mercredi 8 juin 2011

Ali Bongo et la politique étrangère de soumission du développement du Gabon aux intérêts économiques français et américains.

Nous apprenons que Monsieur Ali Bongo est aux États-Unis pour inaugurer la présidence par le Gabon du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Lors de son séjour américain, Ali Bongo sera reçu une trentaine de minutes par le président des États-Unis d’Amérique, Barack Obame.

Pour le pouvoir émergent, cette visite à la maison blanche est une occasion de marquer des points auprès de ses commettants, faisant valoir la reconnaissance par la communauté internationale de son autorité politique sur le Gabon et par laquelle il conquiert des gains pour le développement du pays. La réalité est autre.

La diplomatie que développe Ali Bongo est destinée à promouvoir ses propres intérêts en vue de faire valider par les grandes puissances son autorité politique contestée dans son pays et espérer la rendre légitime auprès de ses concitoyens par les apparitions qu’il fait à côté des chefs d’État de grandes puissances. En cela, il agit comme l’ensemble des chefs d’État africains des pays francophones.

Les gouvernements africains francophones ne détiennent pas la validité de leur pouvoir des populations dont-ils sont en commandement. Ils le détiennent des puissances étrangères qui valident la détention de leur pouvoir selon qu’ils répondent favorablement aux intérêts des grandes puissances.

Dans ce texte, nous décrivons l’essence de la politique étrangère du Gabon. Nous montrons qu’elle est la résultante d’une absence de légitimité politique du gouvernement auprès de son peuple. Pour demeurer au pouvoir obtenu par coup d’État électoral, Ali Bongo déploie une diplomatie qui recherche à l’extérieur la légitimité politique qu’il ne peut recevoir dans son pays. Dans cette quête, les intérêts des acteurs transnationaux étrangers sont favorisés au détriment du développement du Gabon. Ali Comme ces prédécesseurs pratique donc une politique étrangère de soumission.

Une politique étrangère de soumission.

La politique étrangère de soumission du Gabon a pris racine autour du contexte historique de sa naissance comme pays. Ancienne colonie française, c’est au détour de la relation de soumission-hégémonie, entre le Gabon et la France au regard des contraintes géopolitiques de la guerre froide, que cette diplomatie s’élève. Jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, elle portait sur la promotion d’un climat politique de paix favorable à l’influence de la France, et partant du bloc de l’ouest, en vue de sa suprématie dans les relations internationales.

Cette diplomatie de soumission-hégémonie était facilitée par les rapports essentiellement personnels qu’entretenaient entre eux les gouvernants français successifs et le chef de l’État gabonais, perpétuant une quasi soumission et une quasi obéissance.

Du rapport d’obéissance, les autorités politiques françaises favorisent l’accession de Léon Mba au pouvoir, celle d’Omar Bongo et par la suite celle d’Ali Bongo et les assistent par des accords de coopération qui défavorisent toute contestation armée dans l’exercice du pouvoir et pour s’en assurer l’allégeance.

Au regard du rapport de soumission, Léon Mba comme Omar Bongo devaient garantir les intérêts de la France non seulement au Gabon mais également dans les autres pays francophones d’Afrique. Cette garantie prend assise dans la préservation de l’influence de la France dans les positions diplomatiques que les États africains francophones adoptaient au regard des enjeux politiques internationales et de la coopération multilatérale mondiale.

En outre, pour le besoin de la suprématie du capitalisme français, la garantie des intérêts de la France passe par la mainmise de celle-ci sur les richesses des pays francophones. Cette mainmise résulte des liens entretenus par ce qui est communément appelé «les réseaux françafricains». Ces liens de même que les réseaux qui les entretiennent soumettent le développement du Gabon aux intérêts économiques et politiques de la France et des États-Unis d’Amérique.

Pour parvenir à une telle diplomatie, ces chefs d’État ont bénéficié du monopole du pouvoir politique que confère la concentration entre leurs mains du contrôle de toutes les institutions de l’État.

Pour Omar Bongo, le rôle du parti unique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), a été central. Le parti unique favorisant la personnalisation du pouvoir du chef de l’État, il va sans dire que les ambitions du Gabon dans le monde étaient d’abord les ambitions propres d’Omar Bongo citoyen gabonais.

Sachant que l’accession au pouvoir n’était nullement le fait du peuple, pour se maintenir le plus longtemps possible, il lui importait de jouer un rôle de premier plan dans la diplomatie internationale, notamment dans la zone d’influence internationale de la France en Afrique.

