vendredi 31 août 2012

Chers compatriotes du PDG et autres émergents,

Le défunt président, Omar Bongo Ondimba, dans une lucidité « étonnante » de quelques minutes, avait déclaré publiquement à la télévision en 2007, après quarante ans de pouvoir, partagé avec ses amis, ses courtisans et sa famille : « Dieu ne nous a pas donné le Gabon pour faire ce que nous en avons fait».

Par cette autocritique, Omar Bongo Ondimba concevait la déroute humaine, institutionnelle et socio-économique que lui et ses amis ont patronnée au Gabon. Cette admission, presque une auto-accusation passible d’assises pour haute trahison envers le Gabon et les Gabonais de tous ceux qui ont dirigé le pays à quelque niveau que ce soit, appelait à une prise de connaissance de la profondeur abyssale dans laquelle le pays était enfoncé et de la nécessité d’en sortit. Omar Bongo Ondimba invitait, par le fait de sa déclaration, ses amis et sa famille politique à un changement de « mentalité » : un redressement institutionnel, une révision des comportements et des pratiques de gouvernance. En somme, il invitait à un renouveau politique.

Bien avant cette déclaration surprenante, en 1990 lors de la Conférence nationale et aussitôt après cette déclaration, tous les compatriotes admettaient que le Gabon, notre cher pays, était plongé dans un marasme économique, social et politique de même que dans la pauvreté culturelle. Les Gabonais comprenaient devant ce constat que le mal avait pour origine les pratiques sociopolitiques et économiques malsaines que le système politique mis en place par Omar Bongo Ondimba avait engendrées. Face au marasme du mal engendré par le PDG, pendant qu’un petit nombre de gens foudroyé par la misère disait « on va encore faire comment!», la presque totalité des Gabonais, y compris les pédégistes convaincus, jurait qu’il fallait que les choses changent en profondeur.

Néanmoins, le mal s’étant institué dans le moindre des gestes politiques des membres du parti au pouvoir, les appels lancés par le président Omar Bongo ondimba depuis 1987 n’ont pas trouvé écho dans le comportement de chacun d’eux. Le changement de mentalité prôné depuis le discours du 17 août 1987 ne s’est pas opéré. Pour cause, le président Omar Bongo Ondimba demandait à ses amis, ses parents, ses fidèles courtisans et partisans de changer alors que tout en dénonçant le mal qu’il observait, il y demeurait fidèlement ancré dans la reproduction de ses pratiques.

À juste titre, certains comme Daniel Megara quelque dix ans plus tard ont inscrit leur lutte politique dans le principe Bongo doit partir. Il ne s’agit pas de Bongo en tant qu’individu, encore que, mais Bongo comme incarnation d’un système politique de prédation politique, de la prédation économique du pays, des crimes rituels et de ces autres maux qui ont plongé les Gabonais dans le dévergondage politique et le pays dans la déroute institutionnelle.

Voilà pourquoi, par rapport à la volonté de rupture avec le système PDG, nous aurions crûmes que le décès d’Omar Bongo Ondima donnerait aux Gabonais l’occasion de changer l’institution de la présidence de la République et de susciter la rupture souhaitée à partir du sommet de l’État jusqu’à sa base. Mais le déroulement de l’élection présidentielle anticipée suite à ce décès n’a pas produit les effets espérés.

Comme nous le savons tous au plus profond de chacun de nous, les conclusions des délibérations de l’élection présidentielle anticipée de 2009 n’ont jamais été proclamées. On ne sait toujours pas, de façon non partisane, qui a réellement gagné cette élection. Nous savons seulement que des militaires ont interrompu le compte de la centralisation des résultats des urnes. Quelques heures après, Ali Bongo Ondimba et ses amis du pouvoir ont dit que c’est lui qui a gagné l’élection, sans mettre au jugement de tous, toutes les preuves soutenant cette déclaration de victoire, il a été demandé aux Gabonais de croire sur parole l’annonce de l’élection proclamée et entérinée par les mécanismes du système politique PDG.

Devant cette demande de foi, par des matraques levées et l’achat des consciences fragiles, une minorité infime des Gabonais s’est persuadée qu’Ali Bongo Ondima a effectivement gagné cette élection. Plusieurs autres Gabonais, qui demandent à voir pour le croire, ont exprimé des avis contraires. Pour étouffer les voix de ces contestataires, depuis septembre 2009, les forces de sécurité campent les rues de Libreville, les interdits de manifestation même pacifique sont en étendards levés et les changements politiques évoqués, même par le président Omar Bongo Ondimba, mis en berne.

Encore que, l’élection présidentielle anticipée qui a suivi le décès du président défunt n’était pas l’aboutissement de l’invitation à laquelle Omar Bongo Ondimba avait convié les Gabonais « les larmes aux yeux ». Elle n’était qu’une occasion pour désigner une équipe de transition politique. Simplement, sans compter sur l’égoïsme et l’abnégation des soldats du système, plusieurs comme nous, crurent que celui qui serait élu président en remplacement d’Omar Bongo Ondimba convoquerait la tenue du débat national. Par le truchement d’une Assemblée nationale élue démocratiquement, il conduirait aux discussions pour les changements politiques attendus par tous les Gabonais.

Le besoin de confiscation du pouvoir de certains membres du système politique a cependant conduit à faire comme par le passé. Pour se donner les moyens de sa pérennité politique face à sa prise de pouvoir illégitime, Ali Bongo Ondimba a élagué tous les acquis démocratiques obtenus depuis 1990; il a promulgué une Constitution taillée sur mesure pour la pérennité au pouvoir usurpé et il a entraîné le pays à la tenue d'élections législatives en l’absence d’un consensus politique avec une liste électorale de près de 880 000 personnes quand la population dépasse à peine 1 300 000. Ainsi, les prétentions de consolider la démocratie et de construction d’un État de droit démocratique déclinée dans les 9 axes de son programme politique n’ont été qu’une supercherie. Si les axes principaux de ce programme politiques sont faux, on ne peut que conclure que tous les autres axes le sont aussi. Effectivement, comment prétendre au renouveau politique et économique du pays quand les assises de ce renouveau sont trompeuses ou fausses!

Chers compatriotes,

Ali Bongo Ondima, malgré ce qui est clamé ici et là, Ali Bongo Ondimba agit dans la confiscation du pouvoir. C’est pour cela qu’il refuse tout débat qui serait de nature à entraîner les changements politiques auxquels nous aspirons tous.

Face au refus du débat politique, ce qui importe aujourd’hui n’est pas de savoir si certains Gabonais font mal d’exiger la tenue de la Conférence nationale souveraine. Le débat n’est pas de savoir si certains Gabonais ont participé à la gestion calamiteuse du pays et s’ils en ont été des rouages importants. Le débat n’est pas, non plus, de savoir si on aime Ali Bongo Ondimba ou si on le déteste ou de savoir si l’on est avec un tel contre tel autre ou même si l’on est partisan du PDG, de l’Union du Peuple Gabonais ou de l’Union nationale. Tout comme il n’intéresse aucun Gabonais, plongé dans le gouffre de la misère, de savoir si le Gabon va émerger dans vingt-cinq ans. Avant de parler de ce qui pourrait ou ne pourrait pas arriver dans 25 ans, l’espérance de vie étant de 54 ans au Gabon, ce compte pour le Gabonais moyen c’est qui se passe dans sa vie maintenant, aujourd’hui. Aujourd’hui, le pays va mal. Tout le monde le dit. Nous ne voulons pas d’une vie meilleure dans 25 ans. Nous la voulons aujourd’hui

Le débat aujourd'hui, mes chers frères et sœurs est celui de faire du Gabon, dans l'immédiat, autre chose que ce qu’il est sous nos yeux en ce moment. Nous sommes invités, interpellés à faire autrement le Gabon, à repartir à zéro. Pour ce départ nouveau, il ne s’agissait surtout pas qu’un assoiffé du pouvoir se réveille de ses torpeurs et décide que c’est seulement lui qui doit tracer la voie du nouveau départ pour faire avancer le Gabon comme certains le clament. Il s’agit de convier les Gabonais à se parler, à discuter, à se dire ce qu’il faut faire pour faire évoluer le pays et tracer son avenir collectivement, avec tous, sans exception, dans une concorde nationale, de plus, ce qui est minimalement notre droit et notre devoir.

