dimanche 28 octobre 2012

L’apologie de l’anti-dogmatisme politique.

Après la chute de l’Empire romain, le christianisme a imposé l’entendement de l’homme comme devant s’incarner dans les voies du pouvoir divin, particulièrement dans les voix de ses représentants sur terrain. Mises entre Dieu et les Hommes, étant dès lors les tutélaires de la croyance divine et, seules capables de conduire à la damnation ou au sauvetage des âmes, ces voix ont inscrit l’obéissance aux représentants de Dieu comme le seul fondement de la connaissance humaine.

Il en a résulté un dogmatisme. Lequel dogmatisme a mis certaines affirmations, avec l’interdiction de tout scepticisme, comme des vérités fondamentales, incontestables et intangibles. L'homme a dès lors été conduit à voir le monde à travers des certitudes, des vérités faites par d’autres et à y assujettir la conduite de son comportement.

L’esprit critique que lance le protestantisme dès la fin du 15e siècle, notamment ce refus de la croyance de la relation à Dieu comme devant s’assujettir à l’interprétation des tiers et de vouer à ceux-ci tout rapport leur existence à Dieu, inaugure l’ère du débat critique entre Dieu et sa propre existence. Descartes le tranche en dictant ordonnance de son jugement à tous le verdict : je pense donc je suis.

Les philosophes postérieurs à Descartes, notamment les empiristes, en faisant doctrine et jurisprudence du verdict de Descartes montreront que l’existence de la personne humaine se détermine à partir de la construction qu’il fait dans sa tête entre lui et son rapport au monde. Il n’y a donc pas une prédétermination de l’être, par laquelle, comme un automate, il répondrait à des commandes pour guider sa conduite.

Il y aurait une conscience humaine à laquelle Kant fera appelle pour instituer son scepticisme en vue de poser la thèse mécaniste d’une certitude absolue à l'égard des réalités objectives. Il posera que les réalités ne sont pas le fruit de la seule pensée des choses, mais d’une science de la raison de l’état des choses. Celles-ci ont une existence qui répond à des lois accessibles par une connaissance, celle de la raison. Nous sommes et nous savons des choses parce que nous pouvons faire usage de la raison, nous dira Kant.

Ainsi, la grande innovation du Siècle des Lumières sera d’opposer à l’obscurantisme religieux la raison comme le seul fondement de l’existence humaine. Elle seule permet de s’instituer et de se situer par rapport aux choses de l’humanité.

Seulement voilà, tout en libérant l’individu du dogmatisme religieux pour circonscrire ce qui commande l’existence humaine, les philosophes des Lumières vont nous plonger dans un autre dogmatisme : celui de la raison de la science de la modernité.

Il n’existe qu’une seule raison, de fait, il n’existe qu’une seule connaissance, une seule science, une seule culture et donc une seule liberté. De cela, les goûts et les couleurs ne doivent être discutés, car pour appartenir au monde, il faut , par l’unique raison, suivre une certaine conduite.

Ainsi, alors que nous nous serions crus débarrassés par la porte avant du dogmatisme religieux, elle nous reviendra par la porte arrière de la vertu et de la morale dire notre rapport au monde.

En vérité, en posant la vertu et la morale comme ce qui doit commander la conduite de l’homme sortie des mains de la nature, donc de Dieu, la raison humaine du bien et du mal vouera un conservatisme des valeurs précritiques. Saint Thomas d’Aquin, voyant le droit naturel comme le seul fondement de toute conduite posera, par le droit canon dont il sera le précurseur théorique le plus crédible, ce qui doit guider les lois humaines et par ricochet le comportement des individus dans leur rapport au monde.

En gardant au centre de leur raisonnement les théories du droit naturel de la vertu et de la morale comme dit par Saint Thomas d’Aquin, même s’ils ont prétendu s’en être éloignés, les théoriciens du droit positif en resteront grandement influencés. Pour cela, les lois civiles qui s’institueront par leurs plumes manifesteront un conservatisme imposant les limites des libertés d’existence. L’idée derrière cette manœuvre habilement orchestrée par les philosophes de la maison de Saint-Pierre est de concevoir que :

« Dieu ayant voulu nous confier le gouvernement de l'Église, gardienne et interprète de la doctrine de Jésus-Christ, nous estimons qu'il nous appartient, en cette qualité, de rappeler les obligations que la morale catholique impose à chacun dans cet ordre de devoirs ; de cet exposé doctrinal ressortiront, par voie de conséquence, les moyens qu'il faut employer pour conjurer tant de périls redoutables et assurer le salut de tous ».

