vendredi 30 septembre 2011

Le combat politique de la société civile et l’opposition politique au Gabon: la Constitution d’un État de droit.

Depuis un certain temps, des post abondent dans le net sur des prétendues projets de réalisation de l’émergence du Gabon. Les auteurs de ces post, adaptes de la propagande politiques voient dans les critiques faites pour disqualifier le gouvernement de l’émergence (de par son illégitimité, son amateurisme, ses dictats, ses impostures et ses mensonges), une manifestation de contestation d’Ali Bongo dans, se disent-ils, sa volonté de faire avancer le Gabon. Pourtant, personne n’est contre la vertu. Aucun gabonais ne veut rejeter Ali Bongo par simple esprit de malveillance, en voulant le faire quitter de la tête de l’État s’il y est de façon légitime et si son intention est de réellement de permettre le développement du pays dans tous ses aspects.

Réalisons qu’en prenant le pouvoir, de la façon que l’on sait, le premier geste politique d’importance d’Ali Bongo a été de s’octroyer une Constitution du pays taillée sur mesure pour maintenir un ordre politique en vue de satisfaire ses lubies. En cela, qu’on l’admette ou pas, le pays est pris en otage. Quel type d’avancée le pays pourrait connaître le pays si les paramètres de contradictions politiques qui servent de paravents aux erreurs de tout genre ne sont pas fonctionnels. Comme de raison, depuis son arrivée à la tête de l’État, Ali Bongo fait vivre au pays des recules des avancées démocratiques construites ardument depuis 1990.

L’opposition à Ali Bongo de la société civile n’est pas une vue de l’esprit, une malhonnêteté intellectuelle de ses leaders. Elle est une lutte pour un État de droit et non un État de loi. Il importe à tous de bien le comprendre. Car le pouvoir se targue de dire qu’il respecte la loi et que ses actes sont l’expression de sa mise en application. Lorsque l’on examiner la nature de la Constitution du Gabon et le cadre de sa mise en œuvre, les mœurs et les coutumes politiques qu’elle entraîne, nul besoin de se demander si les lois dont-on se vente de respecter sont justes, démocratiques.

La lutte politique que l’on voit n’est que la lutte pour une Constitution qui nous ressemble collectivement à travers les valeurs qu’elle déclare et dans les lois dont-elle donne naissance. Il est dans l’intérêt de tous les gabonais d’adhérer, de prendre part à la lutte pour un État de droit et non un État de loi. Elle est la construction d’un meilleur destin collectif.

La nature de la Constitution d’un pays détermine le genre d’organisation et d’autorité politique qui prévaut dans ce pays et dans une certaine mesure, elle est indicative de l’état d’esprit social et politique du peuple qu’il régit et des avancées du développement auxquelles peuvent prétendre les citoyens de ce pays.

La Constitution est effectivement la loi fondamentale du pays. Par conséquent, lorsque le pays est une démocratie, elle reflète les valeurs sociales, économiques et politiques partagées par les concitoyens qu’elle dirige. Ces valeurs sont définies dans un ensemble de principes. Aux États-Unis, c’est la déclaration d’indépendance américaine qui a fait de la liberté du citoyen le socle de son émancipation. On parle du rêve américain, celui de la possibilité de chacun de vivre cette totale liberté qui engendre tous les vouloirs et leur réalisation. En France la déclaration française des droits de l’homme impose une certaine égalité entre tous les citoyens et donne lieu à un État providence pour égaliser la répartition des moyens de vie. Au Canada, c’est la Chartes canadienne des droits et liberté qui confère des droits aux citoyens dans l’affirmation de la citoyenneté.

Les déclarations qui fondent les constitutions des pays que nous venons de citer sont l’aboutissement d’une certaine évolution des peuples. Désirant atteindre une plénitude sociale harmonieuse, ces peuple ont pris sur eux non seulement d’énoncer un ensemble de principes politiques, sociaux et culturels pour se définir, mais ont également adhérés à une certaine façon de se considérer citoyens, comme nation et comme peuple.

Si nous voulons atteindre une quelconque forme de plénitude sociale et être en mesure de nous donner certains rêves comme d’autres peuples, nous devons lutter pour une Constitution qui nous confère un État de droit. Les américains, les français et les canadiens entre autres, ne sont pas parvenus à se définir par le fait hasard. Ils ont lutté entre eux ou contre d’autres peuples pour s’affranchir d’une domination politique qui apparaissait au plus grand nombre contraire aux croyances essentielles de la concorde entre eux et dans la liberté qui confère à chacun et à tous la maîtrise de leur destin.

Lorsqu’une Constitution est faite pour imposer au peuple des valeurs, des choix et des orientations politiques d’un individu ou d’une minorité, elle est le fait d’une dictature. Il importe à tout individu libre d’esprit et conscient de l’embrigadement dans lequel cette Constitution le place de se lever et de contester politiquement l’autorité de la loi qu’elle incarne.
Mais comme le souligne les théoriciens du droit positif, l’État a les attributs de la puissance publique. Même illégitime, il dispose de la force de contrainte pour imposer ses vues. Il serait téméraire pour un individu seul de tenter de s’opposer à la puissance de l’État.

Comme le soulignait René Levesque, ce n’est pas la puissance qui fait la force mais le nombre. La volonté du plus grand nombre et son intelligence à refuser de se soumettre à l’arbitraire politique peut venir à bout de toute dictature, comme en Tunisie, comme en Égypte. Il faut pour cela agir avec et en intelligence. Les individus soumis à la contrainte d’un État illégitime doivent s’organiser, se concerter, créer le cadre de la lutte politique pour se soustraire de la domination.

Pour cela, les gabonais doivent à prendre à dialoguer avec les autres, à mettre de côté leur propre intérêt égoïste. Il ne s’agit plus de regarder le gain égoïste que l’on peut récolter dans des stratégies de dessous de tables. De la même façon, il ne s’agit plus d’agir avec malice pour s’arroger une position politique avantageuse ultérieurement ou de vivre dans un calcul nombriliste. Tout comportement qui met d’abord le soi de l’avant est de nature à démotiver, à disperser les élans fédérateurs de la force du nombre.

Également, avant d’agir, lorsque l’on appartient à un ensemble, il faut s’assurer que l’ensemble des composantes de cet ensemble soit acquis à la démarche que l’on souhaite mettre sur pied. De fait, des stratégies isolées, réalisées dans son cagibi clanique ne sont pas de nature à surmonter la force de la puissance publique de l’autorité illégitime. Au contraire, elle la renforce. Car les composantes du peuple qui auraient souhaité faire tomber le géant illégitime se démobilisent. Quand le peuple est démobilisé face au mal politique, ce dernier se renforce et prend les allures d’un pouvoir totalement légitime, parce qu’en pareille circonstance, le peuple de par le silence donnera l’impression d’acquiescer l’illégitimité.

Aujourd’hui, le combat politique ne porte pas sur le choix ou le refus d’un homme. S’adonner à un tel engagement de combat serait se condamner dans la répétition des mêmes erreurs du passé. Nous devons nous battre pour la mise en place d’une Constitution qui établit des valeurs, des principes et des croyances sociales, politiques, économiques et culturelles. Parce que consensuellement partagées, elles tendront à l’harmonie dans le fonctionnement de notre pays, donnant ainsi cette liberté qui rend tous les rêves possibles.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mardi 27 septembre 2011

L’héritage du pédégisme démocratique et concerté

L’héritage du pédégisme démocratique et concerté n’a été que l’appauvrissement du peuple. Voilà un pays riche… malgré cela dépourvu d’une classe de femmes et d’hommes d’affaires.

Pourtant l’on trouve de nombreux politiciens dit-on à milliards de francs CFA. Mais le pays n’a aucune industrie. Jean François Aveyra ayant fait les frais du bongoïsme. Il est saoulant de le constater…

Mais enfin avec quoi et avec qui va-t-il faire son émergence… avec des investisseurs importés. Ils ne viendront pas bâtir, ils viendront piller. OLAM a commencé.

Sûrement les investissements étrangers sont une manne qu’il faut attirer et garder. Toutefois, c’est d’abord par ses filles et ses fils d’origine qu’un pays se bâti.

Toute politique d’émergence savamment orchestrée aurait, en priorité, après la régulation du système éducatif, fondée son action dans une stratégie de développement passant par une politique d’enrichissement des gabonais, notamment dans l’exploitation des ressources du pays.

