mercredi 28 décembre 2011

De l’absurdité de nos existences politiques

Ce matin, mon réveille ne m’a pas ennuyé comme les autres matins, depuis quelque quatre jours. En sortant du lit, j’ai enfilé mon peignoir par-dessus le pyjama. Il a neigé hier. La première vraie bordée de neige de l’année. C’est vêtu comme un judoka que je me suis rendu à la salle de bain pour me brosser les dents et me rafraichir le visage d’une eau toute aussi fraiche. En me relevant devant le miroir, je surpris mon regard me regarder étrangement. J’avais l’air de ne pas me reconnaître. J’arborai néanmoins un sourire de satisfaction. Mon regard sur moi a fait une grimace d’étonnement. Ne voulant pas perdre la raison dans un questionnement de moi-même par rapport à moi-même, je suis sorti de la salle de bain, pris les marches pour aller à l’étage en dessous où se trouvent cuisine, salon et salle à manger. Comme à mon habitude, dans les moments de paix intérieure, j’apprêtai mon petit déjeuner en sifflotant « Affaire Georgia » une musique que mes camardes et moi jouions dans la fanfare du lycée. Ce furent des crêpes arrosées du sirop d’érable, quelques fraises fraiches, deux œufs brouillés et voyons…une tranche de jambon… un petit café et un petit verre de jeu de raisin accompagnaient le tout dans une harmonie matinale de congé des fêtes de fin d’année… comme pour ne pas laisser mon bonheur à demi…. je me suis ensuite plongé dans une relecture de l’Étranger d’Albert Camus pour revisiter le concept de « l’absurde », dans les sons d’une musique d’opéra. Je ne sais pas trop pourquoi… mais ce concept, d’absurde, est resté pris hier dans ma tête en me cheminant vers mon sommeil. … ah oui, je me souviens…

C’est que toute la journée hier, j’étais dans un questionnement que certains qualifieraient sans doute d’existentialisme. J’étais dans cette certitude que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions. Je réfutai, du moins, je tentai de trouver les contre-postulats à cette thèse qui soutient que notre existence soit prédéterminée. Dans mon raisonnement, je rentrai dans la certitude que chaque personne est un être unique, maître non seulement, de ses actes et de son destin, mais également, pour le meilleur comme pour le pire, des valeurs qu'il décide d'adopter. De ce raisonnement j’arrivai à la conclusion qu’il n’y pas de valeur absolue outre que celles qui nous mettent en harmonie avec notre être. Pourtant, me reconnaissant un être naturellement sociable, je fus en contradiction dans ma pensée, me rendant compte que j’opposai mon moi individualiste et mon moi : être sociable, qui doit vivre dans le respect de conventions morales entretenues dans mes relations sociales. Ne voulant pas trop prolonger ma pensée dans cette réflexion, j’en étais arrivé à la trouver absurde…

À suivre….
….

lundi 26 décembre 2011

Les défauts de notre éducation

Ce qui nous tue au Gabon, dans ce manque de conscience que nous avons de notre condition, et donc de la possibilité d’en sortir, est le déficit d’éducation. Nous ne parlons pas de cette éducation qui consiste pour l’essentiel à l’obtention d’un parchemin et par lequel on se gargarise vaniteusement d’être docteur, diplômé de ceci ou diplômé de cela, (à tel ou à tel autre âge), à tel enseigne que notre grade universitaire parle beaucoup plus que nos actes de transformation de notre univers social. Nous parlons ici de cette éducation qui oblige la transforme de la personne pour faire naître un être différent de celui sorti des mains de la nature. Doté des maximes de sa condition, il connaitrait les causes, les effets et les conséquences de sa condition d’existence et serait dès lors affecté de la volonté de changer son univers social par les effets de sa propre transcendance. Clairvoyant, quant à sa condition d’existence misérable, il serait voué à essentiellement agir pour en sortir. Le paraître apparaissant farfelu, puisque situé par sa transcendance au-delà des dimensions de l’accomplissement de son l’égo, il s’investirait dans la réalisation des grands desseins pour faire de son existence autre chose qu’un simple passage sur terre.
Mais que faut-il comprendre par transcendance? En quoi est-elle la clef essentielle de sa libération de l’obscurantisme et du joug de la réalisation de son égo?

dimanche 25 décembre 2011

« Chacun a son passé, son histoire. Aujourd’hui le seul chemin est le combat pour la démocratie ».

La presse locale vient de nous gratifier des commentaires du PDG sur les élections passées. S’ils ont manqué de qualificatifs, conformément à leur habitude, ceux utilisés sont grandiloquents, irréalistes, surréalistes.

Pour ma part, je voudrais porter un regard sur deux points de ce scrutin. D’abord sur les élus puis sur la participation.

Concernant les élus (114 du PDG, 3 du RPG, 1 du CLR/PSD/UPNR), soit 118 à la majorité présidentielle. Alors, plébiscite ou piège ?

Quant aux électeurs, il y aurait eu une « très faible participation » pour ne nous en tenir qu’à la déclaration des observateurs internationaux. Ici, nous ne discuterons pas des chiffres, retenons les 34% de participation en attendant ceux plus crédibles de Wikileaks qui ne sera à coup sûr pas loin des 80-90% d’abstention, soit 10-20% de participation.

Quels enseignements tirer alors de ce scrutin ?

Si, pour le PDG, cette élection est un plébiscite de la politique du Président Bongo, pour l’analyste indépendant qui se réfère « à la très faible participation» notée par les observateurs internationaux, seule la fraction qui a voté le candidat Ali Bongo en 2009 s’est rendue aux urnes, soit 11% auxquels il faut ajouter les électeurs des autres fractions de la majorité et de la dissidence de l’opposition.

Cela ne nous amène guère à plus de 20%. Qu’à cela ne tienne, 41%, octroyés à Ali Bongo aux élections présidentielles en 2009 sans l’apport des Mba Abessolo, Ndao, Maganga, Mayila , Mbou Yembi et autres UPG travestis et 34% avec les voix de tous ceux-là pour se constituer une Assemblée introuvable deux ans plus tard, y a t’il de quoi pavoiser ? Où est le raz de marée ? Il s’agit plutôt d’un recul. Parler ici de plébiscite, autant dire qu’on a perdu le sens des mots ou simplement la raison !

Les résultats électoraux, comme les autres événements de l’Histoire finissent toujours par être révélés. Tôt ou tard, des proches de Rogombé, Mborantsuo, Ndongou, Aboghe Ela ou eux-mêmes, sur un coup de remord, finiront par passer au crachoir.
Quant à moi, observateur politique de notre pays, je tire trois enseignements de ce scrutin.

Tout d’abord, notons qu’une fois de plus, notre peuple a réagit conformément à l’intérêt supérieur de la nation gabonaise. Dans le passé, il a toujours été fidèle à cette idée. Mais sa victoire a toujours été volée et ses choix détournés. Voici quelques exemples à partir des élections dont nous détenons des données : 1957, Obame Jean Hilaire obtient la majorité à l’Assemblée territoriale. Il devrait être premier ministre du gouvernement de la Communauté et devenir Président de la future République lors de la proclamation de l’indépendance.

Mais il perdra le pouvoir à la suite d’une manipulation des forestiers français du Gabon. Intègre, il ne voulait pas brader la forêt gabonaise. 1993, première élection présidentielle de la nouvelle ère démocratique. Les Gabonais se sont massivement mobilisés. Omar Bongo est quasiment battu. Il conservera le pouvoir suite à la proclamation anticipée après manipulation des résultats. 2009, Ali Bongo n’atteint même pas 11%. Il est crédité de 41% et proclamé vainqueur.

