dimanche 31 juillet 2011

La lutte pour la démocratie au Gabon doit se faire en dehors des institutions légales.

Par rapport à la confirmation de la dissolution de l’Union Nationale par le Conseil d’État et au regard des nombreux renvois de l’opposition aux institutions judiciaires de l’État, suite aux fraudes manifestement récurrentes des processus électoraux soldés par des jugements iniques en faveur du parti au pouvoir, de même, le rôle qu’exerce le Conseil national de la communication pour embrigader la liberté d’expression politique et le parti pris des médias d’État en faveur du pouvoir, il n’est point de motif de songer que l’enracinement de la démocratie au Gabon aboutira des luttes à l’intérieur des structures politiques et du système judiciaire existants. La cause est entendue pour ce qui est d’une certaine approche du politique au Gabon.

En réalité, le pugilat politique dans la démocratie est un concours pour instaurer une gouvernance d’alternance entre des formations politiques opposées. Pour cela, faut-il préalablement compter sur l’existence d’un cadre institutionnel devant régir le processus de l’alternance politique selon le bon vouloir du peuple souverain. Lorsque ce cadre institutionnel est défaillant ou absent, il faut songer que le pugilat politique n’est plus une lutte de la démocratie, mais plutôt une lutte pour y substituer des institutions susceptibles de favoriser la démocratie dans la gouvernance du pays. Cette quête des institutions politiques démocratiques fait intervenir des moyens autres que ceux conventionnellement admis dans un cadre où les différents concourants à la conquête du pouvoir adhèrent au respect des institutions légales. Pour le Gabon, l’acte de dissolution arbitraire de l’Union Nationale indique qu’il faut désormais agir dans un cadre de dépassement des institutions légales. Elles sont antidémocratiques.

Les optimistes et autres adhérents à la légalité de tout poil ne manqueront pas d’affirmer que cette approche est outrée et ils se décerneront facilement une licence en modestie, en sagesse et en lucidité politique, prétendant que la légalité dans le contexte politique actuel est préférable au cadre de légitimité et que les propos ici tenus révèlent du mépris de la décision des institutions légales. Et comment ! Si l’on considère que ce qui se passe au Gabon depuis la Conférence nationale en 1990 participe d’une volonté d’imposer certains comme gouvernants, il faut se demander de quel côté se situe exactement le mépris. Comprenons que tous les États dont l’emploi premier des institutions de la puissance publique est la préservation du pouvoir pour un clan, fonctionnent avec des artifices d’institutions qui font valoir un mépris du peuple dans un respect du droit de l’État façonné à juste titre à la mesure de la volonté de conservation du pouvoir à certains. Ces institutions entraînent directement ou indirectement la violence contre leur peuple, dans la mesure où elles substituent la légitimité politique par la légalité étatique faite sur mesure pour certains.

Par le fait, déguisés derrière les grands principes du respect de la loi et les farces électorales dont les vainqueurs ne sont que le produit de l’imagination de ces mêmes institutions, parfois imposées en violation de leur propre légalité, le totalitarisme rampant qui en découle, sous couvert de chasser ceux qui ne respectent pas la loi, s’en prennent à tous ceux qui extériorisent une opposition politique réelle pour manifester leur droit légitime de s’opposer à l’arbitraire des lois. Le seul fait d’être d’avis contraire et de vouloir le manifester, de s’interroger sur la gouvernance du pays ou de critiquer les contrefaçons qui conduisent certains à s’emparer du pouvoir peuvent valoir la visite d’une brigade spécialisée de l’armée.

Par rapport à de telles conditions, comment vouloir faire rechercher la défaite du parti au pouvoir en disant le faux dont il se rend souvent coupable quand par ailleurs il faut s’adresser à ces mêmes institutions corrompues à une certaine cause. N’est-ce pas là un paradoxe ! Manifestement, il convient en toute intelligence sortir du cadre légal, celui-ci s’étant disqualifié à présider à l’enracinement de la démocratie par son asservissement aux ambitions et lubies de certains. En cela, sans faire dans la langue de bois, les authentiques leaders politiques d’une réelle opposition, à l’instar de Gandhi, de Martin Luther King, doivent dire au peuple l’heure juste sur les institutions politiques et judiciaires de leur pays. Au lieu de parler d’un recours inadéquat à des institutions internationales qui montrent jour après jours des formes variables de la légalité et du respect des droits humains. Il faut développer un discours politique qui porter sur un autre enjeu politique en suscitant un cadre nouveau de la lutte politique : celui des institutions démocratiques, respectueuses de la volonté souveraine du peuple.

Dans les situations de domination politique contrôlées par un cadre légal injuste, faut-il développer un discours d’affranchissement de ce cadre. Comme d’une théologie de la libération, il convient d’instruire le peuple sur la vérité de ses conditions de domination politique. Il faut raconter au peuple l’histoire de cette condition politique. Le récit doit pour mobiliser prendre appui dans le vécu des gens. Non pas pour dire ce que l’on sait tous, mais relater les fondements de ce que vivent les gens et comment ils le vivent. La prise de conscience de chaque citoyen de sa vie infernale entraînera nécessairement une quête d’affranchissement de la condition d’existence vil. Ayant préalablement défini dans l’élément déclencheur du récit, ce qui est la source de cette condition, le leader politique authentique conduira le peuple au moment opportun à désigner le coupable des entraves qu’il vit. Et le peuple demandera de lui-même de s’en défaire. Le mouvement sera spontané. Il sera le renversement politique qui ne se décrète pas, se déclenchant de lui-même. Il faut simplement conditionner le peuple à vouloir le changement politique plus qu’autre chose.

En effet, nous devons désormais nous rendre à l’évidence qu’aucun changement politique fondamental ne peut se faire sans une réelle volonté de renversement des institutions étatiques existantes. Les tenants du pouvoir, même lorsqu’ils parlent de changements, de réformes politiques, ils se gardent bien de remettre en cause les instruments qui les maintiennent au pouvoir, même si, par ailleurs, l’existence de ces instruments est la cause des mécontentements et des ennuis du fonctionnement politique du pays et de sa bonne gouvernance.

Voilà où doit s’orienter le discours nouveau se l’opposition aujourd’hui au Gabon chers compatriotes. Il ne reste plus qu’à allumer les torches indigènes et siffler dans la corne du buffle pour que nous entrions dans la danse du Bwiti. L’iboga est dans l’assiette. Il ne reste plus au ngombi qu’à lancer ses premières aires mélodieuses.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

samedi 30 juillet 2011

Maintien des législatives 2011 pour boycotter la CAN ?

Lettre ouverte de la société civile gabonaise

A

Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

Confédération Africaine de Football (CAF)


En tant qu’acteurs de la vie sociopolitique gabonaise, nous croyons qu’il est de notre devoir de vous écrire pour attirer votre attention sur une préoccupation qui ne saurait être ignorée quant à vos attentes de la réussite de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nation (CAN) en terres gabonaise et équato-guinéenne en janvier 2012.

Lorsque vous attribuez l’organisation de la CAN, vous avez le souci, sinon, la conviction que cet événement soit une occasion, pour les pays organisateurs, de renouveler les infrastructures sportives, d’en construire des nouvelles, de bâtir un cadre d’hébergement et de restauration des visiteurs adéquats. Vous vous attendez également à la mise en place d’un système de transport viable et fiable pour le déplacement des équipes, de leur délégation et supporteurs et de tous ceux qui doivent venir vivre cet événement d’importance. Vous escomptez y trouver une cohésion nationale et une paix sociopolitique qui offrent un contexte d’accueil et de sécurité propice à un événement de cette importance.

Quand l’État gabonais et l’État équato-guinéen avaient présenté en 2006 leur candidature de l’organisation de la CAN en 2010, vous avez refusé de leur accorder la tenue de l’organisation des jeux en 2010, préférant les attribuer à l’Angola qui présentait une promesse plus adéquate du respect des exigences des cahiers de charge de cet événement. Dans votre décision, vous vouliez laisser plus de temps aux deux pays de disposer des infrastructures sportives, hôtelières, de transport et de sécurité conséquentes.

Tout indique, que pour ce qui est de la partie équato-guinéenne de l’organisation de la CAN, vos attentes seront satisfaites. Nous avons par contre le regret de constater que la partie gabonaise ne semble pas mesurer l’importance de l’événement, contrairement à ce que ses autorités pourront déclarer à cette fin.

A cinq (5) mois de l’échéance de la CAN 2012, le Gabon est à la traîne concernant la construction des stades et autres hôtels pour loger les délégations. A ce jour, aucune installation sportive n’est prête, nous ne savons pas par quel moyen de transport les supporters vont se rendre à Franceville au regard de l’état de vétusté du chemin de fer et du piteux état de la route à moins qu’on ait opté pour l’avion avec le coût que cela comporte.

De plus, au-delà des retards considérables pris dans la construction des installations sportives devant abriter les matches de la compétition et même l’absence patente des infrastructures hôtelières adéquates, Ali Bongo et le Parti démocratique gabonais au pouvoir ont décidé de «boycotter» la réussite de la CAN au Gabon. Ils ont notamment décidé d’organiser les élections législatives dont la décision est déjà contestée par l’opposition et la société civile sans garantie de transparence un mois avant le coup d’envoi des compétitions avec les promesses de contestations politiques qui risquent de démobiliser les populations de cette grande messe du football africain.

