jeudi 30 juin 2011

Ben Moubamba: "Nous ne devons pas d'abord compter sur les USA, la France ou l'ONU"

Il faut être vrai avec le Peuple Gabonais et les Peuples Africains ! Les Occidentaux ont décidé de faire payer « leur crise financière » commencée en 2008 aux Africains : Lybie, Gabon, Côte d’Ivoire, Cameroun, Tchad et d’autres dont la liste devrait s’allonger dans les prochains mois. Certains d’entre nous le savent mais ne veulent pas dire la vérité !

La bourrasque des dettes-record de certains pays de l’Euro-Zone conjuguée au fait que les USA sont sous perfusion monétaire chinoise depuis des années, les y pousse et nous entrons peu à peu dans un temps de grande violence au niveau mondial, synonyme du retour de la Loi de la Jungle. L’ONU est discréditée durablement depuis son implication militaire récente en Côte d’Ivoire qui a changé son rôle de garant de la sécurité internationale ; et la manipulation des résolutions du Conseil de Sécurité en faveur de « croisades occidentales » à but de prédation universelle sur le problème libyen par exemple a fait rentrer l’Afrique dans une étape peut-être plus dangereuse que la dictature.

Les choses qui sont en mouvement ne peuvent pas être arrêtées
Nous aurons une accentuation de l’agressivité des pays Occidentaux contre des pays riches mais faibles militairement notamment en Afrique car l’Occident a faim. Comme au temps de Vikings c’est le retour du syndrome de Conan le Barbare un guerrier admirablement interprété dans les années 80 par le Terminator Arnold Schwarzenegge et qui ne croit qu’en la force des armes. La Grèce, le Portugal, l’Espagne et probablement la France pour ne citer que ces pays sont dans un surendettement tel que la guerre devient du fait de courtes vues une nécessité politique. Et tant pis pour la sécurité internationale !

Les Africains risquent d’être les principales victimes de l’agressivité occidentale et de la fragmentation à venir. Pourquoi les Africains ? Parce que ce sont les plus faciles à vaincre du fait de leurs divisions ethniques parait-il et parce que l’Occident craint plus que tout les Orientaux : Chine ou les pays musulmans du Proche et de l’Extrême Orient. Il faut voir comment quelques montagnards sur-motivés par la Religion font plier l’Armada coalisée de l’OTAN dans les montagnes afghanes depuis dix ans !? L’esprit de résistance aurait disparu en Afrique noire francophone notamment et c’est donc une cible parfaite.

Voyez donc nos frères Ivoiriens : ils ont reçu mille fois moins de bombes sur la tête que les Libyens ou les Afghans et pourtant ils se sont rendus avec une extrême facilité déconcertante à l’ONUCI et aux troupes de la Licorne française. Voyez comment les chefs d’état africains francophones se sont rassemblés comme des chiens gâleux devant le Président français le 21 mai 2011 à Yamoussokro pour écouter un discours pire que celui de 2007 à Dakar ! Voyez comment ils ont été comme « émasculés » devant le monde entier ! Qui imaginerait une telle attitude venant de pays comme le Ghana, l’Afrique du sud, le Zimbabwe, l’Angola ou le Kenya ne citer que ceux-là ? Oui, nous ne sommes pas prêts de voir le Premier Ministre anglais Cameron rassembler des Présidents d’Afrique anglophone pour les humilier en leur parlant comme à des enfants …

Le problème des pays de l’Afrique francophone

Nous avons été colonisés par une puissance prédatrice, parmi les plus agressives de tous les temps (voire par exemple les guerres de Napoléon) qui ne sait qu’exploiter et prendre de force, là où il faudrait plus de commerce avec les échanges que cela implique. L’enrichissement à venir des Gabonais ou des Africains francophones restera une illusion ou une pure vue de l’esprit tant que nous n’aurons pas un environnement propice au commerce et au développement des entreprises africaines. Il ne suffit pas d’avoir des élections incontestables ou de changer de Président pour que nos pays s’en sortent. Il faut avant tout rompre avec un certain modèle français et cesser d’avoir une attitude infantile devant les intérêts occidentaux.

Comment voulez-vous qu’on nous respecte si nous ne nous respectons pas nous-mêmes m’a dit récemment une grande figure africaine. L’erreur fondamentale des groupes politiques ou des sociétés civiles de tous nos pays bordant le Golfe de Guinée est de penser que nous sommes des amis de ceux qui n’ont que des intérêts à défendre. Et on les voit prêter serment à la queue leu-leu devant des Grands Maitres de l’ésotérisme occidental sans se rendre compte qu’ils ne pourraient plus critiquer les erreurs françaises par exemple en Afrique en mettent le doigt dans cet engrenage. Or, il est évident que le bonheur des Gabonais ou des Africains en général n’est pas compatible avec l’esprit de prédation de la Françafrique, qui exclue totalement le vrai commerce et donc la fin de la mauvaise gouvernance pour un meilleur développement.

Nul ne peut donc prendre au sérieux tous les discours « pro-bonne gouvernance » qui émanent d’acteurs inféodés aux puissances occidentales, qui sont financés par des réseaux maffieux occidentaux et sont manipulés par ceux-ci, alors même que les stratégies actuelles tournent autour de la prédation des richesses africaines, car estiment les Occidentaux : les Africains surtout francophones, ne savent pas ou ne savent plus se défendre et ils auraient une organisation sociale et culturelle déficiente qui permet toutes les agressions.

Il ne s’agit que de s’accaparer toutes les richesses du Golfe de Guinée. Rien d’autre ! Si Ali Bongo leur donne des gages suffisants, il sera reçu (excusez du peu) dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche à Washington. Mais qu’est-ce que certains veulent nous faire croire ? Et ce n’est pas la petite excitation médiatique et un reportage de plus sur un média quelconque autour d’un voyage début juin 2011 d’Ali Bongo aux USA qui changera quoi que ce soit, à son intégration dans le projet global des prédateurs : la domination totale du Golfe de Guinée et la mise au pas des Nègres.

Ceux qui se sont offusqués de la visite de Monsieur Bongo à Barack Obama début juin 2011 auraient du s’inquiéter de sa réception par l’Atlantic Council le 6 juin à Washington. L’Atlantic Council est un groupe de réflexion américain sur les grands défis internationaux du 21ème siècle. Et ce n’est pas un détail ! Contrairement aux us et aux coutumes dans les dictatures africaines ou en France, un Président américain n’est pas l’alpha et l’oméga dans son pays. Ce qui compte, ce sont les intérêts américains, avant tout. Ce n’est pas une question morale sinon, il n’y aurait pas eu l’Irak et d’autres guerres.

Rompre avec une certaine hypocrisie au Gabon et en Afrique !

Les Gabonais comme les Africains doivent donc ouvrir les yeux et cesser de se comporter comme des moutons de panurge qu’on trimballe régulièrement : Les Américains comme les Français et donc les Occidentaux ne feront rien pour nous, si cela n’est pas conforme à la course aux matières premières. Il en est de même pour l’ONU, la Banque Mondiale, le FMI et de toutes les autres organisations qui comme le TPI ne servent que les intérêts de l’Occident ou d’inquisition à l’occasion.

Les acteurs politiques ou de la société civile qui voudraient (pour des raisons qui les regardent et sans doute légitimes à leurs yeux) nous jeter dans les bras de ceux qui ne cherchent qu’à nous exploiter, ne voient pas, ou feignent de ne pas voir ceci : L’Occident a déjà son pion au Gabon. Son nom est Ali Bongo Ondimba, comme Alassane Ouattara est le pion des mêmes acteurs en Côte d’ivoire ou Idriss Déby au Tchad …etc. Les déclarations concernant Obama par –ci et les réformes gabonaises par-là ne sont qu’une manœuvre de plus, pour empêcher toute RÉVOLUTION GABONAISE digne de ce nom. Ne nous y trompons, cela ne pourrait être qu’une construction de plus comme on dit, pour éviter une véritable confrontation entre les Gabonais et Ali Bongo c’est-à-dire le Système hérité de la Françafrique. Cette confrontation n’arrangerait pas les Occidentaux qui ont donc activé de nouvelles manœuvres. A cette différence-ci que le débat gabonais a été soldé en 2009 !

Ce n’est pas en 2011 que nous allons réinventer la roue au Gabon par exemple ! Ou était l’Occident en 2009 pendant le coup d’état électoral d’Ali Bongo ? Et certains Gabonais veulent nous faire croire qu’on peut faire confiance aux Occidentaux en 2011!?

J’invite les Gabonais à refuser cette imposture d’où qu’elle vienne ! Et ou donc étaient ceux qui semblent avoir de soudaines révélations pour notre pays en 2009 ? La vérité est que notre lâcheté a laissé Ali Bongo Ondimba prêter serment devant la Cour constitutionnelle du Gabon, il est donc techniquement et légalement le Président du Gabon, ainsi que je l’ai dit dans l’Affaire ivoirienne. Cela nous déplait fortement puisque nous ne reconnaissons pas son leadership mais la Loi est ainsi faite. Ceux qui « font du bruit » aujourd’hui comme on dit au Gabon, c’est en 2009, qu’il fallait empêcher la « prestation de serment » d’Ali Bongo Ondimba. Et c’était possible avec un peu plus de lucidité ! Il fallait tout faire reporter le scrutin du 30 août 2009 à une autre date, ce fut l’erreur fondamentale !

Soit ceux qui ne sont pas d’accord avec le pouvoir gabonais décident de changer l’ordre établi à leurs risques et périls ; soit il faut reconnaitre ses erreurs et prendre les décisions justes pour le Peuple Gabonais. Tout le reste n’est que de la diversion ! Comme si Ali Bongo, les siens et la Françafrique étaient des gentils qui vont nous faire des cadeaux !

Une fois pour toutes : premièrement, l’erreur de tous les acteurs gabonais en 2009 est d’avoir laissé faire la prestation de serment d’Ali Bongo ; deuxièmement, il est ridicule de vouloir une évolution positive du Gabon en n’ayant pour seule stratégie que l’Occident (qui n’a pas d’amis mais des intérêts) et des institutions qui lui sont dévouées ; troisièmement, battons – nous ou taisons nous ! Nous n’avons pas le droit d’entrainer les peuples sur des chemins qui ne mènent nulle part (en mentant tout le temps) si on n’a pas les moyens de ses ambitions. Les Gabonais ont donc raison d’être exigeants. Soit on peut, soit on ne peut pas. Personne ne peut vouloir une chose et son contraire !


Auteur:

Bruno Ben MOUBAMBA
Vice-président de l’UNION NATIONALE
bruno@moubamba.com

mercredi 29 juin 2011

Vulgarisation d’une des plus belles professions du monde : la psychopédagogie

En tant qu'enseignant et chercheur en psychopédagogie, plusieurs questions me sont posées sur ce qu’est la psychopédagogie.

La psychopédagogie est la psychologie appliquée à la pédagogie. On se rappellera que la pédagogie est l’art d’enseigner, les pratiques requises pour conduire au développement des connaissances et des savoir-faire en vue de permettre à l’individu de s’adapter à son univers et d’y devenir acteur.

En conséquence, la psychopédagogie serait l'étude scientifique des méthodes utilisées dans l'éducation et dans l'apprentissage en général. Elle est donc le fait de la psychologie cognitive (fonctionnement du cerveau) et à la didactique (étude plus particulière des méthodes d'enseignement).

La psychologie cognitive étudie les grandes fonctions psychologiques de l'être humain que sont la mémoire, le langage, l'intelligence, le raisonnement, la résolution de problèmes, la perception ou l'attention. Plus généralement la cognition se définit comme l'ensemble des activités mentales et des processus qui se rapportent à la connaissance et à la fonction qui la réalise.

Outre les comportements des enseignants (dans les études de l’andragogie) et des élèves, les psychopédagogues étudient des populations particulières dans leur rapport au développement des connaissances scolaires, notamment celle des enfants en difficultés de comportement et d’adaptation scolaire ou les difficultés d’apprentissages scolaires.

De même, elle ouvre des horizons pour étudier les difficultés ou les défis que rencontrent les enseignants, pour conduire les élèves à leur plein potentiel de développement et d’apprentissage.

Dans ce contexte, le champ de la psychopédagogie englobe les disciplines de la psychologie, comme la psychologie du développement de l'enfant et de l'adolescent ou la psychologie sociale et même de la psychologie de l’adulte lorsqu’elle étudie les méthodes et les processus d’apprentissage des adultes.

