Depuis plus de 20 ans, les normes de rendement scolaire ont été standardisées en Amérique du nord afin de connaître le niveau de réussite, indicateur de l’état de santé du système scolaire, permettant de rendre compte de l’évolution des élèves dans leurs apprentissages; de pointer les cibles d’amélioration dans les programmes scolaires, l’apprentissage et l’enseignement. Pour cette raison, le niveau de rendement acceptable des élèves à un examen national, comme celui du système scolaire dans son ensemble, est fixé à 70%.
Lorsque le rendement à un examen national d’une école ou d’un conseil scolaire est dans cette norme limite de 70% ou en dessous, ne serait-ce que d’un point, les décideurs et acteurs du système scolaire sont en émoi. Des actions sont mises en œuvre pour redresser la barre. Car chacun dans son niveau de responsabilité politique et ou administrative vise au moins 80% de réussite. Un tel taux de réussite indiquant l'excellence des actions et des politiques mises en œuvre. Que ce soit dans le domaine de la santé, de l’agriculture ou celui de l’éducation, la recherche de l'excellence est la norme visée. C’est le propre de toute société démocratique. Les décideurs administratifs ou politiques doivent rendre compte de leurs actions au regard des attentes des citoyennes et des citoyens. Les décideurs politiques et administratifs savent que les citoyennes et les citoyens ne peuvent accepter des résultats à la limite de la norme et qu'ils doivent faire mieux que la norme pour mériter la confiance du public.
Le Gabon, pays non démocratique, les décideurs politiques et administratifs n’ont pas de compte à rendre aux citoyens. Ils n'ont manifestement pas besoin de la confiance du public. Ce n’est pas un processus démocratique qui les a conduits aux postes de responsabilité qu’ils occupent. C’est la dictature, la volonté d’un homme ou d’un clan. De cela, tout ce qu’ils ont à faire c’est de contenter le potentat. Le reste n’importe pas.
Les derniers résultats des examens du Brevet d'Études du Premier Cycle du second degré (BEPC) et le ravissement marqué par les responsables des examens sont illustratifs de cet état de fait. Les derniers examens du BEPC indiquent un taux de réussite moyen de 38%, en hausse de 10% par rapport à l’année scolaire 2010 – 2011. Selon gaboneco.com, ce score ravit la direction générale des examens et concours, qui évoque une «progressive recrédibilisation de l’école gabonaise et de l’enseignant gabonais». Vraiment!
Les décideurs du système éducatif gabonais sont ravis de l’échec d’environ deux tiers des élèves à un examen national. Ouf! Ah ça… on est vraiment dans les baffons! Je ne comprends pas comment ils vont pour avancer en confiance. Au Canada, un tel taux de réussite aurait valu le congédiement de plusieurs décideurs du système éducatif et la mise en place immédiate de commissions d’enquête ou de travail pour comprendre ce qui pose problème et trouver des solutions urgentes à une telle catastrophe. Au Gabon, on ne s’en émeut pas outre mesure. Pourtant ces taux d’échec élevé ne peuvent être attribués aux élèves. C’est l’échec du système scolaire, de la politique de l’éducation, du gouvernement. Alors, il faut arrêter de sourire en montrant ces dents jaunes avec ce sourire de charognard. On ne peut être heureux de cela à moins d’être une bête.
Joël Mbiamany-N’tchoreret
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