L’entêtement du gouvernement pour organiser ces élections sans les garanties de transparence supplémentaires favorise un climat de tension politique grave. À cinq mois de cet événement d’importance, le pays est dépourvu de couleurs, de symboles et de la mobilisation des populations illustrant l’intérêt manifeste pour cet événement. Rien dans les médias d’État, dans la ville, dans la vie des Gabonais n’indique que la CAN se tiendra au Gabon dans cinq moins.

Au moment où tous les Gabonais attendent que le Chef de l’État en appelle à une union sacrée de toutes les forces vives de la nation autour de la réussite de cette compétition, la première en Afrique centrale depuis 1972, c’est «une boule puante» que constitue les prochaines consultations électorales qu’on lance sur la CAN.

Depuis l’élection présidentielle anticipée d’août 2009, le pays traverse une crise politique latente qui, à l’occasion, entraîne des manifestations sporadiques. Malgré l’accalmie apparente, il couve dans les chaumières du pays une frustration et une colère qui n’attendent qu’une occasion propice pour se manifester.

Il y a une douzaine de jours, un membre du Conseil Économique et social a pris sur lui de sacrifier sa vie en observant une grève de la faim pour manifester son mécontentement de la gouvernance de notre pays et des accords qui lient le Gabon à la France. Les autorités policières et sanitaires ont été contraintes d’intervenir pour éviter que le pire n’arrive à ce compatriote. Ce sont là des nouvelles et des faits qui ne sont pas de nature à offrir la garantie de mobilisation pour la tenue de la CAN au Gabon. Si les délais de livraison des infrastructures sportives ne sont pas respectés, seule une mobilisation du peuple pour cet événement constitue un gage de réussite. Nous pensons que le report de ces consultations électorales après la CAN est nécessaire et présente à nos yeux la seule alternative pour la réussite de cet événement.

Lors de la tenue de la CAN en Angola, alors même que des avertissements d’un certain manque de sécurité des délégations sportives vous avaient été adressés, on a déploré l’assassinat d’un joueur de la délégation togolaise. Faut-il rappeler que le climat politique qui prévalait en ce moment-là en Angola était plus adéquat que celui qui régnera au Gabon dans quelques semaines.

Il n’est pas dans l’intérêt économique de la FIFA ou de la CAF d’organiser une compétition internationale du calibre de la CAN dans un climat de conflits politiques ou sociaux. Déjà, En plus de ses incapacités à honorer dans les délais raisonnables le cahier des charges de la Confédération Africaine de Football (CAF), on parle également avec insistance des retombées économiques qui risquent de ne pas combler les attentes. Si en plus de cela, il fallait que les populations se détournent de la CAN au Gabon, la situation n’est pas de nature à encourager des gains ou donner une image favorable de la CAN sur le plan international.

Nous sommes d’avis qu’il serait de bons conseils de demander aux autorités politiques gabonaises de reporter la tenue des élections législatives après la CAN. Un tel report devant leur permettre de donner de meilleurs gages de sécurité à la tenue des compétitions.

Nous savons qu’une condition de l’attribution de l’organisation de la CAN est la garantie de sécurité de tous les participants et l’engouement des populations des pays hôtes pour la tenue des compétitions. Vous avez le devoir d’exiger de l’État gabonais qu’elles préservent un climat de paix politique et de sécurité pendant toute la durée des compétitions et bien au-delà.

Messieurs les Présidents, nous savons que vous êtes déjà au courant de certains faits qui vous sont déclinés dans notre correspondance et que vous vous êtes assurés auprès des autorités gabonaises de certaines garanties. Nous vous prions cependant d’aller au-delà de ces garanties pour vous assurer que vous ne tomberez pas dans une duperie.

En espérant que notre lettre trouvera auprès de votre bienveillante attention l’examen soutenu qu’il faut, nous vous prions d’accepter, Messieurs les Présidents, l’expression de haute considération.

Fait à Libreville, le 28 juillet 2011

Pour les Organisations de la Société civile
BRAINFOREST, SAEG, CONASYSED, SNEEPS, USDS, USAP, SYGEF, AFRIQUE HORIZONS, ROLBG, PUBLIEZ CE QUE VOUS PAYEZ, OND, SENA, FESEENA,

Personnalités politiques engagées dans cette action :
Paulette Oyane Ondo : Avocate, Député PDG à l’Assemblée Nationale

vendredi 29 juillet 2011

La dissolution de l’Union Nationale est authentifiée par le Conseil d’État.

La dissolution du parti politique Union Nationale a été confirmée hier par le rejet du Conseil d’État du pourvoi qui lui avait été adressé par les instances de ce parti pour faire valoir l’absence d’effet juridique de sa dissolution par le Ministère de l’Intérieur. Plusieurs enseignements sont à tirer de cette décision du Conseil d’État et particulièrement des événements ayant conduit à l’arrêté administratif du Ministre de l’Intérieur. Nous aurons à nous prononcer en longueur et en profondeur sur tout cela. Nous attendons de voir et de lire la réaction des instances de l’Union Nationale. Une analyse ou toute réflexion en dehors de cette réaction serait imprécise voir impromptue. Tout ce que nous pouvons dire à ce moment c’est que l’idée de l’Union Nationale était un concept beau et grand.

mercredi 27 juillet 2011

Autopsie de la faiblesse de l’opposition politique au Gabon.


L’organisation et le fonctionnement politique de l’État gabonais admettent l’existe de la pluralité politique. Néanmoins, le parti au pouvoir organise le fonctionnement politique du pays pour qu’aucune alternance du pouvoir ne se fasse par la voie des urnes. Le parti au pouvoir et ses alliés manoeuvrent lors des consultations électorales pour se maintenir au pouvoir. L'absence de l'alternance politique n'est pas le seul fait des actions du parti au pouvoir. Elle est également encouragée par le type d’opposition politique retrouvée au Gabon.

1. Élément de définition de la démocratie pluraliste

On entend par démocratie pluraliste le fait que plus d’un parti politique concourt à l’expression politique du pays. Elle permet au peuple souverain de se choisir librement ses gouvernants parmi diverses formations politiques opposées. Pour que ce libre choix se fasse, l’État gratifié de la primauté du droit fonctionne dans l’animation de la vie politique du pays de manière à favoriser la cohabitation harmonieuse des différents partis politiques. Selon que les lois et le cadre qui organisent la vie politique sont établis par consensus, les partis bénéficient du même accès au peuple et jouissent des mêmes prérogatives pour faire la publicité de leur programme de gouvernement. De la crédibilité, dont chacun, jouira, le peuple choisira librement, dans sa majorité, le parti qui doit conduire la destinée collective pour un certain temps. a

1.1 Le rôle de l'opposition en démocratie réelle

En démocratie, l’opposition politique au parti au pouvoir a plusieurs fonctions. Elle est un contre-pouvoir. Elle s’assure que parvenu au pouvoir, la majorité n’ait pas la tentation de mener une politique portant atteintes aux droits et libertés et qu’elle gouverne selon les principes démocratiques. Témoin des faits de la gestion du pays, elle fait rapport au peuple des faiblesses du parti au pouvoir en dénonçant ses égarements. En outre, par les critiques qu’elle fait et les propositions alternatives qu’elle met de l’avant pour montrer les manquements du gouvernement, elle donne au peuple l’occasion d’opter pour un autre choix de gouvernement. Comme on peut le voir, le rôle de l’opposition est primordial en démocratie. Pour autant, si elle n’est pas en mesure de s’organiser pour conquérir le pouvoir, elle ne remplit qu’un rôle de faire-valoir au pouvoir en place. Cela est le cas de l’opposition politique au Gabon.

1.2 Lorsque l'opposition est inefficace, la démocratie faillit

Nous soutenons que sans une réelle opposition, la démocratie ne peut s’opérer. On impute, avec raison, le non-avancement de la démocratie au Gabon au parti au pouvoir en faisant l’économie des critiques de la qualité de son opposition. Pourtant, la démocratie ne saurait exister sans une opposition politique authentique. Elle est authentique quand elle est intègre, stratège et efficace dans la recherche de l’alternance ou de la mutation politique. Par sa perspicacité, elle obligera le pouvoir à favoriser l’expression de la démocratie. Pour justifier l’incompétence de l’opposition à obliger aux réformes voulues, certains pérorent que le problème du non-avancement de la démocratie au Gabon est l’absence d’un État de droit. Faut-il rappeler que l’État de droit ne nait pas de l’absolu, qu’il est le fait des rapports de force entre les acteurs sociopolitiques. Lorsqu’elle recherche l’avancement politique du pays, l’opposition politique doit, avant de s’engager dans le concours électoral, préalablement prendre les mesures pour s’assurer que le parti au pouvoir ne confisque pas pour ses lubies les pouvoirs institutionnels. Jusqu’aujourd’hui, l’opposition politique a été incompétente à faire obstacle au parti au pouvoir dans ses manœuvres de conservation illégitime du pouvoir. Elle est inapte à établir un équilibre de forces pour contraindre l’établissement d’un État de droit au Gabon. À quoi faut-il imputer ces incompétences? Au type particulier de l’opposition politique au Gabon.