Dès lors le conservatisme nouveau dictera à nouveau comment se conduire et comment se ternir face aux choses du monde.

Mais, incapables de jouir de ses mouvements pour évoluer vers une destinée qu’il souhaite construire pour soi, les philosophes précurseurs de l’ère de la postmodernité poseront la question de la finalité de l’existence humaine. Pourquoi existe-t-on sera la question posée. Est-on destinés à vivre pour poursuivre un but déterminé selon les règles et des normes prédéterminées.

Les théories de l’existentialisme répondront que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions. Ils s’opposeront donc à la thèse que l’essence humaine soit prédéterminée par de quelconques doctrines théologiques, philosophiques ou morales. Chaque personne est un être unique qui est maître, non seulement, de ses actes et de son destin, mais également, pour le meilleur comme pour le pire, des valeurs qu'il décide d'adopter.

Par conséquent, il n’y a donc pas lieu de considérer qu’il existe une seule connaissance, une seule culture, une seule valeur morale, une seule liberté. Les cultures sont diverses et variées comme le sont aussi les formes de liberté et donc des formes d’existence possible.

La quête de sa propre existence par ses propres valeurs, ses propres connaissances conduira ainsi à la revendication des libertés selon ce mouvement de mai 1968 un peu partout en Occident.

La leçon de mai 1968, que les démocraties modernes valideront, est que l’on ne peut pas imposer aux gens qui ils doivent être, comment ils doivent l’être et ce qu’ils doivent devenir. Il faut laisser les gens se définir eux-mêmes et s’engager dans des rapports politiques qu’ils considèrent un profit pour eux par eux-mêmes.

C'est en cela que les valeurs qui sont émises depuis la fin des années quatre-vingt commandent qu’il faut se soustraire à toute autorité politique lorsqu’elle n’est pas la volonté de ceux à qui elle est imposée.

En effet, depuis la fin des années quatre-vingt, aucun gouvernement n’a réussi durablement à s’imposer aux gens lorsqu’il n’a pas été l’émanation de leur volonté. Tout comme, même choisis librement par le peuple, les gouvernants qui restent longtemps au pouvoir vivent à un moment donné la vindicte.

Il faut comprendre qu’à toute association, à tout groupe d'hommes, il faut des chefs certes, c'est une nécessité impérieuse, à peine, pour chaque société, de se dissoudre et de manquer le but en vue duquel elle a été formée si elle n’est dotée d’un chef, d’un gouvernement. Mais, à défaut d’un chef choisi librement, aucune société humaine ne peut à partir de l’idée de la quête d’existence qui commande chaque individu, de cette même société, dans le fondement de sa volonté propre, évoluer harmonieusement.

Commander aux gens de les conduire vers une pseudo-émergence c’est poser un dogmatisme qui ne saurait résister à la volonté de chacun de ne pas aimer celui qui veut absolument s’imposer aux gens en dépit de l’aversion qu’ils ont à son égard.

La pierre ne deviendra jamais un crocodile quelle que soit la durée de sa plongée dans le marigot. Vous ne pouvez imposer aux Gens qui sont gabonais et comment est-on Gabonais. Pas plus que vous, vous seul, devez dire aux Gabonais comment ils doivent se développer. Il revient à la multitude dans somme de la volonté de chacun d’en décider.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

vendredi 26 octobre 2012

La tragédie de l’accessibilité à l’eau potable au Gabon : problèmes et solutions.

Cet article est le premier d’une série d’articles faisant état du paradoxe du développement au Gabon. Celui-ci présente les difficultés liées à l’accès à l’eau potable dans ce pays. Il montre que, au-delà des ressources fluviales abondantes dont dispose le pays, l’eau potable comme priorité dans le bien-être social n’a jamais été prise en compte dans le souci du développement du pays.

Cela est dû au statut ambigu du développement social où le rapport entre les visées économiques et celles du bien-être social a été profondément altéré par une évolution économique en vue de favoriser le paraître. Alors que nous aurions cru les nouvelles autorités enclines à fonder leurs ambitions sur la réalisation des projets socio-économiques essentiels au bien-être des Gabonais, le développement dit émergeant rêve des projets de développement économique qui n’ont rien à avoir les priorités du quotidien des gens simples.

