dimanche 27 février 2011
Selon Eva Joly, les Français considèrent les Africains au sud du Sahara comme des êtres inférieurs
Je me suis longtemps demandé pourquoi les Français, pourtant très attachés à l'image humaniste que renvoyait jusqu'ici leur pays à l'extérieur, ont pu tolérer le plus long scandale de la Ve République, qui continue au moment où j'écris : la pieuvre françafrique.
Je me suis aussi demandé pourquoi, alors que les révoltes du Maghreb sont à la une de l'actualité en France, les récentes manifestations au Gabon, la récente répression au Cameroun par exemple n'ont eu aucun écho réel au sein des médias, alors qu'on sait bien que la couverture médiatique (le regard du monde) aide beaucoup les soulèvements populaires sous le soleil des dictatures.
En vérité, la Révolution actuelle n'est pas limitée aux pays arabes : toutes les dictatures du Sud sont sous pression, car l'exemple tunisien donne du courage à des populations dont le sort est souvent 10 fois pire que celui des habitants du bord sud de la Méditerrannée. Or, aucun organe n'a, jusqu'ici, perçu cette logique, parce que le schéma colonial demeure dans les têtes. Selon ce schéma erroné, il y a deux suds : le "light" (Maghreb et Proche-Orient), et le "dark" (Afrique subsaharienne).
C'est que le lavage de cerveau collectif qui dure depuis des siècles, et qui a amené la plupart des Français à considérer que ces peuples du Sud, à la peau noire, sont "comme ça." C'est-à-dire essentiellement "différents", "spécifique", pour ne pas dire substantiellement "inférieurs". De l'Extrême-Gauche à l'Extrême-Droite, on les plaint, on les assiste, on les méprise, mais on ne les considère jamais comme des peuples "normaux".
La lecture d'un extrait du livre d'Eva Joly, "La force qui nous manque" (Editions Les Arènes, 2007, 190 pages), m'a conforté dans ce point de vue. Depuis Charles De Gaulle, tous les présidents français ont alimenté la pieuvre françafrique et ont profité de cette mafia. Je suis persuadé que les Français le savent, mais qu'ils ne s'en soucient guère, puisque ça se passe "là-bas". Et chacun de ces présidents a été élus en toute connaissance de cause : juste avant la Présidentielle de 2007, Sarkozy était allé "consulter" à Libreville, et chacun savait ce que cela signifiait, mais peu de gens, au moment de voter, ont pris ce paramètre en compte. Pourtant, on sait maintenant que tout est lié : le soutien à des régimes dictatoriaux, la spoliation des pays africains, l'extrême misère à laquelle les populations sont ainsi condamnées, les migrations (et donc cette fameuse immigration) qui en découle nécessairement... Le thème de l'immigration est au centre du jeu politique en France depuis des décennies, mais personne n'est allé voir à sa source (personne ne veut voir).
De même, on prétend aujourd'hui n'avoir "rien vu venir" dans le Maghreb. Eh bien, voilà aussi pourquoi on ne "verra rien" en Afrique sub-saharienne jusqu'à l'explosion.
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