Comme tous les peuples, nous sommes nés avec les aptitudes pour nous épanouir et connaître le bonheur. Pourtant, la méconnaissance de nous-mêmes et de la réalité politique dans laquelle ont vécu nos pères nous ont conduits à vivre dans une forme de gouvernance monarchique. Nous avons été incultes à comprendre que nous avions entre nos mais les clefs de la porte d’un meilleur destin politique. À la fois citoyens et sujets, nous avons vécu dans des contradictions et des confusions des genres politiques. Nous dénoncions les situations qui nous ont plongés dans la misère, en même temps et malgré les afflictions de la misère, à chaque élection nous courions soutenir ceux qui étaient la source de cette même misère. En fait, de nos contradictions et de nos confusions, en dépit des douleurs dont nous souffrions et, cette volonté de mimer la vie du citoyen libre que nous lorgnions en Occident, nous nous sommes interdits d’élever la voix et le bras pour dire que nous souffrions et que nous voulions une autre gouvernance. C’était l’époque Omar Bongo.
En vérité, la nature du régime politique, bien qu’autoritaire, alliait dans l’exercice du pouvoir des modes de fonctionnement de l’État qui, malgré les douleurs vécues, les récriminations faites sur la gestion politique, financière et économique du pays, entraînait des contentements de ceux qui étaient en mesure de contester le pouvoir avec véhémence. Le pouvoir Omar Bongo offrait en effet des soupapes desquelles certains en sont arrivés à se dire on va encore faire comment. Le chef de l’État prenant de l’âge, la séduction incestueuse construite avec l’ensemble des leaders politiques, même de l’opposition, malgré le dépérissement continuel du pays, avait conduit certains à se dire qu’il fallait peut-être le laisser au pouvoir et attendre que le temps finisse par avoir raison de lui.
Lorsque comme par le fait de la prédestination, on annonça le décès d’Omar Bongo, plusieurs y ont vu la fin d’une époque. Des énergies nouvelles prirent forme et hardiesse. De nombreux compatriotes ont estimé effectivement que le Gabon devait entrer dans une ère politique et économique nouvelle. Le pays n’allait certainement pas, du jour au lendemain, devenir le paradis sur terre. Du moins, nous espérions que les jalons de la construction d’un Gabon nouveau prennent racine pour les creusets des fondations des soubassements de ce pays que nous rêvions dans nos supplications d’un meilleur avenir. Nous voulions l’institution d’un État de droit, des élections transparentes : une personne un vote; une justice susceptible de proclamer les réels résultats du vote des gabonais; une égalité politique de tous les citoyens afin que tous assument leurs devoirs envers l’État et jouissent pleinement de leurs droits démocratiques. Alors que nous pensions à cela, certains ont décidé de nous déposséder de nos rêves, de nos existences citoyennes pour nous maintenir dans la soumission de leur volonté politique. Ils sont déterminé à organiser la vie politique du pays en fonction de ce qui leur convient et continuer à faire de nous des sujets comme cela c’est toujours fait.
À la différence de l’époque Omar Bongo, nous ne sommes pas nos pères. Ils ont tout accepté. Nous volons la liberté politique. Nous la revendiquons. La liberté politique est la possibilité d’agir selon sa propre volonté sans que celle-ci ne soit entravée par le pouvoir d’autrui. Elle est le droit d’un citoyen de définir son avenir et l’avenir de son pays. Cette liberté est inaliénable car elle est le fondement de la citoyenneté.
Assurément, quand le pouvoir institue une organisation et un fonctionnement politique de l’État qui favorisent la dépossession de son être politique et de sa citoyenneté, il fait des individus des sujets et non des citoyens. Dans le refus de cette stigmatisation, ces individus, dans la quête de leur identité et de l’exercice de leur citoyenneté doivent être entraînés à la révolte. Parce que justement, les sentiments qui conduisent au renversement des régimes politiques naissent du renforcement de l’impuissance de se gouverner pour se donner ses propres rêves; l’impossibilité de voir les choses muer et donner un jour politique nouveau. Par rapport aux entraves à nos libertés citoyennes, il faut mettre en semence la graine qui donne naissance au renversement politique.
Ça suffit,
Ça assez duré comme ça!
Joël Mbimany-N'tchoreret
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