Le 17 décembre 2011 notre peuple s’est une fois de plus mobilisé. Cette fois pas pour aller voter, mais pour s’abstenir de voter. Dans certains bureaux, les citoyens allaient retirer leur carte d’électeur au moment du vote. Mais curieusement, au lieu de s’orienter vers l’isoloir, ils sortaient et s’en allaient. Quel patriotisme ! Oui, je dis patriotisme. Car tout au long de la campagne, preuves à l’appui, les leaders de l’opposition leur ont démontré que le Gabon était bradé à des ressortissants étrangers.

Pour une fois, notre peuple s’est reconnu dans son opposition. Il le lui a dit partout où elle est passée. En effet, pour la première fois nos populations voyaient l’opposition rassemblée, parcourir le territoire et parler d’une même voix.

C’était un moment fort.

Oui on ne peut nous refuser ce premier enseignement d’un peuple mobilisé sur un mot d’ordre rassembleur: « ça suffit comme ça, pas de biométrie, pas de transparence électorale, pas d’élection ». Car comment interpréter la débâcle des candidats UPG dans leurs propres fiefs (et à un moindre degré les défaites d’un Ndao ou d’un Maganga) sinon par l’abstention des électeurs de ce parti qui ont voulu honorer la mémoire de Pierre Mamboundou : « Yi sile mfoumbi mougandou », littéralement « ce que laisse un défunt doit être protégé » ou encore « le testament du mort est inviolable » m’a dit une militante à Port-Gentil.

Ainsi, lorsqu’à Tchibanga et à Port-Gentil, l’idée de faire du 17 décembre 2011 une journée Pierre Mamboundou avec ville morte a été lancée, une salve d’ovations l’a accompagnée.

Le deuxième enseignement est qu’unie l’opposition peut mobiliser la population. Nous le savons. Tout le monde le sait et le pouvoir joue sur les divisions de l’opposition pour se pérenniser. En 2009, il nous est revenu que la seule crainte du PDG résidait dans l’éventualité d’une candidature unique de l’opposition. A tel point que la France-Afrique se mobilisa pour susciter une candidature, deuxième digue, dans le cas où la première digue, celle d’Ali, céderait, avec pour mission de barrer le Tsunami Mamboundou, candidature d’une alliance (Boisbouvier in Jeune Afrique). Du nord au sud, de l’est à l’ouest, les Gabonais ne cessent de nous le dire : « unissez-vous, unissez-vous ». Nous y avons répondu, avec ce relent d’unité, en parcourant ensemble le territoire et en disant la même chose. Ils ont applaudit. Ils ont massivement refusé d’aller voter. A chaque coin de rue, ils nous le signifient aujourd’hui. Mais ce n’est qu’un essai, il nous faut maintenant le transformer.

Le troisième enseignement est que, d’une élection à l’autre, se confirme et se renforce cette réalité connue et établie : le PDG n’est pas majoritaire au Gabon. 118 députés plus les 2 de l’opposition avec 34% d’électeurs. La démonstration est ici faite et notre objectif est ainsi atteint : démontrer à l’opinion ce que vaut la PDG, moins de 1/3 de l’électorat. Car, comme nous l’avions programmé, si les Maganga, Ndoa, Mayila et Mbou Yembi n’avaient pas cautionné ces élections, probablement seulement un électorat de moins de 20% aurait été élire les députés PDG, dépassant à peine les 11% d’Ali Bongo aux élections présidentielles de2009.

En dépit de cette réalité, le PDG veut conserver le pouvoir. A cet effet, ce parti a mis au point toute une stratégie: paupérisation de la population pour la rendre facilement achetable à vil prix lors de chaque scrutin (des Gabonais sont transportés comme du bétail de ville en ville pour 5000 fcfa aux fins d’aller voter pour les candidats PDG), maîtrise de la liste électorale avec utilisation de techniciens chevronnés en informatique au Ministère de l’intérieur pour établir des listes sur commande, chaque candidat PDG fournissant sa liste électorale aux inscripteurs tapis dans les préfectures, les mairies et au Ministère de l’intérieur, utilisation de la Cour Constitutionnelle qui intervient en dernier recours avec pouvoir de proclamer vainqueurs même des non élus, de la Commission électorale qui peut bloquer le processus et laisser le Ministre annoncer des résultats « arrangés », de l’administration, des fonds publics pour un contrôle total du processus électoral. Et si, malgré tout cet arsenal, le processus coince, les forces de défense et de sécurité viennent brutaliser les opposants, autant d’actions qui se soldent souvent par des morts que l’on tait (Libreville 1993-1994, Libreville et Port-Gentil 2009).

Pourtant, après la Conférence Nationale, une Constitution adoptée par la 8ème législature comportait bien des éléments de régulation de la Démocratie : élections à deux tours, mandat présidentiel à 5 ans, renouvelable une fois, prérogatives du Gouvernement sur les forces de sécurité et de défense, sur la justice, etc. Les Accords de Paris, en créant la Commission Nationale Electorale (CNE), enlevèrent au Ministre de l’intérieur la primauté de la liste électorale, lui évitant d’être à la fois juge et partie et édicta les principes de la loi 7/96 qui contenait des gages de transparence renforcés par la suite avec la remise des procès verbaux et l’enveloppe à double compartiment.

Grâce à cet arsenal légal, les perspectives d’alternance étaient à tel point rendues possibles qu’aux élections locales de 1996, l’opposition rafla les grandes municipalités du pays (Libreville, Port-Gentil, Oyem, Mouila, etc..). C’est alors que, faisant fi des principes constitutionnels, Bongo et son groupe modifièrent aussi bien la Constitution que la Loi électorale pour revenir à la toute puissance d’un Ministre de l’intérieur manipulateur chargé, comme ses prédécesseurs, d’assurer la victoire du PDG à toute consultation électorale. Bongo ne disait-il pas que « On ne perd pas une élection que l’on organise ».

Ce système si verrouillé à fait prendre conscience à l’électeur Gabonais, loin d’être stupide, de la quasi impossibilité de l’alternance par le bulletin de vote. Ainsi, l’abstention du 17 décembre 2011, comme celles qui l’ont précédée a une signification unique : le vote ne sert à rien tant qu’il n’y a pas de transparence électorale. Que le pouvoir l’admette ou non ce choix populaire a été amplifié par le mot d’ordre d’une opposition soudée, parlant d’une seule voix : « pas de biométrie, pas de transparence électorale, pas d’élection ».

Alors que faire ? Nous avons dit : « ça suffit comme ça. Trop, c’est trop ». Quelles actions alors la raison peut-elle nous dicter ?

Parce que l’histoire montre chaque jour qui passe qu’ il n’est pas possible « de tromper tout le peuple tout le temps » et que les Gabonais viennent de signifier une fois de plus leur rejet du système PDG, l’objectif visé à l’issue de cette élection est unique et simple : mettre en place les outils de la transparence électorale, organiser les élections dans cet esprit et laisser la place à de véritables réformateurs ayant la volonté de mettre le pays sur la voie de la démocratie et du progrès.

C’est la voie que devrait choisir le PDG et ceux qui le soutiennent, si tant est que ce parti a le souci de maintenir la paix et d’assurer l’évolution de ce pays. Mais en ont-ils la capacité ? Garson, professeur à l’Institut Européen de Sciences Politiques, analysant la situation créée par le choix français aux élections présidentielles gabonaises de 2009 concluait que la France avait commis une erreur aussi grave que celle de Marcoussis en enlevant le pouvoir au vrai vainqueur réformateur et en le laissant à des prédateurs minoritaires qui ont planqués tant de milliards à l’extérieur, hypothéquant pour longtemps le développement du Gabon. Et il concluait que l’Histoire et les Hommes se chargeraient de les rattraper.

L’Histoire est entrain de les rattraper. Car quand bien même ces chiffres étaient vrais, 41% en 2009, 34% en 2011, n’est-ce pas là un désaveu ?

A écouter leurs fanfaronnades, et malgré le verdict populaire, ce groupe n’est pas prêt à entendre raison.