Pour cela, le champ d'études de la psychopédagogie est constitué d'ensembles validés de concepts, de connaissances et de modèles qui aident à mieux comprendre la personne en situation d'apprentissage ainsi que l'éducateur qui intervient auprès de qui veut apprendre.

On y étudie les modèles généraux d'enseignement et d'apprentissage qui commandent des stratégies éducatives générales ou spécifiques. La formation de psychopédagogue dans la plupart des universités nord américaine est de 5 années d’études consécutives lorsqu’on se destine à la pratique ne milieu de scolaire et de 10 années d’études lorsqu’on se dirige à la recherche et à l’enseignement universitaire dans ce domaine, soit 5 années d’étude jusqu’au niveau du Master plus 5 années d’études et de recherche en doctorat.

Le programme (baccalauréat nord américain) d’études de premier cycle universitaire qui conduit à la formation de psychopédagogue est de 90 crédits, environ trente cours ou une durée de formation de 3 ans. Il faut ajouter à ces trois années d’étude, généralement, deux autres années de Master.

Pour être admissible au programme de Master, dans la plupart des universités, le candidat doit être titulaire d'un baccalauréat, ou l'équivalent, qui comporte une préparation pertinente à la spécialité choisie et avoir conservé une moyenne de cheminement académique, selon le cas échéant, de 70% ou l'équivalent.

Dans certains cas, notamment pour le candidat dont le baccalauréat n'est pas en éducation, une scolarité complémentaire ou probatoire de premier cycle (pouvant atteindre 15 crédits ou 5 cours) peut être imposée par la direction de programme.

Les secteurs d’activités ou débouchées en psychopédagogie

Santé, médico-social et thérapie : les hôpitaux généraux et psychiatriques, les dispensaires d’hygiène mentale, les hôpitaux de jour, les services de la PMI, l’exercice en libéral ;

Justice, insertion et secteur social : psychologue à l’aide sociale à l’enfance (ASE), expert auprès des tribunaux, médiateur familial, aide aux victimes, conseiller professionnel ;

Éducation, pédagogie, soutien : psychopédagogie, conseiller d’orientation-psychologue, psychologue scolaire, psychologue de l’éducation ;

Les ressources humaines en entreprise : responsable de formation, chargé de recrutement, DRH, chasseur de tête, chargé de relations Écoles/Entreprises, chargé de bilan de compétences, graphologue, formateur, ergonome, coach, conseiller professionnel, psychosociologue des organisations…

La recherche et l’enseignement : laboratoire de recherche des universités, CNRS, EHESS.

La prévention : au service de grandes causes nationales comme la protection de l’enfance;

L’humanitaire : participation à des missions humanitaires (guerre, catastrophe naturelle…).

dimanche 26 juin 2011

Jacob Zuma, à travers l'Union Africaine rappelle l'OTAN à l'ordre

Le président sud-africain a condamné dimanche la tournure de l'opération de l'OTAN en Libye, rappelant aux alliés qu'ils n'ont pas le mandat d'assassiner le dirigeant Mouammar Kadhafi.

À l'ouverture des discussions du comité des médiateurs de l'Union africaine (UA), M. Zuma a fait part de la « préoccupation » du comité et de l'Assemblée de l'UA à l'égard des « bombardements continus de l'OTAN », soulignant que « la finalité de la résolution 1973 [des Nations unies] était de protéger le peuple libyen et faciliter les efforts humanitaires ».

Réunis à Pretoria, les chefs d'État de l'Afrique du Sud, du Congo, du Mali, de l'Ouganda et de la Mauritanie doivent revoir les efforts de médiation pour dénouer la crise libyenne.

Samedi soir, la rébellion libyenne a indiqué attendre rapidement une offre du régime pour mettre un terme à la guerre, qui dure depuis plus de quatre mois.

Pour dénouer l'impasse, l'UA a suggéré une « feuille de route » qui a été acceptée par Mouammar Kadhafi, mais rejetée par les insurgés. Cette démarche comprend un cessez-le-feu et une période de transition qui doit conduire à des élections démocratiques.

Affrontements au sud de Tripoli

Pendant ce temps, des combats à l'arme lourde se déroulaient dimanche matin à quelque 50 km de Tripoli dans une plaine entre les montagnes berbères, tenues par les rebelles libyens, et la capitale, fief du régime, a indiqué un journaliste de l'AFP.

Des tirs soutenus de roquettes Grad et de mitrailleuses lourdes résonnaient jusqu'à Yefren, une quinzaine de kilomètres au nord. Selon les insurgés, les affrontements avaient lieu à Bir Al-Ghanam, au nord de Bir Ayade, une localité aux mains des rebelles sur la route de Tripoli.

Les combattants de la rébellion ont gagné du terrain sur les montagnes berbères la semaine dernière en prenant le contrôle de la région allant de Zenten à Yefren, quelque 80 km au sud de la capitale. À la fin du mois d'avril, l'Alliance atlantique avait mené des raids aux alentours de Bir Al-Ghanam.

Retrouvailles dans la capitale

Un bateau affrété par le Comité international de la Croix-Rouge a accosté à Tripoli avec à son bord 106 personnes qui étaient coincés dans le fief rebelle de Benghazi depuis le début du conflit.Les larmes aux yeux, un homme dans la cinquantaine attendait sa soeur et sa mère sur le quai. « Je ne les ai pas vues depuis quatre mois et les communications sont très difficiles avec Benghazi. Dieu merci. Le cauchemar est fini », a-t-il déclaré.

source: www.radio-canada.ca

samedi 25 juin 2011

Accepter l'usurpation du pouvoir c'est accepter de corrompre la loi fondamentale du pays!

C’est peut être exagération de ma part que de devoir écrire constamment sur ces choses qui n’occupent en rien mon activité professionnelle. Je me gênerai presque de l’agacement causé chez certains de parcourir ces discours souvent mal construits, si de la peine qui m’habite, je n’avais été forcé de devoir prendre parole pour dénoncer ces gangsters politiques qui se disent nos gouvernants. J’y trouve dans cet exercice non pas un plaisir mais un sacerdoce pour ceux qui refusent de parler parce que pudiques ou ne peuvent le faire du déficit du temps, de l’énergie, du défaut de l’esprit ou même du courage.

Mon état d’exilé politique et mon aversion pour la forfaiture sont cause du refus du silence. Je serais le dernier des patriotes si de l’opposition à l’injustice fait au peuple par ces brigands politiques, je faisais l’économie de la dénonciation en forçant mon cœur et ma raison au silence. Quelle quiétude pourrais-je en tirer! J’écouterais un sentiment qui n’est ni douceur ni paix de l’âme, mais faiblesse et lâcheté d’esprit, en m’empêchant de remplir ce devoir auquel tout citoyen, patriote devrait être assujetti.

L’on peut considérer que rien d’important n’est dévoilé dans mes dires. J’en conviens. Tout dépendra alors de ce que l’on considérera important. La légitime gouvernance du peuple et son sort, l’exposé de quelques injustices, la réfutation des mensonges d’État; tout cela n’est rien d'inconsidérable pour mériter l’attention de personnes vouant leur esprit à des choses plus pressantes comme trouver dans l’immédiat à manger pour leurs enfants, devoir soigner ou trouver des soins pour redonner de la santé à des proches souffrant terriblement.

Néanmoins, si mes sujets sont petits, les objets qu’ils traitent sont grands, et dignes de l’attention de tout citoyen doté d'un esprit patriotique: la liberté politique, le libre choix de ses gouvernants, le respect de la loi justement et moralement établie, voilà, pour qui que vous soyez, ce qui n’est pas au-dessous de vous et devraient d’autant plus vous concerner, car il s’agit bien de votre existence citoyenne. Elle n’est pas monnayable, échangeable ou objet de compromission.

Cher amis, chers compatriotes,

Non, je ne vous blâme point de votre silence ou de point vous joindre ouvertement à ce combat de la libération politique de notre nation. Je vous blâme pour la confusion dans laquelle vous vous complaisez, en renvoyer dos à dos les acteurs politiques: entre ceux qui souhaitent la libération politique du pays et ceux qui ont décidé pour vous de votre destin politique sans même dédaigner lancer un regard dans les souffrances qui affligent au quotidien les nôtres, les vôtres, vous-mêmes.

Oui, les usurpateurs émergents disent qu’ils feront des choses. De cette promesse, vous êtes tentés à la compromission de votre citoyenneté pour des rêves utopiques. Et même si ces rêves étaient réalistes, le gain gagné n’a aucune commune mesure du sacrifice que la nation devra payer un jour. La citoyenneté d’un individu est son être politique et social, on ne peut s’en défaire, sans se défaire soi-même. Nous nous sommes données des règles en 1958 à la proclamation de la République; lors du grand débat de la Conférence Nationale nous avons opté pour une certaine vision de cette Loi; de même, lors des Accords de Paris, nous avons convenu d'un certain consensus. Par votre silence vous avez décidé de mettre tout cela aux orties et donner la République au premier venu qui a montré ses crocs.

Vous trouvez raison pour justifier votre lâcheté de dire «mais lui au moins essaie de faire quelque chose». En tenant de tels propos, vous agissez comme si l'on parlait du vole d'une vache, comme si nous étions encore à l’époque d’Omar Bongo. Omar Bongo est mort et son époque devrait mourir avec lui. Il n’y a aucune raison de le ressusciter. 40 années d'un pouvoir personnel c’était déjà trop. Pourquoi ressasser tout cela. Au moment venu, chacun assumera sa part d’héritage de ces 40 ans de sorcellerie politique. Nous n’en sommes pas là, pour le moment du moins.

Vous devez comprendre que l’enjeu politique qui occupe notre pays aujourd’hui n’est pas celui d’un choix d’un individu contre un autre, d’un parti politique au détriment d’un autre.

Il s’agit du choix de la liberté politique contre la confiscation du pouvoir politique; du développement du pays à partir de nos aspirations, de nos besoins de vivre en commun, en communauté contre un développement d’un individu qui, en quête de légitimité, brade les richesses du pays pour sa reconnaissance politique internationale et de son égo; c'est le choix d'un pays où la séparation des pouvoirs sera effective pour garantir l’égalité des citoyens, la légalité des actes politiques et la justice pour tous contre le choix d’un pays où un seul individu concentre entre ses seules mains l’ensemble des pouvoirs de l’État pour agir selon son bon vouloir et souvent en toute illégalité. Voilà ce qu'est l'enjeu de la lutte politique dans notre pays aujourd'hui.

Même l’homme le moins juste, du fait de sa soumission aux contraintes de la vie, quand il constate des situations contre nature, voit rarement les choses de façon tordue. Il les voit comme la raison et la morale le lui dictent. Je ne vous oblige pas à l'adhésion d'une thèse contre une autre. Je vous invite au bon sens. Est-ce normal qu'un seul individu décide de marcher sur la Constitution, viole la loi pour devenir président et changer cette Loi suprême pour se maintenir au pouvoir?

Je comprends que certains, pour des motifs dont eux seuls connaissent les fondements, faisant fi du bon sens, ont décidé de faire confiance au maitre usurpateur et de fermer les yeux sur le respect des lois de notre pays. Franchement, cela m’est insupportable au plus haut point. Moins par le manque d’affection que l’on peut éprouver pour une personne que la dénaturation de la loi de la République, de la Loi suprême à laquelle nous sommes obligés du simple fait de la brutalité de l’auteur de cette contrainte.

Ce qui fait un pays est sa loi suprême : la Constitution. Même sous Omar Bongo, une certaine observation de la Constitution était de mise. De fait, Omar Bongo savait très bien que son fils était adopté. Pour diriger ce pays, il avait accepté le principe de la citoyenneté de naissance pour être candidat à l'élection de président de la République. Il l’avait fait pour cause. S'il voulait que son fils adoptif le succède, il n'aurait pas accepté une telle disposition, tout puissant qu'il était. Malgré ce garde-fou, Ali est passé à travers les mailles du filet.

Aujourd’hui une plainte est déposée devant les tribunaux gabonais contre ceux qui ont permis une telle forfaiture de ce produire: les traites de la Nation. Elle porte sur des allégations sérieuses, remettant en cause et de façon irrémédiables la crédibilité de l'ensemble nos institutions.

