mercredi 24 octobre 2012

La contemplation de l’agonie du pays.

Le DRAME de ce qu'est devenu le Gabon. Ce pays qui brillait de mille feux à la fin des années soixante-dix, jusqu'au milieu des années quatre-vingt, est comme dans la pénombre du dernier souffle de vie.

Les lumières s’éteignant, on peut apercevoir comme les soupirs d’une agonie longtemps annoncée. Là, non content d'être resté fiché, parce que négligé de ses gouvernants, comme un vieux tissu qui a fait son temps, le pays se déchire au moindre vent; à la moindre pluie on y voit apparaitre les traces de l'érosion du temps. Et on découvre la minceur de la chaire qui recouvrait les os.

La moindre famine peint un décor d’anorexie. Où sont passées toutes ces calories que l’on avait ingurgitées au moment du règne de la frugalité! Il faut croire que bien qu’abondants, ces repas n’étaient pas si riches qu’on le croyait ou peut être qu’un ténia s’était chargé de manger tout ce que nous engloutissions.

Quand un pays ne sait pas se renouveler dans sa politique, dans ses pratiques sociales et que les mœurs, les mauvaises mœurs demeurent inscrites en code de la conduite à tenir, on nourrit la vision du monde d’apocalypse. On ne peut que constater le désastre qui défile sous nos yeux.

Les bras croisés, comme en spectateurs de son malheur, n’indiquent pas une absence de consternation. Au contraire, ils sont le signe de l’impuissance, que dis-je, de l’essoufflement dans ce combat qui avant même d’avoir commencé, avait consumé ce qui avait d’essentiel en nous.

Nous avons vécu sans penser à demain. Nous ne nous sommes pas investis dans le futur. Tout nous semblait comme incommensurable. Mais n’a-t-on pas dit que gouverner c’est prévoir! Il n’y avait pas eu gouvernance. Avec des charognes à la tête de la communauté, il y avait eu exploitation du bien commun. La palme d’or allant au plus prédateur de ces soi-disant gouvernants.

Le pays comme une carcasse dépouillé de sa chaire est ce que nous contemplons dans cette fissure de la République. Il reste encore quelques chaires çà et là. D’où le bruit que nous auditionnons. La République n’a pas cessé d’agoniser.

Nous entendrons encore longtemps ces lamentations mêlées à ces bruits de ces charognes impies.

République, République, quand ton nom fut prononcé, pourquoi avais-tu levé la main pour indiquer ta présence. Serais-tu restée en colonie que nous aurions moins de mal à vivre cette servitude-là.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

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