Certes nous savons depuis longtemps que notre pétrole ne nous appartient pas comme les richesses minières par ailleurs, c’est à la françafarique. Mais le bois et les bonnes terres agricoles de Bifoun et ailleurs lorsqu’elles sont données…cadeau… n’est-ce pas appauvrir d’avantage le Gabon et les Gabonais? Pourquoi ne pas avoir aidé les gabonais à planter les palmiers à travers un grand programme d’investissement national autochtone par des prêts sans intérêts ?

Non mais, il faut vraiment être endormi, saoulé par le délire de l’illusion que ne pas constater que l’émergence dont on nous parle n’est que du vent.

Il y a semble-t-il une chambre de commerce du Gabon. Elle est sensée regrouper les femmes et les hommes d’affaire du pays. Mais quand Ali fait ses tournées dans le monde pour rechercher des occasions d’affaires pour le pays comme il aime se le faire dire en se peignant le matin, il n’amène aucune femme d’affaires, aucun homme d’affaires avec lui.

Les autres chefs d’État quand ils font des tournées dans le monde pour la cause des investissements dans leur pays, ils entraînent dans leur délégation les nationaux qui recherchent les occasions d’affaires. Ali, lui n’amène que les hommes et les femmes politiques qui recherchent son affection et sa chaleur émergente… de je ne sais où !

En vérité… il ne peut amèner personne avec lui. Nous n’avons pas une classe d’affairistes qui mériterait une telle considération. Il n’y pas d’industrie au Gabon. Entraco, Socoba Dragage, Sobraga et les autres sociétés du genre ne sont que les vestiges de ce Gabon que nous ne voulons plus.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mardi 13 septembre 2011

Voici ce qu’il faut dire au Gabon : pas de transparence électorale pas d’élections parce que

Dans tout système politique démocratique, les institutions politiques et le processus de décision de l’organisation et du fonctionnement politique du pays sont faits par consensus. Le but est d’amener tout le monde à la manière de tenir les élections et de contrôler les élections. Cette façon de faire entraîne l’entente entre les acteurs de tous les camps politiques et favorise la paix dans le pays après les élections. À partir du moment où les structures politiques électorales et les institutions qui veillent à l’arbitrage électoral sont établies selon la volonté d’une seule personne ou d’un seul clan politique, on est en présence d’une dictature. Dans ce type de pays, les gens qui ne sont pas qui n’ont pas d’ami dans le gouvernement sont exposés à toutes les formes d’injustices. Le pays s’en trouve mal géré.

Sous le parti unique, Omar Bono prenait seul les décisions du fonctionnement politique du pays. Le peuple n’avait rien à dire de ses décisions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Les députés étaient désignés par Omar Bongo. Les institutions politiques du pays étaient mises en place pour confirmer la volonté du président Bongo. Ce mode de gestion politique a empêché le pays de se développer et entraîné la misère des gabonais. Avec seulement 1 300 000, malgré les nombreuses richesses du pays, les gabonais souffrent. C’est parce qu’un seul parti contrôle la vie politique du Gabon que les gabonais souffrent.

À cause de la mauvaise gestion du pays, dans les années 80, des opposants ont lancé des tractes à l’ancienne gare routière pour obligé Bongo à changer la manière de géré le pays. En 1989, Omar Bongo avait donc convoqué la Conférence nationale. Les opposants lui ont dit que la meilleure manière de faire fonctionner le pays était de rétablir le multipartisme. Les citoyens devaient désigner ceux qui devaient gérer le pays pour bien faire les choses. Mais même si les opposants avaient obtenu le retour du multipartisme, ils n’ont pas réussi à détruire le contrôle du Parti Démocratique gabonais (PDG) sur les institutions de l’État. Depuis 1990, ce sont toujours les gens placés au pouvoir par le Parti Démocratique Gabonais (PDG) qui contrôlent l’organisation et le fonctionnement politique du pays. Ce sont eux qui contrôlent la CENAP, la Cour constitutionnel, le Conseil d’État, la radio et la télévision gabonaise, l’armée, la police et la gendarmerie et les autres choses du pays. Ce contrôle les permet de tricher lors dans les élections et imposer aux gabonais qui doit être président, sénateur, député, conseiller municipal, maire.

Pour empêcher les gens qui sont au pouvoir ne tricher lors des élections, il faut faire des listes électorales avec les empruntes digitales et la photo de chaque personne qui vote. Comme ça, chaque gabonais ne pourra voter qu’une seul. Il faut aussi faire que le président de la Cour constitutionnel soit nommé avec l’accord de tous les partis politiques. Le PDG sait que s’il y a une transparence électorale, il ne pourra plus contrôler le pays comme il le fait et continuer à mal le gérer. Les gabonais choisiraient librement leurs ministres et leurs députés. Si les personnes choisies par les gabonais ne gèrent pas bien le pays, ils seraient remplacés dans une autre élection. C’est ça la démocratie. Dans tous les pays du monde où les gens ne souffrent pas et vivent très bien c’est comme ça que les choses se passent. Ali Bongo et le PDG refusent la démocratie parce qu’ils ne veulent pas que les gabonais choisissent ceux qui doivent gouverner le pays et permettre à tout le monde de bien vivre. Ils pensent que le Gabon leur appartient.

La société civile et les partis de l’opposition croient que le Gabon appartient à tous les Gabonais. Si les gabonais vont voter sans la transparence électorale, rien ne va changer dans le pays. Ali Bongo et le PDG vont continuer à faire du Gabon leur propre chose et à le gérer comme ils le veulent. La société civile qui comprend les syndicats, les églises, les associations et les partis politiques de l’opposition disent au PDG et à Ali bongo de ne pas faire des élections qui ne seront pas transparentes parce qu’ils veulent changer la manière de gérer le pays. Ali et le PDG refusent. Toutes les Gabonaises, tous les Gabonais doivent dire à Ali Bongo et le PDG que ce pays appartient à tous. Nous voulons une transparence électorale pour que notre pays soit bien géré. La tricherie dans les élections, la mauvaise gestion et les magouilles Ça suffit comme ça. Voilà pourquoi en ce moment il y a la palabre entre Ali Bongo, la société civile et les partis politique de la varie opposition. Voilà pourquoi il ne doit pas y avoir des élections en législatives avant la mise en place de la biométrie.

Joël Mbiamany-N'tchoreret

UPG : Communiqué final du conseil du secrétariat exécutif

Sous la présidence de Monsieur Mathieu MBOUMBA NZIENGUI, Secrétaire Exécutif de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), le Conseil du Secrétariat Exécutif s’est réuni ce samedi 10 septembre 2011, à partir de 10 heures, à son siège national, sis à Awendjé.

A l’ouverture des travaux, le Secrétaire Exécutif, Monsieur Mathieu MBOUMBA NZIENGUI a informé le Conseil de la participation du Président de l’UPG, Monsieur Pierre MAMBOUNDOU, à la réunion de l’ensemble de l’Opposition qui s’est tenue le jeudi 8 septembre 2011, au siège national du CDJ.

Le compte rendu de cette réunion a été fait au Conseil par le Secrétaire Politique en charge des Questions Électorales.

Par ailleurs, le Secrétaire Exécutif a fait part au Conseil de la situation préoccupante liée à la sécurité des Membres du Conseil du Secrétariat Exécutif, et particulièrement de celle de son Président, MonsieurPierre MAMBOUNDOU.

Sous la foi des sources communiquées à la Direction du Parti, le Secrétaire Exécutif a fait observer que ces menaces sur la vie du Président de l’UPG surviennent au moment où ce dernier vient d’entamer l’action déterminante pour la mobilisation des Gabonais en faveur de l’utilisation de la biométrie dès les prochaines élections législatives.

Prenant acte de cette information d’une extrême gravité, le Conseil du Secrétariat Exécutif dénonce avec force, ces pratiques et méthodes d’un autre âge qui, dans le même contexte politique,ont valu au pays la perte de Germain MBA, NDOUNA DEPENAUD, Joseph RENDJAMBE ISSANI et DOUKAKAS NZIENGUI MUKWATY pour ne citer que ceux-là.

Dans un contexte signalant des résonnances de bruits de bottes,le Conseil du Secrétariat Exécutif interpelle vivement le Président de la République et le Gouvernement, garants de la sécurité des personnes et des biens, sur l’impérieuse nécessité de tout mettre en œuvre pour préserver l’ordre public et la liberté d’expression.

Passant à l’examen des questions inscrites à l’ordre du jour, le Conseil s’est particulièrement appesanti sur les points suivants :

Secrétariat Politique chargé des Questions Electorales, des Relations avec les Organes Locaux, de la Formation et de la Gestion des Elus

Le Secrétaire Politique chargé des Questions Electorales, des Relations avec les Organes Locaux, de la Formation et de la Gestion des Elus a fait deux communications au Conseil.