2. La nature de l’opposition politique au Gabon

L’opposition politique au Gabon est tellement diverse que l’on ne saurait dire avec exactitude ce qu’elle est exactement ou ce à quoi elle s’oppose. Pour la cerner, nous définissons ce qu’une opposition politique, puis, nous déclinons une typologie pour distinguer les différentes formes de l’opposition politique gabonaise afin de montrer ses singularités et préciser l’objet de sa fonction d’opposition. Une telle façon de faire devant faciliter l’identification des aspects de son incompétence et son fait de complicité dans le non-avancement démocratique du pays.

2.1 Les formes d’opposition politique au Gabon

Sauvy, dans la Tragédie du pouvoir (1978), désigne par opposition politique, les partis politiques n’appartenant pas à la majorité parlementaire et qui s’oppose à l’exécutif. Au Gabon, des formations politiques n’appartenant pas à la majorité parlementaire, tout en s’opposant au parti au pouvoir, soutiennent l’action du chef de l’exécutif. Il faut donc décliner la définition de Sauvy pour le cas du Gabon. Dahl (1966), dans «l’Avenir de l’opposition dans les démocraties», présente une typologie des modèles d’opposition politique. Elle exclut les oppositions qui se manifestent dans les régimes non démocratiques. Nous considérons sa typologie en y apportant des nuances pour mieux la cadrer avec le fait politique gabonais. Nous considérons donc comme opposition politique le fait pour un individu, un groupe d’individus ou des organisations politiques ou sociales de s’opposer à un régime, un parti politique ou de ne pas reconnaître un président comme légitimement élu et d’en manifester une volonté de son renversement.

2.1.1Opposition à l’État-PDG

On entend par opposition à l’État le rejet de l’existence de l’État ou de ses formes ou fonctionnement. C’est le type d’opposition retrouvée contre l’État de la Corée du Nord, de l’État iranien, de l’État birman et contre les États des pays de l’Europe de l’Est avant la chute du mur de Berlin. Au Gabon, avant l’avènement du multipartisme, c’est le type d’opposition qu’incarnait le Mouvement de Redressement national (MORENA). L’organisation politique du pays consacrée par le PDG comme le parti État ne tolérait aucune pluralité politique. L’oppression et la répression étaient omniprésentes. Le rejet du PDG était le rejet de l’État dans sa globalité. Puisqu’il s’agit d’une opposition à l’institution de l’État même, ce genre d’opposition politique s’exprimait en exil.

2.1.2 Opposition au régime politique du PDG

Un régime politique se définit tel un ordre institutionnel ou une manière de particulière de gouverner l’État. L’État au Gabon est considéré par plusieurs opposants comme caractérisé par les attributs patrimoniaux. Les personnes qui incarnent le pouvoir s’appropriant toutes les prérogatives de la puissance publique organisent le fonctionnement politique du pays comme d’une chose propre aux fins d’assouvissement des ambitions d’une famille ou d’un clan. L’opposition manifestée à l’égard de ce régime accepte la structure d’État, mais manifeste le rejet de l’ordre institutionnel politique qu’il incarne. C’est le type d’opposition qui est entre autres incarné par le mouvement Bongo Doit Partir (BDP) et une certaine opposition en exil. Ils considèrent que le pays est aux mains d’un clan. Il use du pays comme de sa propre chose. Le départ des Bongo, le concept étant élargi aux amis et partisans de cette famille et de la structure politique qui incarne leurs actions sont posées comme un préalable au développement du Gabon. Sinon, le pouvoir sera toujours organisé pour que ce clan se maintienne à la tête de l’État.

2.1.3 Opposition au gouvernement du PDG

L’opposition au gouvernement est une opposition de personnes à personne. Ceux qui s’identifient à cette opposition, tout en soutenant l’action du chef de l’État, s’opposent aux personnes nommées pour mener son action politique. Cette opposition est en fait une forme dissidence où selon les rapports de force interne entre partisans du régime, lorsqu’une personne est mise en minorité dans le parti politique ou au gouvernement et qu’elle n’est plus en mesure par ces canaux (parti e ou gouvernement) d’accéder aux ressources de l’État, elle créé une association ou un parti politique en soutien au chef de l’État en marge de la voie politique partisane officielle. Pour le chef de l’État, ce parti ou association, en principe adversaire de son propre parti, une pièce de plus pour se donner la légitimité qui la fait défaut. Lorsqu’il veut gêner l’action des partis qui s’opposent à lui réellement, il fait entrer l’enjeu son opposition fantoche pour décrédibiliser ses adversaires. De même, lorsque l’opposition véritable boycotte les élections ou que le pouvoir écarte des adversaires, l’opposition fantoche est utilisée comme faire-valoir pour montrer l’existence d’une vie politique démocratique. C’est ce qui est arrivé au Rwanda lorsqu’à la dernière élection présidentielle Paul Kagamé a usé des institutions légales de l’État pour écarter de l’élection présidentielle ceux de ses adversaires susceptibles de le battre. En lieu et place de véritables opposants, il avait fait valoir des opposants de service. Au Gabon, tous les partis politiques se réclamant de la majorité républicaine sont de cette sorte d’opposition fantoche : des instruments du pouvoir pour faire obstacle à l’existence d’une véritable opposition et pour se donner la légitimité démocratique qui fait défaut dans ses manœuvres antidémocratiques. En admettant l’existence des arrangements entre l’Union du Peuple gabonais (UPG) et le Parti démocratiquement gabonais (PDG) pour une cohabitation au sein du gouvernement, on serait porté désormais à identifier l’UPG et certains autres partis de l’Alliance pour la Construction et la Restauration (ACR) dans ce type d’opposition.

2.1.4 Opposition au système politique du PDG

On entend par système politique, le fonctionnement cohérent d’un ensemble de façon de faire donnant lieu, dans leur enchainement, à une logique de concentration des pouvoirs en vue d’une appropriation aux fins de la conservation du pouvoir de l’État. L’opposition à ce système politique devrait en principe entraîner un rejet du cadre systémique qui structure le fonctionnement de l’État. Au contraire, tout en acceptant le cadre institutionnel, ceux qui s’identifient à cette opposition, rejette les personnes qui exercent l’autorité de l’État en considérant que c’est par leurs seules actions que le jeu politique est vicié. Néanmoins, si l’on admet qu’il existe un système de parti État qui favorise la concentration des pouvoirs, sabordant l’État de droit pour inciter des pratiques antidémocratiques, il ne suffirait pas de détester les individus qui incarnent l’autorité étatique ou gouvernementale. Il conviendrait de déprécier le fonctionnement de l’État dans son ensemble. En réalité, ceux qui composent l’opposition au système politique ont géré l’État ou sont proches de ceux qui l’ont géré. Ils appartiennent pour la plus part aux réseaux maçonniques qui structurent ce même système politique. Ils ne peuvent donc combattre franchement le système dans sa globalité sans se dédire profondément, ayant été façonnés par lui. Pour cela, l’opposition manifestée contre le système politique s’apparente davantage au rejet des personnes qui incarnent le système politique qu’au système lui-même. En effet, l’opposition politique dans ce contexte est une rivalité entre individus par partis ou camps politiques interposés. Ayant personnalisée l’enjeu et l’objet du débat politique, l’opposition se caractérise chez les individus. Il s’y développe comme une haine entre les acteurs politiques de camps et de partis opposés. Chacun voulant montrer son égo et la force de sa personnalité. Dans cette logique, il importe à chacun des opposants de se distinguer non par des principes politiques, des valeurs ou des philosophies qui donnent naissance à des doctrines politiques d'envergure, mais des faits de prouesse du cul de soi. Ainsi adopte-t-on des comportements politiques du style m'as-tu-vu, j’étais là ou encore pratiquent ces stratégies politiques du genre hôte-toi de là pour que je m’y mette. C’est pourquoi, il est difficile de parvenir à une opposition politique unique : personne ne voulantpas réellement s’effacer devant l’autre.

3. Les différentes composantes de l’opposition gabonaise sont égoïstes : chacun vise ses intérêts

Comme décrite ci-haut, l’opposition politique gabonaise est diverse et éparse. Elle ne répond pas à une logique unique. Chacune de ses composantes a ses propres plans, lesquels ne visent que la satisfaction de ses propres ambitions ou de la valorisation de son égo. Voilà que lorsqu’arrive le moment de se mobiliser pour l’obliger à céder sur les principes démocratiques, certains membres de cette opposition négocient des positionnements politiques propres. Au lieu de prendre les mesures nécessaires pour la réforme de l’État et son fonctionnement politique, ces négociations conduisent à l’entrée de certains au gouvernement pour assouvir leurs intérêts non politiques. Cette inconsistance de l’opposition résulte aussi bien de l’égo des individus que des contradictions structurelles et philosophiques internent à chacun des partis de l’opposition. Dans la section qui suit, nous montrons en quoi consistent ces contractions.