Certes, en l’état actuel du pays, tout est prioritaire. Quoiqu’il existe des besoins d’existence qui ne peuvent attendre. Lorsqu’on est un gouvernement qui veut faire émerger les citoyens de leur abîme, il faut savoir connaître leurs besoins immédiats. En l’occurrence, l’accessibilité à l’eau potable pour tous à moindres frais est une priorité nationale d’importance. Au regard de nos critiques, nous proposons une voie de sortie de ce drame que le gouvernement peut emprunter. S’il existe un gouvernement au Gabon

L’accès à l’eau potable pour tous est une priorité mondiale

En vérité, un pays qui manque d’eau potable ou qui en fait une ressource rare est un pays qui ne peut ni nourrir adéquatement sa population, ni se développer socialement de façon harmonieuse. D’ailleurs, le NEPAD considère désormais l’accès et la consommation en eau par habitant comme un indicateur du développement économique. Autrement, «dis quelle est la propension d’accès à l’eau potable dans ton pays, pour que l’on te dise quel est son niveau de développement économique».

Selon une étude des Nations Unies, l'eau deviendrait, d'ici à 50 ans, un bien plus précieux que le pétrole. C’est dire toute l’importance d’investir adéquatement dans cette ressource que d’aucuns appellent déjà « l’or bleu».

Pour cela, le 22 mars 2005, l’Organisation des Nations Unies lançait la décennie (2005-2015) : l’eau, source de vie. À cet effet, elle rappelait que l’épuisement et la dégradation des réserves d’eau douce due à une croissance démographique rapide et à un développement mal géré était la source des problèmes d’accession à l’eau potable et qu’il convenait, pour redresser la barre, d’instituer des politiques de développement permettant l’accessibilité à tous, à moindres frais, de cette ressource essentielle à la vie. Laquelle accessibilité commande, pour le cas du Gabon, de revoir les ambitions, les finalités et les façons de produire et de distribuer l’eau potable dans l’ensemble du territoire national.

En effet, l’embarras d’accessibilité à l’eau potable crée des difficultés de vie pour les populations. Selon Jeune Afrique, «A Libreville, qui compte quelque 600.000 habitants, des résidents sont quotidiennement contraints de veiller jusque tard dans la nuit pour faire des réserves d'eau. Les coupures prolongées, jusqu'à plusieurs jours d'affilée, ont entraîné récemment, selon la presse locale, des manifestations de protestations dans des quartiers populaires».

Pourtant, contrairement à bien des pays ou régions du monde, le Gabon est couvert d’eaux sur une superficie qui représente plus d’un quart du territoire national. Repartie en de nombreux cours d’eau dans toutes les régions, cette eau devrait être à la portée de tous les Gabonais quel que soit l’endroit où ils vivent. Néanmoins, son accès est calamiteux.

La thèse soutenue dans ce texte est que l’insuffisance des infrastructures due à leur vieillissement et à leur non-renouvellement et modernisation défavorise l’accessibilité à l’eau potable pour tous en qualité et en quantité suffisante. Les sous-financements et le vieillissement des infrastructures résultent de l’inexistence d’une politique gouvernementale d’accès à l’eau potable. L’État doit dans l’immédiat, suivant un cadre de développement durable ambitieux, élaborer une politique d’accès à l’eau potable. Cette politique doit être accompagnée d’un cadre d’investissement public quinquennal pour renouveler les infrastructures en vue d’étendre et de rendre efficientes la production et la distribution de l’eau potable.

Quel est le problème de l’accessibilité à l’eau potable au Gabon?

Les difficultés d’accessibilité à l’eau potable sont de l’ordre de sa pénétration en quantité suffisante aussi bien pour les populations vivant dans les zones rurales que celles vivant en zones urbaines. Dans les zones rurales, à cause sans doute d’une densité faible (1 habitant au 4 km2) et de laquelle résulte l’impossibilité de réaliser des économies d’échelle intéressantes, on note une absence d’infrastructures pour satisfaire à la demande des populations.

D’après les données recueillies au ministère de la Santé et celui de la planification, de même qu’auprès de la société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), seuls 25% de la population vivant en zone rurale a accès à l’eau potable provenant des structures de l’État ou de la SEEG. En zone urbaine ce taux est de 66%. Le taux de pénétration de l’eau potable en milieu rural est ainsi évalué à 23% en moyenne dont 70% par les pompes à motricité humaine et 9% par les systèmes hydrauliques villageois. Le milieu urbain est là où l’on retrouve 80 % des Gabonais.

C’est là justement où les populations sont confrontées aux plus grandes difficultés d’accès à l’eau potable. La vétusté des infrastructures (le taux élevé de pannes, les défaillances dans la gestion et le suivi de l’exploitation des ouvrages) et l’absence de financement d’envergure illustrent la difficulté de répondre adéquatement à la demande, faisant de l’eau potable une ressource rare.