Dans un premier temps, il a fait partau Conseil des conclusions ayant sanctionné la réunion des groupements des partis politiques de l’Opposition (ACR, CPPA, APPO,FSG) tenue le jeudi 8 septembre 2011, au siège national du Congrès pour la Démocratie et la Justice (CDJ).

Il a indiqué qu’à cette occasion, l’Opposition a réaffirmé sa ferme volonté de voir les prochaines élections être crédibles, transparentes, et démocratiques,toutes choses n’étant possibles que grâce à l’application de la biométrie.

Prenant acte de cette information, le Conseil du Secrétariat Exécutif se félicite de la mobilisation et de l’unité de l’Opposition autour de la question de l’utilisation de la biométrie dès les prochaines élections.

Le Conseil du Secrétariat Exécutif réitère son appel à la mobilisation des militants, des démocrates et de la société civile, pour soutenir toutes les actions qui seront menées par l’Opposition dans les prochains jours.

Dans la seconde communication, le Secrétaire Politique a informé le Conseil sur le contenu du discours du Président de l’Assemblée Nationale, tenu lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année 2011.

Réduisant l’action de l’Opposition, reconnue dans toute démocratie comme force de propositions,à une politique spectacle visant à obtenir les faveurs du pouvoir, le Président de l’Assemblée Nationale a manifestement fait preuve de légèreté coupable dont il est coutumier, et engage sa responsabilité dans l’escalade que ses propos méprisants pourraient susciter.


Secrétariat Politique chargé de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi

Sur communication du Secrétaire Politique chargé de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi, le Conseil a été informé de la décision de l’Exécutif d’aller à la rencontre de la jeunesse gabonaise en situation de précarité par l’organisation d’une caravane dont le but serait de trouver à ces derniers des emplois dans les forces de sécurité et de défense et autres secteurs d’activités.

Prenant acte de cette initiative, le Conseil note que l’attitude du Gouvernement relève encore une fois de plus de sa volonté à manipuler les jeunes gabonais à l’approche des élections législatives.

Au moment où de nombreuses promotions d’enseignants de différents niveaux et d’agents de santé publique attendent vainement leur intégration dans la Fonction Publique, d’une part, et qu’en même temps de nombreuses entreprises connaissent de réelles difficultés au plan financier, d’autre part, le Conseil du Secrétariat Exécutif s’interroge sur la capacité du Gouvernement, à travers cette caravane, à trouver des emplois à nos jeunes concitoyens.
Le Gouvernement, au lieu de divertir la jeunesse par des opérations de pure propagande, devrait s’attacher à résoudre l’épineux problème de la formation professionnelle des jeunes qui se pose avec acuité dans notre pays, ainsi qu’en mettant en place des mécanismes d’une plus grande rigueur budgétaire.

Le Conseil du Secrétariat Exécutif demande au Gouvernement d’édifier le peuple Gabonais sur sa politique de l’emploi des jeunes à la recherche d’un premier emploi d’une part, et ceux ayant perdu leur emploi, d’autre part.

Fait à Libreville, le 10 septembre 2011.

Pour le Conseil du Secrétariat Exécutif

lundi 12 septembre 2011

Ali Bongo provoque des drames psychosociaux avec ses mensonges de création d’emplois.


Le Gabon connaît un des taux de chômage des plus élevés du monde. Selon l’OCDE, le taux de chômage est une statistique économique fortement utilisée par les analystes économiques pour représenter la situation économique d'un pays. Le taux de chômage prend en compte la répartition de la population entre personnes actives et inactives. Il reflète fidèlement l'utilisation de la main d’œuvre ou le taux d'emploi dans un pays.

Un pays qui a un taux emploi en dessous de 5%, est dans le plein emploi. Dans ce pays, il n'existe aucune difficulté particulière à trouver un emploi. La plupart des gens travaillent, c’est un pays en santé socialement et structurellement. Les gens rêvent de réaliser des grandes choses et ont des projets de vie. Ce n’est pas le cas pour le Gabon. Selon Le Figaro, le taux de chômage au Gabon est actuellement de 30 %. Autrement dit, un tiers de la population gabonaise active est sans emploi. Lorsque l’on compare ce taux de chômage au nombre d’habitants que compte le pays, on réalise la profondeur de détresse qui sévit dans l’ensemble de ce pays.

En effet, 433 000 gabonais sont à la recherche d’un emploi sur une population 1 300 000 : un tiers de la population. Si l’on prend pour acquis que les enfants mineurs et les personnes âgées comptent pour un tiers de la population, on peut dire qu’au Gabon deux personnes sur trois (2/3) ne travaillent pas. Le pays fonctionnerait seulement avec 1/3 de la population. Dans ce tiers, 60%, soit 286 000 personnes sont fonctionnaires de l’État. Le secteur privé n’engageant qu’un tiers du tiers des gabonais qui travaillent, quelque 140 000 individus. Où sont les emplois qu’Ali Bongo dit avoir créés dans le secteur privé?

Au-delà du chiffre du taux de chômage de 30 % que compte le pays, il faut savoir que cette statistique renferme dans le pays des situations de drames psychosociaux importants. Il est donc malheureux de voir Ali Bongo se pavaner à cœur joie sur des sujets qui sont des tragédies pour plusieurs gabonais.

D’un point de vue socio-économique, Ali Bongo doit savoir que le chômage entraîne un déséquilibre social qui expose deux tiers de la population à une détresse profonde. Pour ceux qui n’ont pas d’emploi depuis longtemps ou pour ceux qui l’ont perdu, le plus tragique n’est pas le fait de ne pas posséder un emploi pour subvenir à leurs besoins, mais la perte du sens de soi causée par le fait de ne pas travailler.

Le chômage occasionne toute une série de problèmes et de pathologies allant de l’augmentation du taux des divorces à celle du taux des suicides, en passant par une plus forte fréquence de l’alcoolisme et des autres comportements antisociaux qui font perdre à la personne son genre humain. Et cette relation entre le fait d’avoir un emploi et l’existence en soi de l’individu n’est pas seulement corrélative, elle en est le facteur causal. Si certains se satisfont de quelques donations faites par des membres de leur famille pour survivre, pour la plupart des gens, c’est le travail, la reconnaissance par autrui de leur «contribution» sous forme d’un salaire, qui importe. Car le travail est la chose qui donne la dignité aux gens et les permettent de se considérer citoyens. Sans emploi, plusieurs en effet perdent leur dignité ou sont considérés comme des sous-personnes : des bons-à-rien faire; des invendus qui ne comptent pas.

Lorsqu’Ali Bongo dans on interminable propagande politique d’émergence ne cesse de se vanter d’avoir créé des emplois, il n’imagine pas tout le mal qu’il fait à ces gabonais qui, pour la plupart, cherche un emploi depuis plus de 10 ans si ce n’est plus. Ils se disent, «mais enfin, ce gars dit qu’il a créé des milliers d’emplois, comment se fait-il que je n’en trouve pas depuis deux ans qu’il a pris le pouvoir»?

Il y a en pareille circonstance, en ne point douter Monsieur Bongo, une perte d’estime de soi qui généralement provoque la perte du goût de vivre; la tristesse, le découragement, le pessimisme. Il en résulte inévitablement une sensation d’incapacité d’améliorer sa condition et celle de sa famille. Dans une société, lorsque 30 % des gens vivent ce genre de sentiment, on ne peut parler d’une société en santé. Il faut parler de « dépression psychosociale» comme celle vécue par de nombreux occidentaux lors de la crise économique de 1929 (Stroebe & Stroebe, 1983). Ce genre de crises sociétales son état de deuil citoyen duquel les individus se désinvestissent dans la participation active de la construction de leur pays. Alors, quand Ali Bongo ment qu’il a créé entre 6 000 et 9000 emplois depuis qu’il a pris le pouvoir, tient-il compte des effets de ses déclarations tapageuses et mensongères sur le vécu des gabonais au chômage. Surement que non. Trop imbu de satisfaire ses lubies, il préfère faire des dépenses somptueuses pour son confort quand deux tiers des gabonais souffrent en virevoltant dans la misère.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

vendredi 9 septembre 2011

Déclaration de clarification de ma position politique.