Seulement, chers compatriotes, en même temps que dans le murmure de l’anonymat de notre intimité nous appelons au changement, du même souffle dans nos échanges publics, dans nos comportements face à la chose politique, nous agissons pour défavoriser le changement souhaité en prenant des postures bancales, en indexant certains, en formulant des excuses pour justifier nos motifs de non-appropriation du principe de la Conférence nationale souveraine.

Le plus affligeant dans le constat que nous faisons n’est donc pas qu’Ali Bongo refuse la tenue de la Conférence nationale souveraine. Le plus affligeant, dis-je, est cette mentalité de certains Gabonais de voir dans l’exigence de ce débat national une dispute entre deux frères. Il n’en est rien. Le Gabon n’est pas la propriété d’André Mba Obame et d’Ali Bongo Ondima. L’exigence de la tenue de la Conférence nationale est une chose qui concerne tous les Gabonais. Chacun doit en faire sa propre chose, sa préoccupation primordiale.

Chers Compatriotes,

Nous savons, grâce à de nombreuses études de psychologie sociale, qu'il est plus difficile de changer d'opinion une fois que nous nous sommes engagés dans une voie, et une fois que nous avons déclaré publiquement notre manière de penser. Pourtant chacun de nous change régulièrement : on change d'opinion sur certaines choses. Si le président Omar Bongo Ondimba a trouvé juste de parler de changement de mentalité, c’est parce qu’il savait dans sa conscience que ce changement serait nécessairement salutaire pour le pays. Car dans le changement auquel il vous conviait, vous les militants du PDG, il appelait à tuer une certaine façon du Gabon. Il convenait qu’il fallait en effet perdre une partie de cette identité, ces pratiques et comportements qui ne font pas grandir le Gabon,

Nous savons que changer c'est prendre un risque. Quand on commence à prendre en main sa vie, quand on commence à changer certains comportements ou à changer de contexte, dans l'absolu on ne sait pas trop où on va. Pourtant, si on a décidé de changer c'est bien parce que quelque chose ne va pas ou ne fonctionne pas convenablement.

Mais certains, incapables de compétence pour s’adapter des à univers nouveaux, même quand le changement leur sera plus profitable refusent de s’y atteler. Si vous décidez aujourd'hui de faire quelque chose pour vivre mieux, vous allez probablement vous heurter contre tout un édifice de résistance, aussi bien interne qu'à l'extérieur. Il faut pourtant comprendre que changer, c’est décider d'avoir une vie meilleure, plus saine et plus heureuse. C'est réellement un combat contre l'inertie, contre le statu quo et cela demande beaucoup de courage. Mais le Gabon ne faut-il pas un peu un don de soi, un peu plus de courage! Je vous invite à soutenir la tenue de la Conférence nationale. Elle n’est pas un lieu d’opposition d’un Gabonais contre un autre, bien au contraire, c’est l’occasion de nous réconcilier les uns avec les autres.

Vive le Gabon réconcilié avec lui-même pour un destin collectif meilleur.

Vive la République,

Joël Mbiamany-N’tchoreret

vendredi 24 août 2012

Convention de la diaspora: Communiqué de presse pour diffusion immédiate.

La diaspora gabonaise, par la voie de sa Convention, annonce qu’elle séjournera au Gabon du 25 au 28 août 2012. Le but de ce déplacement est d’expliquer aux responsables des partis politiques, les représentants de la société civile, la population et la communauté internationale la genèse de la Conférence nationale souveraine et montrer son engagement dans la recherche démocratique consensuelle d’une sortie de crise au Gabon.

Depuis l’avènement du multipartisme, la diaspora gabonaise n’a jamais franchi les écueils des querelles endogènes qui ont, malheureusement, souvent affaibli son potentiel. La dispersion des énergies du fait des ambitions personnelles a affaibli le potentiel de la diaspora à tel point que cette réserve d’énergie dont regorge notre pays n’a que trop brillé par son impossibilité à transcender les velléités individuelles au profit de la Nation en attente.

Cette force à œuvrer ensemble pour le bien de la Nation tout entière et non pour les ambitions personnelles est désormais active. La diaspora gabonaise va sur le terrain pour contribuer à trouver une issue noble à la situation de crise. Car le pays n’a besoin que d’une chose : l’instauration d’une véritable démocratie, au-delà d’un État de droit, d’un réel développement pour le bien-être socio-économique de tous les Gabonais.

La diaspora gabonaise aura donc le plaisir de rencontrer ses compatriotes et de discuter avec toutes les forces politiques du Gabon sans discrimination et sans partialité sur le fondement d’un débat national dont toutes les déclinaisons (concertation, consultation, assemblée…) trouvent leurs assises dans les fondements de notre hymne national.

La démarche de la diaspora gabonaise tient à encourager la Nation tout entière à une grande remise à plat de tous nos maux (défauts et manquements…) et ce dans un contexte de paix réel, d’alternance et de volonté à reconstruire tout dans la tolérance et la paix.

Ce contexte n’est autre que le cadre d’une Conférence nationale souveraine comme seule alternative à la violence dont personne d’entre nous ne maîtrise les limites.

La diaspora gabonaise sollicite d'ores et déjà le bon sens, et surtout le sens patriotique de tous les citoyens convaincus que notre pays le Gabon mérite d’être honoré en le dotant d’institutions fortes garantes et protectrices de tous les citoyens gabonais sans aucune discrimination.

Que Dieu bénisse le Gabon,

Pour que s’instaurent la démocratie et l’État de droit au Gabon.

Fait à Paris, le 24 août 2012.

Service communication

mardi 21 août 2012

Convention de la diaspora gabonaise : communiqué de presse

Nous serons à Paris dans quelques vingt-quatre heures dans le cadre des activités de la Convention de la diaspora gabonaise. Nous aurons notamment une séance de travail avec des personnalités et des hommes d’affaires européens et par la suite avec nos collègues du secrétariat exécutif. Par la suite, nous nous rendrons au Gabon, rencontrer les responsables de la classe politique, des syndicats et de la société civile en vue de discuter de la démarche collective à entreprendre pour faire aboutir la tenue de la Conférence Nationale Souveraine, seule alternative à la violence latente. Selon le temps qui nous sera réservé, nous présenterons une conférence de presse qui sera l’occasion d’informer la population gabonaise et les observateurs internationaux sur l’intérêt d’une Conférence nationale souveraine au Gabon.

Depuis plus d’une semaine, l'interprétation qui mine le débat politique au Gabon tend à présenter la tenue de la Conférence nationale comme le projet d’une personne ou d’une formation politique. Il n’en est rien. C’est un projet qui a été proposé par les membres de la diaspora et dont les résolutions ont été discutées et adoptées démocratiquement et unanimement avec les représentants de la société civile et les représentants politiques de l'opposition gabonaise à Paris.

La Convention de la diaspora gabonaise entend donc apporter des éclaircissements au peuple gabonais sur la mauvaise volonté de certains compatriotes qui sont de connivence avec le régime en place à vouloir décourager les gabonais sur l'intérêt d'une Conférence Nationale Souveraine sous prétexte que cette idée est une affaire de l'UN ou de Mba Obame et son ethnie Fang. Encore une fois il s'agit d'une manipulation (intox) du pouvoir en place et des gabonais qui n'ont d'intérêt que pour leur gloire et jouissance personnelles et non celles du peuple gabonais tout entier.

C'est dans ce contexte que la Convention de la diaspora se rendra au Gabon pour une séance de travail avec les différents acteurs intervenants dans le débat national.