3.1 Les contradictions de l’opposition gabonaise

De manière générale, lorsque nous parlons d'opposition politique au Gabon, nous ne parlons nullement de partis ou de formations qui exercent leur action en dehors des institutions, mais en leur sein. C'est-à-dire nous parlons d'une part d’une opposition qui participe aux élections et qui ne rejette pas les institutions de l'État dont elles dénoncent le fonctionnement arbitraire. C'est un point capital qui illustre son incompétence à forcer l’établissement d’un véritable État de droit et d’une démocratie réelle. Également, les partis de l’opposition ne se structurent pas sur des visées fondamentales au regard des carences qu’ils dénoncent dans le développement du Gabon. Ils prennent pour point d’ancrage la critique du gouvernement sans montrer concrètement leur capacité à mieux faire. Ainsi, les frontières entre l'opposition et majorité ne sont pas lisibles. On y voit même un amalgame. Cet amalgame est encore accentué ces jours-ci par la volonté de l’UPG à rejoindre le PDG dans une alliance pour gouverner et soutenir le projet de l’émergence.

3.2 Fait de complicité au non-avancement de la démocratie

L’opposition donne l’impression que l’organisation politique du pays est une véritable démocratie, légitimant en quelque sorte l’idée que le parti au pouvoir est maintenu par la force de ses talents grâce aux choix éclairés du peuple. En fait l’opposition politique au Gabon dans les formes que nous la connaissons aujourd’hui est un faire-valoir, non pas que ceux qui se réclament de sa composition ne veuillent parvenir au pouvoir, tout simplement parce que l’engagement politique de plusieurs de ces opposants ne porte pas une détermination réelle de dépassement de soi pour la mise en avant des intérêts du changement politique au Gabon. La plupart, agissent pour de se faire valoir personnellement en vue des positionnements tactiques. Il en résulte une absence de stratégie avérée pour renverser le parti au pouvoir. C’est cela sa principale incompétence.

3.3 L'opposition a miné sa crédibilité par son inconstance

En cela, il ne fait aucun doute que l’opposition a par sa propre faute miné sa crédibilité. Le constat est unanime, elle vit des moments sombres. Un mal profond la ronge. Jamais depuis 1990 on a tant été incrédule sur les chances de l’opposition à sortir le Gabon de son état de léthargie. Les points de vue contre un tel ou un tel autre leader de l’opposition n’ont jamais été aussi nombreux et critiques. Le désenchantement n’a jamais été aussi profond, aussi ardu. Le malaise est profond et présent, et les mots pour le dire plutôt cynique que jamais. C’est que les citoyens mécontents des stratégies douteuses au retournement de veste des uns et des autres sont, soit dans la frustration soit dans la désaffection soit dans la colère. Longtemps les yeux rivés sur une certaine espérance, plusieurs citoyens n’y croient plus tout simplement. Trop longtemps contenue en effet, leur colère n’épargne plus personne, ni les leaders, ni les représentants d’organisations partisanes de l’opposition. Ils dénoncent tout à la fois, l’irresponsabilité, l’incompétence, la duplicité, l’autoritarisme.

En conclusion

En bref, nous disons qu'il ne faut pas perdre espoir. La gêne qui prévaut est une impression de fin de période d’une certaine façon de faire la politique. Car s’il y a consensus pour dire qu’il faut passer à autre chose par rapport aux leaders politiques actuels de l’opposition, force est de reconnaître qu’un travail de renaissance est à battre. En tant qu’institution d’alternance politique, les partis politiques de l’opposition doivent s’organiser pour faire le jeu démocratique en leur sein avant d’espérer voir le peuple se mobiliser pour eux. Car c’est cet impératif de démocratie partisane qui permettra aux citoyens, enfin, de s’ingérer dans les affaires de leur parti, de dire leur mot en toutes choses et en toute liberté et de prendre les décisions en ce qui concerne leur présent et leur avenir qu’est la seule voie de mobiliser à la libération politique. La démocratie européenne d’aujourd’hui florissante est le produit d’une évolution historique endogène qui s’est d’abord enracinée dans la modernisation des partis politiques. C’est dire que le mouvement de réforme voulu dans l’État doit d’abord se faire au sein des partis politiques eux-mêmes. Le point à prendre en considération est que nous avons à faire aujourd’hui à de nouveaux citoyens avec de nouvelles préoccupations, de nouvelles manières d’être, de penser et d’agir. Ils ne se mobilisent à une cause que lorsqu’ils se sentent parties prenantes à la décision et à son exécution. La théocratie et le clanisme n’ont plus leur raison d’être dans le fonctionnement des partis politiques.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

samedi 23 juillet 2011

Mon point de vue sur l’opposition politique au Gabon en ce moment.

Je suis venu au Gabon en juin 2010 et je suis resté jusqu’au début septembre. Je suis revenu en décembre jusqu’au 3 janvier 2011. Lors de mes séjours au Gabon, je me fais un devoir d’aller à l’intérieur du pays. Demain, cela fera 5 jours que je suis au Gabon. Je ne parle donc pas comme une personne qui vit à l’étranger et qui ose critiquer devant son écran ceux qui sont sur le terrain. Je suis sur le terrain.

J’ai discuté avec quelques universitaires, des fonctionnaires de l’État, des marchands, des politiciens et des non politiciens, le simple citoyen, etc. Le pays est parterre, l’espérance politique qui luit dans l’obscurité le plus profond n’y est pas. Le monde virtuel a ceci de particulier qu’il nous garde prisonnier de nos illusions. Lorsque l’on est passionné, on a vite fait de prendre nos illusions pour la réalité. Voilà pourquoi le réveil est souvent douloureux. La réalité est que le pouvoir est dans l’arrogance du plus fort. Il est confiant plus que jamais, contrairement à ce que l’on peut croire ou dire. L’opposition dans son état actuel ne sera pas de taille à empêcher la tenue des élections législatives. Faut-il pour autant jeter l’éponge, je suis convaincu que non.

Au contraire il faut redoubler d’effort et presque y mettre du radicalisme si nous voulons que les choses changent. Il y a donc urgence de repenser l’opposition politique au Gabon. La manière de faire l’opposition politique doit changer. J’en ai parlé à Marc Ona lors de mon séjour en Afrique du sud. Je vais sans doute le rencontrer prochainement. D’ici lundi, je posterai un article pour donner dans les détails les précisions de ce que je soutiens ici. Je demande à mes amis de l’opposition politique qui se battent sur le terrain au quotidien de ne point y voir une attaque contre eux. Je proposerai un réajustement de nos approches pour que notre combat ne soit pas vain. Je solliciterai pour ce faire que chacun y donner son opinion pour améliorer la vision commune de ce que nous souhaitons.

Joel Mbiamany-N'tchoreret

vendredi 22 juillet 2011

Union Nationale : La réforme ou la mort !

Sortir des tragiques élections gabonaises d’août 2009, l’ensemble des candidats « malheureux » du scrutin présidentiel, ont tenté de créer une synergie au sein d’un Front du Refus du Coup d’État Électoral. C’est ce processus qui a conduit certains acteurs politiques à mettre en place une Coalition de partis d’Opposition et d’autres (dont j’en suis) à créer le nouveau Parti Union Nationale. De fait, l’Union Nationale s’est dotée d’un Président entouré de Vice-présidents et d’un Secrétariat Exécutif.

Lancé tambour-battant le parti UN (1) a rapidement capitalisé autour de fortes ressources humaines et le Peuple Gabonais a repris espoir. Tout ne pouvait être perdu définitivement si des personnalités aussi différentes, mettaient leurs égos de côté pour travailler ensemble, dans le but de changer le Gabon.

1. Le modèle pyramidal plombe le Gabon

Un parti moderne, ce sont des dirigeants, des cadres, des commissions, des cercles de réflexion, des associations affiliées, des mouvements de jeunes et de femmes, des acteurs culturels … organisés autour d’un modèle systémique.

Le drame des partis politiques au Gabon réside d’abord dans leur modèle systémique pyramidal qui fait du chef ou du leader un dieu quasi vivant surtout s’il tient la caisse.

Comme le Parti démocratique Gabonais (Parti-État jusqu’à nos jours), les organisations politiques se sont dotées d’un système d’organisation qui jouent du régionalisme sans l’avouer. Le faux dépassement du régionalisme par le parti créé par feu-Omar Bongo s’est fait sur la base de la doctrine dite « Géopolitique » ou « Réalités Gabonaises ». Mais c’était une duperie comme nous l’avons vu dans le vote utile de 2009.

Le Modèle systémique était bien huilé et totalement pyramidale comme le management de l’ensemble du Gabon d’ailleurs. Les provinces, les départements et les cantons autant dire toutes les collectivités locales ont été confiés en général à des barrons locaux autant dire à des « seigneurs » du lieu comme sous la Monarchie Française. Du plus petit « Fédéral », comme ils se plaisent à désigner le représentant du parti au pouvoir en un lieu-dit, au Secrétaire Départemental dans une des nos provinces, l’organisation du PDG a toujours permis que le No 1 (Grand Camarade ou Distingué Camarade) règne comme un « dieu-vivant » sur les esprits d’une masse de militants conditionnés, sous une pyramide lourde et difficile à faire évoluer. Le contrôle des médias a tout verrouillé dans ce sens.