Chers compatriotes, chers amis,

Mon engagement politique pour le Gabon ne date pas d’aujourd’hui. Alors que j’étais au lycée technique national Omar Bongo, en classe de seconde, j’ai été engagé dans une dispute avec les membres de l’UJPDG et le proviseur qui voulaient détourner les bourses des étudiants dont les noms apparaissent dans les listes des effectifs du lycée mais qui n’y étaient pas inscrits. Cette dispute m’a fallu une exclusion du lycée. Je suis revenu au Lycée grâce à l’intervention d’un professeur coopérant canadien témoin de la dispute avec les membres de l’UJPG. Ce professeur avait fait des représentations auprès de l’ambassade du Canada qui avait écrit une lettre au ministre de l’éducation nationale pour demander mon retour au lycée. À partir de cet événement, avec d’autres j’ai commencé à rêver à la fin de l’emprise du système PDG dans la vie des gabonais.

En 1989, un an après la fin de mes études secondaires, alors que des soubresauts sociaux alimentaient une certaine opposition politique au système Bongo, j’ai avec des amis de l’Université Omar Bongo aidé à distribuer des tractes et à faire des manifs contre le chômage devant la présidence de la République. Cet événement nous a valu une bastonnade en règle et une détention de 72 heures dans les sous-sols de la présidence de la République. Malgré ces douloureux événements, mon engagement politique contre le bongoïsme est resté intacte.

Voilà pourquoi vers le deuxième trimestre de 1990 lorsque le président Bongo convoque la tenue de la Conférence nationale, je n’ai pas hésité, avec d’autres, à aller à la cité du 12 mars, comme elle s’appelait en ce moment-là, pour défendre aux côtés des grands opposants gabonais de l’époque ma vision de ce que devait être le Gabon débarrassé du bongoïsme. La poursuite des études universitaires certes m’a éloigné du Gabon mais non de mes convictions politiques. Je demeure résolument dans une opposition au système PDG et au bongoïsme parce que je considère qu’ils sont nocifs pour le Gabon et pour les gabonais.

Chers amis, si à l’occasion j’ai été amené à critiquer l’opposition classique et certains opposants, c’est parce que j’ai senti une certaine complaisance et un manque d’ambition pour en finir avec le mal gabonais : le bogoïsme. Mes critiques n’ont rien de personnel.

Aujourd’hui, notre pays le Gabon traverse des moments politiques difficiles, je dirais même les moments les plus difficiles depuis le 17 août 1960. C’est dans ce genre de moment, qu’un pays a besoin que ses filles et ses fils les plus valeureux se tiennent debout pour que son destin dessine un avenir florissant pour sa progéniture.

En effet, plus que jamais, notre pays, au regard de la dictature bongoïste et de la sorcellerie du PDG qui sévissent, n’a pas besoin que ceux qui ont des vues différentes du Gabon dans l’opposition s’affrontent dans des débats stériles. Tous les Gabonais qui désirent ardemment le changement et la liberté politique dans notre pays doivent s’unir pour dire non au PDG, pour dire au bongoïsme ça suffit comme ça.

Se joindre au mouvement «ça suffit comme ça» avec les autres gabonais qui veulent défaire le pédégisme et le bongoïsme n’est pas devenir membre d’un parti politique, prendre position ou défendre un leader politique. C’est prendre fait et cause pour le Gabon, ce fameux Gabon d’abord, ce Gabon que nous chérissons et que nous sentons, dans nos trippes, agonisant des coups que certains ne cessent de l’assener.

Depuis mon plus tendre enfance et, Dieux sait que ça été difficile, je n’ai ménagé aucun effort pour garder des bonnes relations mêmes avec ceux qui me dénigraient à gauche et à droite. L’enfance difficile que j’ai eue m’a confortée dans la persévérance de croire que nous pouvons tous un jour être des personnes différentes et meilleures, recherchant le bien pour autrui. Voilà pourquoi, je prends les gens comme ils sont, les acceptant avec leurs qualités et leurs défauts.

L’expérience des relations humaines et celle du vécu politique m’ont appris deux choses : la fidélité envers ses amis et les actes de bravoure pour savoir se distinguer honorablement avec courages et droiture au regard de ses convictions et de la morale sont des valeurs fondamentales qui définissent un individu.

Aussi, tout comme je rêve chaque jour d’un Gabon meilleur, je rêve que c’est dans l’harmonie de ses filles et de ses fils que ce Gabon qui doit lutter pour son existence se construira. J’invite mes amis, mes frère à faire la paix, à se rejoindre dans le combat pour le Gabon et à y lutter ensemble pour que ce que nous voyons de mal dans ce pays s’efface à jamais pour le plus grand bien de nos petits enfants.

Je vous remercie.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mercredi 7 septembre 2011

Il faut des actions concrètes pour le changement politique.

Chers amis, Chers Républicains de l'opposition

Je crois qu’aujourd’hui une action politique efficace de l'opposition ne peut se faire en dehors des alliances et de compromis de tous ceux qui veulent la fin de ce système. Certes chacun en fonction de ses expériences, de son vécu et de ses ambitions est porteur d’une approche qui peut être douteuse ou inefficace. Pourtant, il faut croire en l’engagement de chacun dans la volonté annoncée de la démocratisation de notre pays. Il faut, pour ma part, prendre chacun comme il est. Je vous demande de faire la même chose. Il faut avoir une posture qui rallie et non qui divise. Il faut que nous nous réconcilions les uns avec les autres en ne cherchant pas à juger les uns et les autres tout en demeurant vigilant à l’égard de chacun et de tous. Ce n’est pas le moment aujourd’hui de faire la lutte d’un positionnement politique personnel. Lorsque le bongoïsme sera vaincu, chacun aura l’occasion de se faire valoir.

Justement c’est à partir de la capacité à mobiliser pour cette lutte que les uns et les autres jugeront du leadership de ceux qui voudront mener la destinée du pays après le bongoïsme.

Également, j’attire l’attention de nos compatriotes sur le fait que ce n’est pas en discutant de la misère du Gabon sur facebook que le pays en sortira. Il faut une mobilisation de tous les acteurs du changement par rapport à un plan d'action. Cette mobilisation doit entraîner la sensibilisation de tous les Gabonais sur la situation politique du pays et des moyens d’y en sortir.

Pour ma part, si la société civile et l’opposition politique au bongoïsme décidaient de faire une tournée nationale pour sensibiliser les gabonais sur la situation politique actuelle, je suis disposé à contribuer financièrement à cette campagne de mobilisation et de sensibilisation politique. Assez de la parlotte, il faut aller au plus concret. Il faut des actions d’envergure nationale. J’appelle tous et chacun a une réflexion approfondie de mes propos. Il ne suffit pas d’appeler à un front uni de l’opposition. Il faut le faire.

Joel Mbiamany-N'tcgoreret

dimanche 4 septembre 2011

L'intégralité du discours de Dakar qui a choqué et révolté les Africains (Allocution du président français, Nicolas Sarkozy)




Mesdames et Messieurs
,

Permettez-moi de remercier d'abord le gouvernement et le peuple sénégalais de leur accueil si chaleureux. Permettez-moi de remercier l'université de Dakar qui me permet pour la première fois de m'adresser à l'élite de la jeunesse africaine en tant que Président de la République française.

Je suis venu vous parler avec la franchise et la sincérité que l'on doit à des amis que l'on aime et que l'on respecte. J'aime l'Afrique, je respecte et j'aime les Africains.

Entre le Sénégal et la France, l'histoire a tissé les liens d'une amitié que nul ne peut défaire. Cette amitié est forte et sincère. C'est pour cela que j'ai souhaité adresser, de Dakar, le salut fraternel de la France à l'Afrique toute entière.

Je veux, ce soir, m'adresser à tous les Africains qui sont si différents les uns des autres, qui n'ont pas la même langue, qui n'ont pas la même religion, qui n'ont pas les mêmes coutumes, qui n'ont pas la même culture, qui n'ont pas la même histoire et qui pourtant se reconnaissent les uns les autres comme des Africains. Là réside le premier mystère de l'Afrique.

Oui, je veux m'adresser à tous les habitants de ce continent meurtri, et, en particulier, aux jeunes, à vous qui vous êtes tant battus les uns contre les autres et souvent tant haïs, qui parfois vous combattez et vous haïssez encore mais qui pourtant vous reconnaissez comme frères, frères dans la souffrance, frères dans l'humiliation, frères dans la révolte, frères dans l'espérance, frères dans le sentiment que vous éprouvez d'une destinée commune, frères à travers cette foi mystérieuse qui vous rattache à la terre africaine, foi qui se transmet de génération en génération et que l'exil lui-même ne peut effacer.

