mardi 24 mai 2011

La nécessaire brisure du cercle vicieux de la politique au Gabon

Au Gabon il est dit que tout le monde connait tout le monde. Nous serions tous apparentés, malgré les camps politiques des uns et des autres. De fait, évitant les querelles qui peuvent conduire aux grandes ruptures, nous nous acoquinons et essayons de trouver des arrangements de bon aloi.

Pour cela, la vie politique au Gabon serait un cercle. De peur de sortir de l’orbite gravitationnelle qui fonde l’existence de chacun, dans le cheminement politique que nous dessinons, nous tournons en rond. Avec les vices qui s’y développent, par la sorcellerie politique des uns et des autres cherchant à se maintenir dans des positions politiques avantageuses, notre vie politique est un cercle vicieux.

Il a l’avantage de maintenir l’union et cette concorde nationale pour éviter les grands dérangements. Pourtant, il plonge le pays dans des grands chagrins. Le cercle vicieux, rappelons-le, est une situation malveillante qui nourrit la misère dans le pays et ronge l’espérance du développement. La situation étant comprise désormais comme sans issue pour le progrès du pays, comment nous en sortir?

Nous savons que quel que soit le cercle, la circonférence représente toujours trois fois le diamètre du cercle, d’où Pi = 3,14…. On peut déduire que le diamètre correspond à la circonférence divisée par 3,14.

En ayant la circonférence, il devient facile de trouver le rayon du cercle. L’identification du rayon permettra de trouver le point de gravitation du cercle et l’étendue de la surface vicieuse du cercle. Elle est dit-on égale au diamètre multiplié par le rayon au carré.

Le calcul de la surface du cercle donne l’étendue de notre bêtise politique. Laquelle est une recherche effrénée, pour tout point situé dans l’arc du cercle, à entrer en rapport avec le centre du cercle.

Nous constatons que, le point de gravitation du cercle est le pouvoir de l’État qu’usurpent certains. Suivant le mouvement gravitationnel, ceux qui désirent y accéder, constatant leur incapacité de leur faire par la voie des urnes, voulant survivre politiquement, négocier pour le maintien des liens politiques incestueux, contre nature par rapport à l'intérêt au progrès de la Nation, avec le centre du cercle.

ainsi, dans l’arc, tout en suivant la courbe qui oblige à ces discussions politiques, nous marchandons dans une évolution politique qui nous ramène inévitablement après chaque renouvellement du mandat présidentiel au point de départ : coup d’État électoral, constitution du pouvoir politique illégitime; négociation politique pour donner la légitimité politique qui fait défaut; clientélisme politique pour obtenir l’adhésion du peuple ; mauvaise gouvernance et ensuite un autre coup d’État. Et la roue continue de tourner. Les pédégistes et les autres émergents disent : silence on tourne... en confiance.

Comme on peut le voir, dans ce cercle vicieux, aucune solution innovante n’est susceptible d’agrandir la Nation ou de la faire évoluer. Les mêmes négociations avec la présidence de la République depuis 1993 entraînent ou produisent les mêmes effets.

Les misères qui, autrefois se lisaient dans des traits à peines perceptibles, se lisent aujourd’hui dans des creux des vallées de la mort visibles du ciel. Avant 1990, en effet, personne n’avait élu domicile à la décharge publique de Mindoubé. Il paraitrait, selon les photos de quelques amis, qu’il s’y développe une cité d’habitation façon «misère où iras-tu me déposer?»... à Mindoubé.

Des Gabonais vivant dans des décharges publiques. Qui aurait pu l’imaginer, lorsque nous chassions les Équato-guinéens et ces autres africains du pays ! Oui… il faut avoir le courage de l’admettre, le pays s’enlise.

Pour sortir de la situation qui plombe le pays, chaque jour un peu plus, faut-il commencer par comprendre, et admettre, l’existence du cercle vicieux.

Il faut reconnaître que ces arrangements de palais ne sont qu’un tournement en rond après chaque élection présidentielle. Le peuple qui aspire au changement vote dans un sens, les autres dénient la volonté du changement du peuple et se proclament président ou député. Se sachant honnis, ils obligent à l’acceptation forcée en brandissant la carotte de la négociation pour améliorer ou renforcer la démocratie disent-ils. Quelle ironie, les pyromanes qui cherchent à éteindre le feu.

Ils font appel à ces leaders qu’ils appellent charismatiques ou historiques. Dans ces discussions incestueuses, ces derniers, dans leur passion du pouvoir pour le pouvoir, ne se rappelant plus pourquoi quelques Gabonais avaient fixé leur espérance en leur personne, s’agenouillent dans ce geste du renard face au corbeau pour chanter des louanges divines de la cadence du ventre. S’aplaventrisant pour devenir le tapis des autres, ils oublient leur conviction. De fait, ils en viennent à enfermer la volonté du changement exprimée par le peuple, que par ailleurs, ils clamaient haut et fort.

Concevons, chers compatriotes, que ces discussions ne sont que des tambourinements pour certains de parler de leur propre cause. Alors de grâce, il n’y a pas lieu de se réjouir, outre mesure, de ces négociations sur la biométrie. Elles sont l’effet naturel de l’évolution du pays dans le cercle vicieux de la vie politique gabonaise.

Comprenons, la seule chose que la classe politique peut négocier pour sortir le pays de sa misère est la mise en place d’institutions du fonctionnement, d’organisation et de proclamation des élections qui soient réellement indépendantes de toute influence politique.

Au regard du cadre politique actuel et de la situation de crise politique latente, seul le déplacement du centre du cercle politique changera l’orbite autour duquel doit graviter ces discussions et manifestement, permettront de tracer une autre trajectoire pour notre bien-être à tous.

L’attitude qu’affiche en ce moment l’Union Nationale: ne pas aller négocier avec l’émergence dans des discussions viciées, est la voie de sortie du cercle vicieux.

En effet, pour l’Union nationale, la seule discussion qui vaille est celle de la remise à plat de ce qui gouverne ce semblant de démocratie. Il faut soutenir l’Union nationale quels que soient vos sentiments à l’égard de ses leaders politiques. Il s’agit uniquement de briser ce cercle qui fait que le pouvoir trouve toujours des interlocuteurs sur lesquels s’appuyer pour maintenir le vice politique dans la République.

La résolution des problèmes politiques du Gabon ne se fera pas dans des discussions opaques sur la biométrie ou de quelques arrangements derrières les portes closes. Il faut une concertation ouverte sur l’ensemble des institutions du fonctionnement et de l’organisation de la vie politique, notamment les institutions en rapport avec les élections.

Aussi, je vous le dis, indépendamment de vos sentiments à l’égard d’un tel ou tel autre homme politique, il est dans l’intérêt supérieur de la République de soutenir la fermeté qu’affiche l’Union Nationale. Il faut arrêter de tourner en rond et user définitivement ce qui reste d’espoir pour des changements institutionnels profitables à toute la Nation.

http://joelmbiamany-ntchoreret.blogspot.com

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