Tirer les leçons implique que le peuple qui s’est exprimé ainsi et l’opposition prennent leurs responsabilités. A la lumière du passé, cette opposition est à interpeller afin que tous ceux qui se croient investis d’une quelconque « mission » taisent leur ego et œuvrent pour la communauté.

Chacun d’entre nous à son passé, son histoire, son itinéraire. Mais aujourd’hui le seul chemin est le combat pour la démocratie et l’alternance aux côtés de notre peuple qui passe par l’adoption des 13 points conditionnant la transparence électorale qui lient aujourd’hui notre action à celle de la Société civile.

Pr. P A Kombila
Président du Rassemblement national des bucherons

samedi 24 décembre 2011

Quand les lamentations de l’agneau sont les soupirs de la bête en chasse.

Ce n’est pas une ironie d’associer l’agneau à la bête dans une même image! Dans l’imaginaire de conte, l’agneau incarne l’innocence et dans une certaine mesure la faiblesse face au danger menaçant. Tandis que la bête représente la férocité, le mal qui agit en l’absence de toute empathie envers sa proie. Par rapport à cette férocité réelle ou appréhendée, l’imaginaire du conte, au regard de l’instinct de survie en chacun de nous, nous pousse à prendre des dispositions pour combattre la bête avec toute notre énergie.

À cela, l’association de l’image de l’agneau à celle de la bête en lien au concept de « soupirs de la bête » consiste à un procédé pour dire que dans ce qui semble être son agonie ou sa repentance en vue des derniers sacrements avant la mort, la bête émet des cris de détresse. Ces cris s’apparentent à des lamentations qui conduisent la bête à s’incarner en agneau en vue de se mettre dans une innocence incarnant une victimisation. Elle vise à faciliter la mise en apostrophe de son adversaire pour qu’on soit porté à voir en l’adversaire la bestialité qui en réalité sommeil davantage en lui que dans l’autre.

En effet, lorsque l’on est amené à examiner quelques comportements de certains soi-disant compagnons de lutte, on est en droit de se demander, toute chose étant égale, comment sérions-nous mieux préservés si ceux qui prétendent à la vertu agissent par le mal décrié avec leurs camarades alors qu’ils sont ensembles dans la lutte contre ce même mal.

Lorsque par le hasard des discussions il nous est révélé le comportement qu’affichent certains à notre égard et que l’on prend conscience qu’ils font exactement ce qu’ils dénoncent, il est de l’instinct de survie que de se mettre en émoi. Dans la frayeur qui prend place, s’érigent des doutes sur la certitude de nos convictions par rapport à certains.

Et naturellement, il devient légitime de se demander sérions-nous mieux sauvegardés par certains que par d’autres si certains événements avaient favorisé l’existence d’un certain état de choses. Certains diraient qu’il n’est pas de bon temps que de s’instituer dans ce genre de doute parce que l’on en vient à se situer dans le combat dans une posture bancale qui ne peut que ralentir notre force de combat et affaiblir notre camp. Pourtant, ne faut-il pas, au regard de plusieurs faits, prendre une certaine distance de doute. Ne vaut-il pas mieux demeurer prisonnier de plusieurs doutes et nourrir des pas hésitants que de vivre dans des certitudes et entrer dans sa propre agonie.

En effet quand il est soutenu que l’homme est la bête de l’homme, nous sommes enseignés que le monde n’est pas manichéen. D’où, d’un côté on aurait que des personnes entièrement vertueuses et de l’autre celui des personnes entièrement immorales. Le monde, quel que soit le côté où tombe notre regard est constitué de toute sorte de personnes. Il faut donc pratiquer le douteen prenant appui dans l’histoire des révolutions et saisir que des compagnons de combat sont devenus les tortionnaires de leurs camarades lorsque la lutte avait abouti à la victoire.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

jeudi 22 décembre 2011

Le combat contre la dictature

Bonjour Mike Jocktane

Le harcèlement du gouvernement de l’émergence à ton égard est une autre des façons d’une dictature de réagir à l’égard des personnes qui veulent souffler le vent de la liberté dans tous les horizons de notre pays et propager la lumière de la vérité en étendant ses rayons à l’ensemble des individus pour qu’ils agissent avec leur propre entendement de citoyen libre. Il importe en effet à Ali Bongo et ses courtisans de maintenir le peuple sous la coupole de la facétie par la pratique du mensonge, des vérités partielles et ces autres artifices qui nourrissent l’obscurantisme et la médiocrité de l’esprit.

Dans ce contexte, il est bon de comprendre, dans le combat que vous aurez à mener dans les tribunaux dans les prochains jours, que dans notre pays il y aurait dans le débat politique deux sortes de «vérité». Celle du combat que vous et moi menons, cette quête libératrice des cordes de la domination sociopolitique et cette vérité des émergents qui vise la conquête de tous les instruments du pouvoir en vue de mettre la majorité des gabonais sous leur domination politique pour les asservir leurs droits de citoyens et satisfaire ce qui dans la tutelle de la morale et de la vertu institutionnelle ne saurait être accompli.

De fait, de cette double réalité, renonçons à croire à une sociabilité naturelle de l’homme dans notre pays, comme l’ont pour leur part prédit certains théoriciens du droit naturel. Nous devons admettre que depuis 2009, nous sommes revenus aux conditions du parti unique et reconnaitre que dans cette condition sauvage nous sommes vraiment en guerre. On pourrait croire que, dans ce conflit, les émergents bénéficient d’un avantage. Il n’en n’est rien. Nous sommes dans une égalité de force si le moindrement nous usons de notre intelligence.

Nous devons effectivement savoir que le plus faible est toujours assez fort pour tuer le plus fort, soit par ruse soit en s'alliant à d'autres. Lorsque les individus ne connaissent d'autres limites que leurs forces naturelles, ils peuvent s'attendre à ce que pèse sur leur personne une menace graves. De celle-ci, nous ne pouvons survivre isolément. Voilà pour quoi, par rapport à votre combat, notre combat, nous nous devons solidarité et soutien mutuel. En mon nom et celui de bien d’autres gabonais, même ceux qui ne sont pas de la même allégeance politique que vous, sont en rang derrière vous par la prière et par des actions diverses pour que triomphent le souffle du vent de la liberté et les lumières de la vérité, la vérité libératrice et non celle de l’enfermement au monolithisme politique.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

samedi 17 décembre 2011

Elections législatives - Communiqué de la Société Civile - ça Suffit comme ça!


L’appel lancé par les forces démocratiques gabonaises opposition politique et la Société Civile libre autour du Mouvement Citoyen « ça suffit comme ça » à savoir « Pas de Biométrie, pas de Transparence, Pas d’Élection » a été largement et massivement suivi.

Le Peuple Gabonais, dans une maturité sans précédent vient de rejeter et désavouer le système PDG. À travers tout le pays, les bureaux de vote sont restés vides : plus de 95 % des gabonais ne sont pas allés voter.

Cet échec confirmé par la presse internationale et les représentants de la Communauté Internationale constitue une cuisante défaite pour le pouvoir en place. Ce résultat confirme par ailleurs, le manque de légitimité du pouvoir actuel et l’engagement du peuple gabonais à instaurer une Démocratie et Un État de Droit au Gabon.

Il consacre davantage la rupture entre ce régime autocratique et le Peuple Gabonais, déterminé à mettre fin à un système de corruption, de servitude et d’assujettissement responsable de la ruine actuel du pays.

À partir d’aujourd’hui, fort de la légitimité acquise à travers le boycotte de cette élection, la Société Civile à travers le Mouvement « ça suffit comme ça » s’engage à renforcer la mobilisation citoyenne jusqu’à la satisfaction de toutes les revendications relatives aux réformes démocratiques.

La Société Civile félicite le Peuple Gabonais, salut son courage et son engagement à sortir notre pays de ce régime prédateur. En définitive le peuple Gabonais Souverain et maitre de son destin est le seul vainqueur de cette élection.