Je ne suis pas venu, jeunes d'Afrique, pour pleurer avec vous sur les malheurs de l'Afrique. Car l'Afrique n'a pas besoin de mes pleurs.

Je ne suis pas venu, jeunes d'Afrique, pour m'apitoyer sur votre sort parce que votre sort est d'abord entre vos mains. Que feriez-vous, fière jeunesse africaine de ma pitié ?

Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s'efface pas.

Je ne suis pas venu nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes.

Il y a eu la traite négrière, il y a eu l'esclavage, les hommes, les femmes, les enfants achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un crime contre les Africains, ce fut un crime contre l'homme, ce fut un crime contre l'humanité toute entière.

Et l'homme noir qui éternellement « entend de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit de l'un d'entre eux qu'on jette à la mer ». Cet homme noir qui ne peut s'empêcher de se répéter sans fin « Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ». Cet homme noir, je veux le dire ici à Dakar, a le visage de tous les hommes du monde.

Cette souffrance de l'homme noir, je ne parle pas de l'homme au sens du sexe, je parle de l'homme au sens de l'être humain et bien sûr de la femme et de l'homme dans son acceptation générale. Cette souffrance de l'homme noir, c'est la souffrance de tous les hommes. Cette blessure ouverte dans l'âme de l'homme noir est une blessure ouverte dans l'âme de tous les hommes.

Mais nul ne peut demander aux générations d'aujourd'hui d'expier ce crime perpétré par les générations passées. Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères.

Jeunes d'Afrique, je ne suis pas venu vous parler de repentance. Je suis venu vous dire que je ressens la traite et l'esclavage comme des crimes envers l'humanité. Je suis venu vous dire que votre déchirure et votre souffrance sont les nôtres et sont donc les miennes.

Je suis venu vous proposer de regarder ensemble, Africains et Français, au-delà de cette déchirure et au-delà de cette souffrance.

Je suis venu vous proposer, jeunes d'Afrique, non d'oublier cette déchirure et cette souffrance qui ne peuvent pas être oubliées, mais de les dépasser.

Je suis venu vous proposer, jeunes d'Afrique, non de ressasser ensemble le passé mais d'en tirer ensemble les leçons afin de regarder ensemble l'avenir.

Je suis venu, jeunes d'Afrique, regarder en face avec vous notre histoire commune.
L'Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur. On s'est entretué en Afrique au moins autant qu'en Europe. Mais il est vrai que jadis, les Européens sont venus en Afrique en conquérants. Ils ont pris la terre de vos ancêtres. Ils ont banni les dieux, les langues, les croyances, les coutumes de vos pères. Ils ont dit à vos pères ce qu'ils devaient penser, ce qu'ils devaient croire, ce qu'ils devaient faire. Ils ont coupé vos pères de leur passé, ils leur ont arraché leur âme et leurs racines. Ils ont désenchanté l'Afrique. Ils ont eu tort.

Ils n'ont pas vu la profondeur et la richesse de l'âme africaine. Ils ont cru qu'ils étaient supérieurs, qu'ils étaient plus avancés, qu'ils étaient le progrès, qu'ils étaient la civilisation.
Ils ont eu tort.

Ils ont voulu convertir l'homme africain, ils ont voulu le façonner à leur image, ils ont cru qu'ils avaient tous les droits, ils ont cru qu'ils étaient tout puissants, plus puissants que les dieux de l'Afrique, plus puissants que l'âme africaine, plus puissants que les liens sacrés que les hommes avaient tissés patiemment pendant des millénaires avec le ciel et la terre d'Afrique, plus puissants que les mystères qui venaient du fond des âges. Ils ont eu tort.

Ils ont abîmé un art de vivre. Ils ont abîmé un imaginaire merveilleux. Ils ont abîmé une sagesse ancestrale. Ils ont eu tort.

Ils ont créé une angoisse, un mal de vivre. Ils ont nourri la haine. Ils ont rendu plus difficile l'ouverture aux autres, l'échange, le partage parce que pour s'ouvrir, pour échanger, pour partager, il faut être assuré de son identité, de ses valeurs, de ses convictions. Face au colonisateur, le colonisé avait fini par ne plus avoir confiance en lui, par ne plus savoir qui il était, par se laisser gagner par la peur de l'autre, par la crainte de l'avenir.

Le colonisateur est venu, il a pris, il s'est servi, il a exploité, il a pillé des ressources, des richesses qui ne lui appartenaient pas. Il a dépouillé le colonisé de sa personnalité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail.

Il a pris mais je veux dire avec respect qu'il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Il a rendu fécondes des terres vierges, il a donné sa peine, son travail, son savoir. Je veux le dire ici, tous les colons n'étaient pas des voleurs, tous les colons n'étaient pas des exploiteurs.

Il y avait parmi eux des hommes mauvais mais il y avait aussi des hommes de bonne volonté, des hommes qui croyaient remplir une mission civilisatrice, des hommes qui croyaient faire le bien. Ils se trompaient mais certains étaient sincères. Ils croyaient donner la liberté, ils créaient l'aliénation. Ils croyaient briser les chaînes de l'obscurantisme, de la superstition, de la servitude. Ils forgeaient des chaînes bien plus lourdes, ils imposaient une servitude plus pesante, car c'étaient les esprits, c'étaient les âmes qui étaient asservis. Ils croyaient donner l'amour sans voir qu'ils semaient la révolte et la haine.

La colonisation n'est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l'Afrique. Elle n'est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n'est pas responsable des génocides. Elle n'est pas responsable des dictateurs. Elle n'est pas responsable du fanatisme. Elle n'est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n'est pas responsable des gaspillages et de la pollution.

Mais la colonisation fut une grande faute qui fut payée par l'amertume et la souffrance de ceux qui avaient cru tout donner et qui ne comprenaient pas pourquoi on leur en voulait autant.

La colonisation fut une grande faute qui détruisit chez le colonisé l'estime de soi et fit naître dans son cœur cette haine de soi qui débouche toujours sur la haine des autres.

La colonisation fut une grande faute mais de cette grande faute est né l'embryon d'une destinée commune. Et cette idée me tient particulièrement à cœur.

La colonisation fut une faute qui a changé le destin de l'Europe et le destin de l'Afrique et qui les a mêlés. Et ce destin commun a été scellé par le sang des Africains qui sont venus mourir dans les guerres européennes.

Et la France n'oublie pas ce sang africain versé pour sa liberté.

Nul ne peut faire comme si rien n'était arrivé.

Nul ne peut faire comme si cette faute n'avait pas été commise.

Nul ne peut faire comme si cette histoire n'avait pas eu lieu.

Pour le meilleur comme pour le pire, la colonisation a transformé l'homme africain et l'homme européen.

Jeunes d'Afrique, vous êtes les héritiers des plus vieilles traditions africaines et vous êtes les héritiers de tout ce que l'Occident a déposé dans le cœur et dans l'âme de l'Afrique.

Jeunes d'Afrique, la civilisation européenne a eu tort de se croire supérieure à celle de vos ancêtres, mais désormais la civilisation européenne vous appartient aussi.

Jeunes d'Afrique, ne cédez pas à la tentation de la pureté parce qu'elle est une maladie, une maladie de l'intelligence, et qui est ce qu'il y a de plus dangereux au monde.

Jeunes d'Afrique, ne vous coupez pas de ce qui vous enrichit, ne vous amputez pas d'une part de vous-même. La pureté est un enfermement, la pureté est une intolérance. La pureté est un fantasme qui conduit au fanatisme.

Je veux vous dire, jeunes d'Afrique, que le drame de l'Afrique n'est pas dans une prétendue infériorité de son art, sa pensée, de sa culture. Car, pour ce qui est de l'art, de la pensée et de la culture, c'est l'Occident qui s'est mis à l'école de l'Afrique.

L'art moderne doit presque tout à l'Afrique. L'influence de l'Afrique a contribué à changer non seulement l'idée de la beauté, non seulement le sens du rythme, de la musique, de la danse, mais même dit Senghor, la manière de marcher ou de rire du monde du XXème siècle.

Je veux donc dire, à la jeunesse d'Afrique, que le drame de l'Afrique ne vient pas de ce que l'âme africaine serait imperméable à la logique et à la raison. Car l'homme africain est aussi logique et raisonnable que l'homme européen.

