dimanche 16 décembre 2012

Union des Forces de l’Alternance, encore une autre association politique de quartier?

Union des Forces de l’Alternance, encore une autre association politique de quartier? En quoi cette nouvelle trouvaille apporte-t-elle quelque chose de nouveau dans le marasme dans lequel se trouve l’opposition politique aujourd’hui au Gabon?

Rien.

Peu importe le nom qu’elle voudra se donner, l’opposition politique du Gabon doit sortir une fois pour toutes de ces regroupements de pleurnichage et de lamentation de ce qu’Ali a fait ou n’a pas fait.

Si les acteurs qui président ces partis politiques sont séreux dans leur volonté de s’unir pour en finir avec le régime en place, qu’ils ne se contentent pas par des mots creux à parler d’une union sans réel effet au plan de la conquête du pouvoir.

La seule voie qu’elle peut emprunter pour convaincre les Gabonais est celle conduisant à constituer un véritable parti politique de l’opposition : une structure fédérative des partis politiques avec des dirigeants élus par les militants et un programme de société prenant appui dans la volonté d’émancipation des Gabonais.

A quels besoins peuvent bien répondre aujourd’hui des partis politiques d’un individu, d’une famille, d’un clan, d’une région du pays même en entrant dans des unions de façade?

Si Ali Bongo a eu peur de l’Union Nationale, c’est parce que l’idée qui a fondé ce parti était justement le dépassement d’un individu, d’une famille, d’un clan, d’une région du pays. Malheureusement, certains membres de ce parti, encore nostalgiques de l’ère Bongo Omar n’avaient pas compris qu’il fallait instaurer un contexte militant nouveau, y faire vivre un processus démocratique d’envergure a la vie militante comme aux structures organisationnelles du parti. Peut-être, aurions-nous ainsi évité des décisions d’une personne ou d’un directoire tout puissant et illégitime, puisque non désigné par la base militante.

Il faut à l’opposition politique gabonaise d’entrer dans une reconfiguration qui dépasse ces blagues d’union politiques d’individus. Nous voulons un seul parti de l’opposition réelle avec des leaders élus par tous les Gabonais.

JMN

jeudi 13 décembre 2012

Des pleurs comme des fleurs ….

Des pleurs comme des fleurs ….

Petit, j’ai bénéficié d’une tendresse infinie de la part de ma sœur, la fille aînée de ma tante. Je crois que c’est cette affection prodiguée dans mon plus jeune âge qui fit de moi cet être attentif aux autres et qui veut le bien pour tous. Ma grande sœur était une personne remplie d’empathie pour les gens de son entourage. Malgré la colère qu’elle pouvait à l’occasion entretenir contre ceux qui avaient eu le tort de l’offenser, elle était animée d’une profonde bonté et d’une profonde humanité. Par ses manières, elle a su me communiquer son humanité et l’esprit de sa bonté.

Quand je vins au monde, elle venait de perdre son premier fils. C’est tout naturellement que convié à ses bons soins, lorsque ma mère vaqua à des occupations prenantes, que j’allaitai son sein. Cette activité avait créé une certaine affiliation fusionnelle entre elle et moi. La maternité allaitante par défaut à laquelle elle se voua à quelques occasions par le hasard des occupations de ma mère aurait dû l’amener à me traiter comme son fils. Elle ne me voyait pas comme cela. Je fus un compagnon de vie, un ami intime, presque une âme sœur.

Enfant ou adolescent et même au début de ma vie adulte, je ne réalisai pas la profondeur de cette relation fusionnelle qui existait entre ma sœur et moi. Jusqu’à son dernier soupir, dont je n’ai expérimenté l’expression que par le récit des autres membres de notre famille, je n’avais jamais pris la mesure de son affection pour moi, pas plus que je n’avais été amené à mesurer celle que j’avais de façon inconsciente à son égard. Aujourd’hui, rien qu’à l’évocation de son souvenir, je souffre encore terriblement de cette absence arrivée trop tôt dans ma vie.

Lorsqu’à l’été 1989, je l’annonçai mon voyage pour poursuivre mes études en Amérique du nord, elle crut d’abord à une blague. Elle me regarda avec ce sourire et cet air interloqué qu’elle savait afficher avec élégance pour me dire ne prend pas tes rêves pour la réalité. Néanmoins, par le sérieux que je mis à mon visage, elle arrêta l’exécution des tâches qu’elle accomplissait pour examiner avec un regard inquisitoire ce papier de mon admission à l’école polytechnique. Tu es sérieux alors, m’avait-elle interrogé, avec un sourire mêlé de fierté et de confusion. Je répondis oui. Elle se retourna et me fit dos. Un long silence s’était installé entre elle et moi. On aurait cru entendre les mouches voler tellement ce silence était si profond.

Derrière son dos, d’où je me tins, je tentai de voir le profil de son visage pour déchiffrer son expression. J’étais inquiet. Je craignis qu’elle oppose un véto. Son assentiment était essentiel à la réalisation de ce projet. Puis, quelques instants après, sans doute de méditation, elle se retourna. Elle me fit face et me regarda longuement avec admiration. Les traits subitement adoucis de son visage me laissèrent croire que j’étais la personne la plus importante de sa vie, que nous étions qu’une même personne et qu’un tel départ était pour elle une souffrance. Mais comme pour faire tort au fruit de mes pensées, elle dit, j’ai toujours su que c’est toi qui nous sortiras de la misère. Elle voulait par cet aveu dissiper ses craintes de mon départ et se donner raison de ne pas interdire la poursuite de mon projet d’étude à l’étranger.

Avec ce geste d’affection qui n’existe qu’entre une mère affectueuse et son fils bien-aimé, elle s’approcha de moi, comme pour murmurer ce qu’elle ne voulait que personne d’autre n’entende. Elle me prit dans ses bras et me serrant contre elle. Elle chuchota qu’elle allait souffrir de mon absence et que je ne la retrouverais plus à mon retour de ce voyage dont elle perçut la durée une éternité. Elle était au milieu de la trentaine. Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire par je ne la retrouverais plus à mon retour. Puis, après cette confession qu’elle livra avec une voix qui étouffait un torrent de sanglots, elle se détacha de moi.

Désorienté par ses paroles, je reculai de trois pas comme pour bien la regarder. Dans mon examen, je contemplai les larmes que la fermeture et l’ouverture délicate de ses paupières laissèrent échapper délicatement. Elles étaient pleines de tendresse et de regrets. Je lis comme un adieu, le détachement difficile que l’on vit quand on sait qu’on ne retrouvera jamais plus la personne qui nous quitte. Même si à ce moment-là je pus lire la peine de la séparation qui se profila, c’est que longtemps après que je pris réellement la mesure du poids de ces larmes nobles. Car les événements qui survinrent après mon départ ont profondément détruit notre clan. Le décès prématuré de ma grande soeur en a été le fcateur de précipitation de ce qui couvait depuis plus de deux générations.

Des fleurs comme des pleurs est le récit avenir de la destruction de mon clan maternel. On y trouvera les ingrédients de ces histoires bantoues par lesquelles des familles entrent dans des tourments, se déchire par la jalousie, par les accusations de sorcelleries. On y verra à l’instar de la famille que ce sont ces mêmes déchirements alimentés par le mauvais esprit qui affectent la société gabonaise dans son ensemble.

JMN

vendredi 7 décembre 2012

Si je n’avais été vilipendé à tort, j’aurais gardé le silence.


Dans mon travail, en tant que secrétaire exécutif de la CDG, j’ai été commandé de produire des scénarios de travailler pour examiner les différentes options du changement politique au Gabon. Dans le texte ci-dessous un de ces scénarios est présenté. Il avait été envoyé par courriel à cinq membres de la CDG comme élément de discussion à l’interne entre ces cinq personnes avant le proposer à l’ensemble des membres de la CDG. Depuis, celui-ci a été transféré à quelques compatriotes et aux autorités politiques françaises du ministère des affaires étrangères et à l’Élysée, la cellule Afrique, dans le but de me présenter comme une personne qui veut entrainer la violence au Gabon. Il est même dit que j’avais sollicité de l’argent pour aller mener une insurrection à partir d’une des frontières gabonaises. La gabonitude c’est quelque chose.

Pourtant, il a été fait signification, à ceux qui furent reçus au quai d'Orsay sur la rive gauche de la Seine dans le VII arrondissement de Paris dernièrement, que la France pas plus que les États-Unis d’Amérique et la communauté internationale ne soutiendront l’idée de la CNS. Lors de mon séjour au Gabon à la demande de la CDG, le conseiller politique de l’ambassade des États-Unis d’Amérique avait également été formel sur le non-soutien des États-Unis d’Amérique à ce projet. De la même façon injonction avait été donnée à quelques compatriotes d’un certain parti politique de prendre leur responsabilité au regard de l’ultimatum donné à Ali Bongo par rapport à l’objet de la CNS. Voilà pourquoi le mot d’ordre attendu de l’affrontement n’avait pas été donné aux militants assoiffés d’en découdre avec le système Bongo-PDG. D’ailleurs, dans son allocution d’inauguration de la nouvelle embrassade des États-Unis d’Amérique au Gabon, l’ambassadeur a été très clair en disant que son pays ne travaillera qu’avec une opposition responsable.

Dans le premier cas comme dans le troisième, les injonctions de la communauté internationale et de leur non-soutien à l’objet de la CNS n’ont pas fait écho. Malgré ces faits bien connus, certains font-ils leur vedettariat dans les médias et les réseaux sociaux pour annoncer des choses dont ils savent d’avance qu’elles ne se feront pas. Une autre façon de tuer un peu plus les espoirs des Gabonais. Je publie donc ce texte non pas pour faire l’apologie de la violence, mais pour faire cesser la propagande malveillante et ces faux messages.

Scénario de travail 3 :

Il y a consensus au sein des observateurs nationaux et internationaux non partisans que notre pays est gouverné depuis 1967 selon certains par une dictature alors que d’autres parlent d’un régime antidémocratique en ce sens qu’il accapare l’ensemble des institutions de l’État de sorte que toute alternance par les urnes est impossible.

Pour cela, même s’il tolère la pluralité des partis politiques il s’oppose au fonctionnement démocratique du pays. Le pluralisme politique ne sert alors que de couverture pour mieux camoufler l’absolutisme politique. Car en vérité, dans notre pays le chef de l'État détient tous les pouvoirs politiques.

De fait, il n'est réellement assujetti à aucune loi et gouverne sans contrôle. Son pouvoir est lié à sa personne, ce qui le rend omnipotent. Étant souverain de toutes les décisions et les actions de gouvernement de la communauté nationale, il n’est redevable de ses actions qu’à lui-même. Ce qui fait de nous ses sujets. Une condition politique inacceptable.

D’abord parce que dans une société où le gouvernement exerce un pouvoir absolu, aucun progrès sociopolitique n’est possible. De plus, les conditions de vie qu’il impose à la société sont la cause de toutes les souffrances des individus : crimes politiques, crimes économiques, crimes rituels, crimes rituels, etc.