La mauvaise gestion de la SEEG

Au-delà de l’absence d’une politique de l’eau, les difficultés d’accès à l’eau potable sont tributaires d’une gestion défaillante de SEEG. Déjà en 1987 dans une mission télévisée (dite des dossiers de la RTG), il avait été démontré que les ministres et les hauts cadres politiques du PDG et de l’État ne payaient pas leur compte d’eau et d’électricité. De plus, la SEEG comptait un nombre impressionnant de hauts cadres avec des salaires qui défiaient toute concurrence.

Ces salaires ne correspondaient pas au rendement attendu de l’entreprise. L’existence d’une masse salariale importante avec un personnel pléthorique de même que le non-recouvrement de plusieurs impayés faisait de la SEEG une organisation à but non lucratif. On se souciait peu de dégager des profits pour parer aux imprévus et réinvestir dans les infrastructures.

Conséquemment, selon les conclusions de l’audit fait en vue de la privatisation de la SEEG, les derniers investissements faits dans les infrastructures de production et de distribution d’eau au Gabon datent du début des années quatre-vingt. Il en résulte une désuétude avancée des infrastructures de production et de distribution d’eau.

Les insuffisances dans l’entretien des infrastructures et le manque de financement de nouvelles machines de production et d’outils de distribution favorisent une insuffisance de l’offre de l’eau. Ils entraînent des pénuries dans la consommation quotidienne des Gabonais. La situation de la dégradation des infrastructures est telle que pour rétablir seulement l’équilibre de la demande et de l’offre d’eau, par rapport à 1990, il faut une espèce de plan Marshall.

L’absence d’une politique d’accès à l’eau potable

Le principal dilemme des difficultés d’accès à l’eau potable est essentiellement lié à l’inexistence d’une politique de l’eau. Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir. Il n’y a au Gabon aucun cadre légal sur l’eau et encore moins des principes publics pour favoriser un accès en eau en qualité et en quantité pour tous. Dans la plupart des pays dits modernes, le lotissement urbain en vue d’occuper les espaces d’habitation s’accompagne d’un plan de distribution d’eau fondé à la fois sur l’expansion urbaine, sur l’évolution démographique et sur les besoins de la croissance économique.

Au Gabon, la production et la distribution de l’eau sont, une gestion à vue. «Les tuyaux sont branchés les uns après les autres pour répondre à une demande non ordonné». Dans la plupart des villes modernes, pour répondre à la demande d’eau les gouvernements se donnent une politique de consommation de l’eau.

Cette politique entraîne généralement une stratégie visant à s’assurer, ce faisant, de répondre adéquatement à la demande, en recyclant l’eau usée pour la remettre dans le système de production, en s’assurant de mieux protéger la santé publique et ainsi de satisfaire aux conditions d’accessibilité à l’eau potable aussi bien pour les ménages que pour les entreprises. En vue de parvenir à une telle planification, les autorités gabonaises doivent considérer l’eau tel un constituant vital du bien-être social et comme un instrument de développement socio-économique.

La nécessité d’investir d’importants capitaux

Pour permettre l’accessibilité à l’eau en qualité et en quantité suffisante pour tous, sur l’ensemble du territoire, il faut investir dans la construction d’infrastructure de production et de distribution d’eau potable de même que des infrastructures de traitement des eaux usées. Nous avons calculé cet investissement, dans le programme de campagne à l’élection présidentielle de M. Bruno Ben Moubamba, à 200.000 millions d’euros, soit environ 130 milliards de francs CFA.

Au regard du poids du marché gabonais et du pouvoir d’achat des Gabonais, un tel investissement ne peut être fait le secteur privé. Il faut en effet compter près de 20 ans de consommation, avec le pouvoir d’achat actuel des Gabonais, pour que le secteur privé réalise des bénéfices probants. Un tel délai ne peut encourager des investissements privés qui doivent régler le problème de la vétusté du réseau d’aqueduc et normaliser la production et la distribution de l’eau. À moins, évidemment de considérer le coût de la consommation d’eau potable similaire à celui de la consommation de l’essence.

La stratégie de réinvestissement dans des infrastructures

Le manque et la défaillance des infrastructures est un obstacle majeur à la satisfaction en eau des besoins des populations, au développement des entreprises et à la réalisation des objectifs du développement prescrits dans le plan mondial de la décennie eau source de vie. En effet, le pays est confronté au double défi d’une demande croissante et du vieillissement d’équipements d’une grande partie de ses infrastructures, qui pourrait entraver la croissance et le développement durable.

