dimanche 12 juin 2011

À propos de cette confusion sociopolitique qui nous tue un peu plus chaque jour.

La situation politique et économique du Gabon est confuse... à dessein. Il s'agit effectivement de créer la confusion des sentiments : j’aime, je n’aime pas, je déteste, je ne déteste pas... Et là on en vient à dire, je ne sais pas, ça ne me regarde pas… après tout ce sont leurs problèmes… oui ça me concerne c’est de mon pays dont il s’agit. Une telle confusion ayant pour but de laisser les gens dans un déséquilibre d’esprit, vise à n’autoriser aucune réflexion d’action et de décision résolue, à ne pas faire entrer dans l’histoire… dans l'action pour la délivrance de son pays du mal politique.

En vérité, soumis au doute par rapport à soi, par rapport aux uns et par rapport aux autres, il y nait une somnolence de l’esprit, comme d’une fatigue qui paralyse tout l'intellect. Cet état endormissement, est un désordre que cause l’embrouillement des situations politiques vécues : des alliés qui se séparent sans trop comprend pourquoi; des opposants historiques qui deviennent des alliés du pouvoir sans que ce qui avait créé la situation d’antagonisme politique ne soit disparu. De la défusion des uns et de la fusion des autres, émerge chez le commun des citoyens un emmêlement entre le vrai et le faux, le réel et l’irréel, l’invraisemblance et la vraisemblance. Et de fait, on ne sait plus où donner de la tête. Les images sont floues, on voit et on entend en double : entremêlement de visages, de sons, des voix amicales, ennemies. La tête tourne sans vraiment tourner. C’est la quête du sens sans points de repère, dans ces fusions et défusions, qui crée cette sensation. Le Gabonais est dans cet état qu’on ne vit que quand on est plongé dans du valium.

En réalité, cette confusion n'est pas une émotion en soi. Elle est un état de représentation de la réalité dans laquelle on croit se retrouver. Nous sommes plongés dans un état psychosocial qui condamne dans un certain état d’esprit, engourdi face à l'inconfort de notre réalité existielle collective et individuelle:

«Je veux que le pays change, que la situation des miens s’améliore. Je ne sais pas comment cela va se faire. Je crois cette personne est la mieux à même de permettre ce changement, mais je ne crois pas en elle pour x raison. Son adversaire politique a raison, mais il n’est pas crédible non plus… Par le passé, l’autre a vendu son âme comme celui-ci vient de le faire… Ils sont tous pareils, peut être pas… celui-ci semble avoir de bonnes dispositions… Mais il parle trop et discute de certaines chose comme sait le faire un enfant… a-t-il de la maturité suffisante… Oh je ne sais plus… ils sont tous pareils… mais pas tout à fait pareil… que dire. Je ne sais pas… je ne sais plus… Je ne veux plus m’intéresser… mais je ne peux demeurer indifférent… Que faire…. merde, où va l’Afrique… où va le Gabon. C’était donc vrai que l’Afrique était mal partie!».

Non l’Afrique n’est pas mal partie… parce qu’elle n’est jamais partie… On avait dit qu’elle était partie parce que l’on avait décidé pour elle, qu’elle devait partir dans la direction de ce parcours fait de tapis roulant. On marche en effet, mais l’on marche sur place. Dans le défilement des images de la succession des saisons, nous croyons évoluer… en fait, nous ne faisons que piétiner les empreintes des pas de nos ancêtres, de nos grands parents. L’ajustement du pied dans le moule des erreurs d’autrefois, sans apprendre des expériences du passées, nous nous confortons à mimer les mêmes refrains, les mêmes gestes… ces gestes de la soumission, celle de l’éternel vente de nous-mêmes, de notre pays, de nos âmes.

Avant-hier c’était Lumumba, hier Sankara... aujourd’hui Gbagbo. Aujourd'hui comme à l’époque où commença toute cette histoire, nous n'avions pas vu l'essentiel... nous étions divisés… certains soutenant qu’il fallait l’arrêter et le tuer… d’autres avaient dit que cela n’était que nous plonger dans les grandes lamentations dans la succession du temps. Le temps qui s’est écoulé dessus, comme un fleuve à la grande saison de pluie qui quitte les berges, a nettoyé les différences de vues. Il y a unanimité maintenant: la lutte de Lumumba était la voie de l'indépendance. Quelle leçon en tirons-nous… Rien, cela ne nous sert qu’à ressasser le passé. Est-ce là notre drame? Sarkozy avait-il raison? De dire :

«Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.»

Au-delà de l’insulte de cette citation… je vois le son d’une cloche pour un réveil

La confusion dans laquelle nous sommes plongés est une étape normale d'une recherche qui n'a pas encore trouvé son aboutissement. On trouve ce type de confusion dans l'apprentissage, l'acquisition de connaissances, la démarche d'évolution personnelle, enfin, dans tout processus de changement. On pourrait comparer cette confusion à celle qu'on aurait devant un casse-tête de quelques centaines de pièces dont on ne connaîtrait pas l'image. Au début, c'est le mystère, le flou. Mais l'obscurité fait place graduellement à la lumière, à mesure que certaines parties prennent forme.

Il est naturel qu'une recherche de soi comporte une large dose d'incertitude. Comment saurais-je en effet vers quelle sphère d'intérêts me diriger avant d'avoir exploré la question? C'est la peur de l'inconnu qui nous pousse à réclamer la clarté avant que la lumière se fasse.

Le contexte psychosocial dans lequel nous sommes est typique d'une démarche générant la confusion de même que de l'insécurité qui y est généralement associée. Prendre la décision de se placer définitivement dans une posture implique une réflexion sur plusieurs dimensions. Si une fois la décision prise, la confusion s'installe, c'est que la décision a été précipitée: elle a été prise avant d'avoir fait suffisamment le tour de la question.

Aussi, je vous dis chers amis, ne doutez point de la force en vous pour faire que les choses changent. Si un camp comme l’autre ne vous plait point, créez-en le vôtre. Ce qui compte c’est d’être dans le combat pour le changement. Il faut refuser d’abdiquer et d’épouser le faut confort de sécurité que vous offre votre isolement. Vous devez vous engager, vous avez une responsabilité citoyenne. Celle de vous défaire du faux confort dans lequel vous croyez être. Ensuite engagez-vous, engageons-nous ensembles.



Joël Mbiamany-N’tchoreret

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