En tant qu’universitaires et citoyens vivant à l’extérieur du pays bénéficiant de certaines facilités, il nous revient le devoir de mettre fin aux souffrances de nos frères et sœurs et de convenir pour cela de moyens de résolution du problème de la gouvernance actuelle de notre pays.

Après mures réflexions, il m’apparait que le changement politique souhaitable au Gabon ne peut s’opérer que par le renversement du régime en place. Ce renversement ne viendra pas d’un mouvement de militantisme partisan, mais bien par des actions violentes remettant en cause l’ordre politique établi.

Pour ce faire, la violence pour la violence ne pouvant rien n’apporter de ce que nous souhaitons, il nous faut une structure de fonctionnement et de visées politiques capables de concevoir ce qu’il convient de faire dans un premier temps, dans un second temps comment le faire et dans un troisième temps de mettre en œuvre les actions du renversement du régime.

Il faudra dans un premier temps donc penser à la mise en place d’un comité pour le renversement du régime. Il devra être composé d’au plus une quinzaine de personnes. Il regroupera des opposants au régime qui cherche à le renverser quels que soient les moyens. Les Membres du Comité de Renversement (MCR), potentiel pouvoir exécutif de transition ne devra admettre en son sein que des personnes d’une grande intégrité politique plaçant les intérêts supérieurs de la nation au-dessus de leurs propres intérêts. Ils devront également faire preuve d’une certaine indépendance financière et contribuer dans une certaine mesure financière ou matériellement au projet du renversement.

Les MCR doivent poursuivre les objectifs ci-dessous :

• La liberté politique et le peuple comme seul souverain de la gouvernance de la communauté nationale ;

• Les citoyens choisissent le Parlement et celui-ci choisit le gouvernement qui exercera le pouvoir politique.

• La liberté des partis politiques dans le cadre des lois pour leurs activités ;

• Développement sociopolitique dans la quête du bien-être pour tous les citoyens

• Égalité de tous devant la loi en respectant le principe de liberté sur la base des droits de l’homme ;

• Système d’économie libérale, mais sous le contrôle du gouvernement d'État ;

• Le contrôle des ressources naturelles et de leur exploitation par l’Assemblée nationale.

Le MCR vise renversement du régime en place par le harcèlement du gouvernement et de l’autorité politique en place de même que des opérateurs économiques qui soutiennent ce régime. Le harcèlement est essentiellement fait d’action de sabotage et de destruction des symboles politiques et économiques du régime.

Le MCR envisage de diriger le pays durant 12 à 48 mois en attendant la mise en place d'élections libres. En outre, et dans l'optique de la tenue des élections, tous les Partis seraient libres et autorisés de faire campagne.

Trois consultations nationales sont envisagées une fois le pouvoir actuel destitué :

1. Référendum portant sur le type de régime à adopter pour le pays ;

2. mise en place de l'Assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle Constitution ;

3. Élection du Parlement et désignation du gouvernement qui en sera issu.

Pour que le MCR parvienne à atteindre les objectifs convoités, il faut qu’il dispose de moyens d’action d’une certaine importance. Il me semble que deux millions d’euros seront suffisants. La question à se poser est pouvons-nous la réunir ? Parce que, sans financement, il est impossible d’y parvenir. Je vous laisse lire l’article de Jeune Afrique ci-dessous.

jeudi 6 décembre 2012

Il fallait réviser le processus du projet de la CNS


J'ai écrit cette lettre le 31 octobre 2012, alors que j'étais secrétaire exécutif de la CDG dans le cadre des scénarios de travail pour susciter le cangement politique au Gabon.

Bonjour,

Je vous prie de me lire avec une attention soutenue.

Scénario 2

Il faut revisiter l’idée et le projet de la Conférence nationale Souveraine.

Soyons lucides. À l’heure actuelle, tout indique que la Conférence Nationale Souveraine ne se tiendra pas. Nous nous dirigeons vers une impasse. Il faut reprendre l’initiative pour que le travail qui a été entamé ne tombe dans les oubliettes. Il faut redéfinir ce que ce projet doit être et comment parvenir à faire en sorte qu’il voit le jour dans un très bref délai.

En premier lieu, il convient de dire que l’opposition pour l’opposition n’apporte rien. C’est comme cela que ce projet est vu en ce moment par les citoyens qui ne s’intéressent pas aux débats rhétoriques. Ils observent ce qui se dit en leur nom avec désinvolture. Le discours de l’opposition apparaissant comme du réchauffé.

Pour faire preuve de crédible et mobiliser pour les changements convoités, l’opposition doit montrer dans ses discours qu’elle se préoccupe des conditions de vie des Gabonais non pas dans cette dénonciation des manquements du système PDG-Bongo, mais dans la conceptualisation et l’offre d’un projet de société qui soit à la hauteur d’effacement des prétentions que les tenants du pouvoir véhiculent.

En effet, nul Gabonais n’ignore que la vie de la plupart des compatriotes est calamiteuse et que cette condition misérabiliste est le fait d’une mauvaise gouvernance, des crimes politiques, des crimes économiques, des crimes sociaux et des crimes rituels. Il faut certes les dénoncer, mais dans une perspective de proposition d’une société nouvelle incarnant à la fois des valeurs nouvelles puisées dans nos traditions et des pratiques de gouvernance qui valorisent la citoyenneté, qui font la promotion des valeurs démocratiques, qui montrent le respect de la vie humaine et qui promeuvent le respect des libertés individuelles et l’esprit d’entreprenariat créatif.

Pour cela, le projet de Conférence Nationale qui a été mis de l’avant par la diaspora, la société civile et l’opposition ne doit pas être abandonné ou conduit à l’abattoir faute d’une lecture intelligente de l’état d’esprit de nos concitoyens. Il doit aller de l’avant avec un agenda nouveau. Elle gardera son caractère souverain parce qu’elle ira puiser son essence dans les revendications non pas seulement politiques des populations, mais ce besoin du mieux-être économique, social et culturel.

Ainsi, à l’exclusion du parti au pouvoir, elle regroupera tous les partis politiques et conduira à la naissance d’une seule force politique qui pourra héberger de nombreux courants politiques divers dans leurs idéologiques socio-économiques, mais une uni dans cette quête d’une alternative institutionnelle et gouvernementale.

Le projet de société dont sera porteuse cette formation politique nouvelle sera l’élément mobilisateur qui devra évincer le système politique Bongo-PDG sans violence. Aussi, il est essentiel de comprendre que tout projet de société se doit d’abord de coller au plus près aux réalités de notre société. Il sera par conséquent construit telle une réponse articulée aux difficultés que les citoyens vivent quotidiennement et un levier pour soulever les obstacles sociopolitiques qui font ombrage à l’épanouissement de la Nation.

Dès lors, la Conférence Nationale Souveraine sera le cadre du débat de la définition de l’avenir politique du Gabon comme les participants la concevront.

En regroupant toutes les forces de l’opposition, tous les acteurs de la société civile, les acteurs économiques, les investisseurs potentiels internationaux, la Conférence Nationale Souverain sera donc l’occasion de tout remettre à plat pour l’érection d’un cadre politique, économique, culturel et social attendu de tous.

 

mercredi 5 décembre 2012

Du désengagement de la lutte politique

La vie politique dans l’opposition au Gabon est d’un contraste saisissant. Aux spectacles des discours légitimes de dénonciations d’un pouvoir arbitraire qui entraîne des luttes tragiques et des luttes comiques, répond un labyrinthe des calculs malicieux, le cheminement discret, mais malveillant des projets muris dans le secret et les combines de chefs de clan. De même, aux déferlements rhétoriques du langage politique engageant, on y retrouve des discours tantôt enflammés tantôt insipides, toujours prolixes, mais tous rarement vrais. Tous, pourtant faits pour engager lourdement le destin collectif.

Certains comme des mystiques en religion pour susciter la foi aveugle, entraînent quelques-uns dans l’arène, avec la psychologie du gladiateur, décidés d’en découdre avec l’ennemi sans que la cause du combat ne soit clairement délimitée dans les gains de la lutte engageante. Ne faut-il pas une raison pour haïr et une finalité dans la bagarre?

Entre les pôles extrêmes, de la ligne des opposants, évoluent activistes professionnels et dilettantes, militants de partis politiques engagés et militants occasionnels, poètes de la misère et sauveurs du monde, pragmatiques de la raison politique et fanatiques de l’intolérance ethnique. Tous à leur manière, révélatrices des multiples conceptions de la cause de cette lutte, s’adonnent à cœur joie de dénoncer le mal dont la plus part ont pris malin plaisir à édifier directement ou indirectement à travers leurs lignées et ou amis et; à invoquer des vertus dont les comportements dans la lutte n’affichent en rien les percepts.

Rien d’étonnant que l’on lise dans les volontés d’actions ces disparités qui affaiblissent le mouvement collectif dans la lutte. À cause de ces contrastes, l’opposition politique gabonaise entraîne les citoyens, par désabusement, à s’inscrire dans les listes des spectateurs, diversement attentifs, pour verser dans une profonde ambivalence de sentiment à l’égard de l’objet et de la nature de la lutte. Le regard de la majorité des Gabonais à l’égard de la lutte politique au Gabon l’atteste éloquemment. Il est un langage d’indifférence dans la différence des genres qui s’emploie à parler différemment de ce qui communément ne saurait être un fait d’individualité.

Toute une tradition fait ainsi de la lutte politique au Gabon depuis trente ans non pas un combat des idées et des valeurs ou encore un combat au service de la communauté, mais un combat pour soi en soi.

Aristote avait pourtant justifié la société esclavagiste par la nécessité pour les hommes éclairés de consacrer aux deux seules tâches vraiment dignes : la philosophie et la politique, le plus claire de leur dévotion pour le bien. L’une pour dire les choses dans la mesure de la vertu et l’autre pour l’action par laquelle le pouvoir est recherchée ou conquis en vue du bien de la multitude. Aristote en est même venu à définir la politique comme l’art du gouvernement des hommes.

Certains n’ont pas compris que cette gouvernance n’est pas effective que lorsqu’on est aux commandes de l’État. Elle est aussi dans la manière de cette marche pour accéder aux commandes de l’État. Il ne faut pas croire qu’en boitant avec ce rythme qui fait que l’on met difficilement un pied devant l’autre, que l’on serait porté à croire à la victoire possible contre celui qui a la cadence du rythme naturel dans sa démarche. Par ce geste démocratique, dans la quête de la vertu, dans notre geste citoyen, le peuple serait moins porté à parier pour la victoire du boiteux si le destin collectif dépendait de sa victoire dans la course face à celui qui sait user de ses deux jambes.