Les besoins d’investissements en infrastructures qui concernent les services d’utilité collective tels que les télécommunications, l’électricité, les transports, l’eau et l’assainissement sont estimés à plus de 2 milliards d’euros d’investissement pour les cinq prochaines années. S’il faut dégager des montants aussi élevés, le gouvernement devra mobiliser toutes les sources possibles des capitaux en investissement sans toucher aux besoins des autres secteurs du développement comme le logement social, les infrastructures de santé, les infrastructures scolaires et universitaires. Il apparaît clairement que le niveau d’investissement requis pour les infrastructures de production, de traitement et de distribution d’eau ne peut se faire uniquement par le trésor public.

Les principes d’élaboration d’une politique d’accès à l’eau potable

Pour répondre aux besoins en infrastructures, le gouvernement ne saurait ignorer la solution qui consiste à favoriser la participation du secteur privé dans un Partenariat Public Privé (PPP). Cette collaboration PPP ne suppose pas une privatisation absolue du réseau de la production, du traitement et de la distribution d’eau.

Un PPP est une initiative de collaboration entre les secteurs public et privé qui est fondée sur des liens à long terme et sur un partage des ressources, des risques et des bénéfices. Cette collaboration a l’avantage d’apporter les capitaux dont a besoin le pays et en servant de garant à l’investissement du secteur privé.

Elle permettra de faire bénéficier le public d’un environnement plus concurrentiel et de mobiliser l’expertise technologique et les compétences de gestion du secteur privé dans l’intérêt public. Dans plusieurs pays industrialisés, la participation du secteur privé aux infrastructures a contribué ces dernières décennies à accroître la couverture et l’efficience des services d’infrastructure.

Mais pour attirer les investissements privés, il importe que le gouvernement dévoile les ambitions de développement en infrastructures dans une politique de développement durable ambitieuse. À n’en point douter, cette politique et le cadre légal qu’il mettra en œuvre aideront le gouvernement, qui recherche les capitaux au développement des infrastructures à attirer les investissements nécessaires et à mobiliser les ressources du secteur privé au bénéfice de l’ensemble de la société. La politique d’accès à l’eau potable guidera le gouvernement dans la participation d’entreprises privées aux solutions pour améliorer la production, le traitement et la distribution de l’eau potable.

Cette politique ne devra pas être interprétée comme devant conduire la privatisation ou la gestion privée des infrastructures à capitaux publics. Le choix entre la fourniture privée ou publique des services d’infrastructure doit se faire en fonction d’une évaluation objective de ce qui sert le mieux l’intérêt public.

Les facteurs à prendre en compte sont les niveaux actuels de fourniture des services et l’état des équipements, l’accessibilité financière pour les ménages et les entreprises, la couverture des réseaux, l’efficacité opérationnelle, l’entretien sur le long terme des installations ainsi que la viabilité sociale et environnementale. La décision doit être également fonction de l’échéance à laquelle les améliorations sont nécessaires et des sources de financement disponibles.

La politique d’accès à l’eau potable sera ainsi conçue comme une première étape pour faire participer le secteur privé à la construction des infrastructures, en leur proposant à cet effet un catalogue systématique d’orientations dans le cadre de la stratégie de développement durable et à la lumière de la situation et des besoins du pays. Elle visera à établir des prescriptions détaillées ou à donner des conseils techniques sur des aspects particuliers de l’investissement en infrastructures, de la formulation des contrats ou de la réglementation à respecter.

Pour conclure, le besoin d’écrire cet article et ceux qui suivront vient de l’état de frustration que l’on développe lorsqu’on examine le piétinement dans lequel se trouve le pays. On se trouve ainsi à se poser la question qu’est-ce que je ferais de mieux si j’étais à leur place. Nous savons qu’à l’état actuel du pays tout est une question de priorité et que l’état de nos finances lamentable ne permet pas de les satisfaire en même temps.

Le gouvernement s’emploie semble-t-il à vouloir créer des pôles économiques en construisant des zones dites industrielles. Il n’y a pas de mal à cela si c’est bien pensé et bien construit. Retenons simplement qu’un gouvernement n’agit pas comme une entreprise privée qui recherche avant tout à réaliser des profits financiers élevés.

La décision de faire tel ou tel investissement public relève donc rarement de la rentabilité immédiate que du besoin immédiat des populations. De fait, l'État doit raisonner en termes des besoins immédiats des populations. L’investissement dans la production, le traitement et la distribution de l’eau potable est une question de bien-être social vital. Le gouvernement a l’obligation d’investir dans ce secteur sans plus attendre.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mercredi 24 octobre 2012

La contemplation de l’agonie du pays.