Nous prenons à témoins la Communauté Internationale et les différentes représentations diplomatiques installées au Gabon sur les conséquences de cette élection législative refusée par toute la population gabonaise.

Aussi, La Société Civile invite la Communauté Internationale à ne pas reconnaitre cette parodie d’élection législative, et à se mettre aux côtés du peuple en soutenant sa lutte pour la Liberté, la Démocratie, la bonne gouvernance et les Droits de l’Homme au Gabon.

Fait à Libreville, le 17 décembre 2011

vendredi 16 décembre 2011

Quand on parle de dictature au Gabon : Rapport sur les exactions Port-Gentil le 16/12/2011 à 13:17

Au terme d’une mission sur le terrain du 18 au 21 septembre, conduite par le professeur Pierre André Kombila Koumbe, le Front de refus du coup de force électoral a présenté le 24 septembre son rapport sur les émeutes post électorales qui avaient éclaté à Port-Gentil du 3 au 6 septembre dernier.

Alors que les autorités continuent de brandir un bilan officiel de 3 morts accidentelles, le rapport de l’opposition fait état de plusieurs dizaines de morts tombés sous les balles des forces de l’ordre, ainsi que de nombreuses exactions et menaces sur la population de la cité pétrolière.

Gabon : L’opposition sort son rapport sur Port-Gentil RAPPORT DE LA MISSION D’INFORMATION (Port Gentil, les 18, 19, 20 et 21 septembre 2009)

Le 17 septembre 2009, le Collectif des candidats à l’élection présidentielle du 30 Août 2009 a commis une mission d’information chargée de recueillir des témoignages dignes de foi sur les évènements survenus à Port-Gentil depuis le 3 septembre 2009.

La mission d’information conduite par Monsieur le professeur Pierre André KOMBILA KOUMBE, président du RNB, comprenait également les personnalités suivantes :
Monsieur le professeur Joseph JOHN-NAMBO de l’Université Omar BONGO; L’honorable Daniel KOMBE LEKAMBO, député à l’Assemblée Nationale ; Monsieur Jean Blaise MOUSSAVOU MAGANGA, ancien Maire.

Rendus sur place dès le 18 septembre, quatre (4) jours durant, les membres de la mission ont rencontré les familles des victimes décédées, des victimes d’exactions et quelques témoins qui ont accepté de parler, nonobstant un climat de peur et d’omerta constaté sur place à Port-Gentil, climat entretenu par les forces de Défense et de Sécurité.

Le présent rapport s’articule autour de trois centres d’intérêt principaux :
1- les tueries :
2- Les exactions ;
3- Les destructions de biens.

En guise de conclusion, nous tenterons de rapporter le sentiment général qui se dégage dans la population de Port-Gentil.

Nous présentons cas par cas les faits illustrant chaque centre d’intérêt.

1- Les tueries.

Cas 1 : Monsieur Aimé MBADINGA, la trentaine environ, fils de feu BOULINGUI Patrice, ancien fonctionnaire et notable de Tchibanga ; profession chauffeur, tué vendredi 4 septembre au quartier Balise par des militaires circulant en voiture dans le sens quartier chic-Balise, vers 18 heures 30.

Certains militaires portaient une cagoule et d’autres un béret noir. Le corps récupéré par la famille a été transféré à Tchibanga le vendredi Il septembre pour inhumation. Ce témoignage a été obtenu de la part de M.A., membre de la famille du défunt.

Cas 2 : Monsieur Thierry NDONGO MOMBO, âgé de 18 ans, fils de Monsieur Urbain NDONGO a reçu une balle qui lui a transpercé le thorax, (telle que l’indiquent les photos et le certificat de décès versés au rapport) dans la nuit du 4 au 5 septembre sur la route de Ntchèngué face à l’école de feu de Total Gabon, au lieu-dit PG 1 alors que l’intéressé se trouvait au bord de la route en compagnie d’autres jeunes gens. Un de ses compagnons, à l’aide d’une brouette, a tenté de le conduire au Centre Hospitalier Régional de Ntchèngué situé à quelques centaines de mètres où il rendra l’âme quelques heures plus tard. Les parents alertés, ont du mal à obtenir une place à la morgue de l’hôpital, l’employé préposé à cette tâche, leur déclare: «je n’ai plus assez de place ; en ville (morgue de l’ancien hôpital central) c’est plein, ici j’en ai déjà 16 et celui-ci, où dois-je le mettre ?». Néanmoins, après de longues tractations, cet employé accepte finalement de prendre ce dix-septième corps.
La famille de feu MOMBO NDONGO a fourni les photos montrant l’impacte de la balle, le certificat de décès ainsi que la copie de la plainte introduite par elle au tribunal de Port Gentil.

Cas 3 : Monsieur Jean Marie BILONGHA, la trentaine environ, sans emploi, habitant le quartier Bac Aviation, abattu par les tirs de militaires circulant à vive allure dans le quartier.

Cas 4 : Mademoiselle Ursule KOUMBA, seize (16) ans, tuée par balle au passage d’un véhicule rempli de militaires.

Cas 5 : Monsieur Christian ONANGA, sourd muet, tué le vendredi 4 septembre vers 19 heures, par une balle de militaire circulant à vive allure au quartier mini prix, alors qu’il traversait la chaussée. Il a été inhumé par sa famille, le samedi 18 septembre dernier.

Cas 6 : Monsieur Martial OWANE, 26 ans reçoit des balles tirées par deux hommes armés en civil, le 21 septembre vers 17 heures à l’entrée de la Laverie Moderne au quartier Sud. Son décès sera constaté à 19 heures au CHR de Ntchèngué. Le procureur de la République à Port Gentil fait courir le bruit de la légitime défense face à un évadé de prison qui aurait agressé le policier. Ce qui est faux.

Monsieur Martial OWANE avait purgé sa peine et avait été libéré au mois de juin 200. Lorsque le 21 septembre 2009, il est interpellé, reconnaissant le policier qui l’avait fait incarcéré précédemment, il tente de fuir, c’est alors que le policier K. de la Police Judiciaire lui tire trois balles dans le dos (information : Y., parent du défunt). Il nous est revenu que le fameux K., avec ce dernier tué, totalise 8 victimes.

La famille de OWANE, conduite par sa mère s’est rendue le mardi 22 septembre vers 18 heures pour exiger qu’on lui permette d’inhumer elle-même le corps de son enfant que la P.J. voudrait enterrer clandestinement.

Outre ces cas clairement identifiés, des sources dignes de foi et le témoignage du responsable du cimetière de Ntchèngué évoquent le nombre probable de 57 décès. Il faut ajouter à ces morts ceux «largués» par hélicoptère et ceux embarqués dans les pirogues et ramenés dans les villages par peur des représailles brandies par les PDGistes. La difficulté de les recenser vient du fait qu’un climat de terreur règne à Port Gentil autour de ces morts. Des menaces de mort ont été proférées sur quiconque donnerait des informations au sujet des personnes mortes des suites des fusillades des journées d’émeutes.

Pourtant des endroits bien précis semblent propices pour cette expertise indispensable : les morgues du Centre Hospitalier Régional de Ntchèngué et celle de l’ancien hôpital central, gérées respectivement par les sociétés des pompes funèbres CASEPGA et GABOSEP. Mais dans l’une et l’autre c’est motus et bouche cousue.

La morgue du CHR de Ntchèngué est l’établissement où semble être passé le plus grand nombre de corps. Mais il nous est revenu que le directeur régional de Santé, Madame SEFOU, a menacé de licenciement les médecins ou tout personnel qui livrerait des informations; notamment concernant le nombre de morts liés aux évènements. Elle a également retiré certificats médicaux, déclarations de décès ainsi que les dossiers médicaux de ces morts.

A CASEPGA, une source sûre a indiqué que 18 corps de personnes tuées par balles ont séjourné dans cet établissement entre le 4 et le 7 septembre 2009, date à laquelle interdiction leur a été notifiée de recevoir ces corps.