À ne point douter, malgré l’immensité de leur ignorance ou de leur inattention à la portée des actes et des discours, fort explicable au demeurant de bien diverses manières, les spectateurs de la vie politique gabonaise soupçonnent confusément la distance qui sépare les ambitions réelles des acteurs (des plus mesquins aux plus respectables) et les rationalisations embellissantes qu’ils en fournissent pour faire croire à l’intérêt collectif de l’engagement politique. Ne nous trompons pas, aucun des discours fait maintenant est de nature à susciter la défection dans les listes spectateurs pour alourdir celle des acteurs engagés. Longtemps encore, la plupart des Gabonais seront spectateurs de leur propre destin. La faute est à attribuer au philosophe et au politique, cette élite limitée dans ses capacités à devenir vertueuse.

Il faut, nous semble-t-il pour revendiquer la démocratie et obtenir du peuple crédit de sa crédibilité; être d’abord un démocrate dans la totalité de ses comportements et de ses discours. De plus, ce qui est une chose plus qu’élémentaire!

Joël Mbiamany-N'tchoreret



dimanche 25 novembre 2012

La sagesse de la pratique du doute cartésien

Quand on rêve, on est convaincu d’être dans la réalité, jusqu’à ce qu’on réalise qu’on était dans un rêve. Par soulagement on se dit, heureusement que ce n’était qu’un rêve. Et là, comme pour tirer un enseignement, on en vient à faire de ce rêve un outil pour agir au mieux. Comme avec l’effet du rêve, les gens sages savent qu’il faut généralement pratiquer le doute lorsqu’on tente d’entrer dans une action dont l’échec est un facteur de reculade dans la lutte menée.

En effet, douter n’est pas scepticisme. Le doute est une transformation de son questionnement en expérience pour mieux appréhender la chose sur laquelle on souhaite agir. Ainsi, douter n’est pas refuser la réalité tangible. Il n’est qu’incertitude provisoire et partielle pour rouver une certitude entière et irrécusable pour que l’action à mener aboutisse aux finalités visées, en faisant en sorte qu’aucun accident du hasard ne vienne intervenir sur ce que l’on souhaite voir réaliser. Parce qu’il faut se souvenir que lorsqu’on est plongé dans la pension de son engagement, on en vient, avec la certitude des gens qui se laissent dominer par leur propre empire, à cette vérité de l’orgueil et de la prétention démesurée, à éluder des déterminants importants de la réalité à façonner.

Or nous savons que les sens nous trompent parfois. Les illusions d'optique dont nous sommes souvent victimes de l’abus de nos sens sur la perception des choses. Il faut donc considérer comme faux et illusoire tout ce que les sens me fournissent selon ce que nous avons vu précédemment.

Le principe est aussi facile à comprendre que difficile à admettre, car comment saurions-nous alors que le monde existe? En toute rigueur, nous devons temporairement considérer tout cela comme faux. À ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes pose l'argument du rêve que nous faisons au début de notre propos. Pendant que nous rêvons, estime Descartes, nous sommes persuadés que ce que nous voyons et sentons est vrai et réel, et pourtant ce n'est qu'illusion. Le sentiment que nous avons pendant la veille que tout ce qui m'entoure est vrai et réel n'est donc pas une preuve suffisante de la réalité du monde, puisque ce sentiment est tout aussi fort durant nos rêves. Par conséquent, si je cherche la vérité: « feindre que toutes les choses qui ne m’étaient jamais entrées en l'esprit n’étaient non plus vraies que l'illusion des songes » est une pratique du doute qui n'interdit pas agir, mais à examiner l’ensemble des facteurs qui composent la réalité dans laquelle nous devons agir. C’est agir avec sagesse. Voilà, chers amis, lorsqu’on veut aller loi dans l’expression de sa pensée, il est toujours bon, dans le processus de la naissance de cette pensée de considérer la probabilité qu’une autre vérité que celle que l’on construit selon ses propres passions soit possible. À cet égard, faut-il qu’en toute action subsiste un doute raisonnable; faut-il donc démissionner devant la poursuite de ses propres intérêts lorsque l’on prétend mener une action au nom du peuple. Parce que dominer par son empire on dira agir au nom du peuple, mais en menant par soi-même sa propre quête.

Je me comprends, c’est ce qui compte dans ce monologue.

JMN

mardi 20 novembre 2012

De la lutte politique en question : autopsie des craintes des uns à l’égard des autres.

La conduite de la lutte politique, pour le triomphe de l’exercice de la souveraineté des peuples dans la constitution de leur gouvernement, a constitué historiquement une querelle entre partisans de cette lutte. Pourtant, il n’y a pas une seule façon de provoquer les bouleversements politiques. Certains sont légitimés de croire au recours des moyens de désobéissance civile qui provoqueraient des blocages obligeant à des discussions nationales en vue de présider aux changements institutionnels souhaités ; d’autres sont tout aussi légitimés de croire  à l’action insurrectionnelle qui, favorisant un vide institutionnel, obligerait la tenue d’une Constituante pour reconstruire le cadre institutionnel de l’État détruit.

Georges Sorel, défenseur de la première orientation, affirmait que la grève générale sur une longue période était suffisante pour renverser le pouvoir. Rosa Luxembourg, au contraire, prétendait que ce moyen est inefficace s’il n’intègre pas une stratégie politique globale par rapport à l’ensemble des composantes de la société. Albert Schultz, soutenant la perspective de Rosa Luxembourg, fit valoir, à cet égard, que toute révolution non fondée sur un projet de société conçu par l’ensemble des leaders engagés de la lutte politique conduit inévitablement soit à l’échec ou au triomphe des maux encore plus ravageurs que ceux combattus dans cette lutte.

Subséquemment, de peur d’une victoire amère, des leaders prudents préfèrent baisser leur étendard, parfois accepter le statu quo au détriment du changement à tout prix. De la même façon, plusieurs leaders, en l’absence d’une stratégie trouvée cohérente, préfèrent s’abstenir de s’engager dans une lutte vouée en apparence à l’échec.

Albert Schultz nous enseigne par conséquent que la force de l’opposition contre un régime politique dictatorial est fonction de la cohérence dans les finalités des bouleversements politiques convoités. Pour juger de la qualité de la lutte et du caractère potentiellement mobilisateur, faut-il évaluer la vertu de l’objet du combat de tous dans cette lutte. Dès lors que les fins de la lutte sont partagées et que les leaders sont probes dans leur lutte politique, toutes les chances du triomphe de la lutte politique sont réunies, peu importe les moyens qui soutiennent cette lutte ou les voies empruntées.

Au regard de ce qui précède, la faiblesse de la lutte politique gabonaise et de son caractère démobilisateur provient du manque de confiance et de considération des acteurs de l'opposition entre eux dans cette lutte. Il en résulte une impossibilité de construire une finalité objective de la lutte politique à mener. Chacun se croyant investi d’une colère honnête, pour évincer les tenants du pouvoir, décide avec qui il faut travailler et avec qui il ne le faut pas.

De cette exclusion, de la même façon qu’on note une appropriation de l’État pour des fins politiques privées, on note une appropriation de la lutte politique contre la dictature pour le triomphe des intérêts politiques personnels. De fait, bien que la lutte politique à faire soit prononcée au nom du peuple, elle n’est pas menée avec le peuple. Voilà la cause qui fait que depuis plus de 50 ans la plupart des peuples d’Afrique francophone ne sont pas parvenus à renverser les régimes qui les oppriment.

Voilà aussi pourquoi, lorsque nous avons été amenés à contribuer aux discussions sur la façon de faire triompher la liberté politique et la souveraineté du peuple dans la gouvernance du Gabon, nous avons proposé la tenue de la Conférence nationale souveraine. Dans notre esprit, elle était un moyen pour que le peuple soit tenu acteur et non-spectateur de son propre destin. Étant au centre de l’objet du débat politique, à travers les représentants qu’il aura désignés pour la circonstance, il aurait été la source et la cause du débat. D’où par ailleurs le caractère souverain que nous invoquions pour cette Conférence nationale. Aussi, fallait-il partir de ce que les citoyens vivent au quotidien pour asseoir ce qui devait se faire et comment cela devait se faire.

Trois volets avaient donc été identifiés : le volet économique pour le développement du pays dans la quête de l’enrichissement des citoyens, le volet socioculturel pour la construction des valeurs sociales et culturelles nécessaire à l’épanouissement et à l’appartenance à la Nation et le volet politique pour la reconfiguration de l’organisation et le fonctionnement politique de l’État.

Pour embarquer l’ensemble des citoyens au débat, le volet économique et social devait surpasser le volet politique, même si par ailleurs nous savions très bien que sans le renversement du régime en place, aucun changement politique notable ne peut se faire dans le pays. De cela, justement, il fallait amener l’ensemble du peuple, embarqué dans le débat, à réaliser les causes fondamentales du blocage dans la quête de sa bonne gouvernance et par conséquent, le guider par des leaders objectifs, à en venir à obliger le changement politique souhaité.

Malheureusement, sous-estimant la volonté de privatisation de la stratégie politique par quelques-uns, certains propos conduisirent à faire croire à une lutte politique privée de l’objet de la CNS. D’où cette opposition qui fut faite sur l’idée de la CNS et pour laquelle nous fûmes contraints de nous rendre au Gabon pour faire la médiation entre les acteurs politiques gabonais de l’opposition.

Également, par rapport à cette apparence d’appropriation de l’objet de la CNS, le pouvoir établi s’est trouvé justifier de refuser sa tenue. Les discours qui ont précédé le refus du pouvoir établi, sans remettre en question une certaine façon de faire et recadrer l’objet de la CNS par rapport au premier volet, ils ont perpétué des débats et des actions qui confortent, là encore en apparence, la perception de la propriété privée de la CNS aux fins politiques de certains.

Comme nous l’avions suggéré et cela fut par ailleurs débattu entre les leaders des partis politiques de l’opposition, il y fallut tenir une tournée nationale de toute l’opposition dans l’ensemble du pays pour édifier le peuple sur les motifs de la tenue de la CNS et l’entrainer à épouser le projet et à se l’approprier. Au lieu de cela, nous avons assisté à des disputes de clocher, chaque parti ou groupe de parti politique faisant valoir son propre agenda, ses propres intérêts. Il en résulte une dissonance par laquelle les uns exclurent les autres.

En somme, pour terminer notre propos, la faiblesse de notre lutte pour les changements politiques au Gabon est due à la carence d’une direction probe et objective pour coordonner ou ordonner les luttes politiques à mener. Il en résulte une impossibilité du triomphe des idéaux dont nous sommes porteurs. Certains n’ont effectivement pas compris que tout objet qui entraîne à la lutte politique n’est pas nécessairement, aux yeux de toutes et de tous, objet de vertu politique, chacun faisant manifester sa propre ambition politique.