Même si les faits allégués dans cette plainte sont inexacts, l’existence en elle-même de cette plainte, de par la nature des accusations qu’elle révèle, est quelque chose d’extrêmement grave. Le devoir d’un président légitimement élu garant du respect de la Constitution serait d’apporter, toute affaire cessante, les clarifications nécessaires pour apaiser les craintes légitimes des compatriotes. L’obligation de tout citoyen également, partie constitutive du pouvoir souverain, est de solliciter et d’obtenir ces clarifications. Dans cette sollicitation, il ne faut rien y voir d'autre que la quête de la justice.

«Le premier et le plus grand intérêt public est toujours la justice. Tous veulent que les conditions soient égales pour tous, et la justice n'est que cette égalité. Le citoyen ne veut que les lois et que l'observation des lois. Chaque particulier dans le peuple sait bien que s'il y a des exceptions, elles ne seront pas en sa faveur. Ainsi tous craignent les exceptions. Qui craint les exceptions aime la loi».

La loi est la même pour tous les citoyens dans une République qui se respecte. C’est elle qui garantie l'égalité de tous et la justice pour tous: les veuves et les orphelin y compris. Si un citoyen en venait à se placer au dessus de la loi et qu’un autre citoyen, conscience de cette situation, en vienne à se taire, il fait compromission de sa citoyenneté. Il peut dès lors se faire traiter comme une bête, car il a tout simplement perdu son droit d’être citoyen en se taisant.

Ali Bongo doit montrer le document d’origine de son acte de naissance. Il faut l'exiger, c'est une obligation citoyenne. Se taire devant cette chose c’est accepter une exception de la loi, c’est dire que ce que prescrit la Constitution, un individu peut ne pas le respecter. À partir de cette acceptation, nous vendons notre âme.

En effet, Ali Bongo se trouve justifier dès lors de faire des lois qui servent sa propre cause. Ces lois-là ne visent pas à servir le peuple. S'il veut des lois, ce n'est pas pour leur obéir, c'est pour en être l’arbitre. Il veut des lois pour se mettre à leur place et pour se faire craindre en leur nom. Il se sert des droits qu'il a pour usurper sans risque ceux qu'il n'a pas. Comme il parle toujours au nom de la loi, même en la violant, quiconque osera aller contre sa loi sera l’ennemi de l’État, son ennemi. Également, tous ceux qui lutter contre son usurpation, il les fera considérer séditieux, des rebelles : ils doivent aller en prison, ils connaissent la procédure dit-il.

Peu importe ce qu’Ali Bongo proposera comme politique, tout patriote ne devra jamais l’accepter aussi longtemps qu’il n’aura pas présenté le document d’origine de son acte de naissance et qu’il n’aura pas prouvé hors de tout doute qu’il est né gabonais.

Joël Mbiamany-N'tchoreret

L'USURPATION DU POUVOIR DU PEUPLE

«Le premier et le plus grand intérêt public est toujours la justice. Tous veulent que les conditions soient égales pour tous, et la justice n'est que cette égalité. Le citoyen ne veut que les lois et que l'observation des lois. Chaque particulier dans le peuple sait bien que s'il y a des exceptions, elles ne seront pas en sa faveur. Ainsi tous craignent les exceptions et qui craint les exceptions aime la loi. Chez les chefs c'est tout autre chose : leur état même est un état de préférence et ils cherchent des préférences partout. S'ils veulent des lois ce n'est pas pour leur obéir, c'est pour en être les arbitres. Ils veulent des lois pour se mettre à leur place et pour se faire craindre en leur nom. Tout les favorise dans ce projet. Ils se servent des droits qu'ils ont pour usurper sans risque ceux qu'ils n'ont pas. Comme ils parlent toujours au nom de la loi, même en la violant, quiconque ose la défendre contre eux est un séditieux, un rebelle : il doit périr ; et pour eux, toujours sûrs de l'impunité dans leurs entreprises, le pis qui leur arrive est de ne pas réussir. S'ils ont besoin d'appuis, partout ils en trouveront. C'est une ligue naturelle que celle des forts, et ce qui fait la faiblesse des faibles est de ne pas pouvoir se liguer ainsi».

Rousseau, Lettres écrites de la montagne, Neuvième lettre,(1764) ; édition Gallimard ; Bibliothèque de la Pléiade ; page 891

L'usurpateur agira en douce, faisons attention

« Le premier secret pour diriger les hommes et d’être maître de l’opinion publique est de semer la discorde, le doute et créer des points de vue opposés, le temps nécessaire pour que les hommes, perdus dans cette confusion, ne s’y retrouveront plus et soient persuadés qu’il est préférable de ne pas avoir d’opinion personnel quand il s’agit des affaires de l’État ».Adaptation de la vieille maxime des empires romains : ″ Diviser pour régner″.

Ainsi, agira-t-il comme un homme nouveau et se posera à ses adversaires en les faisant passer maîtres du système contesté. Quand on sait que dans la nouvelle oppsoition 90% des gens sont acteurs politiques nouveaux, on comprend vite que le PDG est encore composé à 95% des maîtres du système contesté.

« Le deuxième secret consiste à exacerber les faiblesses humaines, toutes les mauvaises habitudes, les passions et les défauts jusqu’à ce que règne une totale incompréhension entre les gabonais. Il s'agit de déshabituer les gens à penser par eux-mêmes : […] on occupera leur esprit à des joutes oratoires qui ne sont que des simulacres […] jusqu’au moment où ils en seront tellement lassés qu’ils perdront en dégoût tous les orateurs, de quelque bord qu’ils soient ».

Après avoir décrédibilisé les opposants dit naturels, on parlera du repli identitaire pour faire naître le doute de l'action de contestation émise contre l’usurpation du pouvoir.

« Il faut combattre les fortes personnalités qui sont le plus grand danger. Si elles font preuve d’un esprit créatif, elles ont plus d’impact que des milliers d’hommes laissés dans l’ignorance. »

Ainsi, il fermera les journaux qui tentent de maintenir éveillés les esprits contre l'usurpation politique et ses origines identitaires.

Nous avons le devoir de percevoir dans ce que dit ou fait le maître de l'usurpation du pouvoir une stratégie de manipulation des consciences des gabonais. Évitons de suivre et de croire ces discours de la légitimation de l'usurpation.

vendredi 24 juin 2011

La fleur de Lys

Après les grands désastres nés du bruit des armes,
De l’égoïsme, de la haine, de la jalousie
Des chaires desséchées et des liquides rouges
Enfuis dans la terre deviennent engrains de la vie
Des fleurs sont apparues pour porter haut
Et montrer la beauté des corps détruits
Comme d’une renaissance des âmes

Ne falait-il pas, que montrer la beauté
Où le mal s’était incrusté et fait ravage de la vie
Le sens de l’odorat devait lui aussi témoigner
De ce que le sens de l’ouïe avait découvert

Par-delà la perte de vie de la chaire
Une fleur se levant dans le soleil écarlate
Tombant les peines à la vue de la beauté florale
Le ciel l’accueille de ses mains nuageuses sans haine
Pour transporter vers d’autres terres les graines de la semence
Pour faire multiplier la beauté dans l’ouïe et les arômes de la vie

Délicate senteur, embaumant nos tristes narines
Pour les soulager des odeurs des affres,
De la tristesse de la vie triste nos narines
Elle sait que la femme triste la caressera,
Que l’homme seul, sans pudeur, la déshabillera de sa capeline
Et y verra à travers son corps nu le secret de la vie
Par lequel il transmettra en geste d’amour les dires de ses songes
Porteuse de la vie, des rêves, des désires, de la paix et de l’harmonie
La lys sera à ce moment là le relais d’un échange de souhait
Ainsi, sera-t-elle semence éternelle de vie câline

Prenant la revanche sur la haine, l’égoïsme, l’égo
Elle évoquera alors le miracle de la Renaissance
À un peuple aveugle qui dort au pied du secret de la vie
Entre les humains, elle professera les passage de la bible ignorés,
Tellement la haine à fait vie dans nos âmes.

La beauté qu’elle rappelle,
La recherche de son parfum,
Malgré nos discours discourtois,
La quête de la vigne de la vie sera,
De l’harmonie de la paix naitra.

Acceptez cette fleur de moi en signe de mon affection
Pour vous tous, enfants de la terre

Joël Mbiamany-N’tchoreret

jeudi 23 juin 2011

Le système éducatif gabonais n’est pas bâti pour la réussite scolaire de tous les élèves

Le mois de juin est la période de l’évaluation scolaire dans la plupart des pays du monde : évaluation des apprentissages mais également évaluation des enseignements. En un mot évaluation du système éducatif dans son ensemble. Malheureusement dans notre pays quand le rendement scolaire des élèves est déficient ou qu'il y a des fraudes aux examens nationaux, on accuse les élèves de manquer d’intelligence ou d'être malhonnête au lieu d’accuser la défaillance du système scolaire.

Pourtant, depuis la deuxième moitié du 20e siècle, l’école, un peu partout en Occident, fait l’objet de nombreuses critiques (Gauthier et Mellouki, 2006; Frigaard, 2008). La formation reçue par les élèves est jugée inadéquate (Duke et Hochbein, 2008). La programmation scolaire ou la qualité de l’enseignement en seraient responsables (Airini, McNaughton, Langley et Sauni, 2007). Les programmes scolaires semblent inadaptés (Schweitzer, 2008) et l’on reproche aux enseignants de manquer d’efficacité dans leurs interventions pédagogiques (Morgan et Bourke, 2008; Hamano, 2008). Pour remédier à la situation, des réformes de l’éducation ont été entreprises dans la plupart des pays industrialisés entraînant des redéfinitions de la mission éducative de l’école (Hanson et Hall, 2005; Irons et Harris, 2006; Salinas, 2008 et Allen Hurt, 2008). Les finalités de l’éducation qui en ont résulté ont provoqué une révision des curriculas et une mutation de l’activité de l’enseignement. On a décidé de faire de l’enseignement une profession au lieu d’un métier (Day, 1999 et Robards, 2008) pour la rendre plus efficace.

Au Gabon, rien de tel n’a été fait. On enseigne au Gabon en 2011 comme l’on enseignait à l’époque des missionnaires jésuites. Dans ce texte, nous faisons état des causes de la mutation de l’activité de l’enseignement de métier à profession pour montrer l’archaïsme dans lequel est plongé le système éducatif du pays et la principale cause de son échec à faire connaitre des rendements scolaires satisfaisants à nos enfants.

Contrairement à bien des pays où l’éducation a connu des réformes conduisant à changer aussi bien la mission éducative de l’école, les programmes scolaires, les méthodes d’enseignement et d’apprentissage, au Gabon l’enseignement est resté une activité artisanale, dépourvue d’un savoir-faire pour affronter les défis de l’heure de l’éducation en vue de l’amélioration l’apprentissage des élèves.

Un système éducatif héritier des traditions du 18e siècle

Notre système éducatif est en effet héritier de la finalité de l’éducation telle que formulée par le projet de la modernité au 18e siècle : éduquer le citoyen aux maximes de la raison en lui instruisant les connaissances sur les phénomènes de la réalité (Condette, 2007). Pour cela, la formation à l’enseignement a été une démarche d’acquisition du raisonnement pédagogique. Elle repose sur trois aspects: les connaissances savantes, les connaissances pédagogiques de la matière et les connaissances psychologiques de l’assimilation des connaissances (Mialaret, 1977). La formation aux connaissances savantes vise les études des grands auteurs et un apprentissage des matières allant de la grammaire à la rhétorique, le tout, complété par la philosophie et les sciences (Galarneau, 1978). Mialaret (1977) note une volonté de doter l’enseignant d’une culture générale. Sans être spécialiste, l’enseignant fait preuve de connaissance générale dans les divers aspects de la connaissance. De plus, la formation à l’enseignement informe comment sélectionner les composantes de la matière transmissible et le mode d’organisation des hiérarchies des connaissances; les séquences de présentation des éléments de la connaissance; les formes et les figurations qu’elles doivent prendre; les procédés ou illustrations (images, métaphores, analogies, exemples, etc.) qui sont de nature à favoriser l’assimilation des connaissances. Outre la connaissance de la matière et sa pédagogie, la formation des enseignants s’appuie sur les connaissances psychologiques de l’assimilation des connaissances (Dubé, 1996). Soutenue par les travaux sur l’apprentissage élaborés par les béhavioristes, elle valorise l’acquisition des connaissances portant sur le contrôle de l’élève et la modification de son comportement. Elle institue l’enseignement comme axée sur la transmission des connaissances par des renforcements.