Ce travail de terrain permettra à la Convention de la diaspora de mieux orienter ses actions en synergie avec ceux qui sont sur le terrain, et d’exercer un lobbying auprès des amis et alliés internationaux. Pour ce faire la Convention de la diaspora rencontrera toutes les personnalités et les formations politiques qui lui feront l’honneur de la recevoir pour en discuter au Gabon.

Je vous remercie.

Le secrétaire exécutif de la Convention de la diaspora gabonaise
Joël mbiamany-N’tchoreret

mardi 14 août 2012

La Convention de la diaspora gabonaise sera aux assises de la Conférence nationale souveraine.

La diaspora gabonaise est une communauté des Gabonais dispersés à travers différents pays. Ce sont des personnes qui ont essentiellement pour cadre d’existence et de vie à l’extérieur du Gabon. L’expatriation volontaire de ces Gabonais a pour source les répressions politiques, les effets des pratiques de mauvaise gouvernance, l’absence de liberté politique, le non-respect des droits de la personne et l’absence de conditions de vie et d’existence saines.

Malgré l’éloignement de leur pays d’origine et l’enracinement socioprofessionnel dans leur pays d’accueil, les Gabonais de la diaspora manifestent une forte conscience patriotique. Par celle-ci, ils revendiquent l’identité nationale de leur pays d’origine et la conscience ethnique de leurs parents, leurs ancêtres.

Pour servir les buts de cette revendication et notamment de l’attachement à leur terre natale, ils se constituent en association et en organisations sociales et communautaires. Dans ces organisations, les Gabonais de la diaspora entendent garder intactes les liens sociaux d’une origine sociologique commune et visent à s’en servir comme levier pour l’institution de leur vie et de leur existence. Le besoin de se reconnaitre et de se faire reconnaître Gabonais les entraîne à maintenir le lien avec leur pays de naissance et à y aspirer jouer un rôle économique, politique ou socioculturel.

En effet, justement, plusieurs Gabonais sont dans un sentiment d’un retour possible dans le pays natal ou restés ancrés dans le souvenir de leur famille élargie d’origine. Par la préoccupation qu’ils ont de cette famille, de la préservation des souvenirs qui fondent leur existence, ils sont dans le sentiment de la nécessite de faire quelque chose pour cette terre, cette famille qui les a vu naître. L’urgence de la situation sociopolitique et le besoin de résoudre les problèmes des conditions des précarités vécues par les Gabonais sont ainsi une cause d’engagement pour leur pays d’origine.

En cela, la constitution de la Convention de la diaspora gabonaise est, entre autres, une manifestation de la citoyenneté gabonaise pour la quête d’un meilleur avenir politique, la promotion des droits humains et des devoirs civiques qui en sont au fondement de toute citoyenneté.

Il est bien vrai que la citoyenneté, ses droits et ses devoirs s’exercent habituellement à l’intérieur des frontières de l'État-nation. Pourtant, les mouvements de migration moderne entamés à la fin des années quarante et la participation à des organisations transnationales montrent des formes de citoyennetés qui s’exercent à l’extérieur de l’État national avec une recherche d’incidence à l’intérieur de cet État.

La citoyenneté est issue d'importantes évolutions facilement identifiables. Élaborée au 17e siècle, caractéristique de l’évolution des États-nations capitalistes de l'Occident, elle est devenue avec la mondialisation un concept d’expression politique qui ne s’exprime plus dans un cadre territorial. Comme l’idée même d’État-nation évolue dans le cadre de cette intégration mondiale des communautés, la citoyenneté est dans une évolution mutante. Elle s’exprime partout et entraîner à s’engager à la lutte au-delà du cadre des douleurs dont on recherche la solution. C’est pour cela que de plus en plus, les droits citoyens sont revendiqués à l’extérieur du territoire national.

Assurément, si le capitalisme a transformé l'économie, les combats pour des droits politiques ont transformé les institutions étatiques. Subséquemment, même si les racines philosophiques du droit de cité plongent dans l'Athènes antique, le concept actuel de citoyenneté, né au Siècle des lumières, a pris la forme d'une politique de la souveraineté de l'individu.

Devenu citoyen du monde, il exprime et revendique sa citoyenneté la où il vit. En ce sens, même si plusieurs Gabonais possèdent diverses citoyennetés, ils sont fondamentalement attachés à celle de leur terre d’origine, le Gabon. C’est dans cette terre que se trouvent les parfums et les couleurs de leur institution comme individu. Tel ce saumon, ils sont ainsi de façon ponctuelle ou récurrente appelés à remonter le cours d’eau et le cours du temps pour aller se reproduire et sans doute trouver le chemin de leurs ancêtres où ils iront conter et faire le compte de leur passage sur terre de leur développement. C’est dans cet esprit que s’explique la volonté des membres de la Convention de la diaspora de prendre part au débat de la Conférence nationale souveraine au Gabon.

Le Gabon gagnera à considérer et à intégrer sa diaspora dans le débat sur l’avenir institutionnel du pays. Cette diaspora qui est constituée des membres occupant des fonctions et disposant d’une histoire socioprofessionnelle a une compétence et une expertise essentielle à l’essor du Gabon. La participation de la diaspora à la Conférence nationale souveraine vise non seulement à apporter une expertise, mais aussi, et surtout à participer au renouvellement de la classe politique dans la mesure où des reproches sont faits à la classe politique actuelle. Ce nouvellement n’implique pas le remplacement total des personnes politiques en place, mais une complémentarité pour au changement que souhaite l’ensemble des citoyens.

Les membres de la Convention de la diaspora entendent par conséquent participer aussi bien en aval qu’en amont du processus et du déroulement de la tenue de la Conférence nationale. En ce moment ils travaillent à faire de la Conférence nationale une réalité plutôt qu’un souhait ou un rêve. La Convention de la diaspora enverra plusieurs compatriotes à travailler pour la tenue et la réalisation des travaux de la Conférence nationale. Ces compatriotes seront autonomes financièrement et logistiquement. Ils afficheront une neutralité par rapport à la classe politique. Ils agiront néanmoins dans un esprit de collaboration et d’ouverture d’esprit entendu de tous.

Le débat national à venir concerne tous les Gabonais où qu’ils vivent. Personne ne devra être laissé en marge. Nous veillerons à cela.

Le Secrétaire exécutif CDG
Joel Mbiamany-Ntchoreret

samedi 11 août 2012

COMMUNIQUÉ DE PRESSE CONVENTION DES GABONAIS DE LA DIASPORA

Les Gabonais de la diaspora ont organisé à Paris, durant trois jours, une réunion en vue de convenir de l’établissement d’une Convention pour donner naissance à une entité politique de concertation et de dialogue sur les problèmes politiques du Gabon. Cette entité vise à consolider l’engagement des Gabonais vivant à l’extérieur du pays afin qu’ils agissent avec plus d’efficacité pour conduire leur pays au respect de la liberté politique, de la démocratie, des droits humains, des droits de l’environnement et des principes de la bonne gouvernance. Après des âpres discussions, la Convention est parvenue à ratifier une Charte constitutive et à élire son bureau. Prenant acte de la déclaration faite, le jeudi 26 juillet 2012 à Libreville, par le porte-parole de la présidence de la République gabonaise qui déclinait la demande d'une sortie de crise par la tenue d'une Conférence nationale souveraine, la Convention considère que le Gabon est en crise multiforme. La tenue de la Conférence nationale souveraine est par conséquent inéluctable. Elle a pour cela établi un cadre stratégique pour que cette Conférence nationale souveraine se tienne malgré la volonté du pouvoir illégitimement établi.

Fait à Paris, le 11 août 2012

Le secrétaire exécutif de la
Convention des Gabonais de la diaspora

Joel Mbiamany-N’tchoreret

mercredi 8 août 2012

AMO a-t-il une idéologie pour l’engagement politique auquel il convie les Gabonais? Que nous dit-il?