2. Au Gabon, tous communistes !

Le Parti au pouvoir (PDG) a bien intégré le fonctionnement des partis communistes soviétiques ou chinois : toute personne se sentant fragile face à une autorité dans un groupe, est prête à faire n’importe quoi, y compris commettre les crimes les plus abjects ou se dégrader, pour peu qu’une autorité lui en intime l’ordre. Omar Bongo s’en est bien servi et parfois certains sont choqués quand on revendique son héritage !

On a déresponsabilisé les Gabonais en les conditionnant pour que chacun puisse dire « Je n’ai fait qu’obéir aux ordres ou à une commande, ce n’est pas moi ».

Oui, la systémique du PDG exclue la responsabilité personnelle et infantilise des adultes qui sont prêts à obéir à un ordre irrationnel. On attend chaque fois les ordres du Président, du Grand Chef, du patron, de l’oncle ou du Yaya (grand frère). Il n’est donc pas surprenant que les Gabonais PGGisés à outrance dans la tête, ne se sentent responsables de rien, car ils attendent tout du dictateur en face de soi, ce dernier ne se privant d’ailleurs pas de terroriser ses compatriotes peu surs d’eux-mêmes.

Dans les 9 provinces du Gabon, vous n’avez pas le droit de faire quoi que ce soit sur le territoire national si vous ne vous êtes pas compromis auprès du Grand PDGiste local. Ceux qui veulent s’acheter un terrain non loin de la capitale Libreville en savent quelque chose.

3. La fragmentation de la dictature.

En quoi consiste la fragmentation de la dictature ? Pour que le no 1 du PDG puisse avoir la main mise sur le moindre petit coin du Gabon, des conseillers militaires Français ont appris dès les années 70 au PDG comment installer des mini-dictateurs à chaque étage de la pyramide-Gabon, notamment dans le domaine de la surveillance des Gabonais.

Pendant que le Gabonais se plaint de la dictature de Bongo, chacun ou chacune est un petit Bongo dans son village, son quartier, son administration, son travail, son ONG, sa chorale et même dans sa famille. Le Bongoïsme a envahi nos esprits à un tel point qu’il faudra peut-être une ou deux générations pour s’en dépêtrer.

Une des choses les plus affreuses du Bongoïsme est disions – nous, la « géopolitique » ou répartition ethnique du pouvoir via un maillage du territoire pour une soi-disant unité nationale qui n’en est pas une. Le PDG a abandonné les Gabonais à eux-mêmes dans l’arrière-pays, autant dire entre les mains de tyrans locaux qui font la pluie et le beau temps dans les zones les plus reculés de notre pauvre pays.

A la mort d’Omar Bongo le Peuple Gabonais a fait le rêve commun que nous allions enfin être libres et sortir de ce système pervers qui déresponsabilise les gens et les livre aux mains de personnes impitoyables et souvent méchantes. On ne compte plus les sacrifices humains que certains d’entre eux ont commis sans jamais être inquiétés par la Gendarmerie.

Le problème est que la plupart des partis d’opposition se sont organisés sur le modèle du PDG. Leur modèle systémique a repris quasiment le même fonctionnement que le Parti Démocratique Gabonais, en pire parfois.

Ainsi, là ou le parti au pouvoir faisait au moins semblant d’organiser des congrès, on connait de grands partis de l’opposition ou anciennement de l’opposition gabonaise qui n’auront jamais organisé le moindre congrès depuis leur fondation.

Le parti est la « chose » de son président ou de son leader voire de sa famille. Ils reprocheront aux Bongo de vouloir mourir au pouvoir mais certains garderont le contrôle de « leur » parti jusqu’au dernier souffle avec des tas de justifications :

- Pour les uns c’est l’ancienneté : « on était là avant ou nous sommes des opposants historiques » ;

- Pour les autres c’est le charisme : « Après moi c’est le chaos ou sans mon charisme vous êtes perdus » ;

- Pour les autres encore c’est l’argent : « l’argent du parti c’est l’argent du leader (aucun don direct et clair d’autant plus que la dictature gabonaise sait jouer du financement des partis comme d’une arme) comme le reste d’argent que la France laisse au Gabon appartient au Président de la République et aux siens ;

- Pour certains c’est l’ethnie car un certain nombre de partis d’opposition n’existent que dans et pour une région donnée.

4. Tous des Bongo en puissance ?

Nous reprochons aux Bongo de confisquer le Gabon alors que nous agissons exactement comme eux. Les Bongo font semblant de crier à l’Unité Nationale sous la férule de leur PDG, alors qu’ils gèrent tout à partir d’un petit groupuscule ethnique.

Les Bongo disent qu’ils ont créé un parti des masses alors que c’est une organisation d’infantilisation de populations réduits à la mendicité électorale, alors que c’est une plate-forme ou règnent des gens pervers qui terrorisent les Gabonais (de l’intérieur surtout) et les obligent à se comporter comme des esclaves.

Les tournées du PDG sont par exemple un des plus accélérateurs de l’expansion du VIH au Gabon ou des grossesses précoces. En résumé, le Parti – État qui martyrise le Gabon depuis des décennies, a une organisation apparemment nationale mais en réalité ethno-régionaliste, le PDG c’est la dictature à tous les étages et enfin c’est le centralisme pyramidale qui fait qu’un seul règne sur les mentalités de la masse. C’est dramatique et cela créé de la peur, du culte de la personnalité et donc des freins à la créativité. On prône l’unité nationale mais au fond de soi on pense d’abord à sa tribu, son clan sa famille et en réalité d’abord à soi.

5. L’Union Nationale est un concept à ne pas galvauder

J’ai tenté l’aventure de l’Union Nationale car je me suis aperçu que les dictatures qui avaient plus ou moins réussi leur mutation comme l’Union Soviétique ou l’Afrique du sud avaient pu le faire grâce aux dissidents du pouvoir en place : Gorbatchev a dirigé le Parti Communiste de l’URSS avant de libérer son pays et Frederik Willem de Klerk, le dernier chef d’État de l’Afrique du sud raciste, a rompu sincèrement avec l’Apartheid pour négocier avec Nelson Mandela.

Plutôt que de rester éternellement sur le coup d’état électoral de 2009 d’Ali Bongo, nombreux sont ceux qui s’attendaient à un contrat de confiance entre leaders de l’UN. Nous avons rêvé à une organisation politique qui ne ressemble pas au Parti Démocratique Gabonais :

- Un parti qui responsabilise les Gabonais via de vrais réseaux et des activités socio-économiques ;

- Un parti dont la Présidence trace de grands axes et que le Secrétariat exécutif met vraiment en œuvre à travers des antennes efficaces et des outils d’information ou de contrôle ;

- Un parti où chaque militant se sent responsable de la structure et peut prendre des initiatives dont les dirigeants peuvent s’inspirer ;

- Un parti ou il n’y a pas de culte du Chef mais des objectifs précis et quantifiés à réaliser ;

- Un parti avec des cercles de réflexion, des commissions, des clubs, des associations et des mouvements autonomes qui favorisent le dynamisme des populations et la prise en main des situations locales par les principaux concernés ;

- Un parti qui imagine le Gabon de demain dans 20, 40 ou 100 ans, ce qui implique de passer au clair tous les dossiers brûlants du Gabon à commencer par les Institutions, l’économie, la défense, les relations avec la France et le monde, l’Union Africaine, la gouvernance , le social car comment entrainer une population qui n’a plus de perspective ?

- Un parti qui travaille sur le réel et qui communique vers les Gabonais de façon claire ;

- Un parti sans mini-dictateur à tous les étages ;

- Mais surtout un parti qui fasse marcher ses statuts avec des représentations à l’extérieur, des cellules efficaces sur le terrain en plus des experts qu’il possède en abondance ;

- Un parti qui blinde sa sécurité et qui n’a pas peur de déléguer du pouvoir ;

- Un parti qui respecte tout le monde (même les humbles) et renonce aux techniques des PDGistes : intimidation, délation, magouille, manipulation ou mensonges.

6. Union Nationale : La réforme ou la mort !

Je suis au regret de le dire mais si l’UN ne se réforme pas au plus vite l’UN mourra de sa belle mort parce qu’il n’y aura plus personne pour la suivre. Ce serait regrettable pour le Gabon, les militants, l’UGDD, le RNR mais aussi pour le combat de ce grand vice-président qu’à été Pierre-Claver Zeng et qui nous a mystérieusement quitté si tôt.

Je souhaite que l’UN se reforme au plus vite et que la volonté de le faire soit affichée avant toute décision du Conseil d’État, car unis, même un refus de réhabilitation par le Conseil d’État ne nous ferra pas reculer. C’est au Président de l’Union Nationale de créer les conditions de la confiance. En principe il devait m’inviter au Gabon pour une raison qui lui est propre. Nous avons besoin de lancer l’Union Nationale comme une machine décentralisée qui délègue fortement, pour montrer notre confiance aux Gabonais. Il n’est pas normal qu’un Parti fonctionne au ralenti en l’absence d’un de ses dirigeants.