Pour cela, les comportements et les dires de quelques-uns au nom du peuple en excluant certains ne peuvent qu’entraîner nos critiques, surtout lorsque ces mêmes personnes font de la fierté de leur ethnie le cadre de leurs revendications politiques. Plusieurs compatriotes déplorent nos critiques disant qu’elles affaiblissent la lutte politique que nous menons. Mais en même temps, ils ne prennent aucune précaution qui favoriserait la cohérence des discours et la concorde entre les leaders de cette même lutte politique. Bien au contraire, ils font dans le clanisme politique qui instaure l’inceste politique et sème le doute sur les trépignements politiques montés ici et là. On n’est pas sorti de l’auberge. Pauvre Gabon !

JMN

dimanche 18 novembre 2012

Les paroles de Jésus dans la quête de l’espérance

Les paroles de Jésus dans la quête de l’espérance portent sur deux réalités : les facteurs annonciateurs du monde nouveau et la venue de ce monde nouveau.

Jésus lui-même va accomplir les textes de l’Ancien Testament à la fin des temps et les disciples ne doivent pas se soucier de l’heure précise du retour de Jésus. Quand nous lisons le verset 26, nous savons que Jésus est l’être céleste qui viendra dans la puissance et la gloire.


Comme le Fils de l’Homme de Daniel, le Jésus de Marc reviendra et rassemblera ses élus « des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel » (Marc 13,27). Jésus ne faisait pas miroiter à ses disciples un avenir étincelant. Il parlait de l’époque que vivaient les premiers lecteurs de Marc et, en vérité, de celle que nous vivons nous-mêmes. Jésus prévoyait des guerres, des tremblements de terre, des famines, où il voyait « le début des douleurs de l’enfantement » : les événements prophétisés annoncent l’avènement douloureux d’un temps nouveau, qui advient même si les forces des temps anciens luttent pour en empêcher l’avènement.

Jésus décrit aux gens de son temps des choses qui toutes éveilleraient la peur chez nos contemporains : guerres, persécution, catastrophes, scandales, populations réduites à la misère. Jésus utilise ces prédictions de détresse pour fonder l’espérance. Nous sommes invités à fixer notre regard sur lui!

Ces paroles de Jésus (versets 29-31) me réconfortent particulièrement : « Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »

L’épreuve eschatologique

L’épreuve eschatologique prendra différentes formes. D’abord, il y aura les trahisons. Comme Jésus qui a été trahi et livré aux mains des pécheurs pour être mis à l’épreuve, ainsi les lecteurs de Marc seront trahis ou livrés aux conseils, frappés dans les synagogues et appelés à témoigner devant les gouverneurs et les rois. Ils seront « trahis » et « livrés » à la mort non seulement par leurs ennemis mais aussi par leurs parents et enfants, leur propre chair!

Deuxième forme de l’épreuve : des faux christs et des faux prophètes feront leur apparition, pour détourner les gens du droit chemin. Ces trompeurs promettront la délivrance et feront des signes et des merveilles pour amener les gens à renoncer à leur foi en Jésus.

Enfin viendront des épreuves ou des tentations même pour ceux qui jouissent d’une paix et d’une stabilité relative. Jésus parle de cette sorte d’épreuve dans la dernière parabole du chapitre 13 : un homme part en voyage et charge ses serviteurs « de veiller et de rester vigilants ». La parabole suggère que les lecteurs de Marc risquent de manquer à leur devoir de vigilance. Ils sont menacés par « les soucis du monde et l’appât des richesses » (Matthieu 13,22), dont Jésus a dit ailleurs qu’ils peuvent étouffer la semence avant qu’elle n’arrive à maturité.

L’ Évangile de Marc nous enseigne que tous ceux qui suivent Jésus seront mis à l’épreuve. Ils le seront par de grands fléaux ou par de puissants séducteurs qui feront des prodiges pour les attirer. Ils le seront dans leur quotidien et dans leurs désirs charnels. Quelle que soit la forme de l’épreuve à laquelle nous devrons faire face, Marc nous dit qu’il nous faut rester vigilants et prier, car si notre esprit et notre cœur sont divisés, nous échouerons et nous ne serons pas prêts à accueillir le maître quand il reviendra.

Nous serons mis à l’épreuve mais nous n’avons pas à craindre car Jésus a changé à jamais le contexte de ces épreuves. En supportant l’épreuve à laquelle il fut soumis, Jésus s’est offert lui-même en parfait sacrifice à Dieu, rendant caduc du même coup le culte rendu dans le temple de Jérusalem. À compter de maintenant et pour toujours, les offrandes appropriées seront les prières offertes par l’assemblée des croyants plutôt que les sacrifices faits au temple. L’offrande que Jésus a faite de lui-même a été acceptée par Dieu en expiation pour le péché du monde. Ceux qui suivent Jésus ont donc été « rachetés » de la colère et du châtiment du Dieu juste. Ils peuvent avoir confiance : ils sont destinés au salut.

La communauté de ceux qui prient

Marc souligne qu’à la suite de la destruction du Temple, la communauté des priants sera la « maison de prière pour toutes les nations », le nouveau Temple sera élevé par Jésus. La prière obstinée est la marque de cette nouvelle communauté, le Temple fait de pierres vivantes. Mais comment Marc et ses lecteurs comprenaient-ils cette notion de « prière obstinée »?

Comment chacun faisait-il pour prier de cette manière et quelles furent les conséquences de cette prière dans la vie quotidienne? Jésus a promis que la prière fidèle sera exaucée, mais à une condition : ceux qui prient ne doivent pas entretenir de doute dans leur cœur.

Dans la nuit et l’angoisse de Gethsémani, Jésus demande sincèrement à Dieu de lui épargner l’agonie imminente, et il est pleinement convaincu que Dieu peut le faire. Mais au même moment, il se soumet à la volonté de Dieu son Père. La patience de Jésus, sa détermination, son renoncement à son propre projet en faveur du projet de Dieu sur lui le font triompher dans le jardin au pied du Mont des Oliviers. Pour Marc, cette prière de Gethsémani est le modèle de la prière du « disciple mis à l’épreuve ».

Mis à l’épreuve

Quels sont les cataclysmes qui secouent le monde d’aujourd’hui? Comment sommes nous mis à l’épreuve au quotidien? Les expériences de rejet, de souffrance, de mort ou de perte, de privation et de vide nous conduisent-elles à abandonner le monde de la vie que nous avions accueilli dans la joie? Nos soucis d’argent, de réussite au travail ou à l’école, de santé, de dépendance, de sécurité d’emploi, de statut, de reconnaissance, de famille et de relations sont-ils en train d’étouffer la Parole de Dieu implantée dans nos cœurs? Sommes-nous accrochés à nos passions, comme la colère, le deuil ou la convoitise, qui nous empêchent de suivre Jésus? Y a-t-il encore de la joie dans notre vie?

La Bonne Nouvelle de l’Évangile de Marc, c’est que nous n’avons pas à faire ce que Jésus a fait en ne comptant que sur la force de notre propre volonté. Nous n’avons pas à affronter d’épreuves sataniques sans l’aide de la puissance divine. Jésus de Nazareth a changé notre situation à jamais. Marc annonce la Bonne Nouvelle en évoquant le pouvoir que la prière donne aux croyants. La communauté chrétienne a le pouvoir de s’engager dans une prière obstinée que ne pourront stopper ni la peur, ni la peine, ni la persécution ni les puissances trompeuses à l’œuvre dans le monde. Jésus a expié le péché du monde et terrassé les puissances qui cherchaient à séparer les hommes de Dieu. Par conséquent, tout est possible lorsque nous allons à Dieu par la prière.

Une perspective d’ensemble

Face aux revers, aux pertes et aux tragédies de la vie quotidienne, n’oublions jamais la perspective à long terme de l’histoire du salut. En tant que chrétiens, nous sommes invités chaque jour à réagir à la dialectique des ténèbres et de la lumière, dans laquelle s’enferre notre époque. L’anxiété collective peut facilement tourner à l’hystérie de masse dès que survient la moindre crise.

C’est pourquoi il est si important d’être ancrés fermement dans la Parole de Dieu, d’y puiser la vie et d’en vivre. Ainsi se réaliseront dans notre quotidien les paroles du prophète Daniel (12,1-3) : « Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles. »

mardi 13 novembre 2012

Meeting raté de l’UN : Tous coupables et responsables !

Le public, venu nombreux comme d’habitude, assister au meeting de l’Union Nationale (UN), le 10 novembre dernier, en est parti frustré, abattu par une immense déception mais, paradoxalement, plus déterminé que jamais à « dégager Ali Bongo et sa légion étrangère ». Passé le temps de la réaction épidermique, des invectives et des accusations plus ou moins justifiées, il nous faut maintenant procéder à une analyse froide de la situation.

La rencontre de samedi dernier a été un échec. C’est incontestable. Pour nombre de cadres, militants et sympathisants de l’Union Nationale, les responsables de ce fiasco sont Zacharie Myboto (Président) et Jean Eyeghé-Ndong (Vice-président). C’est vrai. Mais en partie seulement, car avec le recul, on se rend compte que tous, militants, dirigeants et sympathisants portent peu ou prou la responsabilité de la déconvenue du 10 novembre après-midi.

Certes, Zacharie Myboto et Eyeghé-Ndong ont tenu un discours totalement en décalage avec les attentes du public. C’est vrai que les allocutions des dirigeants de l’union Nationale étaient d’une vacuité affligeante. Par exemple, Myboto n’a pas fait la moindre allusion à l’ultimatum qu’il avait lui-même lancé, au nom du peuple gabonais, à Ali Bongo. Pas plus qu’il n’a présenté la panoplie d’actions de résistance, de désobéissance ou de défiance à opposer au régime établi.

Pour autant, faut-il voir dans cette « panne d’initiatives », le signe que le directoire de l’Union Nationale a été acheté par Ali Bongo ? Les pédégistes infiltrés dans la manifestation ont tenté de le faire croire aux vrais militants de l’opposition. Janvier Abaga Essono et quelques autres énergumènes à la solde de Boukoubi ont vainement essayé d’intoxiquer la foule en prétendant que Zacharie Myboto avait été reçu à la Sablière par Ali Bongo. Mais cette machination du beau-frère de Mboumbou-Miyakou n’a pas prospéré : Myboto et Eyeghé-Ndong étant connus comme des hommes politiques dont l’engagement, la constance et la détermination ne peuvent souffrir de la moindre suspicion. Ce que l’on peut, en revanche, leur reprocher, c’est d’avoir, comme des gamins, cédé au chantage sournois des ambassadeurs français et américain.

En effet, à la veille du meeting, ils ont rencontré Jean-François Desmazières, l’ambassadeur de France, et son inénarrable collègue américain Eric Benjaminson. Reprenant à leur compte les inepties débitées par le PDG/Bongo via des médias aux ordres, les deux diplomates ont accusé sans preuve l’Union Nationale d’être « un parti violent ». Cela a sans doute contribué à parasiter la réflexion des responsables du parti qui voulaient à tout prix soigner l'image de leur formation politique.