À la suite de mon texte sur le retour d’André Mba Obame au Gabon, j’ai reçu de nombreux commentaires. La plupart très désobligeants. Quelqu’un m’a ordonné de ne plus écrire sur AMO. Un autre sur son mur Facebook, à la façon de ces lâches, a dit de moi que je suis une personne d’inculture politique, pas « assez outillée pour pisser loin » quand il s’agit de discuter de la chose politique gabonaise. Encore un langage utilisé dans les restos-dos-tournés de Libreville. Il faut pourtant en sortir, pour se prétendre cadre.

Même si depuis plus de dix ans je suis dans le domaine de la psychologie, que j’enseigne au Higschool et à la formation des enseignants, je détiens néanmoins un diplôme dont le sujet de recherche est : « L’État et l’organisation politique : essai d’analyse de la problématique de la démocratie au Gabon ». J’ai obtenu lors de ma soutenance la note A+. Il faut croire que mes examinateurs étaient tous des docteurs et professeurs presque incultes pour avoir fait une telle reconnaissance de mon travail sur la vie politique et institutionnelle gabonaise. Soit!

Puisque cette insulte vient d’une personne qui n’a même pas une licence universitaire dans son domaine professionnel et qu’elle ne compte aucune expérience politique gabonaise autre que celle de coursier et de porte-valise, je vais mettre cette méprise sous le paillasson. Là est sa place. Il faut bien un support, quand on veut s’essuyer les pieds.

Par mon texte sur le retour d’AMO au Gabon, je n’avais pas l’intention d’insulter ceux des militants de l’Union Nationale qui travaillent fort chaque jour pour faire avance la cause de la liberté politique dans mon pays. Je ne suis pas dans l’arrogance de minimiser qui que ce soit dans ce combat. Chacun compte, quelle que soit sa place dans cette lutte ouvrière. Mais je me refuse seulement à écouter des discours et des évocations d’actes qui ne sont que d’exercices d’élocution et qui donc ne mènent nulle part. Je me refuse à fréquenter un monde qui fait bien plus dans le paraitre que dans le travail qu’ils disent faire, alors que dans les faits, les actions du leader que l’on prétend suivre sont dénuées de cette connaissance des experts engagés.

En écrivant ce texte dis-je, j’ai voulu secouer la fourmilière militante. Il me semble en effet que des remises en cause sont essentielles et l’humilité plus que jamais nécessaire. La lutte que nous voulons, qui n’est pas encore entamée, oblige à reconsidérer des façons de faire. Il faut que nous soyons en mesure de qualifier notre lutte en un mot. Surtout, elle ne doit pas se résumer seulement à dire ALI BONGO dehors. Elle doit faut être plus pensée. En fait elle doit être un projet politique, un projet de société fondé sur une philosophie, une idéologie donnant lieu à une pratique de travail, une méthode d’action.

En vérité, AMO invite les Gabonais à un projet de résistance et de cette lutte pour que les Gabonais s’approprient leur pays et le réinventent selon leurs couleurs, leurs rêves. Comme le dit Ézazik Nguema Le Sans-culotte, « Ce projet républicain est en réalité un projet de civilisation pour remplacer la loi de la minorité actuelle sous-tendue par le droit de la force, par celle de la majorité soutenue par la force du droit. »

Il s’agit ni plus ni moins que d’un projet de rupture, un projet pour la Révolution. En regardant certains agir, je suis d’avis que pour s’engager dans cette Révolution, il faut préalablement faire une révolution dans nos esprits, dans l’esprit des combattants qui vont justement faire cette révolution. Sinon, ce sera, remplacer certains par d’autres qui ont les mêmes réflexes que ceux que nous pourchassons, je sais de quoi je parle. Il n’y a qu’à observer leurs réactions talibanes.

Par ailleurs, comme dans toutes les révolutions, les projets de ruptures radicales sont toujours accompagnés d’une philosophie, puis d’une théorie, laquelle entraîne dans la réalisation de la révolution une pratique, une méthode d’action.

Jusqu’à maintenant, je n’ai vu poindre la pointe de l’iceberg de la philosophie, de la théorie de cette lutte que nous appelons de toutes nos tripes.

La Révolution bolchevique avait un credo, comme la révolution maoïste, la révolution cubaine ou la révolution zapatiste. Ce credo préfigurerait le projet de société à réaliser. Du rêve qu’il mettait de l’avant, l’idéologie soutenant les révolutions a conduit à entraîner un engagement politique sincère, parce qu’il était fondé sur quelque chose de pensé, donc construit. Le projet de la Révolution établissait par conséquent une visée à l’intérieur d’un cadre et des moyens d’action par rapport à la finalité, la société voulue.

Ce que je constate, pour le déplorer, dans tout le bruit qui est fait d’évincer Ali Bongo est que cette ambition n’est pas pensée aussi bien dans l’esprit que dans la philosophie qui doit accoucher la doctrine devant commander les actions de tous.

Tout le débat que j’entends ne semble se faire que dans la haine, d’un esprit qui semble uniquement revanchard, selon un orgueil politique et des mots creux parce que nous savons dire certains mots. Mon Dieu, mais ce n’est pas cela que doit être la lutte pour la libération politique du Gabon. Ce peuple n’attend pas de ses leaders.

Lors de l’élection présidentielle anticipée, AMO avait un slogan : la nouvelle espérance. À ce titre, se fondant sur la mythologie de l’Ancien Testament, particulièrement sur ce mythe de Moise, il a dit aux Gabonais qu’une fois accueilli chez les pharaons (les Bongos), il s’était détaché des privilèges pour entrer dans la servitude de la délivrance du peuple de David en vue de le conduire à la terre promise.

Même si ce discours manquait d’originalité, il avait l’avantage de donner un esprit, une philosophie, un cadre théorique et une perspective d’action. D’ailleurs, n’a-t-il pas drainé une multitude de citoyens.

Pendus aux lèvres d’AMO, ils étaient rentrés dans le discours de l’espérance. Oui, plusieurs y ont cru. Aujourd’hui, ce slogan de l’espérance ne peut convaincre. Il s’est vidé de son sens. La terre promise n’a pas été aperçue. On n’a même pas marché vers sa direction. On est resté dans les chaines, dans le travail forcé, le « on va encore faire comment ».

Aujourd’hui, il faut un nouveau discours fondé sur une philosophie, une théorie susceptible de faire justement poindre une méthode d’action qui sera appréhendée par tous et qui sera à ce titre mobilisatrice.

AMO dit-on, est entouré de cadres de premier plan. Je n’en doute pas. Ils jouent dans quelle division de soccer? En tout cas pas la première. Qu’en sera-t-il quand AMO voudra se mettre dans le championnat de la ligue des champions.

Où sont les écrits sur la société à bâtir ? Comme le Punu du Sud doit-il se reconnaître dans l’appel d’AMO, comme l’Okandet de Bouée doit-il se mettre en action ? Comme le marchand de Petit-Paris doit-il se mettre en marche. OÙ sont les penseurs ? OÙ sont les érudits. Même le BDP du Dr Mengara a une idéologie de lutte. Oui, vous direz qu’il le fait devant l’écran de son ordinateur. Lui au moins, il pense, nous connaissons sa doctrine, son credo politique par rapport à la situation politique du pays. L’équipe AMO va-t-elle nous édifier sur l’horizon à atteindre, le chemin à parcourir, les efforts à déployer?

Il faut arrêter de gesticuler comme un ver de terre accroché à un hameçon quand AMO arrive au Gabon pour attirer son attention. Il faut travailler sans attendre ses ordres. Il faut réfléchir.

Je ne fais que passer oh ! Ne me tirez pas dessus comme à votre habitude avec votre lâcheté illustrative de votre incapacité à débattre honnêtement, préférant pour cela l’insulte facile.