Je dis aussi qu’il n’était pas utile d’en arriver à la dissolution de l’Union Nationale. Et je dis encore que cette question du Gouvernement parallèle parasite le parti et ne rime à rien. Et je dis pour finir qu’il n’était pas utile d’entrainer les gens sur des chemins qui ne mènent nulle part. Je n’ai pas envie de rire quand des gens ont perdu leur travail et je ne veux pas d’une hypocrisie qui laisserait à penser que tout va mieux dans le meilleur des mondes. Un parti politique comme l’Union Nationale ne peut pas discuter stratégie avec des mouvements qui vont s’allier avec le PDG et un parti politique ne doit pas baser sa stratégie ultime sur des ONG.

Le premier qui dit la Vérité doit-il être exécuté comme dit la chanson ? C’est possible mais ce ne sera pas moi. On dira il veut traverser le Rubicon, il veut de l’argent, il veut aller avec Mamboundou mais comme d’habitude on se trompera d’individu. N’est-ce pas le lot de l’engament public, que de nourrir la rumeur ? Ave crux Spes Unica !


Bruno Ben MOUBAMBA

dimanche 17 juillet 2011

Les Syriens devront se débrouiller seuls

« Pourquoi intervenir en Libye, mais pas en Syrie? » La question se pose avec acuité depuis que les massacres en cours à Deraa, Homs, et ailleurs dans les villes syriennes se poursuit, avec des histoires d'horreur sans doute pires que celles qui nous provenaient de Libye, début mars, avant l'intervention occidentale : protestataires désarmés, arrosés de balles, encerclés par les chars, privés d'eau et d'électricité, femmes et enfants tués, etc.

Des histoires qui – si l'on utilise l'intervention en Libye comme base de comparaison « morale » – justifieraient que l'on accoure aujourd'hui pour aider ces populations en danger, ainsi que le stipulent les principes officiels de l'ONU sur la « responsabilité de protéger », adoptés en 2005.

Mais bien sûr, il n'y aura pas d'intervention militaire occidentale en Syrie, quelle que soit l'étendue du massacre perpétré par la dictature de Bachar el-Assad. Fin avril, le compte était d'au moins 500 morts, auxquels on peut ajouter, pour la seule journée du 29 avril, une cinquantaine de nouvelles victimes à Deraa, au sud du pays.

Des raisons de ne pas intervenir

Quelques raisons expliquent qu'on intervienne en Libye, mais pas en Syrie :

La Libye a beaucoup de pétrole, la Syrie presque pas (argument faible, mais entendu fréquemment).

La Libye n'est pas un « noeud » diplomatique comme la Syrie.

La Syrie est une véritable puissance régionale, avec une armée de 300 000 soldats.

Avec la « mission » en Libye, l'Occident a déjà donné et n'a plus de réserves pour intervenir ailleurs... même si cela paraît moralement justifié et nécessaire.

La Chine et la Russie, après s'être abstenues de mettre leur veto à l'intervention en Libye, ne s'en priveront pas pour la Syrie.

La Syrie, malgré son positionnement traditionnellement anti-occidental et anti-israélien, est un pays paradoxalement « respecté et respectable », qui a toujours été traité avec considération, y compris par Washington, Paris... sans oublier Moscou, l'éternel ami.

Pourquoi? Regardez une carte : la Syrie est située à un confluent géographique, à la lisière d'Israël, du Liban, de la Turquie et de l'Irak. Alliée de l'Iran, et intermédiaire entre ce pays et ses importants « clients » que sont le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. Un pays-mosaïque, avec des minorités multiples, chrétienne, druze, kurde... et la minorité dominante, celle de la famille élargie de Bachar el-Assad : les Alaouites (secte dissidente du chiisme), qui avec à peine plus d'un dixième la population, a confisqué le pouvoir et le conserve depuis 40 ans.

Sans oublier la majorité sunnite, qui compose plus des deux tiers du pays, et dont le mouvement actuel – selon certaines interprétations « ethniques » de la révolte syrienne – pourrait constituer un « réveil sunnite » à tonalité religieuse.

Il existe toutefois une interprétation alternative, qui voit plutôt dans cette révolte un « réveil syrien », démocratique et citoyen – en phase avec le Printemps arabe. Un mouvement de toute la société contre la dictature, qui unifierait aujourd'hui cette mosaïque contre le régime en place.

Lu sur une affiche, durant une manifestation en banlieue de Damas, dans une image transmise par Twitter : « Vendredi saint. Une seule main, un seul peuple, un seul coeur, un seul but. » Sous-entendu : tous ensemble, chrétiens, sunnites, druzes, etc., pour la chute du régime et la démocratie.

L'insaisissable régime syrien

Quoi qu'il en soit de la nature exacte de cette révolte – dont plusieurs détails nous échappent encore, pour cause de black-out officiel – le régime de Damas a presque toujours échappé au jugement des autres États. Exception à cela : sa retraite précipitée du Liban, en 2005, après l'assassinat de Rafic Hariri, a représenté une rare défaite dans l'histoire de la diplomatie syrienne.

Malgré les horreurs et les crimes de ce régime, comme le fameux massacre de Hama, en février 1982 (20 000 morts) où l'on avait écrasé une révolte massive, inspirée à l'époque par les Frères musulmans, malgré les rapports répétés d'organisations comme Human Rights Watch et Amnistie internationale, la Syrie s'en est toujours tirée à faible coût, et a continué à être considérée comme un interlocuteur important et valable... Juste avant que n'éclate le « Printemps arabe », Washington, par exemple, était en plein processus de rapprochement avec Damas.

Pourtant, en quoi a consisté, depuis des décennies, la stratégie diplomatique fondamentale des el-Assad père et fils? Pour l'essentiel, à se tenir au milieu de la place, comme un Sphinx, à ne rien dire ou presque, à ne rien faire ou presque... et à laisser les autres attendre, espérer et faire des suppositions.

Ce faisant, la Syrie conservait un considérable pouvoir de « nuisance stratégique ». Ses dirigeants donnaient toujours à penser que la réforme s'en venait, qu'elle était imminente, que Damas allait enfin bouger, faire la paix avec Israël, se détacher peu à peu de l'Iran au profit des Occidentaux, ouvrir son système politique interne, etc.

Chaque fois, c'était un mirage... et chaque fois, on recommençait! Mais aujourd'hui, on peut penser que cette réserve de patience et de complaisance s'est épuisée. Mais sans pour autant que l'Occident, au-delà de quelques sanctions, n'intervienne directement.

Enregistré le 24 avril par la BBC, ce cri de désespoir d'un habitant de Deraa, la ville martyre où tout a commencé, et où, au moment d'écrire ces lignes, tout continue : « Laissez Obama venir et prendre la Syrie. Laissez Israël venir et prendre la Syrie. Laissez les Juifs venir. Tout cela est mieux que Bachar el-Assad! »

Il n'y a aucune chance pour qu'un tel appel soit entendu. Mais il reste possible que la dynamique interne de la dictature, aujourd'hui bien mise à nu et incontestable, ne la mène à sa perte... sans intervention extérieure.


Radio Canada

mercredi 13 juillet 2011

Quand l'Union Nationale bouge, les émergents deviennent fous.

Les populations de Bitam rigolent encore du comportement surprenant et ridicule du Président du Conseil Départemental, Mr Pierre Ngoua Obiang qui face au succès de la mobilisation des partisans de l'Union Nationale a mis en marche sa tronçonneuse pour couper des arbres imaginaires. Un peu plus tôt le matin, il parait que c'est le Préfet qui aurait enlever sa veste pour se battre avec des jeunes au motifs que le meeting ne devait pas se tenir sur ses terres. Dans l’émergence, il semble que le ridicule ne tue plus. Voici comment des grands intellos, des pères de famille se rabaissent pour s'ajuster au standard de l’émergence.

Mike Jocktan

mardi 12 juillet 2011

Le gabonais qui veut le changement politique doit se préparer à la révolte.

Comme tous les peuples, nous sommes nés avec les aptitudes pour nous épanouir et connaître le bonheur. Pourtant, la méconnaissance de nous-mêmes et de la réalité politique dans laquelle ont vécu nos pères nous ont conduits à vivre dans une forme de gouvernance monarchique. Nous avons été incultes à comprendre que nous avions entre nos mais les clefs de la porte d’un meilleur destin politique. À la fois citoyens et sujets, nous avons vécu dans des contradictions et des confusions des genres politiques. Nous dénoncions les situations qui nous ont plongés dans la misère, en même temps et malgré les afflictions de la misère, à chaque élection nous courions soutenir ceux qui étaient la source de cette même misère. En fait, de nos contradictions et de nos confusions, en dépit des douleurs dont nous souffrions et, cette volonté de mimer la vie du citoyen libre que nous lorgnions en Occident, nous nous sommes interdits d’élever la voix et le bras pour dire que nous souffrions et que nous voulions une autre gouvernance. C’était l’époque Omar Bongo.

En vérité, la nature du régime politique, bien qu’autoritaire, alliait dans l’exercice du pouvoir des modes de fonctionnement de l’État qui, malgré les douleurs vécues, les récriminations faites sur la gestion politique, financière et économique du pays, entraînait des contentements de ceux qui étaient en mesure de contester le pouvoir avec véhémence. Le pouvoir Omar Bongo offrait en effet des soupapes desquelles certains en sont arrivés à se dire on va encore faire comment. Le chef de l’État prenant de l’âge, la séduction incestueuse construite avec l’ensemble des leaders politiques, même de l’opposition, malgré le dépérissement continuel du pays, avait conduit certains à se dire qu’il fallait peut-être le laisser au pouvoir et attendre que le temps finisse par avoir raison de lui.