2- Les exactions

Les forces de Défense et de Sécurité venues à Port Gentil semblaient avoir comme mission d’humilier, de brutaliser pour casser le moral de ces populations. Plusieurs types d’exactions et d’actes d’humiliations sont commis sur les habitants de Port Gentil.

On moleste les passants inoffensifs sur la voie publique, on n ‘hésite pas à pénétrer dans les habitations pour perpétrer les mêmes actes, plusieurs personnes sont frappées à coup de poings, de crosses de fusil voire perforées par les baïonnettes fixées au bout des canons des armes des militaires .

On fait faire des pompes, on fait se déplacer à genoux, on fait danser, on fait chanter dans des langues parfois inconnues au Gabon ; on fait s’embrasser des frères et des sœurs quand on ne leur demande pas de s’accoupler, on viole en groupe (12 policiers violent 6 filles, le 16 septembre et 4 policiers violent une jeune femme qui avait un bébé, provoquant des délabrements génitaux). Une dame portant une grossesse à terme se rendant à l’hôpital pour accoucher a été contrainte de voir son bébé sortir devant les militaires malgré ses supplications. Outre ces témoignages donnés par des habitants de Port Gentil ayant requis l’anonymat, les cas suivants nous ont été relatés par les intéressés ou certains membres de leur entourage.

Cas 1 : Henri MBONGO, la cinquantaine environ, père de famille nombreuse, a été sauvagement battu, humilié, mis à genou par des militaires, le vendredi 4 septembre au carrefour Nguadi, vers 17 heures alors qu’il traversait la chaussée pour rejoindre son domicile situé à une quarantaine de mètres de là. Une dame qui tentait de traverser la route au même moment a subit les mêmes exactions. On leur a intimé l’ ordre de chanter et de clamer haut et fort, «Ali 9 président!» Monsieur MBONGO s’en est sorti avec des hématomes aux jambes et au dos, tandis que la dame, traumatisée a tout fait sur elle. Tout cela devant une foule effarée.

Cas 2 : Christiane JOCKTANE, mère de famille, 55 ans environ, ancienne employée de banque a été sauvagement battue par les militaires, le 6 septembre, sous les yeux de ses enfants et de nombreuses personnes qui, comme elle, faisaient la queue en vue d’acheter du pain à la boulangerie SMAG, en face de la «Gendarmerie de l’Océan» ; sous le prétexte, selon les militaires, que le pain était réservé à l’armée et au motif que les enfants des Port-Gentillais ont été à l’origine des casses provoquant la pénurie. Elle a reçu de multiples coups de matraques et chaussures au visage, au bassin et sur le dos qui l’ont immobilisé pendant plus d’une semaine. Elle a fourni un certificat médical et des photos à l’appui de sa déclaration.

Cas 3 : Philippe ISSANI, agent municipal, la quarantaine, a été sorti manu militari, alors qu’il était hospitalisé, sous perfusion, à Paul IGAMBA et amené à la base de la Marine où il est jusqu’à ce jour détenu, sans que sa famille ne puisse le voir. Est-il encore en vie?

Cas 4 : Locin MONDOUNGUA, jeune homme d’une vingtaine d’année a été embarqué de force au tournant de Salsa par un policier qui l’a conduit au Commissariat du château alors qu’il traversait la chaussée pour rentrer à son domicile situé à une vingtaine de mètres de là. On lui a demandé de faire des pompes avant d’être relâché.

Cas 5 : Les travailleurs de la Société Morel et Prom le samedi 19 septembre, alors que le couvre feu est désormais fixé à 23 heures; aux environs de dix neuf, vingt heures, les travailleurs de cette compagnie pétrolière qui rentraient de leur lieu de travail sont pris à partie par une patrouille de militaires; ils sont copieusement tabassés au point que certains ont des fractures et d’autres perdent leurs dents; ils sont conduits à l’hôpital de Ntchèngué. Le directeur de cette société qui a pris les photos du triste spectacle a promis de porter plainte. Les militaires ayant volontairement bloqué l’accès de l’hôpital, nous n’avons pas pu y accéder.

Cas 6 : Philippe VOUETTE ; dans la matinée du samedi 18 septembre, il a été violenté par des militaires alors qu’il entrait dans son bureau de la société Schlumberger non loin du siège de Total Gabon. Il a été abandonné sur les lieux. C’est le témoignage d’une de ses relations qui a requis l’anonymat.

Cas 7 : Monsieur MOUITY MAGANGA, pâtissier à l’hôtel le Méridien ; le dimanche 6 septembre à 9 heures du matin, les militaires lui ont fait traverser la chaussée à genoux sans raison au carrefour ASECNA.

Cas 8 : Monsieur Jean Bernard MOUANAMBATSI, retraité; le jeudi 3 septembre à seize heures trente est molesté (vêtements déchirés) par les militaires alors qu’il recherchait son petit fils.

Cas 9 : Monsieur Théodore NGOUNGOU est sauvagement frappé au visage au carrefour ASECNA, alors qu’il cherchait à s’enquérir de la situation de son fils arrêté pour défaut de pièce d’identité. Ce dernier a fourni photo et certificat médical.

Cas 10 : Messieurs Martial MBOUMBA MOUNANGA et NZE ANGARA sont sortis manu militari de chez eux le 10 septembre vers 20 heures, embarqués et molestés avec des matraques et bâtons sertis de pointes, baladés dans la ville dans un camion militaire qui finira par les déposer couverts de blessures au dos et à la tête (voir photos) à la base de la marine vers une heure du matin.

Cas 11 : Monsieur Alain OBAME, 34 ans a été transporté et hospitalisé dans le service de chirurgie du CHR de Ntchèngué pour blessure par balle tirée par le gendarme Robert AVOUNGOU, commandant de brigade d’Omboué dans le département d’Etimboué.

Cas 12 : Monsieur MEMIAGHE, le 5 septembre à 22 heures à son domicile, a reçu 5 balles de petit calibre. Hospitalisé d’abord à la clinique Bilie (Dr IKOUAKOUA) pour les premiers soins, il a été transféré ensuite à 1 ‘hôpital de Ntchèngué.

Cas 13 : Un jeune garçon de seize (16) ans a reçu deux balles au poumon (Dr IGAMBONTCHINA).

Cas 14 : Famille Diawara ; Monsieur DIAWARA, son épouse, ses trois (3) filles et son locataire sont violemment molestés à leur domicile (vers carrefour ASECNA) par des militaires basés à l’aéroport. Monsieur DIAWARA est gravement blessé à jambe droite, son épouse et ses filles portent plusieurs ecchymoses. Le locataire a un traumatisme de la jambe et du pied droit (voir photos).

Cas 15 : Monsieur Guy Hervé MAVOUNGOU, 30 ans, a reçu deux balles aux jambes suite aux coups de feu tirés au quartier Sud (Laverie Moderne), le 21 septembre à 17 heures, au moment où on abattait Monsieur Martial AWANE. Les riverains pensent que ce sont des éléments de la Police Judiciaire qui ont perpétré cette exaction.

Cas 16 : Monsieur Serge Landry DOUMA MOUENGI était dans son domicile lorsqu’il est atteint de plusieurs balles au niveau de la jambe et de la main gauche, l’intéressé est actuellement hospitalisé au CHR de Ntchèngué.

Outre ces cas de tueries et d’exactions constatées, il y a lieu de mentionner que plus de 300 personnes avaient été arrêtées; à ce jour, un peu plus d’une quarantaine ont été présentés au tribunal de Port Gentil. On peut légitimement s’interroger sur la situation des nombreux autres dont on n’a jusqu’aujourd’hui aucune nouvelle. A moins qu’elles ne soient à classer parmi les disparus. Une enquête s’impose.

