lundi 12 septembre 2011
Ali Bongo provoque des drames psychosociaux avec ses mensonges de création d’emplois.
Le Gabon connaît un des taux de chômage des plus élevés du monde. Selon l’OCDE, le taux de chômage est une statistique économique fortement utilisée par les analystes économiques pour représenter la situation économique d'un pays. Le taux de chômage prend en compte la répartition de la population entre personnes actives et inactives. Il reflète fidèlement l'utilisation de la main d’œuvre ou le taux d'emploi dans un pays.
Un pays qui a un taux emploi en dessous de 5%, est dans le plein emploi. Dans ce pays, il n'existe aucune difficulté particulière à trouver un emploi. La plupart des gens travaillent, c’est un pays en santé socialement et structurellement. Les gens rêvent de réaliser des grandes choses et ont des projets de vie. Ce n’est pas le cas pour le Gabon. Selon Le Figaro, le taux de chômage au Gabon est actuellement de 30 %. Autrement dit, un tiers de la population gabonaise active est sans emploi. Lorsque l’on compare ce taux de chômage au nombre d’habitants que compte le pays, on réalise la profondeur de détresse qui sévit dans l’ensemble de ce pays.
En effet, 433 000 gabonais sont à la recherche d’un emploi sur une population 1 300 000 : un tiers de la population. Si l’on prend pour acquis que les enfants mineurs et les personnes âgées comptent pour un tiers de la population, on peut dire qu’au Gabon deux personnes sur trois (2/3) ne travaillent pas. Le pays fonctionnerait seulement avec 1/3 de la population. Dans ce tiers, 60%, soit 286 000 personnes sont fonctionnaires de l’État. Le secteur privé n’engageant qu’un tiers du tiers des gabonais qui travaillent, quelque 140 000 individus. Où sont les emplois qu’Ali Bongo dit avoir créés dans le secteur privé?
Au-delà du chiffre du taux de chômage de 30 % que compte le pays, il faut savoir que cette statistique renferme dans le pays des situations de drames psychosociaux importants. Il est donc malheureux de voir Ali Bongo se pavaner à cœur joie sur des sujets qui sont des tragédies pour plusieurs gabonais.
D’un point de vue socio-économique, Ali Bongo doit savoir que le chômage entraîne un déséquilibre social qui expose deux tiers de la population à une détresse profonde. Pour ceux qui n’ont pas d’emploi depuis longtemps ou pour ceux qui l’ont perdu, le plus tragique n’est pas le fait de ne pas posséder un emploi pour subvenir à leurs besoins, mais la perte du sens de soi causée par le fait de ne pas travailler.
Le chômage occasionne toute une série de problèmes et de pathologies allant de l’augmentation du taux des divorces à celle du taux des suicides, en passant par une plus forte fréquence de l’alcoolisme et des autres comportements antisociaux qui font perdre à la personne son genre humain. Et cette relation entre le fait d’avoir un emploi et l’existence en soi de l’individu n’est pas seulement corrélative, elle en est le facteur causal. Si certains se satisfont de quelques donations faites par des membres de leur famille pour survivre, pour la plupart des gens, c’est le travail, la reconnaissance par autrui de leur «contribution» sous forme d’un salaire, qui importe. Car le travail est la chose qui donne la dignité aux gens et les permettent de se considérer citoyens. Sans emploi, plusieurs en effet perdent leur dignité ou sont considérés comme des sous-personnes : des bons-à-rien faire; des invendus qui ne comptent pas.
Lorsqu’Ali Bongo dans on interminable propagande politique d’émergence ne cesse de se vanter d’avoir créé des emplois, il n’imagine pas tout le mal qu’il fait à ces gabonais qui, pour la plupart, cherche un emploi depuis plus de 10 ans si ce n’est plus. Ils se disent, «mais enfin, ce gars dit qu’il a créé des milliers d’emplois, comment se fait-il que je n’en trouve pas depuis deux ans qu’il a pris le pouvoir»?
Il y a en pareille circonstance, en ne point douter Monsieur Bongo, une perte d’estime de soi qui généralement provoque la perte du goût de vivre; la tristesse, le découragement, le pessimisme. Il en résulte inévitablement une sensation d’incapacité d’améliorer sa condition et celle de sa famille. Dans une société, lorsque 30 % des gens vivent ce genre de sentiment, on ne peut parler d’une société en santé. Il faut parler de « dépression psychosociale» comme celle vécue par de nombreux occidentaux lors de la crise économique de 1929 (Stroebe & Stroebe, 1983). Ce genre de crises sociétales son état de deuil citoyen duquel les individus se désinvestissent dans la participation active de la construction de leur pays. Alors, quand Ali Bongo ment qu’il a créé entre 6 000 et 9000 emplois depuis qu’il a pris le pouvoir, tient-il compte des effets de ses déclarations tapageuses et mensongères sur le vécu des gabonais au chômage. Surement que non. Trop imbu de satisfaire ses lubies, il préfère faire des dépenses somptueuses pour son confort quand deux tiers des gabonais souffrent en virevoltant dans la misère.
Joël Mbiamany-N’tchoreret
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