L’enseignement axé sur la transmission des savoirs et de la culture générale

De ce fait, l’enseignement de la matière emprunte un cadre de présentation magistral à partir duquel la matière est présentée aux élèves (Condette, 2007). À la suite de cette présentation et du modelage pour expliciter les notions présentées, les élèves sont invités à faire des exercices d’application, une forme de pratique autonome pour montrer leur saisie des connaissances (Boyer, 1989). Les conceptions de l’enseignement des connaissances de la matière entraînent les interventions pédagogiques qui placent l’élève en situation de réceptivité passive (Mauline, 2003 et Jeffrey 2003). L’enseignant donne à l’élève les connaissances qui doivent guider sa conduite (Médici, 1969). Bien qu’elle engendre des avantages, la pédagogie de la matière de l’enseignement magistral comporte des désavantages sur le plan de la prise en charge par l’élève de son processus d’apprentissage (Vinatier et Altet, 2008). L’élève est en situation constante de réception avec une interaction minimaliste avec l’enseignant. Il est présumé, en effet, que pour apprendre, l’élève écoute simplement les explications de l’enseignant puis reproduit ce qu’il a retenu des exercices d’application précédents (Avanzini, 1996). Sans nécessairement exclure ce type de pédagogie, de nombreuses études montrent ses insuffisances. Par exemple Avanzini (1996) Vinatier et Altet (2008) montrent que de longs et constants exposés sur la matière, plongent l’élève dans une forme de somnambulisme qui se traduit par la démotivation et le désintéressement face à ses apprentissages. Ces facteurs expliquent les causes de faible rendement de plusieurs élèves et l’échec du système scolaire. Parce que les élèves qui ne sont pas propices à ce genre d’apprentissage sont appelés à échouer.

La démocratisation de l’éducation libératrice du dogme du siècle des lumières

Le mouvement de démocratisation des esprits qui émerge à la fin des années quarante est libérateur des idées et des principes du siècle des Lumières (Léger, 1991). Les goûts et les couleurs, ça ne se discute plus. Il n’y a plus une seule culture, une seule raison et encore moins une seule connaissance (Gagné, 1999). Chacun est maître de ses propres goûts, de sa propre culture et de sa propre connaissance. Les répercussions de cette démocratisation des esprits imposent la nécessité de reformuler la finalité de l’école (Gauthier et Mellouki, 2006). Chacun se réclamant de sa propre raison et de sa propre culture, l’enseignant ne doit plus donner la connaissance, mais amener chaque individu à utiliser ses connaissances pour développer sa propre raison. Cette nouvelle finalité de l’éducation impose la réévaluation des connaissances à transmettre (Tardif et al. 1998).

Également, la libéralisation des esprits, consécutive à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et de la fin de la colonisation, voient l’apparition de représentations nouvelles de la liberté et de la culture (ibid.). L’ensemble de ces changements introduit d’autres façons d’éduquer (ibid.). En plus, le souci d’adapter l’école aux besoins nouveaux de l’éducation de l’enfant et de la société provoque l’émergence de nombreux essais de pédagogie. Selon Prolot, (1999), dans la plupart des études, on note l’éclosion d’une vision nouvelle de l’école. Elle cherche à faire barrage aux pratiques éducatives antérieures. « L’éducation nouvelle est une profonde réforme qui s’attaque au traditionalisme de la pédagogie au point qu’elle s’oppose tout simplement à l’école traditionnelle » (Prolot, 1999 p.378). Dewey, Ferrière, Montessori, Freinet, les porte-étendards et pionniers de l'éducation nouvelle considèrent l’enseignement traditionnel contraire au développement de l’esprit de l’individu. Comme alternative, ils proposent des méthodes d’enseignement qui rendent l’élève actif dans le processus d’acquisition des connaissances (Prolot, 1999). Elles favorisent l'apprentissage de la liberté. À partir du courant psychosociologique influencé par la pensée de Rogers on priorise, en effet, la liberté d’être pour valoriser sa propre culture, ses propres goûts et sa propre raison. Ainsi, l’éducation met-elle l’accent non plus sur l’enseignement mais sur l’apprentissage (Avanzini, 1996). Il s’agit d’amener l’élève à être. Pour ce faire, il est placé au centre de son propre développement. L’enseignement doit accompagner l’élève dans ce développement. Ce qui implique d’instituer une approche pédagogique davantage axée sur le développement de l’élève.

L’élève placé au centre du processus d’apprentissage

Poussées par les besoins de l’enfant et encouragées par les possibilités d’éducation révélées par les études sur le développement de l’enfant, les philosophies naissantes de l’éducation nouvelle font de l’enseignement un acte de développement intégral de l’enfant (Prolot, 1999). Il doit apprendre à devenir citoyen du monde exerçant sa liberté au service de la communauté. Il convient par conséquent de le guider. Puisqu’il s’agit de l’amener à développer sa propre culture et sa propre connaissance; compte tenu également de la diversité de la clientèle scolaire, l’école nouvelle favorise la différenciation dans l’acte pédagogique de l’enseignant. La différenciation pédagogique « réfère au métier de l’enseignant dont le principal mandat est d’accompagner les élèves dans la construction de leurs savoirs en les plaçant dans les meilleures conditions possibles» (Caron, 2008, p.3). L’élève existe avec ses désirs, ses soucis, ses richesses. Une pédagogie différenciée est un centrage sur l’apprenant et ses intérêts véritables (ibid.). Autrement exprimé, la pédagogie différenciée est une pédagogie des processus d’apprentissage : mettant en œuvre un cadre souple où les apprentissages sont suffisamment explicités et diversifiés pour que chaque élève puisse travailler selon ses propres itinéraires d’appropriation, tout en demeurant dans une démarche collective d’apprentissage. En plus, elle s’organise à partir d’un ou de plusieurs éléments caractéristiques de l’hétérogénéité des élèves : les différences cognitives, les différences socioculturelles et les différences psychologiques. Ces changements sont révolutionnaires pour les pratiques d’enseignement.

Les processus d’enseignement qui se sont focalisés sur l’apprentissage (acquisition des connaissances) plutôt que sur la transmission des connaissances sont fortement critiqués. Aux États-Unis d’Amérique, dès la fin des années quarante, des enquêtes sont menées pour expliciter la situation. Les conclusions sont sans appel. Les résultats scolaires des élèves sont médiocres (Holmes Group, 1986). Les critiques qui en résultent comparent l’enseignement des années quarante et l’enseignement avant cette période. Par rapport à l’époque antérieure, l’enseignement après les années quarante est moins rigoureux (Ibid.). Il offre aux élèves des connaissances dérisoires en lecture et en calcul. Les élèves ne savent ni lire ni écrire ni réfléchir aussi efficacement que leurs grands parents. Les insuffisances constatées dans la qualité de la formation des élèves sont attribuées aux faibles connaissances des enseignants (Ibid.). Leur formation est considérée inadéquate au regard des changements entamés dans le système scolaire (Ibid.). De nombreux rapports sont publiés pour énoncer les lacunes qui occasionnent le faible rendement des élèves (Gauthier, et. al. 1997). Les solutions qui sont mises de l’avant remettent en question les méthodes d’enseignement traditionnel.

Remise en cause de l’enseignement traditionnel

L’enseignement traditionnel vise la transmission des connaissances par un enseignement magistral (Gauthier, 1997; Gauthier et Mellouki, 2006). Il s’agit d’une communication adressée à plusieurs élèves à la fois et conduisant à un enseignement collectif. Pour apprendre, l'élève écoute les explications de l'enseignant et reproduit ce qu'il retient (Tardif, 1997). Cette pratique était aidée par le cadre de discipline auquel était soumis l’élève. Avant le mouvement de démocratisation de l’école, l'enseignement est synonyme d'autorité (Archambault et Chouinard, 2005). Le contexte social influencé par le clergé donnait lieu à une discipline personnelle et collective qui entrainait à une stricte obéissance à l’autorité. Le corps professoral, « très largement dominé, à tous les niveaux par l’Église, et la très grande majorité des enseignants appartiennent au clergé ou sont sous son contrôle. Dans les petites écoles de village, le maître, s’il n’est pas clerc, est fortement sous la dépendance du prêtre » (Condette, 2007, p.18). En fait, les valeurs de l’école et la perception de l’enseignant incarnent une autorité inspirée de celle vouée à l’Église. Archambault et Chouinard (2005) soutiennent que le vouvoiement, les coups de règle, le port de l'uniforme font partie de la vie étudiante quotidienne. Également, l’éducation reçue à la maison et les règles de fonctionnement de l’école imposent une tenue à l’élève et le disposent à l’écoute (Ibid.). La venue d’élèves de différentes couches sociales crée dans les salles de classe des dynamiques nouvelles. Elles défavorisent le maintien des règles sur lesquelles les salles fonctionnaient antérieurement. Selon Rogers (1972), si autrefois l’individu obéissait à des règles établies par la tradition et qui leur étaient extérieures, l’individu postmoderne porte en lui-même les règles auxquelles il doit obéir. L’enseignant ne peut plus imposer, mais amener l’élève à adhérer à un certain ordre.

De fait, le devoir d’obéissance qu’incarne l’enseignant et duquel il était amené à transmettre l’élève les connaissances n’est plus (Archambault et Chouinard, 2005). Le mouvement de démocratisation des esprits qui conduit à reconsidérer l’autorité de l’enseignant favorise également une remise en cause de la connaissance à transmettre (Gauthier et Mellouki, 2006). Les progrès accomplis par les sciences de l’éducation, qui valorisent le développement d’une pédagogie centrée sur l’activité de l’élève, exigent de l’enseignant de concevoir des tâches adaptées à chaque élève et le permettre de travailler à son rythme (Perrenoud, 1996). Répondre à cette obligation implique pour l’enseignant des connaissances nouvelles pour savoir organiser le fonctionnement de la classe en alliant à la fois enseignement collectif et enseignement individualisé; l’organisation des contenus en fonction des tâches d’apprentissage particulières, des besoins de chaque élèves et de ses styles d’apprentissage, et une planification de l’enseignement créant un climat prédisposant à l’apprentissage. Il convient de fait que l’enseignant de possède les connaissances pédagogiques de la présentation et de la gestion de la matière de manière motivent et intéressent les élèves. Les manquements des enseignants à ces obligations entraînent un désengagement des élèves et des rendements scolaires faibles (Viau, 1994).

La formation à la pédagogie de l’apprentissage

Les changements socioculturels qui se répercutent sur l’école à la fin des années quarante provoquent la redéfinition de l’éducation à partir des besoins du développement de l’élève (Léger, 1991). En vue de cette adaptation, les recherches sur le développement psychologique de l’enfant entraînent l’identification des connaissances susceptibles d’insuffler ce développement (Stone, 1995; McClella, 1991). Les travaux réalisés en psychologie cognitive par Piaget (1967) de même que les travaux de Vygotsky (1993) et Bruner (1967), fondent de nouveaux procédés pédagogiques. L’accent est mis sur l’apprentissage de l’élève dans une sorte de triangle reliant à la fois les connaissances de l’action de l’enseignant, les besoins d’apprentissage et les particularités, de même que les processus d’apprentissage de l’élève et les savoirs que les élèves doivent développer. Ces procédés pédagogiques exigent la détention des savoirs pédagogiques nouveaux pour utiliser ces connaissances de manière à entraîner l’apprentissage des élèves.

Également, par rapport aux responsabilités nouvelles devant structurer les finalités de la mission éducative de l’école, les politiques scolaires, le fonctionnement de l’école et l’enseignement, il est apparu essentiel de modifier l’activité de l’enseignement. Précédemment métier, il convenait qu’elle devienne une profession car elle faisait intervenir un savoir faire spécifique. Selon Freedman (1984, 1990), Clamp (1990) et Martineau (1997), la conversion de l’enseignement de métier à profession a eu pour fin le changement des méthodes d’enseignement. Elle a favorisé la mise en place des principes, des connaissances et des savoirs que doivent valoriser les enseignants dans leurs interventions pédagogiques pour améliorer l’apprentissage des élèves (Hull et Saxon 2009). En vue de la dotation de ces connaissances et de ces savoirs, la professionnalisation de l’enseignement a entrainé des réformes de la formation à l’enseignement pour conduire les enseignants à la détention des compétences professionnelles pour qu’ils agissent avec efficacité auprès de leurs élèves.

