésus prévoyait des guerres, des tremblements de terre, des famines, où il voyait « le début des douleurs de l’enfantement » : les événements prophétisés annoncent l’avènement douloureux d’un temps nouveau, qui advient même si les forces des temps anciens luttent pour en empêcher l’avènement.
Jésus décrit aux gens de son temps des choses qui toutes éveilleraient la peur chez nos contemporains : guerres, persécution, catastrophes, scandales, populations réduites à la misère. Jésus utilise ces prédictions de détresse pour fonder l’espérance. Nous sommes invités à fixer notre regard sur lui!
Ces paroles de Jésus (versets 29-31) me réconfortent particulièrement : « Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »
L’épreuve eschatologique
L’épreuve eschatologique prendra différentes formes. D’abord, il y aura les trahisons. Comme Jésus qui a été trahi et livré aux mains des pécheurs pour être mis à l’épreuve, ainsi les lecteurs de Marc seront trahis ou livrés aux conseils, frappés dans les synagogues et appelés à témoigner devant les gouverneurs et les rois. Ils seront « trahis » et « livrés » à la mort non seulement par leurs ennemis mais aussi par leurs parents et enfants, leur propre chair!
Deuxième forme de l’épreuve : des faux christs et des faux prophètes feront leur apparition, pour détourner les gens du droit chemin. Ces trompeurs promettront la délivrance et feront des signes et des merveilles pour amener les gens à renoncer à leur foi en Jésus.
Enfin viendront des épreuves ou des tentations même pour ceux qui jouissent d’une paix et d’une stabilité relative. Jésus parle de cette sorte d’épreuve dans la dernière parabole du chapitre 13 : un homme part en voyage et charge ses serviteurs « de veiller et de rester vigilants ». La parabole suggère que les lecteurs de Marc risquent de manquer à leur devoir de vigilance. Ils sont menacés par « les soucis du monde et l’appât des richesses » (Matthieu 13,22), dont Jésus a dit ailleurs qu’ils peuvent étouffer la semence avant qu’elle n’arrive à maturité.
L’ Évangile de Marc nous enseigne que tous ceux qui suivent Jésus seront mis à l’épreuve. Ils le seront par de grands fléaux ou par de puissants séducteurs qui feront des prodiges pour les attirer. Ils le seront dans leur quotidien et dans leurs désirs charnels. Quelle que soit la forme de l’épreuve à laquelle nous devrons faire face, Marc nous dit qu’il nous faut rester vigilants et prier, car si notre esprit et notre cœur sont divisés, nous échouerons et nous ne serons pas prêts à accueillir le maître quand il reviendra.
Nous serons mis à l’épreuve mais nous n’avons pas à craindre car Jésus a changé à jamais le contexte de ces épreuves. En supportant l’épreuve à laquelle il fut soumis, Jésus s’est offert lui-même en parfait sacrifice à Dieu, rendant caduc du même coup le culte rendu dans le temple de Jérusalem. À compter de maintenant et pour toujours, les offrandes appropriées seront les prières offertes par l’assemblée des croyants plutôt que les sacrifices faits au temple. L’offrande que Jésus a faite de lui-même a été acceptée par Dieu en expiation pour le péché du monde. Ceux qui suivent Jésus ont donc été « rachetés » de la colère et du châtiment du Dieu juste. Ils peuvent avoir confiance : ils sont destinés au salut.
La communauté de ceux qui prient
Marc souligne qu’à la suite de la destruction du Temple, la communauté des priants sera la « maison de prière pour toutes les nations », le nouveau Temple sera élevé par Jésus. La prière obstinée est la marque de cette nouvelle communauté, le Temple fait de pierres vivantes. Mais comment Marc et ses lecteurs comprenaient-ils cette notion de « prière obstinée »?
Comment chacun faisait-il pour prier de cette manière et quelles furent les conséquences de cette prière dans la vie quotidienne? Jésus a promis que la prière fidèle sera exaucée, mais à une condition : ceux qui prient ne doivent pas entretenir de doute dans leur cœur.
Dans la nuit et l’angoisse de Gethsémani, Jésus demande sincèrement à Dieu de lui épargner l’agonie imminente, et il est pleinement convaincu que Dieu peut le faire. Mais au même moment, il se soumet à la volonté de Dieu son Père. La patience de Jésus, sa détermination, son renoncement à son propre projet en faveur du projet de Dieu sur lui le font triompher dans le jardin au pied du Mont des Oliviers. Pour Marc, cette prière de Gethsémani est le modèle de la prière du « disciple mis à l’épreuve ».
Mis à l’épreuve
Quels sont les cataclysmes qui secouent le monde d’aujourd’hui? Comment sommes nous mis à l’épreuve au quotidien? Les expériences de rejet, de souffrance, de mort ou de perte, de privation et de vide nous conduisent-elles à abandonner le monde de la vie que nous avions accueilli dans la joie? Nos soucis d’argent, de réussite au travail ou à l’école, de santé, de dépendance, de sécurité d’emploi, de statut, de reconnaissance, de famille et de relations sont-ils en train d’étouffer la Parole de Dieu implantée dans nos cœurs? Sommes-nous accrochés à nos passions, comme la colère, le deuil ou la convoitise, qui nous empêchent de suivre Jésus? Y a-t-il encore de la joie dans notre vie?
La Bonne Nouvelle de l’Évangile de Marc, c’est que nous n’avons pas à faire ce que Jésus a fait en ne comptant que sur la force de notre propre volonté. Nous n’avons pas à affronter d’épreuves sataniques sans l’aide de la puissance divine. Jésus de Nazareth a changé notre situation à jamais. Marc annonce la Bonne Nouvelle en évoquant le pouvoir que la prière donne aux croyants. La communauté chrétienne a le pouvoir de s’engager dans une prière obstinée que ne pourront stopper ni la peur, ni la peine, ni la persécution ni les puissances trompeuses à l’œuvre dans le monde. Jésus a expié le péché du monde et terrassé les puissances qui cherchaient à séparer les hommes de Dieu. Par conséquent, tout est possible lorsque nous allons à Dieu par la prière.
Une perspective d’ensemble
Face aux revers, aux pertes et aux tragédies de la vie quotidienne, n’oublions jamais la perspective à long terme de l’histoire du salut. En tant que chrétiens, nous sommes invités chaque jour à réagir à la dialectique des ténèbres et de la lumière, dans laquelle s’enferre notre époque. L’anxiété collective peut facilement tourner à l’hystérie de masse dès que survient la moindre crise.
C’est pourquoi il est si important d’être ancrés fermement dans la Parole de Dieu, d’y puiser la vie et d’en vivre. Ainsi se réaliseront dans notre quotidien les paroles du prophète Daniel (12,1-3) : « Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles. »
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