C'est en puisant dans l'imaginaire africain que vous ont légué vos ancêtres, c'est en puisant dans les contes, dans les proverbes, dans les mythologies, dans les rites, dans ces formes qui, depuis l'aube des temps, se transmettent et s'enrichissent de génération en génération que vous trouverez l'imagination et la force de vous inventer un avenir qui vous soit propre, un avenir singulier qui ne ressemblera à aucun autre, où vous vous sentirez enfin libres, libres, jeunes d'Afrique d'être vous-mêmes, libres de décider par vous-mêmes.

Je suis venu vous dire que vous n'avez pas à avoir honte des valeurs de la civilisation africaine, qu'elles ne vous tirent pas vers le bas mais vers le haut, qu'elles sont un antidote au matérialisme et à l'individualisme qui asservissent l'homme moderne, qu'elles sont le plus précieux des héritages face à la déshumanisation et à l'aplatissement du monde.

Je suis venu vous dire que l'homme moderne qui éprouve le besoin de se réconcilier avec la nature a beaucoup à apprendre de l'homme africain qui vit en symbiose avec la nature depuis des millénaires.

Je suis venu vous dire que cette déchirure entre ces deux parts de vous-mêmes est votre plus grande force, et votre plus grande faiblesse selon que vous vous efforcerez ou non d'en faire la synthèse.

Mais je suis aussi venu vous dire qu'il y a en vous, jeunes d'Afrique, deux héritages, deux sagesses, deux traditions qui se sont longtemps combattues : celle de l'Afrique et celle de l'Europe.

Je suis venu vous dire que cette part africaine et cette part européenne de vous-mêmes forment votre identité déchirée.

Je ne suis pas venu, jeunes d'Afrique, vous donner des leçons.

Je ne suis pas venu vous faire la morale.

Mais je suis venu vous dire que la part d'Europe qui est en vous est le fruit d'un grand péché d'orgueil de l'Occident mais que cette part d'Europe en vous n'est pas indigne.

Car elle est l'appel de la liberté, de l'émancipation et de la justice et de l'égalité entre les femmes et les hommes.

Car elle est l'appel à la raison et à la conscience universelle.

Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.

Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.

Dans cet univers où la nature commande tout, l'homme échappe à l'angoisse de l'histoire qui tenaille l'homme moderne mais l'homme reste immobile au milieu d'un ordre immuable où tout semble être écrit d'avance.

Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin.

Le problème de l'Afrique et permettez à un ami de l'Afrique de le dire, il est là. Le défi de l'Afrique, c'est d'entrer davantage dans l'histoire. C'est de puiser en elle l'énergie, la force, l'envie, la volonté d'écouter et d'épouser sa propre histoire.

Le problème de l'Afrique, c'est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l'éternel retour, c'est de prendre conscience que l'âge d'or qu'elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu'il n'a jamais existé.

Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance.

Le problème de l'Afrique, c'est que trop souvent elle juge le présent par rapport à une pureté des origines totalement imaginaire et que personne ne peut espérer ressusciter.

Le problème de l'Afrique, ce n'est pas de s'inventer un passé plus ou moins mythique pour s'aider à supporter le présent mais de s'inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres.

Le problème de l'Afrique, ce n'est pas de se préparer au retour du malheur, comme si celui-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de conjurer le malheur, car l'Afrique a le droit au bonheur comme tous les autres continents du monde.

Le problème de l'Afrique, c'est de rester fidèle à elle-même sans rester immobile.
Le défi de l'Afrique, c'est d'apprendre à regarder son accession à l'universel non comme un reniement de ce qu'elle est mais comme un accomplissement.

Le défi de l'Afrique, c'est d'apprendre à se sentir l'héritière de tout ce qu'il y a d'universel dans toutes les civilisations humaines.

C'est de s'approprier les droits de l'homme, la démocratie, la liberté, l'égalité, la justice comme l'héritage commun de toutes les civilisations et de tous les hommes.

C'est de s'approprier la science et la technique modernes comme le produit de toute l'intelligence humaine.

Le défi de l'Afrique est celui de toutes les civilisations, de toutes les cultures, de tous les peuples qui veulent garder leur identité sans s'enfermer parce qu'ils savent que l'enfermement est mortel.

Les civilisations sont grandes à la mesure de leur participation au grand métissage de l'esprit humain.

La faiblesse de l'Afrique qui a connu sur son sol tant de civilisations brillantes, ce fut longtemps de ne pas participer assez à ce grand métissage. Elle a payé cher, l'Afrique, ce désengagement du monde qui l'a rendue si vulnérable. Mais, de ses malheurs, l'Afrique a tiré une force nouvelle en se métissant à son tour. Ce métissage, quelles que fussent les conditions douloureuses de son avènement, est la vraie force et la vraie chance de l'Afrique au moment où émerge la première civilisation mondiale.

La civilisation musulmane, la chrétienté, la colonisation, au-delà des crimes et des fautes qui furent commises en leur nom et qui ne sont pas excusables, ont ouvert les cœurs et les mentalités africaines à l'universel et à l'histoire.

Ne vous laissez pas, jeunes d'Afrique, voler votre avenir par ceux qui ne savent opposer à l'intolérance que l'intolérance, au racisme que le racisme.

Ne vous laissez pas, jeunes d'Afrique, voler votre avenir par ceux qui veulent vous exproprier d'une histoire qui vous appartient aussi parce qu'elle fut l'histoire douloureuse de vos parents, de vos grands-parents et de vos aïeux.

N'écoutez pas, jeunes d'Afrique, ceux qui veulent faire sortir l'Afrique de l'histoire au nom de la tradition parce qu'une Afrique ou plus rien ne changerait serait de nouveau condamnée à la servitude.

N'écoutez pas, jeunes d'Afrique, ceux qui veulent vous empêcher de prendre votre part dans l'aventure humaine, parce que sans vous, jeunes d'Afrique qui êtes la jeunesse du monde, l'aventure humaine sera moins belle.

N'écoutez pas jeunes d'Afrique, ceux qui veulent vous déraciner, vous priver de votre identité, faire table rase de tout ce qui est africain, de toute la mystique, la religiosité, la sensibilité, la mentalité africaine, parce que pour échanger il faut avoir quelque chose à donner, parce que pour parler aux autres, il faut avoir quelque chose à leur dire.

Ecoutez plutôt, jeunes d'Afrique, la grande voix du Président Senghor qui chercha toute sa vie à réconcilier les héritages et les cultures au croisement desquels les hasards et les tragédies de l'histoire avaient placé l'Afrique.

Il disait, lui l'enfant de Joal, qui avait été bercé par les rhapsodies des griots, il disait : « nous sommes des métis culturels, et si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle, que notre message s'adresse aussi aux Français et aux autres hommes ».

Il disait aussi : « le français nous a fait don de ses mots abstraits -si rares dans nos langues maternelles. Chez nous les mots sont naturellement nimbés d'un halo de sève et de sang ; les mots du français eux rayonnent de mille feux, comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit ».

Ainsi parlait Léopold Senghor qui fait honneur à tout ce que l'humanité comprend d'intelligence. Ce grand poète et ce grand Africain voulait que l'Afrique se mit à parler à toute l'humanité et lui écrivait en français des poèmes pour tous les hommes.

Ces poèmes étaient des chants qui parlaient, à tous les hommes, d'êtres fabuleux qui gardent des fontaines, chantent dans les rivières et qui se cachent dans les arbres.

Des poèmes qui leur faisaient entendre les voix des morts du village et des ancêtres.

Des poèmes qui faisaient traverser des forêts de symboles et remonter jusqu'aux sources de la mémoire ancestrale que chaque peuple garde au fond de sa conscience comme l'adulte garde au fond de la sienne le souvenir du bonheur de l'enfance.

Car chaque peuple a connu ce temps de l'éternel présent, où il cherchait non à dominer l'univers mais à vivre en harmonie avec l'univers. Temps de la sensation, de l'instinct, de l'intuition. Temps du mystère et de l'initiation. Temps mystique où le sacré était partout, où tout était signes et correspondances. C'est le temps des magiciens, des sorciers et des chamanes. Le temps de la parole qui était grande, parce qu'elle se respecte et se répète de génération en génération, et transmet, de siècle en siècle, des légendes aussi anciennes que les dieux.

L'Afrique a fait se ressouvenir à tous les peuples de la terre qu'ils avaient partagé la même enfance. L'Afrique en a réveillé les joies simples, les bonheurs éphémères et ce besoin, ce besoin auquel je crois moi-même tant, ce besoin de croire plutôt que de comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner, ce besoin d'être en harmonie plutôt que d'être en conquête.