Le DRAME de ce qu'est devenu le Gabon. Ce pays qui brillait de mille feux à la fin des années soixante-dix, jusqu'au milieu des années quatre-vingt, est comme dans la pénombre du dernier souffle de vie.

Les lumières s’éteignant, on peut apercevoir comme les soupirs d’une agonie longtemps annoncée. Là, non content d'être resté fiché, parce que négligé de ses gouvernants, comme un vieux tissu qui a fait son temps, le pays se déchire au moindre vent; à la moindre pluie on y voit apparaitre les traces de l'érosion du temps. Et on découvre la minceur de la chaire qui recouvrait les os.

La moindre famine peint un décor d’anorexie. Où sont passées toutes ces calories que l’on avait ingurgitées au moment du règne de la frugalité! Il faut croire que bien qu’abondants, ces repas n’étaient pas si riches qu’on le croyait ou peut être qu’un ténia s’était chargé de manger tout ce que nous engloutissions.

Quand un pays ne sait pas se renouveler dans sa politique, dans ses pratiques sociales et que les mœurs, les mauvaises mœurs demeurent inscrites en code de la conduite à tenir, on nourrit la vision du monde d’apocalypse. On ne peut que constater le désastre qui défile sous nos yeux.

Les bras croisés, comme en spectateurs de son malheur, n’indiquent pas une absence de consternation. Au contraire, ils sont le signe de l’impuissance, que dis-je, de l’essoufflement dans ce combat qui avant même d’avoir commencé, avait consumé ce qui avait d’essentiel en nous.

Nous avons vécu sans penser à demain. Nous ne nous sommes pas investis dans le futur. Tout nous semblait comme incommensurable. Mais n’a-t-on pas dit que gouverner c’est prévoir! Il n’y avait pas eu gouvernance. Avec des charognes à la tête de la communauté, il y avait eu exploitation du bien commun. La palme d’or allant au plus prédateur de ces soi-disant gouvernants.

Le pays comme une carcasse dépouillé de sa chaire est ce que nous contemplons dans cette fissure de la République. Il reste encore quelques chaires çà et là. D’où le bruit que nous auditionnons. La République n’a pas cessé d’agoniser.

Nous entendrons encore longtemps ces lamentations mêlées à ces bruits de ces charognes impies.

République, République, quand ton nom fut prononcé, pourquoi avais-tu levé la main pour indiquer ta présence. Serais-tu restée en colonie que nous aurions moins de mal à vivre cette servitude-là.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

La fissure de la République : quand une partie du pays reste de l’autre bord du rivage.


En France, ils ont parlé de fracture sociale pour dire le fossé séparant socialement une tranche de la population d'une autre. Chez nous, le Gabon, il faut parler dorénavant de fissure de la République. L’image peut être anodine, ce creuset entre une  partie des gens de la capitale et le reste du pays. Il en est de même pour l’ensemble de la République. Il y a ceux qui sont d’un côté, une minorité dont on parle, et la majorité qui est là, de l’autre côté, qu’on ne voit pas mais dont on devine la présence.

En effet, le pont de Kango est tombé au combat il y a que quelque dix mois et voilà que la route nationale part en lambeaux. Plus rien ne tient plus en place.

Il est indécent d'en parler, pourtant…

Les coupures, ces séparations qui créent ou présentent le fossé, le clivage, resurgissent là où on ne les attend pas pour montrer cette vision du pays des uns qui se voient s’avancer vers le progrès et d’autres qui restent sur le bord du rivage pour constater le recul vers le néant. Un mur de vallée d’eau se dresse entre les deux groupes. Chacun voyant l’avancement vers l’autre comme un plongeon dans le torrent. Le Gabon est ainsi devenu depuis 2009, un pays des marges, renvoyé dans l'ignoble où dans le déni de la crise montrent les difficultés du vivre ensemble qui se conjuguent avec les difficultés du bien vivre simplement.

Ne faut-il pas avoir touché le fond pour réaliser la profondeur de l’abime abyssale. Nous ne sommes qu’à mi-chemin de la descente. On n’a encore rien vu.

La fissure de la République : quand une partie du pays reste de l’autre bord du rivage, contemplant l’autre dans l’impuissance. On n’avait dit, « on va encore faire comment! » pour dire son impuissance face à l'insoutenable. Là c’est on ne peut rien faire : les choses sont ainsi faites. Hummmmmmmmmm.