Le système éducatif gabonais est resté ancré dans la philosophie des lumières

Au Gabon, le système éducatif est resté ancré dans la philosophie de la transmission de la connaissance et du développement de la culture générale. Elle pose l’acte d’enseignement comme visant à transmettre à l’élève les connaissance alors qu’ailleurs, en Amérique du nord, par exemple, l’enseignement et l’apprentissage vise le développement des compétences par la construction des savoir-faire touchant au vécu de l’élève et à sa capacité à s’adapter à son environnement.

L’absence de réforme du système éducatif gabonais n’est pas fautive d’un manque d’ambition de changement. Les différents états généraux sur l’éducation depuis une vingtaine d’année recherchent l’arrimage de notre système éducatif aux valeurs et principes pédagogiques nouveaux. Néanmoins, cette volonté de changement ne s’incruste pas dans la culture et les mœurs des façons d’éduquer. Également, aucune politique dressant la finalité de la mission éducative de l’école n’a jamais été mise en œuvre et encore moins pensée, pour que cette quête de changement s’enracine. Les différentes tentatives de changement ont ainsi conduit à juxtaposer des philosophies d’éducation différentes : on veut développer les compétences mais on enseigne la transmission des connaissances et la dotation de la culture générale.

En définitif, de la même façon qu’il faut une révolution politique au Gabon pour tout faire repartir à zéro, il faut une rupture pour qu’une mutation de la philosophie s’opère et entraîne dans notre pays une approche nouvelle et postmoderne de l’éducation. De cela, nous verrons notre système éducatif se doter des façons de faire qui permettront de former une génération des Gabonais compétents à relever les défis du développement du pays.

Joël Mbiamany-N’tchoreret
Diplômé des sciences politiques
Enseignant et chercheur en psychopédagogie

Le Gabon fonctionne toujours à la façon de «la charrue en avant des boeufs».

L'image d'une charrue tirée par des bœufs est un symbole de logique puisqu'elle sous-entend que les éléments sont placés dans un ordre tel que le système puisse fonctionner. C'est cet aspect logique qui est mis en avant dans l'expression «mettre la charrue avant les bœufs».

En effet, cela signifie que les choses ne sont pas faites dans le bon ordre et que par conséquent, le résultat s'en ressentira forcément de façon négative. En somme, faut-il savoir s’organiser et prendre les choses par leur commencement pour les réussir.

La charrue en avant les bœufs, est un souvent utilisé pour tempérer l’enthousiasme de quelqu’un d’inexpérimenté. Au regard des résultats du développement socio-économique du Gabon et de l’état de la crise politique latente qui perdure depuis 2009, il faut croire que nous n’avons pas fait école de cette maxime.

En vérité, les slogans politiques en disent long sur l’état d’esprit de leurs auteurs. En 1967, alors que le pays ne compte véritablement qu’une route nationale et que l’on traverse tous les cours d’eau en pinasses, Omar Bongo institue la politique de Rénovation. Ouille… mais que voulait-il rénover?

Quelque dix ans plus tard, il réalise que rien n’avait été rénové. Il n'avait rien à rénover. En vue de la tenue du sommet de l’Organisation de l’Unité Afrique en 1977, il met en place, un an auparavant, la politique de Rénovation de la Rénovation. Les gabonais, à l’époque peu lettrés n’ont vu que du feu. Quelque deux décennies plus tard, quand on a fini par comprendre la tromperie des discours «de la minute du parti» et qu’eux-mêmes se rendirent compte que nous n’étions pas aussi ignorants, Omar Bongo et ses conseillers mirent en place le projet de société «les Actes pour le Gabon». Pourquoi ne pas avoir commencé en 1967 par ce projet? Peut-être, en 1993, aurions-nous rénové les acquis de ces actes. Et qu’aujourd’hui, au lieu de parler d’émergence, nous serions peut-être en train de rénover les acquis de la Rénovation. En fait, on a parlé de l'existence en projet comme si elle existait déjà: la charrue en avant des bœufs.

Incontestablement, le terme rénovation désigne les opérations par lesquelles une chose où l'un de ses éléments voit sa condition améliorée, par l'utilisation de matériaux neufs en remplacement des parties endommagées. Rénover la Rénovation, qui est une tautologie, signifié dans les effets l’idée d’un rafistolage d’un objet qui est en train de tomber en désuétude.

Il avait sans doute raison, il faut effectivement, avec le recule, savoir que vingt ans après les indépendances, le Gabon était déjà en désuétude par rapport au peu qui avait été construit. Il faut se l’avouer. À partir du milieu des années quatre-vingt, l'évolution du Gabon s'est arrêté. Le pays a entamé la chute dans les baffons de la misère, telle que nous pouvons la lire dans les actes que posent les compatriotes qui ont depuis élu domicile dans les décharges publiques de Mindoubé. Au début des années quatre-vingt-dix, Omar Bongo avait abdiqué. Il ne s’occupait même plus de la construction du pays. Seule la politique étrangère l’intéressait, pour se mêler de ce qui ne le regardait pas.

Avec le décès du grand camarade, que tous ont tout pardonné, l’heure devait être à la prise de conscience de ce qu’a été la calamité du développement du pays, de tous nos malheurs. Un grand déballage des fautes, des insuffisances des uns et des autres devant à cet égard permettre, dans une grande messe d’exorcisme de toutes les plaies que nous avons subi tant physiquement que psychologique, de nous remettre en cause, de se demander pardon et ainsi aller vers la guérison.

Nous n’avons pas eu droit à cette guérison collective. On nous a de nouveau enfoncé dans les baffons de cette misère. On a fait comme si tous ces sacrifices humains, tous ces corps trouvés un peu partout dans le pays démunis de leurs organes génitaux, ces incestes et autres actes abjectes, toute cette sorcellerie politique qui a conduit à la faillite des fleurons de l’économie gabonaise n’avaient pas été commandités, n’avaient eu lieu. Le pays souillé de-part-en-part, avait pourtant besoin, comme en Afrique du sud, qu’une discussion nationale du Grand Pardon se tienne et que le pays se lava de tous ces péchés que nous commîmes pour le gain du pouvoir quasi satanique.

Au lieu de cela, nous avons eu un enfoncement dans les baffons de ce que nous vivions déjà. Et comme pour ironiser la chose, parle-t-on d’émergence. À entendre les uns et les autres en dialoguer, c’est comme s’il s’agit d’une renaissance politique et économique. Comment renaître quand on n’a pas encore fini de mourir, qu’on est encore à l’état de l’agonie, l’avant dernier soupir retenu dans les entrailles.

Le mal qui a été fait à ce pays, à ses filles et à ses fils est toujours omniprésent. On aura bien vouloir se voiler la face, nous savons qu’au fond de nous, nous continuons à murmurer, à ressasser les douleurs de nos disputes familiales nées des accusations que nous faisons les unes contre les autres: des morts d’un tel et d’un tel autre; de la non réussite académique ou professionnelle des uns et des autres, des empêchements d’enfanter.

Les distanciations familiales observées dans les régions, dans les clans, dans les familles et dont on sait les répercussions dans la vie socio-collective ne mourront du simple fait du silence se dissiper, au contraire, la plaie béante continuera à nourrir les asticots, ceux-ci, rongeant de près ce qui reste de chaire immaculée, entrainera à l'amputation inévitable.

Pour tout cela, avant même de parler d’émergence, fallait-il parler de la reconstruction d’une base sociopolitique qui entraina l’exorcisme de toutes les rancœurs, qui dissipa les malentendus, les quiproquos. Ne nous voilons pas le visage, en l’absence de cette reconstruction sociopolitique, le pays est une chambre ou s’accumule du gaz butane et dont une étincelle favorisera l’explosion redoutée depuis ce discours sur l’Unité Nationale.

En effet, si la fin du règne d’Houphouet Boigny avait été suivie d’une réunion de grand déballage, le pays se serait évité les grands tourments qu’il est en train de vivre. Au lieu de cela, on a tout pardonné au père de l’indépendance et on a fait comme si tout avait été parfait. Or nous savons que, cette personne qui avait son palais présidentiel rattaché par un tunnel à l’ambassade de France, a soumis son pays à la domination économique et politique française. On sait ce qu’il en coûte de cette politique de soumission aujourd'hui. Les rues d'Abidjan et ces autres localités du pays vermille de soldat français, comme d'une occupation des israéliens du territoire palestinien.

En conclusion, disons que si ceux qui construisent les discours politiques du moment n’apprennent pas des erreurs du passé, nous sommes condamnés à vivre des moments difficiles. Il ne faut pas faire l’autruche, se cacher la tête dans des ambitions utopiques et faire comme si tout allait bien. Il faut penser le pays avant de mettre de l’avant des slogans politiques pour décliner ses propres rêves. Le pays ne va pas mal seulement sur le plan matériel (économique) mais sur le plan de l’être social, du vivre en soi et du vivre ensemble. Malgré le progrès que quelques-uns pourront accomplir, il continuera d’exister des rancœurs, un esprit de revanche dissimulé. Nous ne pouvons faire l’économie d’un déballage sociopolitique pour initier un autre départ politique et économique du pays. Il faut placer la charrue après les bœufs.

Joel Mbiamany-N’tchoreret

mercredi 22 juin 2011

Il faut que nous prenions conscience de ce qui se passe

Ali Bongo et Ouattara sont des chevaux de Troie dans le Golf de Guinée. Après avoir vainement tenté de nous spolier de toute notre énergie avec les programmes d’ajustement structurel, de nous enlever notre humanité par l’imposition de la misère; au moment où nous commencions à prendre conscience de nous-mêmes, du mal que nos dirigeants cause à nos nations et que nous primes la décision de nous éveiller, l’Occident parvient par des mécanismes de contrôle tels que les accusations de crime contre l’humanité, de volonté de la communauté internationale, de la démocratie, à nous prendre au piège dans nos inconsistances.

Devant la volonté manifeste de ne point céder davantage l’héritage de nos consciences, l’Occident use de ruse pour nous berner: nous imposer des chefs d’État qui agiraient pour la cause de leurs intérêts égoïstes. Il se trouve dans nos nations des individus, nos propres concitoyens de nous convaincre, comme avec les Troyens, d'accepter l'offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Le cheval est tiré dans l'enceinte de nos cités et nous faisons fête alors même que des annonces sont dites sur des accords par lesquels ces chevaux vendent nos terres aux économies de l’Occident. L'Occident fait le pari que lorsque nous serions tous plongés dans la torpeur des beaux rêves de l’émergence, nous réaliserons comme ces indiens d’Amérique que nous sommes assiégés définitivement.

À la différence des Troyens, nous sommes nombreux à savoir que tout cela est une ruse. Nous n'épargnerons aucun effort pour éveiller les consciences de nos frères que la bataille dans laquelle nous sommes engagés, de lutte politique pour la libération de nos pays est une bataille de civilisation, celle de la survie de la race. L'exemple des indiens d'Amérique est évocateur de ce qui arrivera si nous baissons la garde et suivons ces discours milieux d'émergence et autres pacotilles du genre.

dimanche 19 juin 2011

La violence, avec mort des Gabonais, semble être la seule voie du changement politique au Gabon.

La violence, avec mort d’hommes, semble être la seule voix du changement politique au Gabon. Affirmer une telle chose n’est pas nécessairement faire dans l’apologie de la violence ou ainsi inciter à la haine des uns contre les autres. Personne ne veut encourager la mort d’autres gabonais. Néanmoins, lorsque la vie correspond à l’enfer et que les comportements politiques d’une minorité constituent l’obstacle de la sortie de cet enfer, on ne peut qu'espérer qu'ils s'enlever de notre chemin. Comme ils refusent de le faire, en respectant le verdict des urnes, l’usage de la force est la seule solution de la sortie de l’enfer.

Assurément, il est une erreur chez plusieurs universitaires et hommes politiques gabonais de l’opposition véritable de croire que les hommes et les femmes politiques au pouvoir peuvent par geste de magnanimité favoriser l’alternance politique par les urnes. Il faut revenir à la réalité. Depuis les travaux de la Conférence nationale, tout a été fait pour que les voix exprimées dans les urnes gardent le silence. Qu’est-ce qu’il y a de différent cette fois pour que comme le choix politique des Gabonais sont respecté. Le pouvoir Ali Bongo est plus fébrile que celui de Bongo père. Il fera tout ce qui est nécessaire pour que les choix électoraux des Gabonais soient étouffés une fois de plus. Les bricoles de discussions sur la biométrie qui se font en ce moment sont un tour de clef de plus pour bien verrouiller la porte à l'alternance par les unes. Seuls ceux qui font le jeu du pouvoir croient en la vertu des urnes au Gabon.