Joël Mbiamany-N'tchoreret

mardi 7 août 2012

De l’existence d’une crise au Gabon ou l’évocation des conditions de souffrance permanentes des citoyens.

Il y a quelque dix jours, le porte-parole du gouvernement du Gabon affirmait que le président Ali Bongo Ondimba (ABO) avait décliné la demande de la tenue d’une Conférence nationale souveraine faite par une partie de l'opposition, la société civile proche de l’opposition et la diaspora gabonaise politiquement active. Une telle réunion étant la solution pour sortir d’un pays d’une situation de crise politique. Or, selon le porte-parole de la présidence de la République, le Gabon n’est pas en crise.

La crise est un mot à la mode ces jours-ci pour expliquer la plupart des déséquilibres, économiques, politiques, économique ou sociaux. Une journée ne passe pas sans qu’on entende les médias du monde entier parler de crise d’espoir, crise du système financier international, crise du système bancaire, crise du marché alimentaire, crise des régimes politiques arabes, crise du logement, crise du marché automobile, crise économique, crise politique, crise sociale, crise du système éducatif, crise du transport aérien, crise de l’électricité, crise de l’énergie.

Depuis la fin des années vingt, le mot crise dans les phénomènes sociopolitiques est utilisées pour traduire un événement caractérisant des contradictions ou des incertitudes qui nécessite la rupture complète de l'équilibre d’un système qui favorise un paroxysme de souffrances. La sortie de la crise la plupart du étant la rupture de l’évolution du système pour faire naitre un autre processus d’évolution.

Un pays tout entier n’est pas en crise lorsqu’il n’existe qu’une crise sectorielle dans le fonctionnement de l’ensemble de la société. Quand on dit qu’un pays est en crise, on fait référence à une situation de multiples crises : les effets d’une crise dans un secteur de la société entrainant une autre crise dans d’autres secteurs du fonctionnement de la société. Les crises sont dès lors reliées les unes aux autres. Pour en sortir, Michel Roux (« Sortie de crise ou crise de sortie ? Impacts de ce contexte sur les modèles d’affaires de la sphère financière », VSE n° 189, décembre 2011, pp. 62-74) dit que la solution à mettre en œuvre doit s’appliquer à la source de la crise principale.

Au Gabon, la plupart des observateurs sont d’avis qu’il existe une crise du logement, une crise de l’électricité, une crise d’eau, une crise dans le système de transport (absence d’un réseau routier adéquat et de transport en commun), une crise dans le système éducatif, une crise dans le système de santé, une crise alimentaire, une crise sociale (crime rituels, taux élevé d’abandon d’enfants aux mères célibataires), crise morale, crise du système judiciaire, crise institutionnelle. Toutes ces crises étant reliées entre elles, le pays serait en crise.

Un pays c’est une Nation, un territoire et un État. Lorsqu’un pays est en crise, c’est son mode d’organisation sociopolitique qui fait défaut. Il y a une inadéquation entre les individus et le cadre institutionnel qu’ils se sont donné pour se gouverner. On parle de crise politique. Elle est à la fois une crise institutionnelle et des crises socio-économiques multiples.

Quelle est la source de la crise politique gabonaise?

Les causes de cette crise sont complexes et s’entrecroisent à la fois dans l’espace et dans le temps. Il faut remonter à l’année 1959, suivant les débats conduisant à l’indépendance politique du pays. Au début des années soixante, le système politique qui prévaut au pays est un système parlementaire, plus ou moins similaire au modèle américain. Le parlement dispose non seulement du pouvoir législatif, mais aussi d’un quasi droit de véto sur l’action du président de la République. À l’époque, la fonction de premier ministre est inexistante. Le président de la République est chef du gouvernement. Les députés de l’opposition qui s’opposent aux accords de coopération signés avec la France pour l’indépendance du pays mettent des entraves dans le fonctionnement du gouvernement.

Excédé, le président de la République, aidé de ses alliés, les forestiers français au Gabon, change unilatéralement les prérogatives de fonctionnement l’Assemblée nationale s’adjuge quelques-unes de ses prérogatives. Pour contrecarrer ce coup d’État constitutionnel, des éléments de l’armée et quelques députés décident de mettre le président de la République aux arrêts. L’armée française intervient et restaure le président dans ses fonctions. Les opposants au président Léo Mba sont mis aux arrêts et les autres fuient en exils pour se prémunir de sa revanche. On est dans une situation de monopartisme de facto. Trois ans après le coup d’État raté, le président Léon Mba meurt. Omar Bongo Ondimba, vice-président, devient président de la République. En mars 1968, il constitutionnalise le monopartisme.

Le pays étant peu peuplé, la manne financière qui provient de l’exploitation des ressources du pays permet au monopartisme de ne souffrir d’aucune contestation sociopolitique. L’exploitation du bois, la construction du chemin de fer, les chantiers d’exploitation du pétrole et des ressources minières donnent une puissance économique au pays. Elle entraine une vie sociale et culturelle qui cache les carences d’une absence démocratique et d’une bonne gouvernance du pays.

La fin de la construction du chemin de fer en 1986, la chute du cours du pétrole et le ralentissement des activités des entreprises minières mettent sur le chômage des milliers de personnes. Ne pouvant plus bénéficier de la couverture sociale et médicale des sociétés qui les employaient, elles vont lourdement peser sur le système de santé publique qui rend l’âme au milieu des années quatre-vingt-dix.

La crise économique du début des années quatre-vingt, combinée au ralentissement des revenus pétroliers et de la gestion calamiteuse des ressources financières handicapent les capacités de l’État à subvenir convenablement à ses charges sociales, celles de la construction et du renouvellement des infrastructures : les routes, les ponts, le logement; le renouvellement des systèmes d’adduction d’eau et de production de l’électricité; celles de la sécurité publique et celles du développement économique en général.

De ce fait, l’État voit l’augmentation constante de la population scolaire, mais a de la difficulté à relever le défi adéquatement : la population enseignante ne croissant pas au même rythme que de celle des élèves, le nombre et la qualité des infrastructures scolaires figée : c’est le début de la surpopulation dans les salles de classe. L’impuissance des enseignants à répondre adéquatement aux besoins d’apprentissage des élèves à cause de la surpopulation des effectifs dans les salles de classe, les résultats scolaires se font médiocres. C’est la crise du système scolaire.

À la fin des années quatre-vingt-dix, le système scolaire est effectivement en lambeaux. Il perd ses repères. Les tentatives de réformes, sans toucher aux causes de la sa faillite n’y changeront rien. Au contraire, mal adaptés, ils aggravent la situation déjà précaire. Comme les rats qui fuient un navire qui chavire, les plus fortunés envoient leurs enfants s’instruire à l’extérieur du pays. Les moins fortunés incapables de faire autant, envoient leurs enfants dans un système d’école en constant délabrement.

Les enseignants qui souffrent des conditions de pratiques scabreuses, revendiquant les conditions de travail à peine acceptable entrent en conflit avec leur hiérarchie. C’est le début des grèves à répétitions des enseignants à l’école primaire et à l’école secondaire. À l’université, les étudiants et les professeurs font autant pour les mêmes raisons.

Les remèdes ponctuels et occasionnels mis en œuvre pour endiguer ces grèves ne feront que repousser d’une année à une autre les soubresauts dans le système éducatif. D’une année à une autre, les grèves se font récurrentes et plus perturbantes pour la fréquentation scolaire.

Durant la construction du chemin de fer, les activités villageoises alimentaient les chantiers et l’achat des produits agricoles était de bon marché. Malgré le coût peu élevé de la banane, du manioc, des taros et les autres produits alimentaires consommés par les Gabonais, la présence des chantiers favorisait la détention d’un certain pouvoir d’achat et d’un certain enrichissement. Les parents pouvaient facilement ainsi subvenir aux besoins matériels de leurs enfants et de leur éducation.

