lundi 21 novembre 2011

LA DECLARATION DES PATRIOTES GABONAIS INDIGNES

Les trottoirs de Libreville qu’on a prétendu « libérer » sont pollués par des gravats, des tôles ondulées, des chevrons et autres détritus. Libreville ressemble actuellement à Beyrouth au temps de la guerre.

Les patriotes indignés constatent pour le regretter et le condamner que le pouvoir en place, dans sa dérive autoritaire et le mépris des lois et règlements de la République qui s’ensuivent, organise la destruction sauvage de biens immobiliers de compatriotes et autres propriétaires dans certains quartiers de Libreville et de sa périphérie.

Les patriotes indignés qui militent pour le respect des droits de l’Homme affirme leur attachement aux dispositions de l’article 1er 10°) de notre Constitution qui tirent leur source de les articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyens de 1789 ainsi que de l’article 17 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui édicte que : « 1. Toute personne, aussi bien seul qu’en collectivité, a droit à la propriété. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété ». Les patriotes indignés en rappelant ces sources de droit entendent souligner l’importance de ce droit constitutionnel de l’Homme.

Les patriotes indignés tiennent également à faire observer aux gabonaises et au gabonais, ainsi qu’à la communauté internationale, qu’en matière de démolition de constructions anarchiques ce sont les dispositions du titre VI de la loi n° 3/81 du 08 juin 1981 du 08 juin 1981 fixant le cadre de réglementation d’urbanisme qui encadrent l’action de l’État.

En substance, la procédure qui en découle impose que le ministre en charge de l’urbanisme, après procès-verbal d’infraction à la législation constatée par des agents habilités, ordonne au contrevenant de démolir dans un délai déterminé le bien construit en méconnaissance de la réglementation. Il faut donc une notification à l’intéressé. Si la construction anarchique n’est pas démolie au terme du délai fixé, alors le Ministre en charge de l’urbanisme saisit le tribunal compétent. C’est le juge et seulement lui qui peut ordonner la destruction du bien par l’Administration. Cette opération se fera au frais du contrevenant.

Les gabonaises et les gabonais auront bien compris que l’Administration n’a pas respecté la procédure qu’impose la loi. Aucun arrêté, aucune décision ne peut infléchir cette procédure. Et pourtant le pouvoir émergent s’en est affranchi. Quel gouvernement respectueux du droit peut-il se prévaloir de l’incivisme des citoyens pour s’autoriser lui-même à agir en dehors de la loi. Non ! « Nul ne peut se prévaloir des turpitudes d’autrui pour justifier les siennes ». De quel côté se trouvent donc les hooligans ?

Les gabonaises et les gabonais auront constaté, comme les patriotes indignés, l’irruption intempestive du Ministre des Travaux Publics et de celui de l’Intérieur dans ce dossier qui relève de la compétence du Ministre en charge de l’urbanisme. L’arrogance de leurs propos et la légèreté de leur posture ajoutent à la frustration légitime de nombreux compatriotes.

Si les patriotes indignés sont d’avis que dès lors que certains compatriotes n’ont pas respecté la loi, il convient de corriger cela, non seulement dans le respect des procédures légales mais également dans le respect de la dignité humaine.
Le gouvernement n’étant pas au dessus de la loi, les patriotes indignés tiennent alors à faire remarquer que lorsque celui-ci se prend à croire qu’il peut agir selon son bon désir alors l’on peut affirmer sans risque de se tromper qu’il s’agit d’un gouvernement tyrannique, qu’il s’agit d’une dictature.

Les patriotes indignés disent donc haut et fort que la répression conforme à la loi est juste mais elle n’est pas la réponse essentielle attendue par les gabonais dans le domaine de la politique de l’habitat, du logement et de l’urbanisme. Non seulement Ali Bongo et son gouvernement n’ont rien à proposer aux gabonais, mais ils ont menti en promettant la construction de 5000 logements par an, nous devrions en compter aujourd’hui 10.000. Le bilan après deux ans d’exercice plein du pouvoir c’est zéro (0) logement. Bien au contraire nous vivons les destructions de maisons, de barrières, honnêtement construites ou acquises à la sueur du front des compatriotes. Il est évidemment plus facile de défaire que de faire.

Sous prétexte de la visite du président français Georges Pompidou, en 1972 Albert-Bernard Bongo avait cassé à Glass et autres quartiers situés sur le parcours que devait emprunter son hôte…39 ans après jugez vous-mêmes ! Faut-il attendre des événements particuliers, ponctuels pour donner de l’apparence en lieu et place d’une vraie politique publique de l’urbanisme et du logement. Que nous dit le budget 2011 sur ce point ? Voilà une opération coûteuse qui n’est même pas inscrite au budget de l’Etat.

Les patriotes indignés fustigent cet amateurisme, ce pilotage à vue d’Ali Bongo et de son gouvernement qui confondent gouvernance et gesticulation. Un homme d’Etat italien du 19ème siècle a dit que « tous les imbéciles savent gouverner avec l’Etat de siège » et les patriotes indignés disent à l’unisson avec Mirabeau que « les rhéteurs parlent pour produire un effet de vingt quatre heures, les hommes d’Etat travaillent pour tous les temps ».

Sous d’autres cieux les villes nouvelles prospèrent à côté des villes anciennes, ici, au Gabon de nombreuses expropriations pour pseudo cause d’utilité publique en faveur de projets privés étrangers prospèrent au détriment des gabonais, en dépits du discours officiel.

Alexis de Tocqueville a écrit que « le goût qu’on montre pour le pouvoir absolu est dans le rapport exact du mépris qu’on professe pour son pays ».

Les patriotes indignés sont solidaires des compatriotes floués, spoliés et méprisés. Ils enregistrent avec tristesse et colère les récriminations sur cette opération hasardeuse de démolition qui vient amplifier la misère et le mal être des gabonais.

Enfin les patriotes indignés rappellent à tous les gabonaises et gabonais l’importance des dispositions suivantes de l’article 1 tiret 21°) de la Constitution de la République « La République gabonaise reconnaît et garantit les droits inviolables et imprescriptibles de l'homme, qui lient obligatoirement les pouvoirs publics… Chaque citoyen a le devoir de défendre la patrie et l'obligation de protéger et de respecter la Constitution, les lois et les règlements de la République. »

Oui gabonaises et gabonais levez vous et marchez avec la Société Civile et la véritable Opposition réunies au sein du mouvement « ça suffit comme ça ». Les patriotes indignés rejoignent aussi ce grand mouvement patriotique pour mettre fin à un régime inique.

Fait à Libreville, le 18.11.2011

Ngouali Disumba

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