Ainsi, tous ceux qui étaient partis des quatre coins de la capitale pour entendre clairement de la bouche de Zacharie Myboto les mots d'ordre en vue de contraindre Ali Bongo à quitter le pouvoir en ont été pour leurs frais. Et pourtant, il aurait juste suffi de quelques phrases offensives et d’une première action ouvrant le cycle de ce que le numéro un de l'UN a appelé « des actes démocratiques non violents permettant d'atteindre les objectifs fixés ». Une marche et un sit-in auraient, par exemple, permis d’apaiser les ardeurs d'une foule qui n'en peut plus de subir la dictature d'une famille de prédateurs qui trônent au sommet de l'Etat depuis 45 ans.

Selon des informations dignes de foi, ces actions figuraient bien au programme de la journée, et d’autres devaient se poursuivre pendant plusieurs jours et à des endroits symboliques. Mais les dirigeants de l'UN se sont laissés abuser par les arguties d’un Benjaminson dont l’opposition avait déjà, à travers un manifeste publié le 8 février 2011, dénoncé « le mépris, l’hostilité à l’égard des opposants, contrairement à l’ouverture d’esprit, à la courtoisie et à la grande responsabilité de son prédécesseur SE Mme Eunice Shannone Reddick, témoin oculaire de l’élection présidentielle anticipée d’août 2009, avec qui les différents acteurs politiques ont entretenu des rapports francs et constructifs. » dans le même document, l’opposition avait révélé : « l’Ambassadeur Benjaminson n’a pas hésité à mentir à un spécialiste d’Amnesty International, en affirmant qu’il pouvait attester de la situation de la mobilisation et des arrestations qui ont eu lieu près du siège du PNUD à Libreville, puisqu’il en est voisin.

Or, la résidence de l’Ambassadeur tout comme la chancellerie américaine sont bien éloignées de ce site. Plus loin dans son propos, il se fait le colporteur d’affirmations selon lesquelles le PDG aurait pris en charge les récentes dépenses de santé de Monsieur Mba Obame qu’il décrit comme désespéré et pour lequel les Etats-Unis d’Amérique ne s’opposerait nullement à une intervention même par la force contre lui et son gouvernement par les forces armées d’Ali Bongo Ondimba. » Pour cela et pour bien d’autres choses, la diaspora gabonaise aux Etats-Unis avait écrit à Mme Clinton pour que ce suppôt du PDG/Bongo soit relevé de ses fonctions au Gabon.

Opérant sur le même registre, Jean-François Desmazières, un des derniers avatars d’un sarkozisme de triste mémoire a argumenté sur l’attachement de son pays à la non-violence. Comme s’il avait oublié que la France et les Etats-Unis avaient aidé militairement les rebellions ivoirienne et libyenne à prendre le pouvoir. A moins que les deux diplomates aient voulu faire comprendre à leurs interlocuteurs que seules la violence armée et la violence d'Etat – dont Ali Bongo s'est rendu maitre depuis 2009 – trouvent grâce à leurs yeux. C’est ce qui, alors, expliquerait leur silence face aux massacres des dizaines de Gabonais en septembre 2009 à Port-Gentil, à la destruction de milliers d'habitations de Gabonais, au vandalisme contre les médias privés, à la suspension des salaires de fonctionnaires pour des motifs politiques, aux kidnappings d’opposants et de journalistes… Sachant tout cela, Myboto et Eyeghé-Ndong auraient dû tout simplement ignorer les objections malhonnêtes de deux diplomates, amis du clan Bongo, et qui n'ont jamais caché leur hostilité envers l'opposition.

Toutefois, la naïveté et la docilité des dirigeants de l’UN vis-à-vis des chancelleries occidentales, pour critiquables qu’elles puissent être, ne sauraient exonérer les jeunes militants de leurs responsabilités. Il est étonnant, en effet, qu’après avoir harangué la foule en début de meeting, trois représentants de la jeune garde militante n’aient pas pris les choses en main à la fin de la manifestation. Comme tous les autres, ils ont rasé les murs, se contentant d’accuser les vieux de couardise. Dans une situation de crise, les plus courageux prennent les choses en main sans attendre de mot d’ordre. Sous d’autres cieux, les leaders sont souvent arrivés à la fin pour organiser l’Etat. Alors, arrêtons toutes ces chamailleries qui, en réalité, arrangent les Bongo et remettons-nous au travail pour libérer le Gabon!

Auteur: Denis-Bastien Kombila

vendredi 9 novembre 2012

Je n’étais parti que pour un temps...

La première fois que je te quittai, je crus t’oublier, pour un moment, du moins, c’est ce que je croyais.

La quête d’une formation universitaire dans la découverte d’autres univers exaltait mon cœur seulement en m’élevant au-dessus de l’aéroport Léon Mba. Alors que je foulai les pieds dans cette terre du Nord de l’Amérique, les échos de ta voix se firent entendre dans mon cœur. À peine avais-je posé mes valises, dans cet hôtel du boulevard René Levesque qui m’offrait son hospitalité, que tu mureras déjà le souvenir de tes parfums et de tes symboles dans ma tête.

Pour me consoler, la cassette piroguier de Pierre Claver Akendéngué fut introduite dans le baladeur. Ce fut comme tourner le couteau dans la plaie. La nostalgie, de toi, dans mon esprit, se fit immense. C'est fou comme j'avais envie de te toucher de mon regard, de ma voix, pour te dire amour de ma vie, amour de mon existence, je ne suis parti que pour un temps. Oui, je n’étais parti que pour un temps. Du moins, c’est ce que je crus à ce moment-là. Comment aurais-je pu envisager autre chose!

Les Gabonais de s’exilaient pas. Semblables à un boomerang, nos envolées ne formaient qu’un cercle pour revenir au point de départ. Mon voyage s’est quelque peu éternisé. Derrière moi, tu t’es consumé de l’intérieur, ce que je vus de loin et pour lequel je restai attaché n’était qu’une pâle image d’un monde d’espérance vidé de son contenu.

Dans l’essoufflement de la course tortueuse qu’on t’avait fait faire, tu as effacé les traces de mon enfance, ces traces sur lesquels j’avais construit mes rêves, ces rêves à partir desquels mon projet de voyage avait été bâti et à partir desquels, j’avais formulé mes promesses de retour. Alors que je la croyais enfouie dans le roc, le rêve que tu promettais devenir a été dévalisé par des insouciants qui ont torturé ton évolution. De la même façon, j’ai perdu mes repères.

Ils n’avaient pas compris que tu étais une plante équatoriale qui a besoin d’eau et de soleil pour donner ses plus belles fleurs. À chacune de mes visites au printemps, quand je n’aperçus pas tes belles fleurs, j’accusai les changements climatiques d’avoir différé l’éclosion de tes merveilles. Je m’aperçus que quelque dix saisons plus tard que j’accusai à tort les changements climatiques.

Ceux qui étaient censés t’apporter leur amour, pour que tu grandisses et te développes, avaient trempé tes racines dans la souille et, plaçant sur ta tête un parasoleil imperméable aux rayons essentiels à ta croissance, ils ont semé ta décroissance.

Dans l’état comateux dans lequel tu te trouves, j’ai de la difficulté à retrouver les traces de mes espérances, les traces de mes rêves pour entamer mon retour. Puisque c’est de toi que tient le souffle de ma vie, ta perdition semble commander la mienne. L’instinct de survie qui m’habite m’encourage à me battre pour toi, pour moi, pour nous.

Pour rien au monde je ne voudrais t’abandonner à ce sort. Je te jure sur ma tête que je me battrais, je ferai tout, même s'il faut que je crève...

JE T'AIME PLUS QUE TOUT GABON

Joël Mbiamany-N’tchoreret

Le temps, qui s’écoule,

Je voudrais en faire trésor;

Mais comme d’un aliment dans un pays de disette,
Il se dérobe clandestinement à la convoitise de mes yeux
Pour se perdre dans l’infinité de l’horizon céleste qui chante l’oubli;

Dans sa course promptement infinie de l’abîme des tréfonds de l’espace,
Comme l’eau de ce torrent qui descend les cascades d’un versant prononcé
Dans l’étendue du déversement violent des grandes saisons des pluies,
Son écoulement semble plus rapide que le geste de mon regard ostensible;

J’ai beau le chercher, je ne puis le trouver
J’ai beau le suivre, je ne puis le rattraper
J’ai beau sentir sa présence, je ne puis le toucher,
J’ai beau le quêter, je ne puis posséder son bien,

Je ne pourrai donc en faire trésor

Comment arriverais-je à suivre sa cadence,
Si je ne puis même entrevoir la courbe de sa silhouette,
Voir dans la vibration des ondulations son rythme endiablé,
L’élancement de son corps fuyant dans l’espace raccourci,

Et me situant par rapport à celui-ci,
Conjuguer la cadence de mes gestes à son tempo;

Comme de l’argent enfermé dans le coffre-fort d’une banque,
Il refuse à se faire posséder par ceux qui ne possèdent pas,
Il refuse d’appartenir à ceux qui ne savent pas s’organiser,

Pourtant, l’agenda de mes journées cicatrisé par les traces
D’une planification méticuleuse, montre mon obsession organisationnelle,

Ce n’est pas tellement mon organisation qui fait défaut;
Le surplus de mes activités ne peut se contenir
Dans les étagères de son armoire,

Je dois désespérément renoncer à son rythme,
Revoir mes priorités,
Pour trouver des moments de loisir,

Le temps qui s'écoule
Qui jamais ne se laisse se rattraper,
A quelque chose de fuyant,
Je ne pourrai en faire tésor
Que dans l'abandon de certaines occupations.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mardi 6 novembre 2012

La question politique gabonaise

Le problème politique gabonais n’est pas savoir si on aime un tel politique par rapport à tel autre politique. Il ne s’agit pas non plus de savoir si tel est né gabonais ou pas; pas plus qu’il ne s’agit de savoir si un tel a volé plus qu’un tel autre; si un tel était aux affaires avant ou après un tel autre; tout comme il importe peu de savoir en ce moment si un tel a fait quelque chose pour le pays ou si celui qui est là fait ou ne fera rien. Le pays va mal, et même très mal. Personne ne l’ignore. Ce qui nous intéresse est de savoir comment sortir le pays de sa condition actuelle. Pour cela, ce qui nous préoccupe est cette incapacité d’harmonie politique nationale favorisée par l’impossibilité de l’alternance politique et l’impuissance de rendre imputable ceux qui sont aux commandes de l’État. L’impossibilité de l’alternance et l’imputable des gouvernants sont la cause de la stagnation de notre pays et des douleurs vécues par les Gabonais. L’exigence de la tenue de la Conférence Nationale Souveraine ne vise rien d’autre que la mise en place d’un cadre institutionnel qui favorisera l’alternance politique et l’imputabilité de ceux qui gouvernent. En quoi l’alternance politique et l’imputabilité des gouvernants sont essentiels au développement du Gabon et au bien-être des Gabonais?


