Ce matin, comme tous les matins, j’ai ouverts mes yeux à six heures. Je n’ai pas allumé mon ordinateur tel que je le fais habituellement. Je suis resté cloître dans mes draps. Je ne pouvais me rendormir, de même qu’il ne me venait l’envie de me lever. Pris dans un tourbillon d’inconfort, entre rester couché et me lever, des larmes coulaient de mon visage. J’étais triste. Je ressentais comme une forme de lassitude, une déprime qui ne dit pas son nom, un découragement. Il y avait, dans ma tête comme un enfermement appréhendé. Une désuétude qui semblait arpenter les montagnes de mon esprit. Et comment dans un mauvais rêve, je vois ce type s’installer, assurément.
Pourquoi, ce silence, ce manque d’action? Le pays n’est-il pas comme dans une dérive? Pourquoi ai-je comme une impression d’une impuissance chez mes amis, mes frères. Je me sens las, je me sens fatigué, comme un poids sur mes épaules qui dominent la vigueur de mes genoux.
J’ai peur de me désintéresser : de dire on va encore comment …..
Et comme certains l’on fait avec le nazisme, laisser les miens emportés dans les camps de concentration, dans les fours de la misère. Laisser ce qui reste d’espoir s’étioler, par l’habitude de l’incommodité.
Ce silence de tombe est lassant, ce manque d’action est tétanisant. Je veux mourir, pour oublier, pour ne pas voir, pour ne pas entendre, pour ne pas savoir; me fermer les yeux, la bouche, les oreilles; ne plus exister. Y-a-t-il quelqu’un pour tirer vers le bas la corde du clocher et celle-ci, en remontant, nous réveiller et encourager l’ardeur pour qu’enfin vienne la félicité?
Non, il semble que personne ne viendra, cette fois-ci encore.
Le village est un dessert de courage, de vertu, les parents politiques sont dans les champs, c’est la saison de l’abattage. De par leurs actions, comme dans la danse du ventre, les arbres coupés dormiront. Le sifflement du vent se fera entendre pour montrer le vide de la morale et de l'insouciance pour l'intérêt collectif.
La solitude du silence m'envahira. Dans mon exile intérieur, seuls les bêlements des moutons me rappelleront que je suis dans un village. Ce village promettait tant. La nature dans sa largesse avait fait de ma terre, de mes eaux un pays riche. Le regard des miens perdu dans la souffrance de la misère m’indique qu’il n’est pas aussi riche que ça; mon pays; ou, peut être n’est-il riche que d’égoïsme, d’incapacité, de faiblesse, de lâcheté, d’assujettissement.
Comment une personne venue d’ailleurs est-elle parvenue à nous agenouiller de la sorte. Après tous ces morts, les cendres encore chaudes, la peau des martyrs pas même pâlie, certains osent. Il s’est trouvée une personne pour lui donner la légitimité qui lui fait défaut. Je suis triste. Je ne veux pas quitter mon lit. Je refuse de voir le jour.
Qui, en effet, voudrait supporter la fréquentation d’un monde insensé, le spectacle de la démence,la catalepsie de certains, les mépris et les méprises de son ignorance, l’injustice de la raison de la force des choses, la glaciale incapacité de ses frères à se rebeller?
Qui voudrait tourbillonner au souffle du vent des lamentations, des plaintes remplies de promesse qui n’indiquent que la faiblesse du manque de courage? Qui voudrait regarder ses discours qui alimentent les intérêts les plus mesquins prenant le nom de patriotisme, s’abaissant jusqu’à la discussion de l’absurde? Qui de sensé voudrait être soldat et apprendre à garder ses frère dans l’enclos?
Qui voudrait se résigner à voir, dans ce beau pays des tropiques, le désespoir s’enraciner ?
La lassitude de l’inaction, la colère des solitudes, est la crainte de quelque chose de pire par delà le trépas, ce pays abandonné par ses enfants d’où nul critique n’est encore venu... Voilà ce qui ébranle et trouble ma volonté d’aller dehors...
Pourtant, il faut que je me lève, aller au travail. Aurais-je assez de force pour affronter le regard des autres. Ne liront-il pas en moi cette lâcheté qui me trouble. Et voilà, ce n’est plus la lassitude qui m’embête, mais la honte. La honte, de ma honte de ma lâcheté, de mon inaction.
Je suis fatigué, si fatigué de l’inaction. Je meurs comme le feu qui manque d’oxygène. Le vent de la saison sèche est resté au large, barricadé par des bérets rouges. Là-bas, l’horizon, apparaissant comme une flamme incandescente; s’éloignant du reliquat de mes espoirs, s’apprête à vider mon âme.
Joel Mbiamany-N'tchoreret
Salut! Pense-tu que les gabaonais veulent vériatblement changer? Ne sont t-ils pas fiers d'être esclaves du bongoisme? Ne sont t-ils pas déja "mangés" ou "vendus"? Où est le prototype du gabonais exemplaire? Où est l'idéologie salvatrice et libératrice du Gabon? sont -ils nés? morts? pas encore nés? ou bien...! Pourquoi les jeunes du Gabon aiment l'inertie et les ambiances démesurées?
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