Il faut se rendre à l’évidence, défaire un système politique qui plonge ses racines dans moelle épinière de nos existences socio-collectives en corrompant nos esprits ne se fera par les urnes et ce malgré la bonne volonté des uns et des autres dans l’opposition. Il y a trop d’enjeux en cause pour que les tenants du pouvoir se réveillent un matin et décident comme par commande d’une bonté divine de se défaire de leurs privilèges et de se déchoir de ce qui est leur propre existence. Croire en une telle chose, sur la seule force de l’éthique et de la morale de nos discours, s’est faire preuve d’une naïveté et d’une inconscience.

En effet, il faut se demander comment les dictateurs, alors qu’ils sentent monter la grogne du peuple ne font-ils jamais le choix de réformer les institutions politiques et judiciaires de leur pays ou de tout simplement quitter le pouvoir. En donnant suite aux revendications de leur peuples, les dictateurs se trouveraient à se détruire eux-mêmes. Leur existence étant imbriquée dans l’existence et le mode de fonctionnement des institutions politiques de leur pays, les réformer équivaudrait à les demander de se démembrer, se ruiner, voir se tuer. Voilà pourquoi certains préfèrent mourir au pouvoir que de le quitter. Pour qu’ils partent du pouvoir, il faut assurément renverser les institutions politiques. Un tel renversement ne peut provenir des urnes. Un système ne se saborde pas.

Le pays est aujourd’hui à terre. Nous enregistrons des morts par la misère tous les jours. Les gabonais de plus en plus nombreux élisent domicile dans les décharges publiques. Les Gabonais doivent pour cesser de souffrir et doivent se soulever contre les institutions actuelles et les mettre parterre. Parce que la situation est intenable pour de nombreux compatriotes.

En réalité, il n’y a que les gens ancrés au pouvoir et leurs sbires qui ne comprennent pas que la vie au Gabon est un enfer pour une multitude de citoyens. Plusieurs croient encore que la sortie de cet enfer viendra des élections ou des balades que madame Bongo fait ici et là pour rencontrer veuves et orphelins et montrer leur fils en photo faisant un don d’une maison en une indigente. Plusieurs Gabonaises et plusieurs Gabonais sont dans la précarité, sont orphelins ou veufs à cause de la misère dans laquelle est plongé le pays, notamment à cause de la mauvaise gouvernance, laquelle est indissociable de la confiscation du pouvoir par quelques-uns. Malgré l’exigence d’une véritable démocratie pour se sortir de la misère par l’existence d’institutions politiques dont le fonctionnement reposerait sur leur volonté de changement des Gabonais, les tenants du pouvoir, pour conserver leurs privilèges égoïstes, dresseront une résistance à cette soif d’une vie meilleure de tous.

Il ne fait aucun doute qu’à l’avenir, ceux qui désirent absolument le changement politique devront prendre les mesures nécessaires, sur la base des expériences passées, pour agir en conséquence. Le pouvoir qui ne faudra pas se faire déclasser augmentera la force pour résister aux actions qui seront entreprises contre lui. Si les forces du changement désirent parvenir à leurs fins, le renversement de la dictature, il faudra elle qu’elle augmente aussi l’intensité de ses revendications et demeurent ferme dans leur volonté de mutation politique.

Inévitablement, dans cette confrontation avenir des gens perdront leur vie. Chaque Gabonais doit donc être préparé à perdre, dans le combat pour la liberté politique au Gabon, des membres de sa famille. De toutes les façons, les Gabonais meurent chaque jour à cause de l’incompétence des tenants du pouvoir. Une mort par les armes de nos frères des forces armées ou une mort lente à cause de la misère, c’est la mort tout court.

Joel Mbiamany-N'tchoreret

samedi 18 juin 2011

Le Gabon un pays divisé en : entre acception et réfutation de la domination politique illégitime d’Ali Bongo

Il ne fait aucun doute aujourd’hui, le Gabon est un pays divisé en deux camps politiques distincts. Cette division ne naît pas d’une différence de position sur les philosophies des politiques à mettre en place pour le développement du pays. Il s’agit bien d’une opposition entre, d’une part, ceux qui croient que le pays leur appartient à eux seuls et qui font ce qu’il faut pour nier aux autres le droit d’existence citoyenne et, d’autre part, ceux qui considèrent que le pays appartient à tous les Gabonais et que ce fait, il faut instituer et respecter les règles de fonctionnement du pays de manière à ce que tous, chacun dans ses domaines de compétence, participent à son édification.

Il y a donc ici une opposition n’ont pas des idées politiques mais une réfutation du droit de citoyenneté d’un camp par l’autre. Naturellement, en pareille situation, il s’y développe l’intolérance politique des uns et des autres (d’aucuns parlent de repli identitaire, tout dépend de quel côté de la barrière on se situe par rapport au pouvoir). Les tenants du pouvoir sont disposés à accepter ceux de l’autre camp comme citoyens. La condition est qu’ils se plient et acceptent de reconnaître leur domination politique. Les opposants refusent de reconnaître les tenants du pouvoir parce qu’ils considèrent leur détention du pouvoir illégitime et que, en pareille circonstance justement, toute reconnaissance de la légitimité du pouvoir illégitime équivaudrait à une acceptation de la domination politique. Laquelle domination entraîne toujours l’arbitraire du pouvoir et donc des formes avérées de servitudes politiques.

Que considère-t-on d’illégitimité? En quoi requiert-elle la domination politique pour exister?

On dit d’une chose qu’elle est illégitime lorsqu’elle fonde sur ce qui est contraire aux principes naturels de son existence ou que cette existence se caractérise en dehors des règles ou des valeurs communément acceptées. En politique on parle de ce fait d’un gouvernement ou d’un pouvoir qui est constitué en dehors du respect de la loi et que son existence est une imposition contraire à la volonté du peuple comme exprimée dans les unes. Concrètement, une telle imposition nait dans la violation de la volonté du peuple. De fait, il s'enfante toujours dans la souffrance des citoyens. Pour cela, il est par nature un fait de domination du peuple.

Weber reconnait dans ses écrits que la politique est un jeu de domination par lequel les uns imposent aux autres leur volonté. Encore que depuis la démocratie athénienne, cette domination légitime du pouvoir a emporté l’assentiment du peuple et ne vise donc pas une coercition exprimant la voix du dictat politique. La domination politique d'un pouvoir politique illégitime met en place une relation de domination de maîtrise(dominus = maître) et de servitude. Elle est résultante d’un dictat : «acceptez-moi malgré vous; vous faites ce que je vous dis pour me reconnaître et reconnaitre mon autorité. Vous êtes tenus d’accepter ce qui est, sinon vous n’êtes pas des citoyens libres». Une telle situation de dictat ne vise qu’à entraîner des inégalités politiques entre les individus, entre les citoyens.

En effet, plus nous détenons un pouvoir de façon illégitime, plus nous aurions à agir comme un chien ayant entre ces canines un os usurpé. À cause de la peur de sa reconquête par le propriétaire, nous agissons férocement, inconsidérément puisqu'il s'agit d'exercer sa domination. On veut en tout lieu et en toute circonstance, montrer notre force d’anéantissement car elle seule décourage la contestation et en elle seule réside notre capacité de préservation du larcin. Par cela, aucune magnanimité de proviendra de nous dans l’acceptation de l’existence de l’autre à côté de ce qui devient devient notre manger, à moins, qu’il montre une soumission et un renoncement avérée à l’objet disputé.

C’est à ce type de domination politique prédatrice que refuse de se soumettre une certaine opposition au Gabon. Elle considère qu'une telle domination est l'existence de la subjectivité d'une personne. Elle détiendrait des pouvoirs absolus exercés toujours aux dépens d'une autre qui en serait nécessaire dépourvu et donc dans l'incapacité de se défendre ou de se protéger. Par rapport à ce pouvoir, il n’existe aucune possibilité de réel progrès du pays où les intérêts, les aspirations des individus se sont distancés, par justement ce qui a été durant près de quarante ans le pouvoir d’un seul homme.

Par conséquent, l’opposition que pratique les membres de l’Union Nationale n’est pas systématique au fait de l’existence politique d’un individu. Elle est une opposition contre le fait qu’un individu maintienne résolumment le pays dans le même chemin du monolithisme politique des cinquante dernières années.

Une autre opposition, prenant acte de la réalité des causes et forces de domination du pouvoir illégitime, elle et une partie de la population ont décidé de se rallier au pouvoir. Pour l’Union du Peuple Gabonais (UPG) et les autres partis politiques dits de la majorité présidentielle, ce ralliementa a revêtu la couverture de déclarations officielles de soumission dans les ondes publiques, chez certains citoyens, le ralliement s'institue par ce que Bourdieu appelle l’habitus du pouvoir.

Dans le fonctionnement quotidien du pays, certains individus en sont venus à agir involontairement et progressivement dans les structures sociales de l'État et donc aussi dans les structures politiques dans lesquelles se forme la domination politique illégitime. Par commodité ou ignorance, ces structures qu'ils ont incorporées progressivement leur paraissent naturelles, au point où ils ne se posent même plus la question de savoir si elles sont légitimes.

En fait, les citoyens dans la situation d’acceptation, par la résignation à la domination politique, agissent tels des sujets dans un royaume de droit divin absolu. Ils ne cherchent pas à savoir ce qui est juste, ce qui est légal ou ce qui est moral. Comme des automates, ils se soumettent ou acceptent simplement les conditions de soumission car il s’agit pour eux de tout simplement exister.

Pour ceux qui se fondent sur la loi, la morale républicaine, l’amour patriotique, il ne saurait y avoir résignation. Sinon, il faudra une fois de plus accepter le pouvoir d’un homme et de ce fait de maintenir le pays dans l’obscurantisme politique et économique comme cela l’a été sous Omar Bongo.

Ces radicaux sont d'avis qu'aucun pays ne peut se développer dans l’arbitraire politique. Ils estiemnt qu'il n’y a rien de ce que fait Ali Bongo qui est de nature à garantir les principes de démocratie et donc du développement du Gabon, au contraire. C’est effectivement dans le respect des principes démocratiques que le Gabon peut évoluer. Le respect de ces principes autorise la contradiction politique et donc fait éclore le meilleur de chaque Gabonais dans la quête du bien-être de tous.

En conclusion disons que le Gabon est divisé entre ceux qui veulent la démocratie réelle pour la participation de tous à l’émancipation du pays et ceux qui s’y opposent pour des raisons de conservation du pouvoir en vue de gérer le pays comme d’une chose qui leur appartient en propre. Cette quête de conservation du pouvoir s’exerce de façon prédatrice. Elle vise par tous les moyens à refuser aux autres Gabonais leur citoyenneté dans l’organisation et le fonctionnement politique du pays. Un tel comportement prédateur ne laisse le choix qu'entre la résignation ou les luttes politique qui inévitablement finiront par s’exprimer et trouver leur solution que dans la violation par les armes.


Joel Mbiamany-N’tchoreret

dimanche 12 juin 2011

À propos de cette confusion sociopolitique qui nous tue un peu plus chaque jour.

La situation politique et économique du Gabon est confuse... à dessein. Il s'agit effectivement de créer la confusion des sentiments : j’aime, je n’aime pas, je déteste, je ne déteste pas... Et là on en vient à dire, je ne sais pas, ça ne me regarde pas… après tout ce sont leurs problèmes… oui ça me concerne c’est de mon pays dont il s’agit. Une telle confusion ayant pour but de laisser les gens dans un déséquilibre d’esprit, vise à n’autoriser aucune réflexion d’action et de décision résolue, à ne pas faire entrer dans l’histoire… dans l'action pour la délivrance de son pays du mal politique.