JMN

mercredi 3 octobre 2012

Les Origines de la Convention de la Diaspora Gabonaise

Procès-verbal de la conférence du 14 avril 2012
Le 14 avril s’est tenue une réunion de quleques leaders de la diaspora via skype. Cette réunion faisait suite à d’autres réunions tenues en février 2012 et au conclave de la diaspora en mars 2011

Prenaient part à la réunion

M. Joel Mbiamany-N’tchoreret,
M. André Bouassa,
Dr. Ella Nguema et le
Dr Jean-Aimé Mouketou.

1. L’ordre de jour de cette réunion était informel. Il s’agit davantage d’un entretien entre compatriotes sur les difficultés relatives à l’éclosion d’une véritable force d’opposition au Gabon en vue d’entamer le changement politique attendu par l’ensemble des Gabonais progressistes. Cet entretien faisait suite à divers entretiens tenus antérieurement en duo ou en trio entre les participants de la réunion.

2. Vu l’absence d’un ordre du jour formel, le début des échanges fut un peu laborieux. Au fil des discussions néanmoins, la finalité de la rencontre s’est peu à peu peaufinée pour laisser place à un consensus sur la direction à prendre par rapport aux attentes des participants.

3. Lors des échanges initiaux, M. Bouassa a fait le tour d’horizon des entretiens antérieurs. Ensuite, il est revenu sur la rencontre de certains membres de la diaspora tenue au New Jersey aux États-Unis en mars 2011. Au terme de la conclusion de ses observations, il est apparu qu’une rencontre pour rassembler ou coaliser les Gabonais de la diaspora est impossible quand certains veulent profiter d’un tel rassemblement pour faire mousser des ambitions politiques personnelles.

4. Également, il a été constaté que quand les participants manifestent leur ego au lieu d’agir avec humilité, il est difficile de constituer une direction de la diaspora en vue des luttes pour le changement politique au Gabon.

5. Il est également impossible d’entraîner une cohésion de la diaspora de même qu’à la détermination consensuelle des objectifs et même des moyens de lutte pour la libération politique du Gabon si la finalité de la lutte du mouvement n’est pas préalablement circonscrite.

6. Pour cela, dès le départ des échanges, il a été convenu après la prise de parole de chaque intervenant, de mettre de côté la quête d’un chef et de plutôt viser la détermination de la finalité d’un mouvement politique de la diaspora par rapport à la situation politique du Gabon.

7. Aussi, les participants ont convenu que pour la réussite du travail à faire en vue de la constitution du mouvement de la diaspora qu’il sera louable que ce travail se fasse en équipe restreinte avec des personnes n’ayant pas d’ambitions de devenir candidat à l’élection présidentielle ou posséder des visées politiques personnelles à court et moyen terme. Il s’agirait alors de mettre en place un noyau autour duquel viendraient se greffer d’autres compatriotes.

8. Le Dr Jean-Aimé Mouketou a par la suite exposé les contraintes de la constitution d’un mouvement de la diaspora qui serait efficace et notamment la détermination des ambitions d’un tel mouvement.

9. Le Dr Ella Nguema a à cet égard brossé un ensemble d’objectifs qui pourraient être visés par les échanges du jour tout en faisant des constats sur les discussions des entretiens antérieurs. La prise de parole du Dr Ella Nguema a permis d’orienter l’objectif de l’entretien du jour : esquisser un cadre de réflexion sur la constitution d’un mouvement politique de la diaspora et l’objet politique de ce mouvement.

10. Pour sa part, M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a proposé de considérer le travail qui a été fait par la société civile notamment la détermination des points essentiels du combat politique au Gabon : les 13 points élaborés par la société civile et qui ont pour position focale la tenue d’une constituante pour la mise à plat des institutions de la République.

11. Pour cela, le Dr Ella Nguema a suggéré un travail qui se ferait en collaboration entre le mouvement de la diaspora à naître, l’opposition politique au Gabon et le mouvement de la société civile «Ça suffit comme ça». Le Dr Ella a suggéré que le mouvement de la diaspora soit institué dans le prolongement du travail de terrain que mènent l’opposition et la société civile au Gabon.

12. M. André Bouassa a émis des réserves sur la proposition du Dr Ella Nguema considérant que le mouvement de diaspora devrait être une entité autonome, même s’il faut travailler en étroite collaboration avec la société civile et l’opposition politique sur le terrain au Gabon. Une telle collaboration étant considérée par l’ensemble des intervenants comme inéluctable.