La fin des chantiers de construction du chemin de fer, de la construction de routes et des entreprises connexes privent les villageois des débouchés de leurs produits. Ils perdent leur pouvoir d’achat. Ils ne sont pas en mesure de subvenir aux besoins de leurs enfants.

Les villageois désertent les villages pour se rapprocher des grands centres urbains du pays. L’exode rural provoque la paupérisation des villes où plusieurs personnes doivent désormais compter sur un salaire. La survie dans ces conditions entraîne le chacun-pour-soi. Les familles se disloquent, la jalousie entre frères, entre frères et sœurs introduit la sorcellerie. Les gens ne meurent plus de causes naturelles, c’est la faute du frère, de l’oncle, de la tante, du père, de la mère, du grand-père, de la grand-mère. C’est le début des grands conflits et des crises de la famille élargie.

Par rapport à ces crises, la survivance familiale entraîne les égarements, dans ses études, dans son emploi. Les jeunes gens, abandonnés à eux-mêmes observant le mauvais exemple des gouvernants du pays, ne tardent pas à monnayer leurs charmes, vivre de multiples relations amoureuses. La polygamie et la polyandrie sont la norme. C’est la décadence des mœurs, la perte des valeurs morales d’autrefois, tous les rapports sociaux, professionnels, amicaux se font sur la base d’un échange matériel.

La lourdeur de la survie entraîne dans l’administration publique la corruption. Elle a pour effet de pervertir le service public. C’est la crise de l’administration. L’obtention d’un document gratuit se fait à l’échange de gain financier ou d’un privilège. Les rapports à l’État deviennent ainsi des rapports marchands ou sexuels.

Face à toutes ces infamies, quelques-uns, une infime minorité, monopolisent la vie politique pour s’enrichir et enfermer la grande majorité des citoyens dans la torpeur de la misère.

Vers le milieu des années quatre-vingt, les contestations politiques du monopartisme apparaissent. À la fin de cette décennie-là, le chef de l’État, Omar Bongo Ondimba, voyant se former un mouvement de contestation d’envergure contre le monopartisme, convoque la tenue de la conférence nationale. Il veut revoir le mode de fonction politique et de la gestion économique et sociale du pays. La Conférence nationale entérine le principe du multipartisme.

Néanmoins, malgré l’instauration du monopartisme, le fonctionnement politique du pays est celui du parti unique. Car le président de la République détient encore l’ensemble des prérogatives des pouvoirs de l’État. Il en use pour empêche le fonctionnement démocratique du pays. Ce qui a le désavantage de priver le peuple de son pouvoir souverain, d’empêcher l’enracinement de la démocratie et donc de favoriser la mauvaise gouvernance. De 1990 à 2009, cette mauvaise gouvernance amplifie les souffrances et les tourments des populations.

Aujourd’hui effectivement, contrairement à la fin des années quatre-vingt, il est difficile de trouver de l’eau potable. Les populations vivent tous les jours les délestages d’électricité; les résultats scolaires sont de piètre qualité. Les malades doivent recourir à des cabinets ou des cliniques privées pour se faire soigner; les routes sont quasi inexistantes. Il y a une pénurie du logement. L’État est presque en situation de cessation de pays. Le pouvoir d’achat des populations a disparu. 30% de la population est au chômage. En somme tout va mal.

Le décès du président Omar Bongo Ondimba en 2009 avait donné un certain espoir. Pourtant le coup d’État électoral par ceux qui confisquent l’État fera évanouir cette espérance. Ali Bongo Ondimba le fils du défunt président prendra le pouvoir envers et contre tous les Gabonais, du moins 85% d’entre eux. Pour contester cette usurpation, les populations descendront dans les rues manifester leurs cris de colère. Ces cris seront étouffés par la mise en cadence de l’armée. Depuis, l’armée est omniprésente dans les rues pour maintenir intact le dictat de la force illégitime. C’est la crise politique.

En vérité, craignant qu’un soulèvement populaire en vienne à bout du système politique en place, le parti au pouvoir multiplie les actes d’oppression à l’égard des leaders d’opinion et les leaders politiques. Dans cette foulée, l’un des principaux partis de l’opposition est dissout en juillet 2011. Cette dissolution met une grande partie de la population dans le désarroi et le tourment politique. Le décès de l’Opposant historique Pierre Mamboundou Mamboundou en 2011 a agrandi le nombre des Gabonais désorientés politiquement. En effet, plus des deux tiers des Gabonais ne se reconnaissent pas dans le pouvoir établit.

En somme, l’observateur le moins attentif qui arrive au Gabon aura besoin de moins d’une semaine pour se rendre compte que dans presque tous les secteurs de la vie socio-économique rien ne fonctionne normalement. En cela, si l’on considère que la crise dans un pays est la juxtaposition d’un ensemble de dysfonctionnement dans la plupart des secteurs d’une société, on peut convenir d’état de crise. De même, lorsque l’état de la société est une situation de tourment économique, social et politique et qu’une telle situation entraîne des conditions de vie déplorable de plus de 30% de la population, on peut aussi convenir qu'il y a crise. Car il y a effectivement dans une telle situation, des contradictions et ou des incertitudes qui favorisent un paroxysme de souffrances. La crise étant en cela considérée comme une situation critique nécessitant un changement du mode fonctionnement habituel de la société. Pour éviter que le pays ne s’écroule complètement, il faut sortir de cette situation de paroxysme de souffrance. Faut-il préalablement arrêter de faire l’Autriche. « Dieu ne nous a pas donné ce pays pour ne faire ce que nous en faisons »!

Joel Mbiamany-N'tchoreret

lundi 6 août 2012

Gabon suspends 2 newspapers critical of government

New York, August 6, 2012-The Committee to Protect Journalists condemns Friday's decision by Gabon's state-run media regulator to suspend two private newspapers for six months over criticism of top officials.

 
In a press statement obtained by CPJ, the National Communications Council accused weeklies Ezombolo and La Une of disrespecting public institutions "and the personalities that embody them." Local journalists told CPJ that the council appeared to be singling out critics of the government.

"The suspensions of Ezombolo and La Une are acts of censorship and intimidation designed to silence criticism of public officials," said CPJ Africa Advocacy Coordinator Mohamed Keita. "Gabon's National Communications Council should reverse this decision and end the perception that it is the censorship arm of the government."

Under the Gabonese constitution, the president and the speakers of both chambers of the national assembly each appoint three members of the nine-member council for a term of five years. In May, Guy-Bertrand Mapangou, a former presidential spokesman and adviser, was appointed council chair, according to news reports.

The council accused Ezombolo of "threatening public order" with two columns published Friday: an opinion piece urging troops not to obey orders to shoot protesters and another calling opposition leader Andre Mba Obame the legitimate head of state. Obame proclaimed himself president-elect and staged a swearing-in ceremony after rejecting the results of the 2009 elections officially won by his rival, President Ali Bongo. The council also cited a July 16 Ezombolo column criticizing Bongo and Prime Minister Raymond Ndong Sima.

La Une was suspended over a series of columns critical of Bongo's diplomacy in a failed attempt to secure the re-election of his brother-in-law Jean Ping as the African Union Commission Chairman. Ping lost to Nkosazana Dlamini-Zuma in a July runoff election, ending a bitter contest between South Africa and Gabon for the leadership of the African Union, according to news reports.

CPJ

dimanche 5 août 2012

André Mba Obame de retour au Gabon samedi prochain : que devra-t-il faire dès son arrivée?

André Mba Obame (AMO) a annoncé son retour au Gabon après un long séjour de maladie et de convalescence. Lors de son séjour en Afrique du Sud comme en France, André Mba Obame a reçu les membres de son parti politique et d’autres personnalités gabonaises pour discuter de la situation politique de son pays.