En vérité, soumis au doute par rapport à soi, par rapport aux uns et par rapport aux autres, il y nait une somnolence de l’esprit, comme d’une fatigue qui paralyse tout l'intellect. Cet état endormissement, est un désordre que cause l’embrouillement des situations politiques vécues : des alliés qui se séparent sans trop comprend pourquoi; des opposants historiques qui deviennent des alliés du pouvoir sans que ce qui avait créé la situation d’antagonisme politique ne soit disparu. De la défusion des uns et de la fusion des autres, émerge chez le commun des citoyens un emmêlement entre le vrai et le faux, le réel et l’irréel, l’invraisemblance et la vraisemblance. Et de fait, on ne sait plus où donner de la tête. Les images sont floues, on voit et on entend en double : entremêlement de visages, de sons, des voix amicales, ennemies. La tête tourne sans vraiment tourner. C’est la quête du sens sans points de repère, dans ces fusions et défusions, qui crée cette sensation. Le Gabonais est dans cet état qu’on ne vit que quand on est plongé dans du valium.

En réalité, cette confusion n'est pas une émotion en soi. Elle est un état de représentation de la réalité dans laquelle on croit se retrouver. Nous sommes plongés dans un état psychosocial qui condamne dans un certain état d’esprit, engourdi face à l'inconfort de notre réalité existielle collective et individuelle:

«Je veux que le pays change, que la situation des miens s’améliore. Je ne sais pas comment cela va se faire. Je crois cette personne est la mieux à même de permettre ce changement, mais je ne crois pas en elle pour x raison. Son adversaire politique a raison, mais il n’est pas crédible non plus… Par le passé, l’autre a vendu son âme comme celui-ci vient de le faire… Ils sont tous pareils, peut être pas… celui-ci semble avoir de bonnes dispositions… Mais il parle trop et discute de certaines chose comme sait le faire un enfant… a-t-il de la maturité suffisante… Oh je ne sais plus… ils sont tous pareils… mais pas tout à fait pareil… que dire. Je ne sais pas… je ne sais plus… Je ne veux plus m’intéresser… mais je ne peux demeurer indifférent… Que faire…. merde, où va l’Afrique… où va le Gabon. C’était donc vrai que l’Afrique était mal partie!».

Non l’Afrique n’est pas mal partie… parce qu’elle n’est jamais partie… On avait dit qu’elle était partie parce que l’on avait décidé pour elle, qu’elle devait partir dans la direction de ce parcours fait de tapis roulant. On marche en effet, mais l’on marche sur place. Dans le défilement des images de la succession des saisons, nous croyons évoluer… en fait, nous ne faisons que piétiner les empreintes des pas de nos ancêtres, de nos grands parents. L’ajustement du pied dans le moule des erreurs d’autrefois, sans apprendre des expériences du passées, nous nous confortons à mimer les mêmes refrains, les mêmes gestes… ces gestes de la soumission, celle de l’éternel vente de nous-mêmes, de notre pays, de nos âmes.

Avant-hier c’était Lumumba, hier Sankara... aujourd’hui Gbagbo. Aujourd'hui comme à l’époque où commença toute cette histoire, nous n'avions pas vu l'essentiel... nous étions divisés… certains soutenant qu’il fallait l’arrêter et le tuer… d’autres avaient dit que cela n’était que nous plonger dans les grandes lamentations dans la succession du temps. Le temps qui s’est écoulé dessus, comme un fleuve à la grande saison de pluie qui quitte les berges, a nettoyé les différences de vues. Il y a unanimité maintenant: la lutte de Lumumba était la voie de l'indépendance. Quelle leçon en tirons-nous… Rien, cela ne nous sert qu’à ressasser le passé. Est-ce là notre drame? Sarkozy avait-il raison? De dire :

«Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.»

Au-delà de l’insulte de cette citation… je vois le son d’une cloche pour un réveil

La confusion dans laquelle nous sommes plongés est une étape normale d'une recherche qui n'a pas encore trouvé son aboutissement. On trouve ce type de confusion dans l'apprentissage, l'acquisition de connaissances, la démarche d'évolution personnelle, enfin, dans tout processus de changement. On pourrait comparer cette confusion à celle qu'on aurait devant un casse-tête de quelques centaines de pièces dont on ne connaîtrait pas l'image. Au début, c'est le mystère, le flou. Mais l'obscurité fait place graduellement à la lumière, à mesure que certaines parties prennent forme.

Il est naturel qu'une recherche de soi comporte une large dose d'incertitude. Comment saurais-je en effet vers quelle sphère d'intérêts me diriger avant d'avoir exploré la question? C'est la peur de l'inconnu qui nous pousse à réclamer la clarté avant que la lumière se fasse.

Le contexte psychosocial dans lequel nous sommes est typique d'une démarche générant la confusion de même que de l'insécurité qui y est généralement associée. Prendre la décision de se placer définitivement dans une posture implique une réflexion sur plusieurs dimensions. Si une fois la décision prise, la confusion s'installe, c'est que la décision a été précipitée: elle a été prise avant d'avoir fait suffisamment le tour de la question.

Aussi, je vous dis chers amis, ne doutez point de la force en vous pour faire que les choses changent. Si un camp comme l’autre ne vous plait point, créez-en le vôtre. Ce qui compte c’est d’être dans le combat pour le changement. Il faut refuser d’abdiquer et d’épouser le faut confort de sécurité que vous offre votre isolement. Vous devez vous engager, vous avez une responsabilité citoyenne. Celle de vous défaire du faux confort dans lequel vous croyez être. Ensuite engagez-vous, engageons-nous ensembles.



Joël Mbiamany-N’tchoreret

Africains que faites-vous de l’affront que vous ne cessez de subir?

«Je suis venu vous parler avec la franchise et la sincérité que l'on doit à des amis que l'on aime et que l'on respecte. J'aime l'Afrique, je respecte et j'aime les Africains.»

Quand un ami commence son propos de cette façon là, c'est qu'il va cracher sur vous...

Il n'est pas allé de main morte. Il la fait. Il nous avait pourtant averti : «Je ne suis pas venu, jeunes d'Afrique, pour m'apitoyer sur votre sort parce que votre sort est d'abord entre vos mains. Que feriez-vous, fière jeunesse africaine de ma pitié ? »

Alors je vais vous montrer comment garçon est... et là, en Côte d'Ivoire, il a carrément pissé sur nous. Et lui de rajouter : « Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s'efface pas. Je ne suis pas venu nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes».

Il a seulement oublié de dire qu’il y aura d’autres crimes.

Croyez-le ou pas, ce jour-là, lors de son discours, plusieurs ont applaudi avec des sourires d’imbéciles heureux que nous sommes. D’ailleurs, n’est-ce pas cela que nous savons faire au mieux.

Senghor l’avait dit, «l'émotion est nègre, la raison hellène».

Et comme si pisser ne suffisait pas, il a fait autre chose, caca... en explicitant:

«La colonisation n'est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l'Afrique. Elle n'est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n'est pas responsable des génocides. Elle n'est pas responsable des dictateurs. Elle n'est pas responsable du fanatisme. Elle n'est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n'est pas responsable des gaspillages et de la pollution».

Vraiment!

Il est des moments comme ça dans notre histoire où partir dans l’inconscience n’est pas que mourir un peu… c’est mourir totalement car aucune voix diplomatique, politique, gouvernementale, n'est venue distordre ce qui était dit... ces chefs d'État n'ont dit mot... Il n'avait aucun maux de tout cela.

Franchement....

Africains que faites-vous de l’affront que ne cessez de subir? Jusque quand allez-vous endurer cela?

Pourtant, il nous a presque supplié

«Car elle est l'appel à la raison et à la conscience universelles.»

Et de nous faire la leçon attendue:

« Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.»

Nous ne sommes pas dans le progrès... il avait sans doute raison... sinon comment expliquer qu'après pareille insulte, il se trouva de nombreux africains pour aller pleurnicher à l'Élysée pour devenir président dans leur propre pays... Cela ne serait jamais arrivé en Asie. Les peuples ont de la dignité.

Je ne peux que souffrir de me plaindre: pas même un petit douk-douk de Kiriku pour les chatouiller.

Joel Mbiamany-N'tchoreret

jeudi 9 juin 2011

Comment la chaine de télévision américaine ABC News a humilié Bongo Ali

Alors que le palais du bord de mer (la présidence du Gabon) annonçait avec fanfare que Bongo Ali allait jeudi 9 juin serrer la main de Barack Obama en direct sur les écrans de télévision, le journaliste Brian Ross vient verser du sable dans le gari des Bongoistes.

Voici le lien: http://www.youtube.com/watch?v=LSBIwA7xuMA

En effet, la chaine ABC, qui est le 3e plus grand conglomérat du paysage audio-visuel américain, a diffusé un reportage sans complaisance. Le reportage, qui est le résultat d'une enquête journalistique menée depuis octobre 2010, dévoile aux millions d'Américains à quel point la Maison Blanche joue un double jeu en Afrique.

Le reportage nous transporte dans un premier lieu à Beverly Hills, où, selon le narrateur "des membres du clan Bongo" se sont offert des propriétés "parmi les plus chères" au monde. Zoom sur Inge Bongo, l'épouse d'Alain Bernard, alias Ali. La gonzesse, belle taille et jolis nichons, est sur le point d'acheter une villa à 25 millions de dollars...avec l'argent du contribuable gabonais. C'était en 2005, avant que Iznogood ne devienne calife à la place de papa.

Puis on fait un bond en avant, et nous voici à Mindoubé, la décharge publique de la capitale gabonaise. On voit des dizaines de familles fouiller sous les ordures de quoi se mettre sous la dent. Le contraste est frappant. Mais le journaliste n'en démord pas. Bien au contraire: changement de décor, et nous voici à l'intronisation du koudou aux cheveux curlés. A sa gauche, Marie-Mado Mbourantsuo, la bonamie de feu papa, parée de sa toge de présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon. C'est à ce moment que le journaliste révèle aux américains que leur propre gouvernement avait mené une enquête sur l'enrichissement illicite des Bongo. En bon journaliste, Brian Ross nous informe alors qu'il a tenté à maintes reprises d'interviewer Bongo Ali, mais le bonhomme a catégoriquement refusé. Le reportage nous mène alors dans les couloirs d'un hôtel à Libreville, où un monsieur se fait pousser sur un fauteuil roulant. Il s'agit bien sûr de Marc Ona, l'un des plus grands patriotes que le Gabon ait engendré. Le journaliste lui demande de faire l'état des lieux de l'émergence. Marc, la voix posée, répond simplement: À mon avis le Gabon sous Bongo Ali est plus corrompu qu'il ne l'était à l'époque d'Omar. Le journaliste nous transporte ensuite à la Place Charles de Gaulle à Paris, où on voit l'hôtel massif que Bongo Ali s'est offert à plus de 100 millions de dollars en 2009. Il mentionne en passant le procès des biens mal acquis et on voit défiler les noms des autres suspects cités dans l'affaire: Pascaline, Arthur, Omar Denis, Jeff Thierry, Yacine Queenie... c'est donc tout le clan qui est impliqué. Puis on voit un avocat américain marteler: "Les dirigeants du Gabon sont coupables de vol à grande échelle" ("The people who are running the country are guilty of grand theft nation") Le journaliste s'interroge alors comment se fait-il que c'est ce cool-mondjers qu'on invite à la Maison Blanche. En tout cas, nous les Gabonais, nous proposons à Barack Obama de garder une fois pour toutes Bongo Ali aux USA. Engongol, donnez-lui même la citoyenneté américaine (avec enfin un véritable acte de naissance), pourvu qu'il reste là-bas pour toujours. Traduction libre inconnue Submitted by AFRO IPSO on Wed, 06/08/2011 - 22:14

mercredi 8 juin 2011

Ali Bongo et la politique étrangère de soumission du développement du Gabon aux intérêts économiques français et américains.

Nous apprenons que Monsieur Ali Bongo est aux États-Unis pour inaugurer la présidence par le Gabon du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Lors de son séjour américain, Ali Bongo sera reçu une trentaine de minutes par le président des États-Unis d’Amérique, Barack Obame.

Pour le pouvoir émergent, cette visite à la maison blanche est une occasion de marquer des points auprès de ses commettants, faisant valoir la reconnaissance par la communauté internationale de son autorité politique sur le Gabon et par laquelle il conquiert des gains pour le développement du pays. La réalité est autre.

La diplomatie que développe Ali Bongo est destinée à promouvoir ses propres intérêts en vue de faire valider par les grandes puissances son autorité politique contestée dans son pays et espérer la rendre légitime auprès de ses concitoyens par les apparitions qu’il fait à côté des chefs d’État de grandes puissances. En cela, il agit comme l’ensemble des chefs d’État africains des pays francophones.