3- Destruction des biens

La mission a constaté que de nombreux magasins situés dans la zone du marché du Grand Village ont été détruits et incendiés. Certains témoins rencontrés indiquent que les militaires sont presque restés inactifs pendant les pillages;

Plusieurs d’entre eux se contentant de récupérer les biens pillés, de les embarquer dans les camions militaires pour les amener dans des directions inconnues.
En ce qui concerne l’immeuble Schlumberger de la concession Total qui a bel et bien été pillé par les manifestants, les riverains indiquent que bien après le pillage dans la journée, c’est dans la nuit, alors que le couvre feu était en vigueur, que l’incendie a pris dans le dernier étage de cet immeuble.

Quant au foyer Roger BUTTIN ; aucune manifestation n’avait été observée dans cette zone. C’est dans la nuit, alors que le couvre feu était en vigueur, que les riverains aperçoivent des flammes et de la fumée sur le toit de l’immeuble. D’aucuns sont même convaincus que c’est un projectile lancé à partir de la route qui a déclenché l’incendie de ce foyer.

Tous ces propos restent à éclaircir à partir d’une enquête approfondie qui permettra à terme de rétablir la vérité.

Il est à noter enfin que tous nos interlocuteurs restent choqués par les propos mensongers tenus par les plus hautes autorités de l’Etat et par quelques responsables politique de cette ville réunis à Port Gentil, à l’hôtel Mbandja, quelques jours après ces malheureux évènements. Propos qui, au lieu de prôner l’apaisement, se sont avérés constituer des appels à la haine et à la division tribale. Toutes choses qui constituent des véritables délits et qui tombent sous le coup de la loi.

Fait à Libreville, le 22 septembre 2009
Pr Pierre André KOMBILA KOUMBA ; Pr Josep JOHN-NAMBO ; Honorable KOMBE LEKAMBO ; Monsieur Jean Blaise MOUSSAVOU MAGANGA»

Le Gabon en «État» d’urgence pour cause d’élections législatives, le 17 décembre 2011.

En vue de la tenue du scrutin des législatives du samedi 17 décembre 2011, le chef de l’État gabonais et son gouvernement ont décrété la fermeture des frontières aériennes, navales et routières. Dans les pays où l’on respecte scrupuleusement les libertés et les droits des citoyens, ce type de décret est une mesure de déclaration d’État d’urgence.

Il faut rappeler que l’État d’urgence est une mesure d’exception prise par un gouvernement en prévention d’un cas de péril imminent dans un pays ou dans une partie du pays. Il entraîne la restriction des libertés fondamentales, comme celle de circuler librement ou la liberté de la presse. Pour ce qui est de la liberté de presse nous savons depuis longtemps qu’elle est problématique au Gabon. En revanche, interdire les citoyens de circuler est en soi une décision extrêmement sérieuse. Elle ne se prend pas à la légère. Elle marque en effet la prévention d’un péril important. Il faut donc se demander, au regard de ce décret de fermeture de toutes les frontières nationales, l’État et la Nation gabonaise seront-ils en péril le 17 décembre 2011? Quelle est la nature de ce péril ?

Le seul péril qui pourrait naitre le 17 décembre 2011 est celui de la confirmation de l’illégitimité du pouvoir usurpateur. Contrairement aux élections antérieures où l’affluence des électeurs aux urnes donnait l’onction de se décréter une légitimité en détournant l’expression de la volonté du peuple, cette fois-ci, si les gabonais restent cloîtrés chez eux, il sera laborieux pour le parti au pouvoir de s’octroyer malhonnêtement le soutien de la majorité des gabonais. En effet, comment voler ce qui n’existe pas!

Le chef de l’État et son gouvernement sont en droit, pour la sécurité et la protection des Gabonais, de décréter l’État d’urgence. L'article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l'ONU de 1966 reconnait au niveau du droit international l'état d'urgence. Il dispose notamment en son article 4.1 que :

«Dans le cas où un danger public exceptionnel menace l’existence de la nation et est proclamé par un acte officiel, les États parties au présent Pacte peuvent prendre, dans la stricte mesure où la situation l’exige, des mesures dérogeant aux obligations prévues dans le présent Pacte, sous réserve que ces mesures ne soient pas incompatibles avec les autres obligations que leur impose le droit international et qu’elles n’entraînent pas une discrimination fondée uniquement sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou l’origine sociale (…)».

Si l’on suit à la lettre cet article 4.1, le gouvernement présent, pour le 17 décembre, un danger public exceptionnel menaçant l’existence de la Nation. Dans la présentation de sa décision de fermer les frontières nationales, le gouvernement gabonais n’a pas trouvé de son devoir d’expliquer ou de justifier auprès de ces commettants sa décision.

Pour éviter que les gouvernements prennent de façon illégitime et illégale des décisions d’État d’urgence et restreindre les libertés des citoyens, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l'ONU de 1966 en son article 4.3 exige que «Les États parties au présent Pacte qui usent du droit de dérogation doivent, par l’entremise du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, signaler aussitôt aux autres États parties les dispositions auxquelles ils ont dérogé ainsi que les motifs qui ont provoqué cette dérogation. Une nouvelle communication sera faite par la même entremise, à la date à laquelle ils ont mis fin à ces dérogations».

Nous avons téléphoné le secrétariat général des Nation Unies pour nous enquérir des motifs de la décision du chef de l’État gabonais et de son gouvernement de restreindre les libertés fondamentales des citoyens gabonais le 17 décembre 2011. Le secrétariat des Nations Unies nous dit qu’elle n’a reçu aucune correspondance du gouvernement gabonais relativement à la décision de fermeture de ses frontières. Comme à son habitude, le gouvernement gabonais aurait-il agi de façon contraire au respect de ses obligations constitutionnelles et des traités internationaux ? À l’évidence, il semble que oui.

Dans un article publié il y a quelque quatre semaines, nous soutenions que «le Gabon est un pays de coup d’État permanent». Le décret de fermeture de toutes les frontières gabonaises en violation des obligations constitutionnelles et des traités internationaux est une autre illustration de ce coup d’État permanent.

Pour un pays où règne la primauté du droit, lorsque le gouvernement veut prévenir la sécurité des citoyens et la protection des biens publics et privés, il fait appel aux forces de police ou à la gendarmerie nationale. Lorsque l’on fait appel à l’armée, on est en présence d'une situation de péril. Au Gabon, l’appel à l’armée pour encadrer des meetings des politiciens dans leur éducation des citoyens par rapport à leurs droits et libertés est une chose courante. Le déploiement de l’armée n’a pas pour but la préservation de la sécurité des citoyens et la protection des biens. Il a pour objet d’intimider, de menacer en vue de décourager l’expression et les libertés des citoyens. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la décision de décréter la fermeture des frontières nationales le 17 décembre 2011.

Par ce décret, comme les citoyens palestiniens de Gaza, les gabonais seront circonscrits comme dans un enclot. En Palestine, il s’agit pour les militaires israéliens de forcer les palestiniens d’accepter leurs conditions de dominations politiques et de ne rien contester. Au Gabon, le pouvoir fait la même chose. Ce qui est triste, ce qu’il y a des Gabonais sur le net qui trouvent façon d’accepter ce genre de chose et d’en venir à justifier le bienfondé d’un pouvoir qui agit de la sorte. Enfin, lors de l'holocauste il se trouvait bien dans les rangs des tortionnaires des juifs, il faut croire qu’il faut des nôtres pour nous dire qu’il est bien de souffrir.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mercredi 14 décembre 2011

African Christian Democratic Party

African Christian Democratic Party
Attention News Editor
Media Release
14 December 2011


ACDP calls on SADC, AU and UN, particularly President Zuma to urgently call thorough investigation into the “disappearance” of nearly 2, 000 polling station results in Kinshasa
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ACDP President Hon. Kenneth Meshoe MP said today:


“According to the Carter Center, the provisional presidential election results in the Democratic Republic of Congo (DRC) announced by the Independent National Election Commission (CENI) lack credibility for a number of reasons. Most independent election observers who were in the DRC during the elections have told same stories of massive corruption that has taken place during and after the elections.