Il a notamment rencontré des personnalités influentes du nouveau pouvoir français pour discuter de la situation politique et économique qui prévaut au Gabon. Dans ces entretiens, il a parlé du respect de la démocratie et de la bonne gouvernance comme les piliers fondamentaux à mettre sur pied pour sortir le Gabon de sa léthargie. Ces piliers sont par ailleurs les deux éléments fondamentaux évoqués par François Hollande dans la considération de la nouvelle politique de coopération nouvelle qu’il entend entretenir avec les pays africains. AMO n’a donc pas hésité à solliciter la France pour qu’elle soit une facilitatrice dans le nécessaire débat politique entre Gabonais pour asseoir le cadre démocratique essentiel à la bonne gouvernance du pays.

En vue de susciter ce débat national, AMO a eu plusieurs séances de travail avec la diaspora politiquement active, les représentants de la société civile et certains cadres de l’Union Nationale. Un mémorandum déclinant les différents aspects de ce débat a été remis aux autorités françaises qui en ont discuté avec le président Ali Bongo Ondimba. Ce mémorandum fait l’objet d’examen en ce moment des différents états-majors de l’opposition gabonaise. M. Ali Bongo Ondimba (ABO), après avoir reçu conseil des caciques du PDG encore aux affaires, par la voie de son porte-parole, a décliné l’offre du débat national considérant que « le pays n’est pas en crise ». L’arrivée au pays d’AMO va-t-elle malgré tout favoriser ce débat présenté par tous les observateurs comme inéluctable?

Il faut se rappeler que du vivant du président Omar Bongo Ondimba, AMO, ABO et Pascaline Ferry Bongo, après Édith Bongo Ondimba, étaient les personnalités les plus dominantes du régime. En prenant le pouvoir illégitimement au détriment d’AMO et de l’opposant historique Pierre Mamboundou Mamboundou (PMM), ABO a focalisé la lutte politique contre sa personne et le pouvoir qu’il a usurpé. Dans cette lutte, avec le décès de l’opposant historique Pierre Mamboundou Mamboundou, la vie politique du pays est comme cristallisée autour d’AMO et ABO, les « deux fils » du défunt président. Pour cela, AMO est perçu en ce moment comme la seule personnalité politique susceptible de réellement concurrencer ABO et peut-être l’évincer du pouvoir. D’ailleurs, quand il est hors du pays, la vie politique gabonaise évolue dans une monotonie, donnant l’impression d’une abdication totale de l’opposition face au dictat d’ABO.

Assurément, le retour d’AMO va susciter une dynamique. L’exigence de la tenue de la Conférence nationale souveraine ne pourra dormir dans les tiroirs des armoires de la présidence. Pourtant, AMO devra se surpasser , s’il souhaite que Conférence nationale souveraine se tienne.

En effet, si ABO dort d’un œil quand AMO est au Gabon, il sait disposer d’une garde politique et d’un socle sécuritaire pour l’encourager dans le refus de ce débat. Il sait que même si AMO dispose d’une bonne assise partisane, elle n’est pas suffisamment étendue à toutes les couches sociologiques du pays, et, surtout, n’est pas suffisamment dense pour créer la mobilisation qui favoriserait l’insomnie à ABO.

Bien que, plus des trois quarts des Gabonais ne veulent pas d’ABO comme président et souhaiteraient son départ du pouvoir le plus tôt possible. AMO ne parvient pas à fédérer ces trois quarts contre ALI Bongo en sa faveur. D’où la sérénité d’Ali Bongo et son sourire en coin.

Jusqu’à maintenant, effectivement, AMO a été un stratège politique inefficace. Il a focalisé celle-ci sur seule notoriété et le désamour à l’égard d’ABO, croyant, sans un effort pensé, qu’ils sont suffisants pour faire partir le député de Bongoville de la présidence de la République. Encore que, comme le disait feu président Omar Bongo Ondimba, « le pouvoir ne se donne pas, on l’arrache ». À ce jour, AMO n’a pas montré qu’il voulait arracher le pouvoir, qu’il était en mesure de l’arracher ou qu’il désirait réellement l’arracher. ABO a fait ses preuves en cette matière.

La première faiblesse d’AMO dans son incapacité à évincer ABO est la qualité de l’équipe politique qui l’entoure. AMO confond expertise professionnelle avec diplômés de grande école. Il confond collaborateurs avec famille. Il confond clan politique avec parti politique. De même, il confond rêve avec réalité et réalité avec désir. Toutes ces confusions sont les causes des manquements dans sa stratégie de communication, dans ses stratégies d’actions politiques et dans sa stratégie de mobilisation des Gabonais pour évincer Ali Bongo du pouvoir usurpé.

Lorsqu’AMO était ministre de l’Intérieur, il était champion de la deuxième division. Maintenant qu’il veut être président du Gabon, il est dans le championnat de première division. Certes, il peut garder les bons éléments qu’il avait en D2, il doit néanmoins recruter, s’entourer d’autres éléments, des nouveaux joueurs susceptibles de rehausser le niveau de jeu de son équipe. Pour cela, sans exclure les éléments de sa famille, ses copains ou de ceux qui pensent exactement comme lui, il serait souhaitable qu’il s’entoure aussi des gens qui ne caressent pas sa main dans le sens du poil.

Il doit disposer, dans son entourage immédiat, d’une équipe composée des gens des différentes régions du Gabon. Ils sauront à l’occasion confronter leur point de vue, critiquer ses choix et l’amener à prendre une certaine distance par rapport à ses décisions. Il saura ainsi agir avec cohérence et prudence au regard des objectifs qu’il se donne avec son équipe. Avec tous ses ÉNARQUES qui l’entourent, ses professeurs d’université et ses autres docteurs et ses anciens collaborateurs politiques du temps où il était au PDG, il est comme dans une équipe où tous les joueurs sont les meilleurs défenseurs de la deuxième division, avec les mêmes réflexes du grand parti de masse.

Mais qui va marquer les buts. Chaque défenseur voulant être sur le terrain à sa position naturelle pour faire valoir son talent et retenir l’attention du chef, chacun agit comme si le match était gagné. Tous n’hésitent donc pas à venter leur talent et par ricochet les atouts de l’équipe. En tout état de cause, il n’est donc pas étonnant d’entendre certains parler des cadres de l’Union nationale comme de l’équipe de rêve. On se mettrait à saliver au pétillement de leurs yeux et à leur voix mielleuse de leur vantardise politique creuse. Il en résulte des manquements graves que nous observons. Par exemple, nous sommes d’avis qu’il n’existe aucun plan de communication stratégique mis en place par ces cadres supersoniques pour les interventions d’AMO. En comparaison des stratégies de communication d’ABO, on n’est pas trop loin de l’amateurisme que beaucoup de Gabonais décrient à l’égard d’ABO.

Comme de fait, depuis la prise illégitime du pouvoir par ABO, les communications faites par AMO à France24, Africa24 , RFI et même de sa dernière prise de parole lors du meeting populaire animé par de l’Union nationale et la société civile, ont toutes étaient médiocres au regard des grandes attente des populations. Là est la première faiblesse d’AMO : l’inexistence d’une méthode de communication politique stratégique efficace.

Dès le départ, Bruno Ben-Moubamba (BBM) comme vice-président, il aurait fallu le considérer comme le chargé de la communication du parti. BBM est un excellent communicateur politique. Je ne connais aucun Gabonais qui a le flair et le sens de communication politique comme lui. AMO, s’il avait voulu faire confiance à ceux qui n’étaient pas avec lui en D2, il aurait effectivement pu faire de BBM son principal conseiller en stratégie de communication. Pour cela, évidemment, il aurait dû préalablement, compte tenu de l’actif politique entre les deux, tisser des liens francs, des liens de solidarité fondés sur le respect. Il aurait dû également pour cela montrer à l’égard de BBM cette considération qui entraîne à la fidélité et à la communion des vues. Au lieu de cela, il a joué le représentant de BBM au sein de l’UN contre lui dans cet exercice et pour les visées de la sorcellerie politique gabonaise. On sait les conséquences de ce qui en a résulté.