Les gouvernements africains francophones ne détiennent pas la validité de leur pouvoir des populations dont-ils sont en commandement. Ils le détiennent des puissances étrangères qui valident la détention de leur pouvoir selon qu’ils répondent favorablement aux intérêts des grandes puissances.

Dans ce texte, nous décrivons l’essence de la politique étrangère du Gabon. Nous montrons qu’elle est la résultante d’une absence de légitimité politique du gouvernement auprès de son peuple. Pour demeurer au pouvoir obtenu par coup d’État électoral, Ali Bongo déploie une diplomatie qui recherche à l’extérieur la légitimité politique qu’il ne peut recevoir dans son pays. Dans cette quête, les intérêts des acteurs transnationaux étrangers sont favorisés au détriment du développement du Gabon. Ali Comme ces prédécesseurs pratique donc une politique étrangère de soumission.

Une politique étrangère de soumission.

La politique étrangère de soumission du Gabon a pris racine autour du contexte historique de sa naissance comme pays. Ancienne colonie française, c’est au détour de la relation de soumission-hégémonie, entre le Gabon et la France au regard des contraintes géopolitiques de la guerre froide, que cette diplomatie s’élève. Jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, elle portait sur la promotion d’un climat politique de paix favorable à l’influence de la France, et partant du bloc de l’ouest, en vue de sa suprématie dans les relations internationales.

Cette diplomatie de soumission-hégémonie était facilitée par les rapports essentiellement personnels qu’entretenaient entre eux les gouvernants français successifs et le chef de l’État gabonais, perpétuant une quasi soumission et une quasi obéissance.

Du rapport d’obéissance, les autorités politiques françaises favorisent l’accession de Léon Mba au pouvoir, celle d’Omar Bongo et par la suite celle d’Ali Bongo et les assistent par des accords de coopération qui défavorisent toute contestation armée dans l’exercice du pouvoir et pour s’en assurer l’allégeance.

Au regard du rapport de soumission, Léon Mba comme Omar Bongo devaient garantir les intérêts de la France non seulement au Gabon mais également dans les autres pays francophones d’Afrique. Cette garantie prend assise dans la préservation de l’influence de la France dans les positions diplomatiques que les États africains francophones adoptaient au regard des enjeux politiques internationales et de la coopération multilatérale mondiale.

En outre, pour le besoin de la suprématie du capitalisme français, la garantie des intérêts de la France passe par la mainmise de celle-ci sur les richesses des pays francophones. Cette mainmise résulte des liens entretenus par ce qui est communément appelé «les réseaux françafricains». Ces liens de même que les réseaux qui les entretiennent soumettent le développement du Gabon aux intérêts économiques et politiques de la France et des États-Unis d’Amérique.

Pour parvenir à une telle diplomatie, ces chefs d’État ont bénéficié du monopole du pouvoir politique que confère la concentration entre leurs mains du contrôle de toutes les institutions de l’État.

Pour Omar Bongo, le rôle du parti unique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), a été central. Le parti unique favorisant la personnalisation du pouvoir du chef de l’État, il va sans dire que les ambitions du Gabon dans le monde étaient d’abord les ambitions propres d’Omar Bongo citoyen gabonais.

Sachant que l’accession au pouvoir n’était nullement le fait du peuple, pour se maintenir le plus longtemps possible, il lui importait de jouer un rôle de premier plan dans la diplomatie internationale, notamment dans la zone d’influence internationale de la France en Afrique.

Pour un tel rôle, Omar Bongo entendait se rendre indispensable auprès de la France. De cela, grâce notamment aux ressources financières dont disposait le pays, Omar Bongo fera de la politique étrangère gabonaise une diplomatie de la porte ouverte et du dialogue en vue de s’instituer médiateur dans les conflits à l’intérieur ou entre pays africain. Par cette politique, Omar Bongo tendra l’oreille et se mettra à l’écoute des problèmes et des difficultés de tous les africains comme des européens qui s’adressaient à lui.

Par l’écoute et le dialogue, il a se construira une réelle dimension africaine régionale et sous-régionale. Il est notamment dit qu’il a été un ardent défenseur de la paix dans le monde et de la stabilité régionale. On peut néanmoins regretter que ce rôle joué par le Gabon n’est pas permis l’éclosion de grands diplomates Gabonais de renom international au regard de l’influence exercé par le Gabon dans le monde durant le règne d’Omar Bongo. La préoccupation gabonaise apparaissant obéir à un exercice de communication de relation publique des ambitions propres de la renommée du chef de l’État.

D'ailleurs, malgré le poids pesé par le pays dans la diplomatie africaine, le Gabon n’a pas fait sienne la doctrine panafricaniste. En fait, le rayonnement sous-régional et international du Gabon, assurait essentiellement l’hégémonie personnelle et égoïste du président Omar Bongo.

Effectivement, si la politique étrangère du Gabon a permis au président Bongo de devenir un interlocuteur incontournable, elle n’a pas permis la production de dividendes propres à la société gabonaise. Elle était surtout faite pour le bénéfice du président Bongo et par ricochet celui de l’intérêt de la suprématie française dans l’ordre international mondial selon l’ascendance exercée par le président Bongo dans ce qui est considéré comme la zone d’influence internationale de la France. Dans cette quête d’ascendance, il y a eu incompétence à penser à des actions diplomatiques visant la promotion du développement du pays.

Au-delà des ambitions affichées par Omar Bongo pour son propre pouvoir, l’absence d’une réelle politique de positionnement du Gabon pour son développement est liée à la question de l’indépendance politique effective du pays. Le Gabon étant, par les réseaux occultes, encore rattaché à l’accomplissement des intérêts de France. Nous savons que dans un tel contexte, toute politique étrangère indépendante est impossible. De la même façon, toute légitimité politique qui puise sa source dans la souveraineté du peuple est improbable.

Le rendez-vous manqué d’une diplomatie nouvelle

Avec le décès du président Bongo, nous nous attendions à ce que la donne de validation politique de la légitimité politique de l’État gabonais change. Et que le peuple décida de qui devait gouverner. Dans son euphorie, le peuple avait négligé les réseaux occultes françafricains dans leur volonté de préservation de la mainmise sur le pays.

Pour cette mainmise, le choix d’Ali Bongo est apparu naturel pour la France. Outre le fait que s’était le fils du président, qu’il avait un contrôle sur les forces de sécurité et une réputation totalitaire ne devenir, il ne bénéficie d’aucun appui ethnique naturel. Il ne peut verser dans la politique populiste. Il n’est donc pas en mesure de se passer de l’appui de la France dans l’exercice du comme aurait pu le faire André Mba Obame ou Pierre Mamboundou Mamboundou.

Lorsqu’il parvient par le coup d’État électoral à accéder au pouvoir, il Ali Bongo avait l’ambition de développer le pays, malgré que cette ambition repose une mauvaise vision de la chose.

Pour entreprendre ses projets de développement du Gabon, les accords de coopérations économiques avec la France ayant montré leurs limites, il convenait d’aller au-delà de la France en vue de disposer des ressources financières dont le pays a besoin pour son décollage économique. Il fallait donc offrir les ressources du Gabon aux les plus offrants pour les investissements et le développement du Gabon. Il avait misé sur les ressources financières d’investisseurs provenant de pays émergents : Malaisie, Chine, Brésil, Afrique du sud, Inde, etc.,

Afin d'obtenir ces ressources et des prêts financiers pour la construction des logements sociaux, des routes, des usines pour la transformation des matières premières, etc., dans ses négociations, il avait mis sur la table les bloques pétroliers offshores du pays. Sous le jeu de l’offre et de la demande exercé à travers des enchères, il entendait créer une concurrence entre les investisseurs intéressés. En procédant par un processus d’enchères, il espérait obtenir de l’argent liquide. L’idée de l’avenir en confiance avait son origine dans cette perspective d’investissement.

Seulement voilà, en procédant, par exemple, par des enchères pour arriver à des contrats de gré à gré sur l’exploitation du pétrole gabonais, Ali Bongo remettait en cause le monopole français sur le contrôle des matières premières du Gabon. L’aboutissement des accords économiques de gré à gré devaient à terme conduire à l’éviction des entreprises françaises du sol Gabonais et du Golf de Guinée. Ce qui fut mal perçu en France.

Des appels à l’ordre amicaux lancés dans des cocktails mondains laissaient Ali de marbre. Tout comme il fut indifférent aux déclarations faites à travers l’AFP, RFI et France 24, notamment en permettant à certains leaders de l’opposition d’accéder aux ondes de ces medias pour critiquer publiquement son amateurisme.

Au regard de ce qui commençait à apparaître comme une intransigeance de la part du numéro neuf du Gabon, des avertissements plus sérieux furent mis sur la place publique, entre autres, la diffusion de son assermentation maçonnique. De même, un documentaire de menaces en termes presque dévoilés de confier les commandes de l’État à son adversaire politique fut commandé et diffusé.

Devant la force des propos et notamment de la réussite théâtrale d’indignation des services secrets français, Ali Bongo compris que s’il voulait faire des vieux os aux commandes de l’État gabonais il fallait qu’il recule. Des signes de gage de sa repentance et sa soumission au regard de ce qui s’apparentait à un affranchissement de l’autorité et des intérêts de la France furent demandés à Paris. De passage à Paris sur son chemin pour New York, il fit révérence et promis de ne pas s’affranchir des signes du respect des intérêts français au Gabon.

Dans son souci ne pas offenser la France, les projets de l’émergence et de cet avenir en confiance : vente des bloques pétroliers offshores, la transformation du bois au Gabon avant exportation, ont été rangés dans les placards. Tout comme il est désormais exigé de la Chine de partager avec France les gains de l’exploitation des gisements de fer de Bélinga et du manganèse du Moyen-Ogooué.

Au regard de ces changements et du renoncement des stratégies d’acquisition des ressources financières pour les investissements au Gabon, le projet d’émergence se trouve privé des moyens financiers de ses ambitions. Qui avait dit à Ali Bongo que le Gabon était déjà un pays souverain qui pouvait, comme ça, un matin, décider de sa politique de développement économique et sociale.

La France et tous des pays occidentaux font face à la montée des pays émergents qui menacent plus que jamais leur puissance économique, leur domination dans le monde. Ils vont pour maintenir leurs intérêts économiques et stratégiques user de ruse, de manipulations qui conduisent à se servir des opposants comme des épouvantails que l’on brandit comme d’un joker que l’on peut faire jouer à tout moment. Ali Bongo n’a pas vu venir la France. Il a cédé.

Lorsqu’on veut affranchir son pays de la main mise des pays occidentaux, il faut au préalable accumuler beaucoup de force, de soutien et de légitimité politique. Il faut presque faire l’unanimité politique dans son pays.

De plus, il n’est un secret pour personne qu’Ali n’est pas apprécié. C’est pour cela que les Français ont misé sur lui pour remplacer Omar Bongo. Il ne peut disposer de l’appui populaire pour s’affranchir du soutien de la France. Dans son égocentrisme, il n’avait pas compris cela. Quel réveil douloureux que de se voir comme ça, en publique, agenouillé devant le blanc alors qu’il croyait le faire dans l’anonymat de ses accords et rites qui assujettissent notre pays.

Aujourd’hui, face à la menace que fait peser sur lui l’existence de l’Union Nationale, Ali Bono est dans une démarche de séduction auprès des français et des américains. On laisse entendre que lors de sa visite à la maison blanche, il donnera pour la campagne de Barak Obame environ 50 millions de dollars pour qu’il le donne la reconnaissance qu’il a besoin pour s’imposer au Gabon. C’est pour cela que lors du vote contre le chef de l’État Libyen, il a voté pour la résolution visant à bombarder le régime de Kadhafi. Pourtant, la Lybie a été bonne pour le Gabon. Il ne faut donc pas voir dans cette visite d’Ali Bongo à Washington quoi que ce soit qui soit pour le bénéfice du Gabon.

En conclusion, convenons que malgré la venue d’Ali Bongo au pouvoir, la politique étrangère du Gabon paraît toujours obligée à guerroyer sur le continent et de s’instrumentaliser dans le monde. L’existence d’une politique étrangère visant à faire la promotion des investissements au Gabon est toujours rattachée aux intérêts de l’ancienne puissance coloniale et son allié, les États-Unis d’Amérique. Le Gabon paraît ainsi désarmé pour se donner une politique des affaires étrangère axée sur ses propres nationaux qui soient de nature à favoriser son développement.

Joel Mbiamany-N'tchoreret