It is shocking and totally unacceptable that South Africa that claims to believe in justice, transparency and democratic principles has allegedly accepted and given credibility to the provisional results that were marred by violence and serious irregularities that included the disappearance” of about 2,000 polling station results in Kinshasa.

It is a shame that the leadership of SADC, the AU and the United Nations (AU) did not demand transparency from the DRC government when cries of vote-rigging, fraud and corruption were raised not only by voters in the DRC, but also by concerned Congolese in different parts of the world, including SA, London and Belgium/France. It is disgraceful that both SADC and the AU conveniently remained silent when suspected “fraudulent” election results were “splashed” in the media to deceive the world.

The ACDP calls on leaders of SADC and the AU, particularly President Zuma, to urgently call for a thorough investigation into the “disappearance” of nearly 2,000 polling station results in Kinshasa, and have a recount of all disputed results before the Supreme Court validates them before the end of this week. This we believe, will help avert the much spoken about civil war in the DRC. Another war in the DRC is not in the best interest of South Africa, because if it does take place, then we will have a flood of refugees in this country who shall have fled from their country. The South African government, led by President Zuma, should be seen to be doing more to avert another war in the DRC. Let transparency peace and justice prevail in the Democratic Republic of Congo”.

-Ends-

For more information please contact Hon. Kenneth Meshoe MP on 082 962 5884 or
Media enquiries, Liziwe Ndalana, 072 103 8899

This release is sent from a ‘sending only’ e-mail address. To subscribe or unsubscribe please communicate with lndalana@parliament.gov.za

lundi 28 novembre 2011

Une souche très rare du VIH se répand


Une souche très rare du VIH, qui semblait avoir disparu et dont seulement quelques cas avaient été signalés au Cameroun, circule désormais en dehors de ce pays africain.

Une souche très rare du VIH, qui semblait avoir disparu et dont seulement quelques cas avaient été signalés au Cameroun, circule désormais en dehors de ce pays africain.

La médecine connaît l'existence de deux types de virus du sida. Le VIH-1 est majoritaire, tandis que le VIH-2 est peu fréquent. Le premier est divisé en trois groupes : la souche M qui est à l'origine de la pandémie, et deux autres souches très rares, O et N. Un quatrième groupe s'est ajouté en 2009, la souche P, qui a été identifiée par une équipe française chez une patiente camerounaise.

Or, le Pr François Simon, de l'Hôpital Saint-Louis à Paris, rapporte avoir isolé la souche N du VIH dans le sang d'un Français de 57 ans, qui aurait été infecté au Togo.

Si cette information se confirme, cela montre que cette souche virale a franchi plusieurs frontières depuis le Cameroun.

Le groupe N a été identifié pour la première fois en 1998 dans ce pays chez une femme qui a développé le sida. Sur les plus de 12 000 personnes infectées par le VIH vivant au Cameroun et testées, seulement 12 cas d'infection par un virus du groupe N ont été identifiés.

Le dépistage de ce cas est particulièrement inquiétant, explique le chercheur, en raison des symptômes sévères présentés par le patient et de la chute précoce de son système immunitaire.

Le médecin affirme que la combinaison de cinq médicaments antirétroviraux a montré une bonne efficacité initiale, mais que l'état du patient nécessite un suivi immunologique et virologique à long terme.

Le cas de ce patient est l'objet d'un article publié dans la revue The Lancet .

Prévisions - Une «légère récession» en zone euro, selon l'OCDE


L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) presse les gouvernements de la zone euro à prendre dans les plus brefs délais des « mesures décisives » pour éviter la contagion de la crise de la dette. Ne rien faire contribuerait à « aggraver les perturbations économiques », ajoute l'organisation dans ses perspectives économiques, publiées lundi.

La croissance mondiale devrait progresser de 3,8 % cette année alors que la prévision précédente de l'OCDE était de 4,2 %. En 2012, l'économie devrait ralentir à 3,4 %, soit moins que les 4,6 % anticipés en mai.

« La zone euro semble traverser une légère récession », prévient l'organisme, qui est la première institution internationale à annoncer une entrée en récession des pays de l'union monétaire. La croissance devrait être de 1,6 % cette année dans la zone euro plutôt que 2 %, puis de 0,2 % en 2012. Les précédentes prévisions de l'OCDE tablaient sur une progression de 2 % pour l'an prochain.

« Nous craignons que les décideurs ne prennent pas la mesure de l'urgence de prendre des initiatives résolues pour parer aux risques réels et grandissants qui menacent l'économie mondiale », a déclaré le chef économiste de l'OCDE, Pier Carlo Padoan. Il a ajouté que « les décideurs doivent se préparer au pire » et il faut envisager « une plus grande utilisation des ressources de la Banque centrale européenne » pour contrer la crise de la dette.

Amérique du Nord

Au-delà de l'Europe, les États-Unis peuvent aussi améliorer les perspectives mondiales avec un programme budgétaire à moyen terme crédible, plaide l'OCDE. Après trois mois d'efforts, la « supercommission » bipartite n'est pas parvenue à un accord sur la réduction du déficit budgétaire américain.

En 2011, le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis devrait progresser de 1,7 % comparativement à la prévision antérieure de 2,6 %. L'an prochain, la croissance prévue est maintenant de 2 % plutôt que 3,1 %.

Pour le Canada, l'OCDE abaisse ses prévisions de croissance à 2,2 % plutôt que 3 %. En 2012, le PIB devrait progresser de 1,9 % contre les 2,8 % prévus initialement.

Radio-Canada.ca

samedi 26 novembre 2011

À propos des réactions sur la proposition de la tenue d’un sommet patriotique

Chers amis, Chers compatriotes,

À la suite de la proposition faite sur la tenue d’un sommet patriotique, nombreux sont ceux qui ont posé des questions sur l’utilité d’un tel forum, les uns préférant attendre la révolution à la française annoncée et les autres souhaitant la tenue d’une Conférence nationale souveraine. Il n’y aura pas de révolution au Gabon comme en 1789 en France. De même, il faut oublier pour l’instant la tenue d’une Conférence nationale.

Le cadre d’une révolution à la française au Gabon est inexistant. La révolution française était une revendication du petit peuple contre la monarchie incarnée dans une aristocratie des seigneurs. Les individus ont refusé le statut de sujet pour devenir citoyen en recherchant la liberté d’être eux-mêmes, d’être égaux avec ceux de l’aristocratie en éliminant les privilèges qui firent des uns des sujets des autres et souhaitant par conséquent instituer une République pour faire de tous les individus, d’où l’idée de fraternité.

La société gabonaise fonctionne avec les attributs d’un État patrimonial faisant valoir des situations d’assujettissement similaires à celles de l’époque féodale française. Les rapports entre les gouvernés et les gouvernants sont des relations de clientélisme par lesquelles les uns soumettent les autres à leur volonté politique et les autres à leurs besoins de subsistance. Ces relations de clientélisme se traduisent dans le domaine de l’affectif et l’identification des individus dans la société. Par l’affection ethnique et clanique, il n’y a pas dans la société gabonaise l’écart retrouvé entre l’aristocratie et le petit peuple en France et duquel est née la Révolution française. Chaque politique gabonais travaille pour avoir une clientèle en vue de venter ses mérites et soutenir son action politique même si ceux qui soutiennent cette action politique croupissent dans la misère et prient dans leur fort intérieur pour qu’un changement politique advienne. Il faut se le dire, les Gabonais qui vivent d’ambivalence n’entreront jamais dans un mouvement révolutionnaire de rupture brutale.