13. Au vu des propositions faites par le Dr Ella Nguema et M. André Bouassa, le Dr Jean-Aimé Mouketou, M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a donné des indications sur la nature et les fonctions que ce mouvement de diaspora devrait posséder.

14. M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a suggéré que le mouvement ait pour fonction principale de coaliser les différents acteurs du changement politique afin d’instituer une force de politique cohérente et efficace par rapport à la lutte politique à mener.

15. Aussi, il a fait valoir la nécessité de la tenue d’un sommet patriotique pour convenir au sein de l’opposition du type de combat à mener et des moyens d’action à mettre en œuvre. Il a proposé que ce sommet se tienne au Gabon ou en France. Il regrouperait les chefs de la diaspora, les chefs de la société civile du mouvement ça suffit comme ça, des chefs des syndicats des enseignants, des transporteurs, des commerçants, des étudiants, etc.

16. Le Dr Ella s’alignant sur la proposition faite par M. Joel Mbiamany-N’tchoreret a pour sa part suggéré de fédérer les Gabonais de la diaspora en pôle avec un minimum de forum. Ensuite de faire une rencontre des différents pôles comme dans un congrès des Gabonais de toutes les diasporas. Cette rencontre permettra de faire la conjonction d’idées sur la manière de faire sortir le pays de l’impasse politique.

17. Il a donc été retenu qu’un sommet patriote de la diaspora soit tenu au mois d’octobre ou novembre 2012 en Europe.

Fait à Toronto le 16 avril 2012

Le rapporteur de la séance

Joël Mbiamany-N’tchoreret



mardi 2 octobre 2012

Faut-il craindre un tsunami financier?

Connaissez-vous la théorie du cygne noir (Black Swan Theory)? Les Européens ont longtemps cru que tous les cygnes étaient blancs… jusqu’à ce qu’ils découvrent qu’il y en avait des noirs en Océanie. Le cygne noir représente donc un événement imprévisible et très rare.

Selon le créateur de cette théorie, Nassim Nicholas Taleb, on sous-estime souvent le prix d’un événement qui a très peu de probabilité de se réaliser.

On pouvait difficilement s’imaginer que deux avions anéantiraient des tours aussi imposantes que celles du World Trade Center. C’est pareil pour l’accident nucléaire de Fukushima au Japon. Pourtant c’est arrivé…

Selon le Globe and Mail, les plus gros gestionnaires institutionnels de la planète craignent qu’un tel événement rare se produise dans les douze prochains mois.

Faut-il craindre un tsunami financier?

Le cas de Lehman Brothers

L’instabilité de la zone euro pourrait perturber gravement l’économie mondiale, affirme 71 % des 300 investisseurs institutionnels interrogés par State Street Global Adviser.

Ces gros fonds de pension, gestionnaires de portefeuilles et banques privées appréhendent un effet en cascades qui paralyserait la croissance mondiale causant des perturbations semblables à celles qui ont mené à la banqueroute de Lehman Brothers.

Outre les problèmes en Europe et la crainte de l’effondrement de l’euro, on redoute le ralentissement de l’économie chinoise, une crise du pétrole et les bulles que peut créer un excès de liquidités.

Comme le rappelle l’article du Globe and Mail, lorsque la banque d’investissement Lehman Brothers a déclaré faillite en septembre 2008, la plupart des stratégies de protection n’ont pas fonctionné. Les obligations du gouvernement américain ont même connu des rendements négatifs pendant cette période. Il n’y avait aucun acheteur, la liquidité était absente.

Argent sous le matelas...

Un gestionnaire de portefeuille d’actifs américains raconte qu’à cette époque « le plus sûr, c’était de garder son argent en dessous de son matelas ». Il va même jusqu’à suggérer que c’est peut-être encore la meilleure stratégie aujourd’hui, puisque l’inflation est basse.

La peur incite les investisseurs à garder un pourcentage élevé de liquidité. Certains fonds auraient jusqu’à 40 % de leurs actifs en espèces, ajoute ce gestionnaire. Habituellement, ce pourcentage dépasse rarement 5 %.

Relativiser les craintes

Il faut tout de même relativiser ces craintes en rappelant qu’un nouveau « crash » mondial est peu probable. Ces investisseurs institutionnels sont peut-être sujets à des biais cognitifs liés à leur expérience de 2008.

Mais tout est loin d’être rose. D’importants risques économiques subsistent. Le nouveau programme d’achat d’obligations de la Banque centrale européenne et la politique de taux près de zéro jusqu’en 2015 aux États-Unis en témoignent.