mardi 7 juin 2011

Monsieur Ali Bongo vous mentez encore: le Gabon n'est pas un pays émergent.

Il est une erreur, presqu’une insuffisance d’esprit, que de concevoir le développement d’un pays tel un processus achevé que l’on pourrait comme cela décréter. Et de dire, voilà le Gabon est un pays émergent parce que l’on fera ceci et cela pour l’image du pays. Au-delà du ridicule de faire croire aux gens qu’ils sont dans un pays émergent, parce que dans le futur on ferra certaines choses qui n’ont rien à avoir avec leur condition de vie, l’insuffisance d’esprit est le fait que l’on conçoive ce développement tel un processus devant s’élaborer comme par osmose.

Le développement par osmose est une approche qui consiste à dire par exemple qu’en construisant des autoroutes, les gens disposeront d’une voiture pour rouler dans ces routes sans qu’au préalable ils ne disposent des moyens financiers pour s’acheter ces voitures; qu’en construisant des immeubles après avoir fait déguerpir les propriétaires des terrains, les citoyens qui vivent dans des conditions arriérées auraient subitement les ressources financières pour se les procurer et ainsi avoir un niveau de vie prospère et moderne alors qu'ils n'ont aucun emploi ni pouvoir d'achat; ou qu'en achetant un immeuble au prix le plus fort en France on ferra du Gabon subitement un pays émergent parce qu'il aura une ambassade coûteuse comme celui des pays riches, alors même que les universités devant permettre l'instruction des gens pour l'enrichissement du pays n'ont aucune bibliothèque.

Non mais…Mon Dieu, nous aurions cru que l’échec du développement conçu selon cette politique de développement par osmose faite dans les officines des Nations-Unies dans les années soixante avait permis de tirer les leçons du contre-développement des pays africains. Il faut croire que non! 50 ans plus tard, on reconfigure les mêmes recettes qui ont causé le sous-développement du Gabon et de tous ces pays francophones d’Afrique. Celui qui s’est fait décrété président du Gabon par des gens qui disent respecter la Constitution tout en faisant dans la complicité de l’usage du faux, croit qu’en planifiant le développement du Gabon uniquement à travers la construction des routes et des immeubles, il entraînerait le développement, l’émergence du Gabon comme il le dit, en confiance.

À supposer que le développement d’un pays se fasse ainsi, monsieur l’émergent confiant - encore que votre projet de construction des routes et des immeubles n’est qu’une pale image de ces immeubles et routes vus dans les pays émergents - la Corée du nord serait un pays développé au lieu d’être ce pays où les citoyens n’ont pour droit politique que celui que décrète la volonté du leader illuminé, imposant au peuple des conditions d’existence qui sied aux caprices d’un pouvoir manifestement dictatorial, et qui fait de la Corée du nord, conséquemment, un pays arriéré enfermé dans la misère.

Non monsieur l’émergent en chef, détrompez-vous, le développement d’un pays n’est pas un phénomène de la pluie qui tombe sur les gens comme pour les nettoyer de leur misère et permettre leur embellissement.

Le développement d’un pays est un processus à la fois sociopolitique, économique et culturel mis de l’avant par les gouvernants avisés afin d’entraîner les gens, de façon autonome, à des actions concrètes et continues, dans leur quotidien, en vue de favoriser chez eux des initiatives les poussant à améliorer leurs conditions d’existence. Passant d’une chose à une autre, entrainant un stade de bien-être à un autre, tel le développement d’un enfant, ces actions impulsées par les politiques de l’État agissant en facilitateur, mettraient en œuvre des transformations qui engendreraient l'enrichissement et des conditions bousculant la vie des gens vers le progrès et la modernité.

Ainsi, apprenez que s’il est d’abord le fait de l’engagement des citoyens à améliorer leur quotidien, le développement d’un pays est avant tout l’amélioration des conditions de vie des gens, laquelle est le reflet des choix des stratégies socio-économiques pour transformer fondamentalement et durablement le contexte d’existence des citoyens et donc du pays. C’est pour cela que dans un post publié en mars 2010, nous soutenions qu’il était possible d’inscrire le Gabon parmi les pays émergent en 15 années d’une stratégique de développement socio-économique autocentrée et accélérée. Nous estimions que ce développement devait néanmoins s’enraciner dans l’amélioration du bien-être des gens et non sur des actions de votre propre prestige.

En effet, contrairement à bien des pays dans le monde, le Gabon dispose des ressources essentielles dont l’exploitation intelligente est de nature à favoriser son émergence. Mais, ce n’est pas uniquement du fait de l’abondance de ses ressources que le développement du Gabon sera effectif si au préalable, une stratégie de développement conséquente n’est pas mise en œuvre.

Cette stratégie de développement doit prendre ses appuis dans une volonté ferme de préalablement changer de façon constante et durable les conditions de vie des gens. Il faut pour cela placer les citoyens dans un contexte culturel, politique et social qui les entraîne dans une mobilisation pour la prise en charge des modifications de leurs propres conditions vie et donc du développement du pays.

Joel Mbiamany-N'tchoreret

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