Lorsque comme par le fait de la prédestination, on annonça le décès d’Omar Bongo, plusieurs y ont vu la fin d’une époque. Des énergies nouvelles prirent forme et hardiesse. De nombreux compatriotes ont estimé effectivement que le Gabon devait entrer dans une ère politique et économique nouvelle. Le pays n’allait certainement pas, du jour au lendemain, devenir le paradis sur terre. Du moins, nous espérions que les jalons de la construction d’un Gabon nouveau prennent racine pour les creusets des fondations des soubassements de ce pays que nous rêvions dans nos supplications d’un meilleur avenir. Nous voulions l’institution d’un État de droit, des élections transparentes : une personne un vote; une justice susceptible de proclamer les réels résultats du vote des gabonais; une égalité politique de tous les citoyens afin que tous assument leurs devoirs envers l’État et jouissent pleinement de leurs droits démocratiques. Alors que nous pensions à cela, certains ont décidé de nous déposséder de nos rêves, de nos existences citoyennes pour nous maintenir dans la soumission de leur volonté politique. Ils sont déterminé à organiser la vie politique du pays en fonction de ce qui leur convient et continuer à faire de nous des sujets comme cela c’est toujours fait.

À la différence de l’époque Omar Bongo, nous ne sommes pas nos pères. Ils ont tout accepté. Nous volons la liberté politique. Nous la revendiquons. La liberté politique est la possibilité d’agir selon sa propre volonté sans que celle-ci ne soit entravée par le pouvoir d’autrui. Elle est le droit d’un citoyen de définir son avenir et l’avenir de son pays. Cette liberté est inaliénable car elle est le fondement de la citoyenneté.

Assurément, quand le pouvoir institue une organisation et un fonctionnement politique de l’État qui favorisent la dépossession de son être politique et de sa citoyenneté, il fait des individus des sujets et non des citoyens. Dans le refus de cette stigmatisation, ces individus, dans la quête de leur identité et de l’exercice de leur citoyenneté doivent être entraînés à la révolte. Parce que justement, les sentiments qui conduisent au renversement des régimes politiques naissent du renforcement de l’impuissance de se gouverner pour se donner ses propres rêves; l’impossibilité de voir les choses muer et donner un jour politique nouveau. Par rapport aux entraves à nos libertés citoyennes, il faut mettre en semence la graine qui donne naissance au renversement politique.

Ça suffit,
Ça assez duré comme ça!

Joël Mbimany-N'tchoreret

Il faut empêcher la tenue des élections législatives sans garanties de transparence.

Les Gangsters de l’État de la République des Usurpateurs tiennent à la tenue des élections législatives en 2011 sans les garanties nécessaires de transparence et d’équité quant à leur organisation et à la proclamation de leurs résultats.

En dépit du fait qu’Ali Bongo n’a pas été élu et qu’il est parvenu au pouvoir à la faveur d’un coup d’État électoral, il a échoué à donner au pays une orientation de développement socio-économique authentique : il n’a pas réussi à relance les activités créatrices d’emplois. Le taux de chômage au Gabon est d’environ 25%, pour une population active d’environ 600 000 personnes. Le système de santé est en lambeau, les résultats des examens scolaires indiquent un système éducatif à l’agonie; les quartiers connaissent des inondations à la moindre averse; le transport en commun est moribond; les embouteillages sont interminables; le coût de la vie continue d’augmenter. L’ensemble des défis socio-économiques sont à l’état, quand ils n’ont pas régressés. Le pays est dans une désolation sociopolitique. Une déshérence habite l’esprit de tous les gabonais quand à leur avenir, à l’avenir de leur pays.

Face au marasme dans lequel se trouve le pays, au-delà des sentiments que l’on peut avoir pour la personne d’Ali Bongo : positifs ou négatifs, il apparaît clairement qu’il n’a pas les compétences pour faire le relèvement de la situation politique et économique du pays. Lui et bande gouvernementale s’enferment dans des bricolages de gouvernance, dans des dédouanements et des fuites en avant pour refuser d’assumer leur incapacité gouvernementale. Malgré cela, ils veulent organiser des élections sans transparence et sans équité pour s’assurer, comme à leur habitude, des résultats qui ne reflètent pas la volonté des Gabonais, les maintenant de fait dans le désenchantement.

L’organisation et la tenue de l’élection présidentielle anticipée de 2009 a été, à dessein, un fiasco en vue de permettre la prise illégitime du pouvoir. Les Gabonais en souffrent, le pays est comme divisé par rapport à cette situation. La jonction que les Gabonais espéraient faire entre eux et leur État n’a pas eu lieu. En peuple souverain, ils sont dépourvus des capacités légitimes pour dicter leur volonté au Gouvernement, puisque le parlement actuel est incompétent à dicter la marche du gouvernement et du chef de l’exécutif illégitime.

Face à la situation de quasi marasme politique et économique, la seule manière de redonner confiance et espoir aux gabonais est de faire en sorte que les prochaines élections législatives se tiennent dans la transparence la plus éclatante. Il faut sortir de cette situation d’obscurité politique et de douleur psychosociale. Il faut amener les gabonais à attendre, même un an de plus, pour s’assurer que cette fois, tout se passe bien et que leur volonté soit entendue et proclamée.

Ce qui compte aujourd’hui en effet, au-delà de tout impératif, c’est la garantie des élections transparentes. Le pouvoir ne veut pas de cette transparente et trouve des justifications dans les délais et le faux-semblant du respect de la loi. C’est là une fuite en avant habituelle. Il jure de tenir ces élections en l’absence de toutes les garanties nécessaires de transparence et d’équité. Personnellement, je jure aussi qu’il ne tiendra pas ces élections. Je suis prêt au sacrifice de moi pour que cette fois il ne passe pas avec ses tours de passe-passe habituels.

Chaque gabonais qui veut un renversement de situation politique au Gabon doit prendre les dispositions nécessaires pour faire en sorte qu’aucune élection ne se tienne au pays sans garantie de transparence supplémentaires, aussi bien pour l’organisation, la tenue des élections que pour la proclamation des résultats du vote.

Dans chaque usine, chaque chantier, chaque foyer ou même dans chaque décharge publique, il faut faire campagne pour informer et éduquer les gabonais à la nécessité d’empêcher la tenue de ces élections sans garanties de transparence supplémentaire.

Assez, ça suffit comme ça!

Il en va de l’avenir politique de notre pays.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

lundi 11 juillet 2011

Le gouvernement d’Ali Bongo est ravi de l’échec 60% des gabonais à l'examen du BEPC

Depuis plus de 20 ans, les normes de rendement scolaire ont été standardisées en Amérique du nord afin de connaître le niveau de réussite, indicateur de l’état de santé du système scolaire, permettant de rendre compte de l’évolution des élèves dans leurs apprentissages; de pointer les cibles d’amélioration dans les programmes scolaires, l’apprentissage et l’enseignement. Pour cette raison, le niveau de rendement acceptable des élèves à un examen national, comme celui du système scolaire dans son ensemble, est fixé à 70%.

Lorsque le rendement à un examen national d’une école ou d’un conseil scolaire est dans cette norme limite de 70% ou en dessous, ne serait-ce que d’un point, les décideurs et acteurs du système scolaire sont en émoi. Des actions sont mises en œuvre pour redresser la barre. Car chacun dans son niveau de responsabilité politique et ou administrative vise au moins 80% de réussite. Un tel taux de réussite indiquant l'excellence des actions et des politiques mises en œuvre. Que ce soit dans le domaine de la santé, de l’agriculture ou celui de l’éducation, la recherche de l'excellence est la norme visée. C’est le propre de toute société démocratique. Les décideurs administratifs ou politiques doivent rendre compte de leurs actions au regard des attentes des citoyennes et des citoyens. Les décideurs politiques et administratifs savent que les citoyennes et les citoyens ne peuvent accepter des résultats à la limite de la norme et qu'ils doivent faire mieux que la norme pour mériter la confiance du public.

Le Gabon, pays non démocratique, les décideurs politiques et administratifs n’ont pas de compte à rendre aux citoyens. Ils n'ont manifestement pas besoin de la confiance du public. Ce n’est pas un processus démocratique qui les a conduits aux postes de responsabilité qu’ils occupent. C’est la dictature, la volonté d’un homme ou d’un clan. De cela, tout ce qu’ils ont à faire c’est de contenter le potentat. Le reste n’importe pas.

Les derniers résultats des examens du Brevet d'Études du Premier Cycle du second degré (BEPC) et le ravissement marqué par les responsables des examens sont illustratifs de cet état de fait. Les derniers examens du BEPC indiquent un taux de réussite moyen de 38%, en hausse de 10% par rapport à l’année scolaire 2010 – 2011. Selon gaboneco.com, ce score ravit la direction générale des examens et concours, qui évoque une «progressive recrédibilisation de l’école gabonaise et de l’enseignant gabonais». Vraiment!