Pour un tel rôle, Omar Bongo entendait se rendre indispensable auprès de la France. De cela, grâce notamment aux ressources financières dont disposait le pays, Omar Bongo fera de la politique étrangère gabonaise une diplomatie de la porte ouverte et du dialogue en vue de s’instituer médiateur dans les conflits à l’intérieur ou entre pays africain. Par cette politique, Omar Bongo tendra l’oreille et se mettra à l’écoute des problèmes et des difficultés de tous les africains comme des européens qui s’adressaient à lui.

Par l’écoute et le dialogue, il a se construira une réelle dimension africaine régionale et sous-régionale. Il est notamment dit qu’il a été un ardent défenseur de la paix dans le monde et de la stabilité régionale. On peut néanmoins regretter que ce rôle joué par le Gabon n’est pas permis l’éclosion de grands diplomates Gabonais de renom international au regard de l’influence exercé par le Gabon dans le monde durant le règne d’Omar Bongo. La préoccupation gabonaise apparaissant obéir à un exercice de communication de relation publique des ambitions propres de la renommée du chef de l’État.

D'ailleurs, malgré le poids pesé par le pays dans la diplomatie africaine, le Gabon n’a pas fait sienne la doctrine panafricaniste. En fait, le rayonnement sous-régional et international du Gabon, assurait essentiellement l’hégémonie personnelle et égoïste du président Omar Bongo.

Effectivement, si la politique étrangère du Gabon a permis au président Bongo de devenir un interlocuteur incontournable, elle n’a pas permis la production de dividendes propres à la société gabonaise. Elle était surtout faite pour le bénéfice du président Bongo et par ricochet celui de l’intérêt de la suprématie française dans l’ordre international mondial selon l’ascendance exercée par le président Bongo dans ce qui est considéré comme la zone d’influence internationale de la France. Dans cette quête d’ascendance, il y a eu incompétence à penser à des actions diplomatiques visant la promotion du développement du pays.

Au-delà des ambitions affichées par Omar Bongo pour son propre pouvoir, l’absence d’une réelle politique de positionnement du Gabon pour son développement est liée à la question de l’indépendance politique effective du pays. Le Gabon étant, par les réseaux occultes, encore rattaché à l’accomplissement des intérêts de France. Nous savons que dans un tel contexte, toute politique étrangère indépendante est impossible. De la même façon, toute légitimité politique qui puise sa source dans la souveraineté du peuple est improbable.

Le rendez-vous manqué d’une diplomatie nouvelle

Avec le décès du président Bongo, nous nous attendions à ce que la donne de validation politique de la légitimité politique de l’État gabonais change. Et que le peuple décida de qui devait gouverner. Dans son euphorie, le peuple avait négligé les réseaux occultes françafricains dans leur volonté de préservation de la mainmise sur le pays.

Pour cette mainmise, le choix d’Ali Bongo est apparu naturel pour la France. Outre le fait que s’était le fils du président, qu’il avait un contrôle sur les forces de sécurité et une réputation totalitaire ne devenir, il ne bénéficie d’aucun appui ethnique naturel. Il ne peut verser dans la politique populiste. Il n’est donc pas en mesure de se passer de l’appui de la France dans l’exercice du comme aurait pu le faire André Mba Obame ou Pierre Mamboundou Mamboundou.

Lorsqu’il parvient par le coup d’État électoral à accéder au pouvoir, il Ali Bongo avait l’ambition de développer le pays, malgré que cette ambition repose une mauvaise vision de la chose.

Pour entreprendre ses projets de développement du Gabon, les accords de coopérations économiques avec la France ayant montré leurs limites, il convenait d’aller au-delà de la France en vue de disposer des ressources financières dont le pays a besoin pour son décollage économique. Il fallait donc offrir les ressources du Gabon aux les plus offrants pour les investissements et le développement du Gabon. Il avait misé sur les ressources financières d’investisseurs provenant de pays émergents : Malaisie, Chine, Brésil, Afrique du sud, Inde, etc.,

Afin d'obtenir ces ressources et des prêts financiers pour la construction des logements sociaux, des routes, des usines pour la transformation des matières premières, etc., dans ses négociations, il avait mis sur la table les bloques pétroliers offshores du pays. Sous le jeu de l’offre et de la demande exercé à travers des enchères, il entendait créer une concurrence entre les investisseurs intéressés. En procédant par un processus d’enchères, il espérait obtenir de l’argent liquide. L’idée de l’avenir en confiance avait son origine dans cette perspective d’investissement.