Par ailleurs, depuis 2010, AMO a poursuivi une stratégie politique d’espérance du partage du pouvoir avec ABO. En bon étudiant de sciences politiques qu’il était, il a oublié qu’en politique on ne partage que le pouvoir que l’on ne possède pas. Même s’il dit avoir gagné l’élection présidentielle, il n’a pas gagné le pouvoir de la puissance publique qui va avec. C’est ABO qui a le pouvoir, illégitime soit-il. Comment peut-il prétendre vouloir le partage! De plus, il n’était pas le seul à revendiquer cette victoire.

Il me semble que la stratégie d’AMO, dès octobre 2009, au lieu de faire la grève de la faim ridicule, aurait été de conquérir le cœur des Gabonais, tous les Gabonais. Pour cela, dans une suggestion que nous lui faisions en 2010, connaissant Mamboundou souffrant, nous lui avons demandé de travailler pour une alliance stratégique avec l’UPG dans le but de faire de Mamboundou le premier ministre. Une telle alliance était de nature à contrer définitivement le PDG dans ses magouilles électorales et de dresser contre le système mafieux pdg les ¾ des Gabonais. Cette suggestion, comme les autres faites antérieurement, fut ignorée. À sa place, ABO sur les recommandations de la France proposa à Mamboundou une alliance politique de gouvernement.

Le dilemme d’AMO dans sa faiblesse vient aussi du fait qu’il est prisonnier de certaines certitudes. Il ne réalise pas que celui qui a le pouvoir, et qui sait en user, renverse toujours les choses en sa faveur. Pour évincer ABO, AMO doit sortir de ses certitudes et de l’arrogance du PDG-PARTI-UNIQUE (1968-1990) véhiculée par ceux qui l’entourent. Il doit revisiter ses priorités et ses plans politiques. Il doit concevoir dans un délai de trois ans ce qu’il doit faire si ABO n’est pas parti avant.

Conséquemment, quand il revient de Paris, après avoir été accueilli à l’aéroport, il devra faire un discours de mobilisation de ses partisans et prendre de rendez-vous avec les Gabonais, en annonçant une tournée nationale. Il devra commencer cette tournée par le Sud du Gabon, ensuite le Sud-Est, le Nord-Est, le Nord, le Centre, l’Ouest pour finir avec une grande réunion de mobilisation à Libreville. Cette réunion de mobilisation à la mi-septembre sera le moment d’exiger, voire d’imposer la tenue de la Conférence nationale.

Toutefois, pour mobiliser tous les Gabonais, dès son retour et dans l’ensemble de ses discours, AMO doit renoncer à dire qu’il veut le pouvoir, que c’est lui qui a été élu. Certains Gabonais le pensent, ils sont néanmoins passés à autre chose. En se réinventant, AMO doit trouver autre chose, un mot-clé, un slogan qui évoque à la fois les maux des Gabonais et leur espérance à quelque chose de nouveau, de beau et de prometteur, si ces Gabonais osent se mobilisent contre le pouvoir illégitime et l’amateurisme gouvernemental.

Le leader qui attire le peuple opprimé est une personne qui a souffert dans son sang, un martyr, une personne qui a tout abandonné pour vivre avec le peuple ses souffrances, une personne humble. Personne n’ira se mobiliser contre ABO si le gain convoité est celui d’une autre personne, surtout lorsqu’il n’y a aucune affiliation sociologique telle qu’on la connait au Gabon.

Le renoncement pour soi et la quête pour les autres doit transfigurer dans le comportement, le parler, dans l’évocation gestuelle d’AMO. Il doit comprendre que le pasteur qui mobilise ne parle pas en son nom, mais au nom de Jésus. Il doit parler au nom du Peuple gabonais, au nom de la Nation gabonaise. Son entourage doit arrêter de mystifier ceux qui ne sont pas de son origine sociologique. Il faut qu’il se dépouille d’une certaine image de lui-même pour se laisser habiller par le peuple qui souffre. Ainsi, il le verra porteur de ses espérances, de sa soif du combat politique. Ainsi, il sera le leader national.

AMO devra aussi éviter ces réunions de l’Union nationale où ses « cadres » sont assis d’un côté, sur des belles chaises et les simples militants de l’autre. Tous doivent être confondus avec les militants, le peuple. Oui, l’humilité, il faut faire preuve d’humilité pour que l’on sache qu’AMO et ses partisans veulent servir et non se servir. En continuant de faire comme ils font, ils montrent qu’ils ne sont en rien différents du PDG et qu’ils veulent prendre leur revanche. Cela le peuple ne le veut pas. Il veut que l’on s’occupe de lui, de ses problèmes, de ses envies et de ses besoins.

Voilà, à mon sens, comment AMO devra agir pour mobiliser les Gabonais.

Joel Mbiamany-N'tchoreret

samedi 4 août 2012

Égo, quand tu nous tiens, le pays est à terre, Ali Bongo est au pouvoir!


L’unité de l’opposition gabonaise est à mon avis une chose impossible. Elle n’est pas impossible tellement par une différence de programme politique que par le caractère et le comportement des leaders, des cadres des différents états-majors politiques et leurs militants.

Ailleurs, la religion ou les ressources économiques constituent un principe essentiel des différenciations sociales. Dans mon pays, la politique est l’instrument d’identité et d’appartenance sociale. Les opinions que l’on exprime sont à cet égard les clefs qui ouvrent ou ferment les portes des cloisons qui séparent politiquement les Gabonais aujourd’hui de façon étanche.

En fait, les comportements politiques et les systèmes d'opinions et d'attitudes qui leur sont associés sont fortement dépendants d’une appartenance objective et subjective à un groupe sociopolitique. On trouve ainsi, le groupe émergent, le groupe unioniste, le groupe upégiste, la diaspora d’opposition (elle-même divisée en sous-groupes) les non-alignés, les perdus, les trouvés, les embrouillés, les laissés pour compte et les non classés. Chacun croit dur comme fer qu’il a la solution, la stratégie inédite, les moyens de ses ambitions pour prendre le pouvoir. Les pauvres imbéciles enchevêtrés dans leur égo non pas encore compris la dynamique du pouvoir gabonais et de sa capture. Pauvre Gabon! Unis dans la concorde et la fraternité. Quelle ironie!

À l'origine de ces comportements politiques égoistes, ce sont les croyances et les convictions, les implications affectives, la représentation du champ social, les systèmes de normes et de valeurs caractéristiques notamment de l’opposition aux anciens ténor du parti au pouvoir devenus opposants; à l’opposition classique de la fin des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix qui ont passé leur temps à abdiquer et à jouer dans la complaisance et la compromission; la colère contre le parti au pouvoir et à l’estime que les uns et les autres ont des leaders politiques de l’opposition et de la considération sur le leader susceptible de chasser le parti démocratique gabonais du pouvoir.

L'emprise de ces structures symboliques est largement tributaire de l'identité et de l’engagement politique de l’ensemble des Gabonais. L'analyse de données collectées entre 2009 et 2012 et sa confrontation avec des opinions politiques que nous relevons sur Facebook montrent à la fois le profond enracinement culturel des systèmes d'attitudes ainsi constituées et leur évolution, inséparable de l’identité de la société gabonaise depuis l’élection présidentielle anticipée de 2009.

Face à un contexte où le parti démocratique gabonais veut garder un indéfiniment le pouvoir, les cloisons d’identités sociopolitiques qui séparent les Gabonais sont des instruments qui le faciliteront toujours la tâche. Aucun chef de clan ne veut céder à l’autre le privilège de conduire la charge contre le pouvoir, chacun se disant plus légitime que l’autre. Les idées que l’un propose est à l’opposé de ce que les autres veulent faire. Ce que l’on observe entre les groupes politiques, entre les leaders politiques est la même chose qui se passe entre les cadres des différentes formations politiques et même au niveau des simples militants. L’égo est le fondement qui caractérise notre être politique commun.

JMN