Les décideurs du système éducatif gabonais sont ravis de l’échec d’environ deux tiers des élèves à un examen national. Ouf! Ah ça… on est vraiment dans les baffons! Je ne comprends pas comment ils vont pour avancer en confiance. Au Canada, un tel taux de réussite aurait valu le congédiement de plusieurs décideurs du système éducatif et la mise en place immédiate de commissions d’enquête ou de travail pour comprendre ce qui pose problème et trouver des solutions urgentes à une telle catastrophe. Au Gabon, on ne s’en émeut pas outre mesure. Pourtant ces taux d’échec élevé ne peuvent être attribués aux élèves. C’est l’échec du système scolaire, de la politique de l’éducation, du gouvernement. Alors, il faut arrêter de sourire en montrant ces dents jaunes avec ce sourire de charognard. On ne peut être heureux de cela à moins d’être une bête.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

samedi 9 juillet 2011

La nécessaire sortie du projet de l’école coloniale : plaidoyer pour une école vouée au développement de chaque gabonais

Depuis la fin des années quatre-vingt, le système éducatif gabonais est en décadence. Plusieurs réformes ont été discutées pour le permettre de répondre aux besoins de formation scolaire et universitaire susceptible de doter le pays de cadres compétents. Néanmoins, si l’on a beaucoup discuté des insuffisances du système éducatif, peu d’ancre a coulé sur les papiers pour accoucher d’une réforme conséquente. La plupart des propositions examinées ne tenant compte d’aucune ambition de développement et d’épanouissement du citoyen comme cela devait se faire. Les autorités du système éducatif se sont contentées de réciter le chapelet des énoncés de l’école moderne comme préconisés dans les pays modernes.

Dans la réalité du fonctionnement quotidien de l'école gabonaise, on a continué à mettre en place des pratiques et des ambitions de l’école héritées de la colonisation et donc des desseins mis en place par le colon pour les besoins de sa domination. Pour cela, de pronostiques à propositions de réforme, le système éducatif gabonais, au regard des ambitions que se donne toute société moderne, tourne dans le vide, se laissant décroître et rendant la qualité de formation donnée inadéquate aux besoins de développement du pays.

La difficulté de parvenir à une réforme pertinente bute à l’incapacité des responsables du système éducatif à concevoir une finalité de la mission éducative de l’école qui soit à la hauteur des ambitions d’un pays qui désire sortir du sous-développement. Cette incompétence étant elle-même liée à l’absence d’une vision effective de ce que doit être la société gabonaise : absence de projet et d’ambition engageant réellement le pays dans le développement. Conséquemment, l’école existe parce qu’il faut envoyer les enfants à l’école. Une fois à l’intérieur ou au sortir de celle-ci, on ne sait plus trop bien ce qu’il faut faire avec l’élève, l’étudiant ou le nouveau diplômé. Si l’on dit que l’école vise la reproduction sociale, le constat de l’échec de l’école au Gabon n’est donc pas étonnant. La société gabonaise étant elle-même dans une forme de dégénérescence.

Durant la colonisation, l’école avait pour mission de préparer les cadres indigènes pour soutenir l’administration coloniale dans la gestion des territoires occupés. À cet égard, puisque l’administration coloniale ne devaient retenir qu’une infime partie de la population, l’éducation a donc favorisé l’élitisme pour retenir les meilleurs produits humains indigènes. Cette mission éducative de l’école ne s’est pas effacée avec l’avènement des indépendances. Même si les projets de développement mis en place devaient conduire à bâtir la nation par une école moderne, éduquant aux valeurs de la République et aux devoirs de la citoyenneté, l’école qui sort des indépendances est résolument vouée à la formation d’une élite destinée à l’administration et à la gestion du pays comme dictée sous le maître colon. Encore qu’il faille s’interroger sur la qualité de cette administration et de cette gestion.

De la même façon que les discours sur le développement visaient à donner des rêves surdimensionnés, en parlant de l’école moderne gabonaise, le projet de l’école mise en place a montré que l’on ne savait pas ce dont on discutait. Alors que depuis les découvertes par Frenet au début du 20e siècle on parle de la construction du citoyen pour sa propre réalisation et son propre accomplissement socioprofessionnel afin qu’il se mette au service de la communauté, au Gabon, l’on institue dans les faits un cadre de rationnement du développement des intelligences, abandonnant en chemin une frange importante de la population.

Également, alors que l’on institue de l’école ailleurs comme cadre de vie devant presque se poursuivre tout au l’on de son évolution socioprofessionnelle, l’on fait de l’obtention du diplôme le bout du chemin de la formation scolaire et du développement intellectuel. De fait, on retrouve au pays des personnes aux grades universitaires éloquents mais inaptes à se prendre en main et encore moins à se mettre au service de la communauté.

Aujourd’hui, il n’est point de place pour un système éducatif figé, dans un monde en perpétuel changement. De même qu’il n’est point d’avenir pour une école qui vise à ne former qu’une élite, des diplômés sans compétences réelles. La tâche de l’école doit être d’assurer aux élèves la maîtrise des outils du savoir et de développer les aptitudes qui leur permettront d’acquérir les compétences, les savoir-faire et les savoir être indispensables à la prise en charge par eux-mêmes de leur propre accomplissement socioprofessionnelle.

En un mot, la mission de l'école, aujourd’hui et demain, est de former un citoyen qui apprend à apprendre, à agir, à être et à devenir citoyen du monde avec des rêves et des ambitions. Dans ces conditions, l’école est plus que jamais appelée à s’acquitter de ses fonctions essentielles qui consistent à développer tous les individus dans leur diversité tout au long de leur vie. Ces impératifs mettent le système éducatif dans l’obligation de procéder à la mise à niveau de toutes ses composantes : institutionnelles, pédagogiques, humaines, matérielles et visées éducatives.

Joël Mbiamany-N'tchoreret
Diplômé de sciences politiques
Enseignant et chercheur en psychopédagogie

jeudi 7 juillet 2011

Construit à la hâte, le toit du stade s'effondre


Une partie du toit du stade du club de soccer du FC Twente, à Enschede, aux Pays-Bas, s'est effondré jeudi vers midi (10 h GMT).

« Je peux confirmer que vers midi, il y a eu un effondrement au stade du FC Twente », a indiqué Jan Lamberts, un porte-parole de la police. « Nous avons des gens coincés sous les décombres, mais nous ne savons pas combien », a-t-il ajouté.
Selon le site d'informations locales TC Tubandia, deux personnes ont perdu la vie, douze sont blessées et une dizaine d'ouvriers se trouveraient encore sous les décombres. Ces informations n'ont pas été confirmées par les autorités.

Un représentant du Medisch Spectrum Twente, l'hôpital local, a fait état de plusieurs personnes blessées, indique l'agence de presse néerlandaise ANP. Contacté par Reuters, l'hôpital s'est toutefois refusé à tout commentaire.

D'importants moyens ont été dépêchés sur place. De nombreux véhicules de police, de pompiers et ambulances sont ainsi arrivés sur les lieux, précise l'agence ANP. Un hélicoptère s'est également posé sur la pelouse du stade.

Les circonstances de l'accident ne sont pas encore déterminées. Des poutres se seraient apparemment brisées, entrainant une partie du toit dans leur chute. Le stade du FC Twente était en cours de rénovation, avant la reprise de la saison. « L'accident est probablement lié aux travaux sur le site », a déclaré le porte-parole de la police.

Radio-Canada.ca avec AFP et Reuters

mardi 5 juillet 2011

Quand l’idéal de la bonne gouvernance est entre ceinture et fermeture du pantalon

En postcolonie, les recettes classiques du politique se caractérisent par la question du manger, du boire et sexe (Mbembe, 1995 : 71). Ce goût pour les orifices est non seulement la résultante de la « disette » matérielle et morale, mais aussi celui du désir de majesté. Ceci s’explique par le fait que l’accession au pouvoir rime avec accès illimité aux plaisirs de la chaire qu’il faut publiquement exposer, pour être valorisé. Ainsi dans l’imagerie populaire, est considéré comme véritable homme politique, celui là qui avec du Rolex à la main, boit du vin mousseux pour s’hydrater, accompagne ses repas avec du bordeaux 1800, roule avec la Mercédès compréssor ou ML 360 dans laquelle, il tripote les vierges et/ou les épouses infidèles et vicieuses, s’habille en costume Dolce&Gabanna ou Gandoura Alphadi brodé en fils d’or, celui là qui est toujours en chaleur et a la braguette de son pantalon toujours ouverte et est prêt à « pisser le gras et la rouille » dans les mineures en plus des ses multiples épouses et concubines. C’est donc ce souci pour le rang, l’honorabilité et l’apparat qui incite certains à s’orienter dans l’entreprise politique. Dans cette logique, la finalité de l’activité politique est l’enrichissement. Les partis politiques s’identifient alors à des entreprises économiques avec le président fondateur comme directeur général et ses amis, familles des employés. C’est tout cela qui fait dire à un certain homme politique qu’on est pas suffisamment entrés dans l’histoire.

AMINA DJOULDE C