À paraitre demain dans notre blogue.

dimanche 28 octobre 2012

L’apologie de l’anti-dogmatisme politique.

Après la chute de l’Empire romain, le christianisme a imposé l’entendement de l’homme comme devant s’incarner dans les voies du pouvoir divin, particulièrement dans les voix de ses représentants sur terrain. Mises entre Dieu et les Hommes, étant dès lors les tutélaires de la croyance divine et, seules capables de conduire à la damnation ou au sauvetage des âmes, ces voix ont inscrit l’obéissance aux représentants de Dieu comme le seul fondement de la connaissance humaine.

Il en a résulté un dogmatisme. Lequel dogmatisme a mis certaines affirmations, avec l’interdiction de tout scepticisme, comme des vérités fondamentales, incontestables et intangibles. L'homme a dès lors été conduit à voir le monde à travers des certitudes, des vérités faites par d’autres et à y assujettir la conduite de son comportement.

L’esprit critique que lance le protestantisme dès la fin du 15e siècle, notamment ce refus de la croyance de la relation à Dieu comme devant s’assujettir à l’interprétation des tiers et de vouer à ceux-ci tout rapport leur existence à Dieu, inaugure l’ère du débat critique entre Dieu et sa propre existence. Descartes le tranche en dictant ordonnance de son jugement à tous le verdict : je pense donc je suis.

Les philosophes postérieurs à Descartes, notamment les empiristes, en faisant doctrine et jurisprudence du verdict de Descartes montreront que l’existence de la personne humaine se détermine à partir de la construction qu’il fait dans sa tête entre lui et son rapport au monde. Il n’y a donc pas une prédétermination de l’être, par laquelle, comme un automate, il répondrait à des commandes pour guider sa conduite.

Il y aurait une conscience humaine à laquelle Kant fera appelle pour instituer son scepticisme en vue de poser la thèse mécaniste d’une certitude absolue à l'égard des réalités objectives. Il posera que les réalités ne sont pas le fruit de la seule pensée des choses, mais d’une science de la raison de l’état des choses. Celles-ci ont une existence qui répond à des lois accessibles par une connaissance, celle de la raison. Nous sommes et nous savons des choses parce que nous pouvons faire usage de la raison, nous dira Kant.

Ainsi, la grande innovation du Siècle des Lumières sera d’opposer à l’obscurantisme religieux la raison comme le seul fondement de l’existence humaine. Elle seule permet de s’instituer et de se situer par rapport aux choses de l’humanité.

Seulement voilà, tout en libérant l’individu du dogmatisme religieux pour circonscrire ce qui commande l’existence humaine, les philosophes des Lumières vont nous plonger dans un autre dogmatisme : celui de la raison de la science de la modernité.

Il n’existe qu’une seule raison, de fait, il n’existe qu’une seule connaissance, une seule science, une seule culture et donc une seule liberté. De cela, les goûts et les couleurs ne doivent être discutés, car pour appartenir au monde, il faut , par l’unique raison, suivre une certaine conduite.

Ainsi, alors que nous nous serions crus débarrassés par la porte avant du dogmatisme religieux, elle nous reviendra par la porte arrière de la vertu et de la morale dire notre rapport au monde.

En vérité, en posant la vertu et la morale comme ce qui doit commander la conduite de l’homme sortie des mains de la nature, donc de Dieu, la raison humaine du bien et du mal vouera un conservatisme des valeurs précritiques. Saint Thomas d’Aquin, voyant le droit naturel comme le seul fondement de toute conduite posera, par le droit canon dont il sera le précurseur théorique le plus crédible, ce qui doit guider les lois humaines et par ricochet le comportement des individus dans leur rapport au monde.

En gardant au centre de leur raisonnement les théories du droit naturel de la vertu et de la morale comme dit par Saint Thomas d’Aquin, même s’ils ont prétendu s’en être éloignés, les théoriciens du droit positif en resteront grandement influencés. Pour cela, les lois civiles qui s’institueront par leurs plumes manifesteront un conservatisme imposant les limites des libertés d’existence. L’idée derrière cette manœuvre habilement orchestrée par les philosophes de la maison de Saint-Pierre est de concevoir que :

« Dieu ayant voulu nous confier le gouvernement de l'Église, gardienne et interprète de la doctrine de Jésus-Christ, nous estimons qu'il nous appartient, en cette qualité, de rappeler les obligations que la morale catholique impose à chacun dans cet ordre de devoirs ; de cet exposé doctrinal ressortiront, par voie de conséquence, les moyens qu'il faut employer pour conjurer tant de périls redoutables et assurer le salut de tous ».

Dès lors le conservatisme nouveau dictera à nouveau comment se conduire et comment se ternir face aux choses du monde.

Mais, incapables de jouir de ses mouvements pour évoluer vers une destinée qu’il souhaite construire pour soi, les philosophes précurseurs de l’ère de la postmodernité poseront la question de la finalité de l’existence humaine. Pourquoi existe-t-on sera la question posée. Est-on destinés à vivre pour poursuivre un but déterminé selon les règles et des normes prédéterminées.

Les théories de l’existentialisme répondront que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions. Ils s’opposeront donc à la thèse que l’essence humaine soit prédéterminée par de quelconques doctrines théologiques, philosophiques ou morales. Chaque personne est un être unique qui est maître, non seulement, de ses actes et de son destin, mais également, pour le meilleur comme pour le pire, des valeurs qu'il décide d'adopter.

Par conséquent, il n’y a donc pas lieu de considérer qu’il existe une seule connaissance, une seule culture, une seule valeur morale, une seule liberté. Les cultures sont diverses et variées comme le sont aussi les formes de liberté et donc des formes d’existence possible.

La quête de sa propre existence par ses propres valeurs, ses propres connaissances conduira ainsi à la revendication des libertés selon ce mouvement de mai 1968 un peu partout en Occident.

La leçon de mai 1968, que les démocraties modernes valideront, est que l’on ne peut pas imposer aux gens qui ils doivent être, comment ils doivent l’être et ce qu’ils doivent devenir. Il faut laisser les gens se définir eux-mêmes et s’engager dans des rapports politiques qu’ils considèrent un profit pour eux par eux-mêmes.

C'est en cela que les valeurs qui sont émises depuis la fin des années quatre-vingt commandent qu’il faut se soustraire à toute autorité politique lorsqu’elle n’est pas la volonté de ceux à qui elle est imposée.

En effet, depuis la fin des années quatre-vingt, aucun gouvernement n’a réussi durablement à s’imposer aux gens lorsqu’il n’a pas été l’émanation de leur volonté. Tout comme, même choisis librement par le peuple, les gouvernants qui restent longtemps au pouvoir vivent à un moment donné la vindicte.

Il faut comprendre qu’à toute association, à tout groupe d'hommes, il faut des chefs certes, c'est une nécessité impérieuse, à peine, pour chaque société, de se dissoudre et de manquer le but en vue duquel elle a été formée si elle n’est dotée d’un chef, d’un gouvernement. Mais, à défaut d’un chef choisi librement, aucune société humaine ne peut à partir de l’idée de la quête d’existence qui commande chaque individu, de cette même société, dans le fondement de sa volonté propre, évoluer harmonieusement.

Commander aux gens de les conduire vers une pseudo-émergence c’est poser un dogmatisme qui ne saurait résister à la volonté de chacun de ne pas aimer celui qui veut absolument s’imposer aux gens en dépit de l’aversion qu’ils ont à son égard.

La pierre ne deviendra jamais un crocodile quelle que soit la durée de sa plongée dans le marigot. Vous ne pouvez imposer aux Gens qui sont gabonais et comment est-on Gabonais. Pas plus que vous, vous seul, devez dire aux Gabonais comment ils doivent se développer. Il revient à la multitude dans somme de la volonté de chacun d’en décider.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

vendredi 26 octobre 2012

La tragédie de l’accessibilité à l’eau potable au Gabon : problèmes et solutions.

Cet article est le premier d’une série d’articles faisant état du paradoxe du développement au Gabon. Celui-ci présente les difficultés liées à l’accès à l’eau potable dans ce pays. Il montre que, au-delà des ressources fluviales abondantes dont dispose le pays, l’eau potable comme priorité dans le bien-être social n’a jamais été prise en compte dans le souci du développement du pays.

Cela est dû au statut ambigu du développement social où le rapport entre les visées économiques et celles du bien-être social a été profondément altéré par une évolution économique en vue de favoriser le paraître. Alors que nous aurions cru les nouvelles autorités enclines à fonder leurs ambitions sur la réalisation des projets socio-économiques essentiels au bien-être des Gabonais, le développement dit émergeant rêve des projets de développement économique qui n’ont rien à avoir les priorités du quotidien des gens simples.

Certes, en l’état actuel du pays, tout est prioritaire. Quoiqu’il existe des besoins d’existence qui ne peuvent attendre. Lorsqu’on est un gouvernement qui veut faire émerger les citoyens de leur abîme, il faut savoir connaître leurs besoins immédiats. En l’occurrence, l’accessibilité à l’eau potable pour tous à moindres frais est une priorité nationale d’importance. Au regard de nos critiques, nous proposons une voie de sortie de ce drame que le gouvernement peut emprunter. S’il existe un gouvernement au Gabon

L’accès à l’eau potable pour tous est une priorité mondiale

En vérité, un pays qui manque d’eau potable ou qui en fait une ressource rare est un pays qui ne peut ni nourrir adéquatement sa population, ni se développer socialement de façon harmonieuse. D’ailleurs, le NEPAD considère désormais l’accès et la consommation en eau par habitant comme un indicateur du développement économique. Autrement, «dis quelle est la propension d’accès à l’eau potable dans ton pays, pour que l’on te dise quel est son niveau de développement économique».

Selon une étude des Nations Unies, l'eau deviendrait, d'ici à 50 ans, un bien plus précieux que le pétrole. C’est dire toute l’importance d’investir adéquatement dans cette ressource que d’aucuns appellent déjà « l’or bleu».

Pour cela, le 22 mars 2005, l’Organisation des Nations Unies lançait la décennie (2005-2015) : l’eau, source de vie. À cet effet, elle rappelait que l’épuisement et la dégradation des réserves d’eau douce due à une croissance démographique rapide et à un développement mal géré était la source des problèmes d’accession à l’eau potable et qu’il convenait, pour redresser la barre, d’instituer des politiques de développement permettant l’accessibilité à tous, à moindres frais, de cette ressource essentielle à la vie. Laquelle accessibilité commande, pour le cas du Gabon, de revoir les ambitions, les finalités et les façons de produire et de distribuer l’eau potable dans l’ensemble du territoire national.

En effet, l’embarras d’accessibilité à l’eau potable crée des difficultés de vie pour les populations. Selon Jeune Afrique, «A Libreville, qui compte quelque 600.000 habitants, des résidents sont quotidiennement contraints de veiller jusque tard dans la nuit pour faire des réserves d'eau. Les coupures prolongées, jusqu'à plusieurs jours d'affilée, ont entraîné récemment, selon la presse locale, des manifestations de protestations dans des quartiers populaires».