Ceux qui jugent la culture africaine arriérée, ceux qui tiennent les Africains pour de grands enfants, tous ceux-là ont oublié que la Grèce antique qui nous a tant appris sur l'usage de la raison avait aussi ses sorciers, ses devins, ses cultes à mystères, ses sociétés secrètes, ses bois sacrés et sa mythologie qui venait du fond des âges et dans laquelle nous puisons encore, aujourd'hui, un inestimable trésor de sagesse humaine.

L'Afrique qui a aussi ses grands poèmes dramatiques et ses légendes tragiques, en écoutant Sophocle, a entendu une voix plus familière qu'elle ne l'aurait crû et l'Occident a reconnu dans l'art africain des formes de beauté qui avaient jadis été les siennes et qu'il éprouvait le besoin de ressusciter.

Alors entendez, jeunes d'Afrique, combien Rimbaud est africain quand il met des couleurs sur les voyelles comme tes ancêtres en mettaient sur leurs masques, « masque noir, masque rouge, masque blanc–et-noir ».

Ouvrez les yeux, jeunes d'Afrique, et ne regardez plus, comme l'ont fait trop souvent vos aînés, la civilisation mondiale comme une menace pour votre identité mais la civilisation mondiale comme quelque chose qui vous appartient aussi.

Dès lors que vous reconnaîtrez dans la sagesse universelle une part de la sagesse que vous tenez de vos pères et que vous aurez la volonté de la faire fructifier, alors commencera ce que j'appelle de mes vœux, la Renaissance africaine.

Dès lors que vous proclamerez que l'homme africain n'est pas voué à un destin qui serait fatalement tragique et que, partout en Afrique, il ne saurait y avoir d'autre but que le bonheur, alors commencera la Renaissance africaine.

Dès lors que vous, jeunes d'Afrique, vous déclarerez qu'il ne saurait y avoir d'autres finalités pour une politique africaine que l'unité de l'Afrique et l'unité du genre humain, alors commencera la Renaissance africaine.

Dès lors que vous regarderez bien en face la réalité de l'Afrique et que vous la prendrez à bras le corps, alors commencera la Renaissance africaine. Car le problème de l'Afrique, c'est qu'elle est devenue un mythe que chacun reconstruit pour les besoins de sa cause.

Et ce mythe empêche de regarder en face la réalité de l'Afrique.

La réalité de l'Afrique, c'est une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible.

La réalité de l'Afrique, c'est encore trop de famine, trop de misère.

La réalité de l'Afrique, c'est la rareté qui suscite la violence.

La réalité de l'Afrique, c'est le développement qui ne va pas assez vite, c'est l'agriculture qui ne produit pas assez, c'est le manque de routes, c'est le manque d'écoles, c'est le manque d'hôpitaux.

La réalité de l'Afrique, c'est un grand gaspillage d'énergie, de courage, de talents, d'intelligence.

La réalité de l'Afrique, c'est celle d'un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu'il n'arrive pas à se libérer de ses mythes.

La Renaissance dont l'Afrique a besoin, vous seuls, Jeunes d'Afrique, vous pouvez l'accomplir parce que vous seuls en aurez la force.

Cette Renaissance, je suis venu vous la proposer. Je suis venu vous la proposer pour que nous l'accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l'Afrique dépend pour une large part la Renaissance de l'Europe et la Renaissance du monde.

Je sais l'envie de partir qu'éprouvent un si grand nombre d'entre vous confrontés aux difficultés de l'Afrique.

Je sais la tentation de l'exil qui pousse tant de jeunes Africains à aller chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvent pas ici pour faire vivre leur famille.

Je sais ce qu'il faut de volonté, ce qu'il faut de courage pour tenter cette aventure, pour quitter sa patrie, la terre où l'on est né, où l'on a grandi, pour laisser derrière soi les lieux familiers où l'on a été heureux, l'amour d'une mère, d'un père ou d'un frère et cette solidarité, cette chaleur, cet esprit communautaire qui sont si forts en Afrique.

Je sais ce qu'il faut de force d'âme pour affronter le dépaysement, l'éloignement, la solitude.

Je sais ce que la plupart d'entre eux doivent affronter comme épreuves, comme difficultés, comme risques.

Je sais qu'ils iront parfois jusqu'à risquer leur vie pour aller jusqu'au bout de ce qu'ils croient être leur rêve.

Mais je sais que rien ne les retiendra. Car rien ne retient jamais la jeunesse quand elle se croit portée par ses rêves.

Je ne crois pas que la jeunesse africaine ne soit poussée à partir que pour fuir la misère.

Je crois que la jeunesse africaine s'en va parce que, comme toutes les jeunesses, elle veut conquérir le monde.

Comme toutes les jeunesses, elle a le goût de l'aventure et du grand large.
Elle veut aller voir comment on vit, comment on pense, comment on travaille, comment on étudie ailleurs.

L'Afrique n'accomplira pas sa Renaissance en coupant les ailes de sa jeunesse. Mais l'Afrique a besoin de sa jeunesse.

La Renaissance de l'Afrique commencera en apprenant à la jeunesse africaine à vivre avec le monde, non à le refuser.

La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que le monde lui appartient comme à toutes les jeunesses de la terre.

La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que tout deviendra possible comme tout semblait possible aux hommes de la Renaissance.

Alors, je sais bien que la jeunesse africaine, ne doit pas être la seule jeunesse du monde assignée à résidence. Elle ne peut pas être la seule jeunesse du monde qui n'a le choix qu'entre la clandestinité et le repliement sur soi.

Elle doit pouvoir acquérir, hors d'Afrique la compétence et le savoir qu'elle ne trouverait pas chez elle.

Mais elle doit aussi à la terre africaine de mettre à son service les talents qu'elle aura développés. Il faut revenir bâtir l'Afrique ; il faut lui apporter le savoir, la compétence le dynamisme de ses cadres. Il faut mettre un terme au pillage des élites africaines dont l'Afrique a besoin pour se développer.

Ce que veut la jeunesse africaine c'est de ne pas être à la merci des passeurs sans scrupules qui jouent avec votre vie.

Ce que veut la jeunesse d'Afrique, c'est que sa dignité soit préservée.

C'est pouvoir faire des études, c'est pouvoir travailler, c'est pouvoir vivre décemment. C'est au fond, ce que veut toute l'Afrique. L'Afrique ne veut pas de la charité. L'Afrique ne veut pas d'aide. L'Afrique ne veut pas de passe-droit.

Ce que veut l'Afrique et ce qu'il faut lui donner, c'est la solidarité, la compréhension et le respect.

Ce que veut l'Afrique, ce n'est pas que l'on prenne son avenir en main, ce n'est pas que l'on pense à sa place, ce n'est pas que l'on décide à sa place.

Ce que veut l'Afrique est ce que veut la France, c'est la coopération, c'est l'association, c'est le partenariat entre des nations égales en droits et en devoirs.

Jeunesse africaine, vous voulez la démocratie, vous voulez la liberté, vous voulez la justice, vous voulez le Droit ? C'est à vous d'en décider. La France ne décidera pas à votre place. Mais si vous choisissez la démocratie, la liberté, la justice et le Droit, alors la France s'associera à vous pour les construire.

Jeunes d'Afrique, la mondialisation telle qu'elle se fait ne vous plaît pas. L'Afrique a payé trop cher le mirage du collectivisme et du progressisme pour céder à celui du laisser-faire.

Jeunes d'Afrique vous croyez que le libre échange est bénéfique mais que ce n'est pas une religion. Vous croyez que la concurrence est un moyen mais que ce n'est pas une fin en soi.

Vous ne croyez pas au laisser-faire. Vous savez qu'à être trop naïve, l'Afrique serait condamnée à devenir la proie des prédateurs du monde entier. Et cela vous ne le voulez pas. Vous voulez une autre mondialisation, avec plus d'humanité, avec plus de justice, avec plus de règles.

Je suis venu vous dire que la France la veut aussi. Elle veut se battre avec l'Europe, elle veut se battre avec l'Afrique, elle veut se battre avec tous ceux, qui dans le monde, veulent changer la mondialisation. Si l'Afrique, la France et l'Europe le veulent ensemble, alors nous réussirons. Mais nous ne pouvons pas exprimer une volonté à votre place.

Jeunes d'Afrique, vous voulez le développement, vous voulez la croissance, vous voulez la hausse du niveau de vie.

Mais le voulez-vous vraiment ? Voulez-vous que cessent l'arbitraire, la corruption, la violence?

Voulez-vous que la propriété soit respectée, que l'argent soit investi au lieu d'être détourné ?