Seulement voilà, en procédant, par exemple, par des enchères pour arriver à des contrats de gré à gré sur l’exploitation du pétrole gabonais, Ali Bongo remettait en cause le monopole français sur le contrôle des matières premières du Gabon. L’aboutissement des accords économiques de gré à gré devaient à terme conduire à l’éviction des entreprises françaises du sol Gabonais et du Golf de Guinée. Ce qui fut mal perçu en France.

Des appels à l’ordre amicaux lancés dans des cocktails mondains laissaient Ali de marbre. Tout comme il fut indifférent aux déclarations faites à travers l’AFP, RFI et France 24, notamment en permettant à certains leaders de l’opposition d’accéder aux ondes de ces medias pour critiquer publiquement son amateurisme.

Au regard de ce qui commençait à apparaître comme une intransigeance de la part du numéro neuf du Gabon, des avertissements plus sérieux furent mis sur la place publique, entre autres, la diffusion de son assermentation maçonnique. De même, un documentaire de menaces en termes presque dévoilés de confier les commandes de l’État à son adversaire politique fut commandé et diffusé.

Devant la force des propos et notamment de la réussite théâtrale d’indignation des services secrets français, Ali Bongo compris que s’il voulait faire des vieux os aux commandes de l’État gabonais il fallait qu’il recule. Des signes de gage de sa repentance et sa soumission au regard de ce qui s’apparentait à un affranchissement de l’autorité et des intérêts de la France furent demandés à Paris. De passage à Paris sur son chemin pour New York, il fit révérence et promis de ne pas s’affranchir des signes du respect des intérêts français au Gabon.

Dans son souci ne pas offenser la France, les projets de l’émergence et de cet avenir en confiance : vente des bloques pétroliers offshores, la transformation du bois au Gabon avant exportation, ont été rangés dans les placards. Tout comme il est désormais exigé de la Chine de partager avec France les gains de l’exploitation des gisements de fer de Bélinga et du manganèse du Moyen-Ogooué.

Au regard de ces changements et du renoncement des stratégies d’acquisition des ressources financières pour les investissements au Gabon, le projet d’émergence se trouve privé des moyens financiers de ses ambitions. Qui avait dit à Ali Bongo que le Gabon était déjà un pays souverain qui pouvait, comme ça, un matin, décider de sa politique de développement économique et sociale.

La France et tous des pays occidentaux font face à la montée des pays émergents qui menacent plus que jamais leur puissance économique, leur domination dans le monde. Ils vont pour maintenir leurs intérêts économiques et stratégiques user de ruse, de manipulations qui conduisent à se servir des opposants comme des épouvantails que l’on brandit comme d’un joker que l’on peut faire jouer à tout moment. Ali Bongo n’a pas vu venir la France. Il a cédé.

Lorsqu’on veut affranchir son pays de la main mise des pays occidentaux, il faut au préalable accumuler beaucoup de force, de soutien et de légitimité politique. Il faut presque faire l’unanimité politique dans son pays.

De plus, il n’est un secret pour personne qu’Ali n’est pas apprécié. C’est pour cela que les Français ont misé sur lui pour remplacer Omar Bongo. Il ne peut disposer de l’appui populaire pour s’affranchir du soutien de la France. Dans son égocentrisme, il n’avait pas compris cela. Quel réveil douloureux que de se voir comme ça, en publique, agenouillé devant le blanc alors qu’il croyait le faire dans l’anonymat de ses accords et rites qui assujettissent notre pays.

Aujourd’hui, face à la menace que fait peser sur lui l’existence de l’Union Nationale, Ali Bono est dans une démarche de séduction auprès des français et des américains. On laisse entendre que lors de sa visite à la maison blanche, il donnera pour la campagne de Barak Obame environ 50 millions de dollars pour qu’il le donne la reconnaissance qu’il a besoin pour s’imposer au Gabon. C’est pour cela que lors du vote contre le chef de l’État Libyen, il a voté pour la résolution visant à bombarder le régime de Kadhafi. Pourtant, la Lybie a été bonne pour le Gabon. Il ne faut donc pas voir dans cette visite d’Ali Bongo à Washington quoi que ce soit qui soit pour le bénéfice du Gabon.

En conclusion, convenons que malgré la venue d’Ali Bongo au pouvoir, la politique étrangère du Gabon paraît toujours obligée à guerroyer sur le continent et de s’instrumentaliser dans le monde. L’existence d’une politique étrangère visant à faire la promotion des investissements au Gabon est toujours rattachée aux intérêts de l’ancienne puissance coloniale et son allié, les États-Unis d’Amérique. Le Gabon paraît ainsi désarmé pour se donner une politique des affaires étrangère axée sur ses propres nationaux qui soient de nature à favoriser son développement.

Joel Mbiamany-N'tchoreret

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