Pourtant, contrairement à bien des pays ou régions du monde, le Gabon est couvert d’eaux sur une superficie qui représente plus d’un quart du territoire national. Repartie en de nombreux cours d’eau dans toutes les régions, cette eau devrait être à la portée de tous les Gabonais quel que soit l’endroit où ils vivent. Néanmoins, son accès est calamiteux.

La thèse soutenue dans ce texte est que l’insuffisance des infrastructures due à leur vieillissement et à leur non-renouvellement et modernisation défavorise l’accessibilité à l’eau potable pour tous en qualité et en quantité suffisante. Les sous-financements et le vieillissement des infrastructures résultent de l’inexistence d’une politique gouvernementale d’accès à l’eau potable. L’État doit dans l’immédiat, suivant un cadre de développement durable ambitieux, élaborer une politique d’accès à l’eau potable. Cette politique doit être accompagnée d’un cadre d’investissement public quinquennal pour renouveler les infrastructures en vue d’étendre et de rendre efficientes la production et la distribution de l’eau potable.

Quel est le problème de l’accessibilité à l’eau potable au Gabon?

Les difficultés d’accessibilité à l’eau potable sont de l’ordre de sa pénétration en quantité suffisante aussi bien pour les populations vivant dans les zones rurales que celles vivant en zones urbaines. Dans les zones rurales, à cause sans doute d’une densité faible (1 habitant au 4 km2) et de laquelle résulte l’impossibilité de réaliser des économies d’échelle intéressantes, on note une absence d’infrastructures pour satisfaire à la demande des populations.

D’après les données recueillies au ministère de la Santé et celui de la planification, de même qu’auprès de la société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), seuls 25% de la population vivant en zone rurale a accès à l’eau potable provenant des structures de l’État ou de la SEEG. En zone urbaine ce taux est de 66%. Le taux de pénétration de l’eau potable en milieu rural est ainsi évalué à 23% en moyenne dont 70% par les pompes à motricité humaine et 9% par les systèmes hydrauliques villageois. Le milieu urbain est là où l’on retrouve 80 % des Gabonais.

C’est là justement où les populations sont confrontées aux plus grandes difficultés d’accès à l’eau potable. La vétusté des infrastructures (le taux élevé de pannes, les défaillances dans la gestion et le suivi de l’exploitation des ouvrages) et l’absence de financement d’envergure illustrent la difficulté de répondre adéquatement à la demande, faisant de l’eau potable une ressource rare.

La mauvaise gestion de la SEEG

Au-delà de l’absence d’une politique de l’eau, les difficultés d’accès à l’eau potable sont tributaires d’une gestion défaillante de SEEG. Déjà en 1987 dans une mission télévisée (dite des dossiers de la RTG), il avait été démontré que les ministres et les hauts cadres politiques du PDG et de l’État ne payaient pas leur compte d’eau et d’électricité. De plus, la SEEG comptait un nombre impressionnant de hauts cadres avec des salaires qui défiaient toute concurrence.

Ces salaires ne correspondaient pas au rendement attendu de l’entreprise. L’existence d’une masse salariale importante avec un personnel pléthorique de même que le non-recouvrement de plusieurs impayés faisait de la SEEG une organisation à but non lucratif. On se souciait peu de dégager des profits pour parer aux imprévus et réinvestir dans les infrastructures.

Conséquemment, selon les conclusions de l’audit fait en vue de la privatisation de la SEEG, les derniers investissements faits dans les infrastructures de production et de distribution d’eau au Gabon datent du début des années quatre-vingt. Il en résulte une désuétude avancée des infrastructures de production et de distribution d’eau.

Les insuffisances dans l’entretien des infrastructures et le manque de financement de nouvelles machines de production et d’outils de distribution favorisent une insuffisance de l’offre de l’eau. Ils entraînent des pénuries dans la consommation quotidienne des Gabonais. La situation de la dégradation des infrastructures est telle que pour rétablir seulement l’équilibre de la demande et de l’offre d’eau, par rapport à 1990, il faut une espèce de plan Marshall.

L’absence d’une politique d’accès à l’eau potable

Le principal dilemme des difficultés d’accès à l’eau potable est essentiellement lié à l’inexistence d’une politique de l’eau. Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir. Il n’y a au Gabon aucun cadre légal sur l’eau et encore moins des principes publics pour favoriser un accès en eau en qualité et en quantité pour tous. Dans la plupart des pays dits modernes, le lotissement urbain en vue d’occuper les espaces d’habitation s’accompagne d’un plan de distribution d’eau fondé à la fois sur l’expansion urbaine, sur l’évolution démographique et sur les besoins de la croissance économique.

Au Gabon, la production et la distribution de l’eau sont, une gestion à vue. «Les tuyaux sont branchés les uns après les autres pour répondre à une demande non ordonné». Dans la plupart des villes modernes, pour répondre à la demande d’eau les gouvernements se donnent une politique de consommation de l’eau.

Cette politique entraîne généralement une stratégie visant à s’assurer, ce faisant, de répondre adéquatement à la demande, en recyclant l’eau usée pour la remettre dans le système de production, en s’assurant de mieux protéger la santé publique et ainsi de satisfaire aux conditions d’accessibilité à l’eau potable aussi bien pour les ménages que pour les entreprises. En vue de parvenir à une telle planification, les autorités gabonaises doivent considérer l’eau tel un constituant vital du bien-être social et comme un instrument de développement socio-économique.

La nécessité d’investir d’importants capitaux

Pour permettre l’accessibilité à l’eau en qualité et en quantité suffisante pour tous, sur l’ensemble du territoire, il faut investir dans la construction d’infrastructure de production et de distribution d’eau potable de même que des infrastructures de traitement des eaux usées. Nous avons calculé cet investissement, dans le programme de campagne à l’élection présidentielle de M. Bruno Ben Moubamba, à 200.000 millions d’euros, soit environ 130 milliards de francs CFA.

Au regard du poids du marché gabonais et du pouvoir d’achat des Gabonais, un tel investissement ne peut être fait le secteur privé. Il faut en effet compter près de 20 ans de consommation, avec le pouvoir d’achat actuel des Gabonais, pour que le secteur privé réalise des bénéfices probants. Un tel délai ne peut encourager des investissements privés qui doivent régler le problème de la vétusté du réseau d’aqueduc et normaliser la production et la distribution de l’eau. À moins, évidemment de considérer le coût de la consommation d’eau potable similaire à celui de la consommation de l’essence.

La stratégie de réinvestissement dans des infrastructures

Le manque et la défaillance des infrastructures est un obstacle majeur à la satisfaction en eau des besoins des populations, au développement des entreprises et à la réalisation des objectifs du développement prescrits dans le plan mondial de la décennie eau source de vie. En effet, le pays est confronté au double défi d’une demande croissante et du vieillissement d’équipements d’une grande partie de ses infrastructures, qui pourrait entraver la croissance et le développement durable.

Les besoins d’investissements en infrastructures qui concernent les services d’utilité collective tels que les télécommunications, l’électricité, les transports, l’eau et l’assainissement sont estimés à plus de 2 milliards d’euros d’investissement pour les cinq prochaines années. S’il faut dégager des montants aussi élevés, le gouvernement devra mobiliser toutes les sources possibles des capitaux en investissement sans toucher aux besoins des autres secteurs du développement comme le logement social, les infrastructures de santé, les infrastructures scolaires et universitaires. Il apparaît clairement que le niveau d’investissement requis pour les infrastructures de production, de traitement et de distribution d’eau ne peut se faire uniquement par le trésor public.

Les principes d’élaboration d’une politique d’accès à l’eau potable

Pour répondre aux besoins en infrastructures, le gouvernement ne saurait ignorer la solution qui consiste à favoriser la participation du secteur privé dans un Partenariat Public Privé (PPP). Cette collaboration PPP ne suppose pas une privatisation absolue du réseau de la production, du traitement et de la distribution d’eau.

Un PPP est une initiative de collaboration entre les secteurs public et privé qui est fondée sur des liens à long terme et sur un partage des ressources, des risques et des bénéfices. Cette collaboration a l’avantage d’apporter les capitaux dont a besoin le pays et en servant de garant à l’investissement du secteur privé.

Elle permettra de faire bénéficier le public d’un environnement plus concurrentiel et de mobiliser l’expertise technologique et les compétences de gestion du secteur privé dans l’intérêt public. Dans plusieurs pays industrialisés, la participation du secteur privé aux infrastructures a contribué ces dernières décennies à accroître la couverture et l’efficience des services d’infrastructure.

Mais pour attirer les investissements privés, il importe que le gouvernement dévoile les ambitions de développement en infrastructures dans une politique de développement durable ambitieuse. À n’en point douter, cette politique et le cadre légal qu’il mettra en œuvre aideront le gouvernement, qui recherche les capitaux au développement des infrastructures à attirer les investissements nécessaires et à mobiliser les ressources du secteur privé au bénéfice de l’ensemble de la société. La politique d’accès à l’eau potable guidera le gouvernement dans la participation d’entreprises privées aux solutions pour améliorer la production, le traitement et la distribution de l’eau potable.

Cette politique ne devra pas être interprétée comme devant conduire la privatisation ou la gestion privée des infrastructures à capitaux publics. Le choix entre la fourniture privée ou publique des services d’infrastructure doit se faire en fonction d’une évaluation objective de ce qui sert le mieux l’intérêt public.

Les facteurs à prendre en compte sont les niveaux actuels de fourniture des services et l’état des équipements, l’accessibilité financière pour les ménages et les entreprises, la couverture des réseaux, l’efficacité opérationnelle, l’entretien sur le long terme des installations ainsi que la viabilité sociale et environnementale. La décision doit être également fonction de l’échéance à laquelle les améliorations sont nécessaires et des sources de financement disponibles.

La politique d’accès à l’eau potable sera ainsi conçue comme une première étape pour faire participer le secteur privé à la construction des infrastructures, en leur proposant à cet effet un catalogue systématique d’orientations dans le cadre de la stratégie de développement durable et à la lumière de la situation et des besoins du pays. Elle visera à établir des prescriptions détaillées ou à donner des conseils techniques sur des aspects particuliers de l’investissement en infrastructures, de la formulation des contrats ou de la réglementation à respecter.

Pour conclure, le besoin d’écrire cet article et ceux qui suivront vient de l’état de frustration que l’on développe lorsqu’on examine le piétinement dans lequel se trouve le pays. On se trouve ainsi à se poser la question qu’est-ce que je ferais de mieux si j’étais à leur place. Nous savons qu’à l’état actuel du pays tout est une question de priorité et que l’état de nos finances lamentable ne permet pas de les satisfaire en même temps.