Voulez-vous que l'État se remette à faire son métier, qu'il soit allégé des bureaucraties qui l'étouffent, qu'il soit libéré du parasitisme, du clientélisme, que son autorité soit restaurée, qu'il domine les féodalités, qu'il domine les corporatismes ?

Voulez-vous que partout règne l'État de droit qui permet à chacun de savoir raisonnablement ce qu'il peut attendre des autres ?

Si vous le voulez, alors la France sera à vos côtés pour l'exiger, mais personne ne le voudra à votre place.

Voulez-vous qu'il n'y ait plus de famine sur la terre africaine ? Voulez-vous que, sur la terre africaine, il n'y ait plus jamais un seul enfant qui meure de faim ?

Alors cherchez l'autosuffisance alimentaire. Alors développez les cultures vivrières. L'Afrique a d'abord besoin de produire pour se nourrir. Si c'est ce que vous voulez, jeunes d'Afrique, vous tenez entre vos mains l'avenir de l'Afrique, et la France travaillera avec vous pour bâtir cet avenir.

Vous voulez lutter contre la pollution ? Vous voulez que le développement soit durable ?

Vous voulez que les générations actuelles ne vivent plus au détriment des générations futures?

Vous voulez que chacun paye le véritable coût de ce qu'il consomme ?

Vous voulez développer les technologies propres ? C'est à vous de le décider. Mais si vous le décidez, la France sera à vos côtés.

Vous voulez la paix sur le continent africain ?

Vous voulez la sécurité collective ?

Vous voulez le règlement pacifique des conflits ?

Vous voulez mettre fin au cycle infernal de la vengeance et de la haine ?

C'est à vous, mes amis africains, de le décider.

Et si vous le décidez, la France sera à vos côtés, comme une amie indéfectible, mais la France ne peut pas vouloir à la place de la jeunesse d'Afrique.

Vous voulez l'unité africaine ? La France le souhaite aussi.

Parce que la France souhaite l'unité de l'Afrique, car l'unité de l'Afrique rendra l'Afrique aux Africains.

Ce que veut faire la France avec l'Afrique, c'est regarder en face les réalités. C'est faire la politique des réalités et non plus la politique des mythes.

Ce que la France veut faire avec l'Afrique, c'est le co-développement, c'est-à-dire le développement partagé.

La France veut avec l'Afrique des projets communs, des pôles de compétitivité communs, des universités communes, des laboratoires communs.

Ce que la France veut faire avec l'Afrique, c'est élaborer une stratégie commune dans la mondialisation.

Ce que la France veut faire avec l'Afrique, c'est une politique d'immigration négociée ensemble, décidée ensemble pour que la jeunesse africaine puisse être accueillie en France et dans toute l'Europe avec dignité et avec respect.

Ce que la France veut faire avec l'Afrique, c'est une alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un monde meilleur.

Ce que veut faire la France avec l'Afrique, c'est préparer l'avènement de l'Eurafrique, ce grand destin commun qui attend l'Europe et l'Afrique.

A ceux qui, en Afrique, regardent avec méfiance ce grand projet de l'Union Méditerranéenne que la France a proposé à tous les pays riverains de la Méditerranée, je veux dire que, dans l'esprit de la France, il ne s'agit nullement de mettre à l'écart l'Afrique, qui s'étend au sud du Sahara mais, qu'au contraire, il s'agit de faire de cette Union le pivot de l'Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix et de prospérité qu'Européens et Africains sont capables de concevoir ensemble.

Alors, mes chers Amis, alors seulement, l'enfant noir de Camara Laye, à genoux dans le silence de la nuit africaine, saura et comprendra qu'il peut lever la tête et regarder avec confiance l'avenir. Et cet enfant noir de Camara Laye, il sentira réconciliées en lui les deux parts de lui-même. Et il se sentira enfin un homme comme tous les autres hommes de l'humanité.


Je vous remercie. |

vendredi 2 septembre 2011

Le gouvernement d’Ali Bongo n’est pas préoccupé par la santé publique des Gabonais.

Gouverner c’est prévoir dit-on. Au Gabon… on sait seulement prévoir pour gouverner. Toutes les énergies sont mises dans la préparation des fraudes et autres malversation… quand arrive le moment de savoir gouverner, on se défile dans des excuses et des fausses réalisations et des fausses promesses. Voici un exemple de mal gouvernance d’un pays.

Alors que nous nous rendions dans un certain hôpital du Gabon pour féliciter la maman d’un nouveau-né, nous avons été informés du décès des suites d’une maladie infectieuse d’une personne que nous connaissions. Cette personne était la dixième dans le mois à mourir de la même infection. Au regard de ces multiples décès, par des maladies incestueuses dont les remèdes sont connus, nous avons été frappés par le manque de précaution des agents de santé pour protéger les autres usagers de l’hôpital. Nous avons posé des nombreuses questions pour saisir les mesures de précaution prévues dans ce genre de situation pour sauvegarder la santé des autres usagers de l’hôpital.

Au Canada, lorsque dans un hôpital, deux personnes décèdent à la suite d’une même maladie, les mesures de protections sont prises. Le ministère de la santé est automatiquement informé par les agents de santé. Le ministère de la santé à son tour se dépêche d’alerter les autres centres de santé de la région et des mises en garde ou des politiques de protections de santé publique sont diffusées ou mises en œuvre. Au Gabon, il n’existe aucune mesure ou politique de protection de la santé publique de ce genre… Dix morts avec la même infection… il n’y a rien là. Il faut croire que l’on a l’habitude des hécatombes.

Pourtant, au cours des cinq dernières années, le monde entier à été confronté à deux grandes épidémies infectieuses qui ont tué de nombreuses personnes. Les précautions sanitaires les plus élémentaires étaient alors exigées. Hormis les épidémies mondiales, il arrive fréquemment au Gabon des situations de propagation régionale de certaines maladies infectieuses comme l’Ébola. Malgré tout cela, en dehors des fiches publicitaires sur certaines maladies infectieuses transmises sexuellement, nous avons été sidérés de constater qu’il n’existe aucune politique ou circulaire du ministère de la santé pour les mesures élémentaires de protection en vue de prévenir la propagation des maladies infectieuses graves comme l’Ébola. Au lendemain de notre visite à l’hôpital, nous avons donc décidé de nous rendre au ministère de la santé publique. Mais enfin ces émergents font quoi au pouvoir!

Nous avons parcouru le ministère de la Santé de haut à bas pour voir le plan de santé publique du gouvernement dit émergent ; voir ce que le gouvernement de l’émergence a mis en place pour protéger la santé des gabonais en cas d’infection généralisée. Nous voulions savoir si ce gouvernement, de toutes les promesses, est suffisamment préparé pour faire face aux questions nouvelles touchant la santé publique et si, il recherche les possibilités d'assumer les facteurs de risque communs et il s'investit activement dans un certain nombre de dossiers de santé publique liés aux maladies chroniques et infectieuses retrouvées dans notre pays.

Nous avons été surpris, malgré les discours pompeux, de constater qu’il n’existe aucune politique concrète, en dehors du programme de lutte contre le SIDA conçu et financé par les ONG et certaines organisations multilatérales, aucun plan authentique d’intervention ou de prévention de la santé des gabonais à moyen et long terme advenant.

Notre plus grande consternation à été l’absence d’une vision de lutte contre une épidémie non contrôlée, d'une maladie infectieuse qui apparaître aujourd’hui au Gabon et qui aurait des incidences importantes et graves. Pourtant à entendre le gouvernement émergent parler, les intervenants et les citoyens devraient en cas d’épidémies s'attendraient à ce que le gouvernement joue un rôle de leader dans la protection des gabonais. La possibilité d'une pandémie de grippe et de nouvelles infections suscite de fortes inquiétudes dans le monde entier. Pour cela, les gouvernements intelligents ont un plan d’action dont on peut retrouver des traces dans les centres médicaux. Au Gabon, il n’y a rien pour la santé des gabonais. Mais les émergents sont comment!

Pour faire face aux risques associés à une pandémie de grippe aviaire, le gouvernement devrait dans le pire de cas disposer d’un cadre d’intervention à défaut d’avoir les moyens pour y faire face. Le budget de 2011 n’a affecté aucun milliard de CFA pour les situations d’urgences relatives à la santé. En cas d’urgence extrême, même si les pays amis souhaitent nous apporter leur aide, nous nous trouverions avec les Motorolas dans les mains pour se demander qui doit faire quoi et comment le faire.

Ah Gabon!… pourquoi tu me fais ça…. Mais tue-moi une bonne fois… toi aussi.

Joël Mbiamany-N’tchoreret