Il fallait s’y attendre. Qu’aux faits, l’on trouve les éléments qui viendraient les altérer. Qu’aux évidences, l’on trouve les mensonges à servir au public afin que celui-ci demeure dans la niaiserie où les pouvoirs veulent les maintenir. Les pouvoirs béninois et gabonais. Ainsi se comportent les Etats lors des scandales. Ces affaires d’Etat ! Sur l’affaire de l’avion présidentiel du Gabon, pas un coucou lambda immatriculé simplement TR (Tango Roméo), adresse aéronautique du Gabon, mais un des attributs du pouvoir d’Ali Bongo, président de la République, qui a été banalement contrôlé à l’aéroport de Cotonou. L’on comprend que le pouvoir béninois ait mis trois jours pour réagir. Cependant, posons des questions simples et utiles. Maixent Accrombéssi a-t-il été au Bénin entre les 11 et 13 Novembre derniers, alors qu’on annonçait un départ du Président gabonais pour Abu Dhabi ? Oui. C’est du moins ce que le communiqué de la Présidence du Bénin a annoncé. Cet avion avait-il à son bord des jeunes filles embarquées ensuite sur un autre vol ? Nul n’a démenti ce fait. Ces dernières ont-elles été appréhendées puis contrôlées positives aux tests anti-dopage ? Oui.
La lettre d’excuses publiée par des journaux fluants proches de la présidence de la République gabonaise parle d’une consommation d’aspirine. Toutes les trois. Etrange. Jusque-là, il n’y a aucun démenti sur la présence de Maixent Accrombessi au Bénin, encore moins sur la forte délégation qui l’accompagnait. Ni même sur la confiscation de son passeport par un « agent zélé ». Il y était bien pendant que son « protégé » se trouvait, seul, à Abu-Dhabi. Bien entendu, rien n’a filtré de cette visite à ce jour, où par ailleurs, se déroulait au même moment un Grand Prix de Formule 1. Quant au contenu du fameux avion, « devises et drogue ». La vérité de ces faits ne peut être dite à travers une « lettre d’excuses » dont les journaux du Palais ne se sont pas pressés d’accompagner du paraphe de « l’infortuné ». Le problème reste entier. En attendant un procès en diffamation du gouvernement béninois, qui, il faut le relever, n’a incriminé son agent de police que pour avoir violé les conventions de Genève. L’affaire de l’avion du président gabonais au Bénin est bien réelle.
Il reste toujours des zones d’ombre dans cette affaire. Alors que le communiqué officiel côté béninois enfonce plutôt le clou, en parlant d’une mission qu’a conduite le directeur de cabinet du Président gabonais, où était le dispositif protocolaire d’usage que le pays d’accueil met à la disposition de tels hôtes ? C’est généralement ce dispositif constitué d’ambassadeurs accompagnateurs, qui prend en charge toutes les formalités de circonstance (Hébergement, transport, formalités de police). Ce d’autant plus que l’envoyé d’Ali Bongo pour cette mission inconnue n’était pas n’importe qui. La saga béninoise de cet « enfant du pays » soulève cependant des questions de souveraineté que l’on ne passera pas sous silence.
Dans tous les pays du monde, il existe des attributs liés au pouvoir. Ces attributs sont des éléments intégraux de la souveraineté qu’incarne chaque chef d’Etat. Ali Bongo n’est pas une exception à cette règle. Au nombre de ceux-ci on peut citer : le bureau, le siège sur lequel il préside aux destinées du pays ou le Conseil des ministres ; le logement en fait partie. La voiture présidentielle, l’avion présidentiel qui généralement se mue en poste de commandement lorsqu’il est à bord. Ce sont-là des espaces inviolables. L’on n’a pas vu Fillon, en visite officielle au Gabon en juillet, dernier arrivé dans l’avion présidentiel. Ni Claude Guéant, tout puissant Secrétaire général de l’Elysée, avant de passer au Ministère de l’Intérieur, effectuer ses nombreuses missions à bord de l’avion présidentiel. Air Force One ou le « Command Car » de Barack Obama reste à l’usage exclusif du Président des Etats-Unis. Maixent Accrombessi s’est arrogé les attributs du pouvoir d’Ali Bongo dans cette affaire, par cet acte. C’en est trop !
A titre de rappel, alors Chef de cabinet, il se permettait le droit d’adresser une lettre de cadrage au Premier ministre, Chef du gouvernement. En lieu et place du président de la République. Et en lieu et place du Premier ministre, il signait en janvier 2010 une convention de plus de 10 milliards de francs pour l’achat de véhicules de luxe, avec une société basée en Suisse et en Autriche, SDP und Logistic, dont la filiale à Libreville se trouve à l’immeuble Deltassur (Ogar). Que l’on rapporte à son actif l’arrêt du cortège présidentiel, et autres hauts faits, rien ne surprendrait plus. « La tentation de Cotonou », c’est finalement cette tentation d’accaparement du pouvoir et se substituer sans cesse au tenant actuel de ce pouvoir ; de narguer sur son passage quelques « frères Popos », et de leur montrer que c’est lui « Iznogoude » qui est calife à la place du calife, lui « l’enfant du pays ».
Ainsi fonctionnent les Bongo, ainsi va le Gabon
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