Le gouvernement s’emploie semble-t-il à vouloir créer des pôles économiques en construisant des zones dites industrielles. Il n’y a pas de mal à cela si c’est bien pensé et bien construit. Retenons simplement qu’un gouvernement n’agit pas comme une entreprise privée qui recherche avant tout à réaliser des profits financiers élevés.

La décision de faire tel ou tel investissement public relève donc rarement de la rentabilité immédiate que du besoin immédiat des populations. De fait, l'État doit raisonner en termes des besoins immédiats des populations. L’investissement dans la production, le traitement et la distribution de l’eau potable est une question de bien-être social vital. Le gouvernement a l’obligation d’investir dans ce secteur sans plus attendre.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mercredi 24 octobre 2012

La contemplation de l’agonie du pays.

Le DRAME de ce qu'est devenu le Gabon. Ce pays qui brillait de mille feux à la fin des années soixante-dix, jusqu'au milieu des années quatre-vingt, est comme dans la pénombre du dernier souffle de vie.

Les lumières s’éteignant, on peut apercevoir comme les soupirs d’une agonie longtemps annoncée. Là, non content d'être resté fiché, parce que négligé de ses gouvernants, comme un vieux tissu qui a fait son temps, le pays se déchire au moindre vent; à la moindre pluie on y voit apparaitre les traces de l'érosion du temps. Et on découvre la minceur de la chaire qui recouvrait les os.

La moindre famine peint un décor d’anorexie. Où sont passées toutes ces calories que l’on avait ingurgitées au moment du règne de la frugalité! Il faut croire que bien qu’abondants, ces repas n’étaient pas si riches qu’on le croyait ou peut être qu’un ténia s’était chargé de manger tout ce que nous engloutissions.

Quand un pays ne sait pas se renouveler dans sa politique, dans ses pratiques sociales et que les mœurs, les mauvaises mœurs demeurent inscrites en code de la conduite à tenir, on nourrit la vision du monde d’apocalypse. On ne peut que constater le désastre qui défile sous nos yeux.

Les bras croisés, comme en spectateurs de son malheur, n’indiquent pas une absence de consternation. Au contraire, ils sont le signe de l’impuissance, que dis-je, de l’essoufflement dans ce combat qui avant même d’avoir commencé, avait consumé ce qui avait d’essentiel en nous.

Nous avons vécu sans penser à demain. Nous ne nous sommes pas investis dans le futur. Tout nous semblait comme incommensurable. Mais n’a-t-on pas dit que gouverner c’est prévoir! Il n’y avait pas eu gouvernance. Avec des charognes à la tête de la communauté, il y avait eu exploitation du bien commun. La palme d’or allant au plus prédateur de ces soi-disant gouvernants.

Le pays comme une carcasse dépouillé de sa chaire est ce que nous contemplons dans cette fissure de la République. Il reste encore quelques chaires çà et là. D’où le bruit que nous auditionnons. La République n’a pas cessé d’agoniser.

Nous entendrons encore longtemps ces lamentations mêlées à ces bruits de ces charognes impies.

République, République, quand ton nom fut prononcé, pourquoi avais-tu levé la main pour indiquer ta présence. Serais-tu restée en colonie que nous aurions moins de mal à vivre cette servitude-là.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

La fissure de la République : quand une partie du pays reste de l’autre bord du rivage.


En France, ils ont parlé de fracture sociale pour dire le fossé séparant socialement une tranche de la population d'une autre. Chez nous, le Gabon, il faut parler dorénavant de fissure de la République. L’image peut être anodine, ce creuset entre une  partie des gens de la capitale et le reste du pays. Il en est de même pour l’ensemble de la République. Il y a ceux qui sont d’un côté, une minorité dont on parle, et la majorité qui est là, de l’autre côté, qu’on ne voit pas mais dont on devine la présence.

En effet, le pont de Kango est tombé au combat il y a que quelque dix mois et voilà que la route nationale part en lambeaux. Plus rien ne tient plus en place.

Il est indécent d'en parler, pourtant…

Les coupures, ces séparations qui créent ou présentent le fossé, le clivage, resurgissent là où on ne les attend pas pour montrer cette vision du pays des uns qui se voient s’avancer vers le progrès et d’autres qui restent sur le bord du rivage pour constater le recul vers le néant. Un mur de vallée d’eau se dresse entre les deux groupes. Chacun voyant l’avancement vers l’autre comme un plongeon dans le torrent. Le Gabon est ainsi devenu depuis 2009, un pays des marges, renvoyé dans l'ignoble où dans le déni de la crise montrent les difficultés du vivre ensemble qui se conjuguent avec les difficultés du bien vivre simplement.

Ne faut-il pas avoir touché le fond pour réaliser la profondeur de l’abime abyssale. Nous ne sommes qu’à mi-chemin de la descente. On n’a encore rien vu.

La fissure de la République : quand une partie du pays reste de l’autre bord du rivage, contemplant l’autre dans l’impuissance. On n’avait dit, « on va encore faire comment! » pour dire son impuissance face à l'insoutenable. Là c’est on ne peut rien faire : les choses sont ainsi faites. Hummmmmmmmmm.

JMN

mercredi 3 octobre 2012

Les Origines de la Convention de la Diaspora Gabonaise

Procès-verbal de la conférence du 14 avril 2012
Le 14 avril s’est tenue une réunion de quleques leaders de la diaspora via skype. Cette réunion faisait suite à d’autres réunions tenues en février 2012 et au conclave de la diaspora en mars 2011

Prenaient part à la réunion

M. Joel Mbiamany-N’tchoreret,
M. André Bouassa,
Dr. Ella Nguema et le
Dr Jean-Aimé Mouketou.

1. L’ordre de jour de cette réunion était informel. Il s’agit davantage d’un entretien entre compatriotes sur les difficultés relatives à l’éclosion d’une véritable force d’opposition au Gabon en vue d’entamer le changement politique attendu par l’ensemble des Gabonais progressistes. Cet entretien faisait suite à divers entretiens tenus antérieurement en duo ou en trio entre les participants de la réunion.

2. Vu l’absence d’un ordre du jour formel, le début des échanges fut un peu laborieux. Au fil des discussions néanmoins, la finalité de la rencontre s’est peu à peu peaufinée pour laisser place à un consensus sur la direction à prendre par rapport aux attentes des participants.

3. Lors des échanges initiaux, M. Bouassa a fait le tour d’horizon des entretiens antérieurs. Ensuite, il est revenu sur la rencontre de certains membres de la diaspora tenue au New Jersey aux États-Unis en mars 2011. Au terme de la conclusion de ses observations, il est apparu qu’une rencontre pour rassembler ou coaliser les Gabonais de la diaspora est impossible quand certains veulent profiter d’un tel rassemblement pour faire mousser des ambitions politiques personnelles.

4. Également, il a été constaté que quand les participants manifestent leur ego au lieu d’agir avec humilité, il est difficile de constituer une direction de la diaspora en vue des luttes pour le changement politique au Gabon.

5. Il est également impossible d’entraîner une cohésion de la diaspora de même qu’à la détermination consensuelle des objectifs et même des moyens de lutte pour la libération politique du Gabon si la finalité de la lutte du mouvement n’est pas préalablement circonscrite.

6. Pour cela, dès le départ des échanges, il a été convenu après la prise de parole de chaque intervenant, de mettre de côté la quête d’un chef et de plutôt viser la détermination de la finalité d’un mouvement politique de la diaspora par rapport à la situation politique du Gabon.

7. Aussi, les participants ont convenu que pour la réussite du travail à faire en vue de la constitution du mouvement de la diaspora qu’il sera louable que ce travail se fasse en équipe restreinte avec des personnes n’ayant pas d’ambitions de devenir candidat à l’élection présidentielle ou posséder des visées politiques personnelles à court et moyen terme. Il s’agirait alors de mettre en place un noyau autour duquel viendraient se greffer d’autres compatriotes.

8. Le Dr Jean-Aimé Mouketou a par la suite exposé les contraintes de la constitution d’un mouvement de la diaspora qui serait efficace et notamment la détermination des ambitions d’un tel mouvement.

9. Le Dr Ella Nguema a à cet égard brossé un ensemble d’objectifs qui pourraient être visés par les échanges du jour tout en faisant des constats sur les discussions des entretiens antérieurs. La prise de parole du Dr Ella Nguema a permis d’orienter l’objectif de l’entretien du jour : esquisser un cadre de réflexion sur la constitution d’un mouvement politique de la diaspora et l’objet politique de ce mouvement.

10. Pour sa part, M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a proposé de considérer le travail qui a été fait par la société civile notamment la détermination des points essentiels du combat politique au Gabon : les 13 points élaborés par la société civile et qui ont pour position focale la tenue d’une constituante pour la mise à plat des institutions de la République.

11. Pour cela, le Dr Ella Nguema a suggéré un travail qui se ferait en collaboration entre le mouvement de la diaspora à naître, l’opposition politique au Gabon et le mouvement de la société civile «Ça suffit comme ça». Le Dr Ella a suggéré que le mouvement de la diaspora soit institué dans le prolongement du travail de terrain que mènent l’opposition et la société civile au Gabon.

12. M. André Bouassa a émis des réserves sur la proposition du Dr Ella Nguema considérant que le mouvement de diaspora devrait être une entité autonome, même s’il faut travailler en étroite collaboration avec la société civile et l’opposition politique sur le terrain au Gabon. Une telle collaboration étant considérée par l’ensemble des intervenants comme inéluctable.

13. Au vu des propositions faites par le Dr Ella Nguema et M. André Bouassa, le Dr Jean-Aimé Mouketou, M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a donné des indications sur la nature et les fonctions que ce mouvement de diaspora devrait posséder.

14. M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a suggéré que le mouvement ait pour fonction principale de coaliser les différents acteurs du changement politique afin d’instituer une force de politique cohérente et efficace par rapport à la lutte politique à mener.

15. Aussi, il a fait valoir la nécessité de la tenue d’un sommet patriotique pour convenir au sein de l’opposition du type de combat à mener et des moyens d’action à mettre en œuvre. Il a proposé que ce sommet se tienne au Gabon ou en France. Il regrouperait les chefs de la diaspora, les chefs de la société civile du mouvement ça suffit comme ça, des chefs des syndicats des enseignants, des transporteurs, des commerçants, des étudiants, etc.

16. Le Dr Ella s’alignant sur la proposition faite par M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a pour sa part suggéré de fédérer les Gabonais de la diaspora en pôle avec un minimum de forum. Ensuite de faire une rencontre des différents pôles comme dans un congrès des Gabonais de toutes les diasporas. Cette rencontre permettra de faire la conjonction d’idées sur la manière de faire sortir le pays de l’impasse politique.

17. Il a donc été retenu qu’un sommet patriote de la diaspora soit tenu au mois d’octobre ou novembre 2012 en Europe.

Fait à Toronto le 16 avril 2012

Le rapporteur de la séance

Joël Mbiamany-N’tchoreret