La Conférence nationale souveraine, du moins selon l’expérience vécue en 1990, est un forum de remise en cause d’un système politique par une indexation des coupables dans des échanges amèrement acrimonieux. Dans ce type de forum on assiste à une rixe politique par laquelle les uns défendent contre les autres un système politique même s’ils savent que ce système politique est défaillant. Il n’y a qu’à voir les échanges qui alimentent les discussions dans le net. Dans un forum de Conférence nationale, ceux qui disposent d’un rapport de force politique avéré l’emportent par démagogie. Ce type forum n’entraînera pas nécessairement le type de changement souhaité.

Le Gabon notre chère patrie est composé d’une diversité ethnique et clanique qui, en s’incarnant dans l’organisation de la vie politique du pays, cette diversité identitaire et sociopolitique entraîne un fonctionnement boiteux de l’État. Dans un tel cadre, aucun changement politique n’augurera l’avènement du pays que nous souhaitons pour le bien de tous et de chacun de façon égale.

Un sommet patriotique a l’avantage d’être qu’un lieu de discussion conviviale. Un cadre où chacun présente le type de société que l’on pourrait se donner en vue de se reconstruire et se donner le départ politique que nos pères ont raté à la fin des années cinquante.

Quelle que soit la tendance politique qu’ils arborent, les Gabonais, tous les Gabonais, en effet sont convaincus qu’il faut que le pays change. Pourtant, à cause des craintes ou de l’incompréhension des uns à l’égard des autres, cette volonté de changement ne trouve pas d’emprise dans nos actes et nos réflexions individuelles. Chacun capant dans des postures de préservations de ses acquis légitimes ou pas, voyant en l’autre l’incarnation du mal vécu ou potentiel.

Le forum patriotique, est le cadre du Gabon d’abord, cette patrie que nous souhaitons. En vérité, le sommet patriotique sera un lieu de discussion où les conversations porteront sur les sujets dont tous sont d’accord; laissant de côté des postures, les revendications qui fâchent; mettant de l’avant ce qui peut être le bien commun, le souhait minimal trouvé en chacun de nous pour l’intérêt de tous : l’amélioration politique, économique et sociale de notre pays.

Par rapport à cet objectif, chacun indiquera ce qu’il est prêt à faire pour que le pays change. Dans la discussion, patriotique, parce que c’est le pays que l’on met de l’avant et non soi-même, on fera des suggestions à partir des suggestions que les autres élaboreront en vue de les enrichir sans arrière pensée ou préconçus. Par cette volonté de porter plus loin ce que l’autre aura vu ou souhaiter pour chacun et tous, les discussions seront l’amorce de ce que ailleurs certains ont appelé la Révolution tranquille.

La Révolution tranquille, Quiet revolution, désigne une période de l'histoire caractérisée par une réorientation de l'État qui adopte les principes modernes visant la construction d'une nouvelle identité s'écartant du nationalisme traditionnel. Au Québec, le changement sociopolitique qui a entraîné la rupture profonde du point de vu politique, économique et culture dans les façons traditionnelles de faire fonctionner l’État et la société québécoise ont institué une rupture importante et profonde entrainant une évolution séculaire. La rupture avec la tradition a été accélérée par les débats intenses sur la volonté de changement trouvé chez chaque acteur de la communauté. Chacun, en effet, voulant bannir les excès qui maintenaient le Québec dans la tradition et dans l’emprise de la domination anglo-saxonne, l’empêchant de se moderniser, a mis de l’avant sa volonté de changement dans l’espérant du bonheur de tous.

Nous savons que nous voulons tous nous dépasser, nous départir d’un certain héritage politique pour faire avancer le Gabon, comme le disent certains émergents. Pourtant, même si c’est une volonté partagée, l’évolution du pays piétine, je dirais même que dans certaines sphères le pays connait un recule.

Dans toute volonté commune de changement, comme dans toute société d’ailleurs, il existe des poches de résistance. Des gens qui désirent maintenir le statu quo pour ne pas perdre leurs privilèges et ainsi perpétuer des façons de faire et de vivre contraire à l’intérêt général, même si par ailleurs, ils vivent dans la crainte quotidienne de tout perdre. Il faut pourtant donner à ceux là les garanties de mieux vivre en commun si le pays change. C’est cela le but du forum patriotique. Chacun doit trouver dans le changement une condition d’existence apaisante et favorable à la créativité, à l’inventivité du pays que nous désirons. En recherchant le changement dans chacun et pour chacun, nous amorçons une révolution qui ne peut que provoquer la mutation de notre pays.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

mardi 22 novembre 2011

Chers amis, chers compatriotes voici ma proposition


Le moment de nous dire à nous-mêmes ce que nous volons comme pays est arrivé. Nous avons suffisamment fait des dénonciations sur l’état de nos conditions de vie et de leurs causes. En dire davantage ne peut apporter les remèdes requis. Tout au plus, serions-nous des pleurnicheurs. Nous avons tous une idée de ce que nous souhaitons comme pays. Nous voulons la liberté et les bienfaits qu’elle entraîne.

Nous savons qu’au lendemain de notre indépendance politique de la France, un coup d’État avait été perpétré pour nous garder soumis politiquement et économiquement à cet ancien colonisateur. Depuis, toutes les actions, les réformes politiques et institutionnelles qui ont été mises en place n’ont eu pour seul dessein que de nous garder captifs de la domination d’une certaine volonté.

Plusieurs compatriotes aujourd’hui parlent ou revendiquent la démocratie en demandant, entre autres, la transparence électorale. Malgré la justesse des propos et la franchise du ton qui accompagnent ces revendications, les moyens mis en œuvre correspondent à des prières d’évocation de la magnanimité d’Ali Bongo et compagnie. Non Ali Bongo n’est pas magnanime. Il n’exaucera aucune des prières émises pour instaurer la démocratie. Nous devons également oublier la providence. Elle n’existe que lorsque l’on décide soi-même de se prendre en main. «Aide-toi et le ciel t’aidera» dit une maxime bien connue.

Nous devons prendre la décision de changer notre pays, de changer nos vies, de changer notre destin, sortir de cette espèce de fatalité qui emprisonne nos consciences. C’est dans cette logique que «ça suffit comme ça» trouve écho en moi et non de croire que la morale aura raison d’Ali Bongo. Ali Bongo et ses frères du PDG ne savent pas ce qu’est la morale, d’ailleurs que faut la morale quand il s’agit de parler de politique en état de soumission. Il faut sortir des simples discours idéalistes et idéalisant. Il faut prendre initier des actions pour confronter Ali Bongo et ses amis. Je ne parle pas d’affrontement, mais de confrontation politique.

Aussi, je propose la tenue d’un sommet patriotique dans notre pays. Réunissant des Gabonaises et des Gabonais de tous les horizons politiques et régionaux, des experts en droit, en économie, en sociologie, en politique, etc., nous dialoguerons sur ce que l’idéal de liberté politique que nous rechercherons nous apportera. Des débats délibérations naitront de nos échanges, nous édifierons un nouveau pays. Ali Bongo et compagnie seront les bienvenus s’ils le désirent. S’ils refusent c’est leur choix.

Au terme de nos travaux, nous rassemblerons au moins 100 000 personnes à Libreville pour dire et mettre en œuvre notre nouveau pays. Devant 100 000 personnes, il n’y a pas assez de militaires en faveur d’Ali Bongo au Gabon pour faire barrage à la volonté de changement de Gabonaises et Gabonais réunis pour leur liberté. Ce jour-là, ce sera le changement. Je me refuse à donner plus de détails mais je vous assure que cela est possible.

Il faut simplement oser.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

lundi 21 novembre 2011

LA DECLARATION DES PATRIOTES GABONAIS INDIGNES

Les trottoirs de Libreville qu’on a prétendu « libérer » sont pollués par des gravats, des tôles ondulées, des chevrons et autres détritus. Libreville ressemble actuellement à Beyrouth au temps de la guerre.

Les patriotes indignés constatent pour le regretter et le condamner que le pouvoir en place, dans sa dérive autoritaire et le mépris des lois et règlements de la République qui s’ensuivent, organise la destruction sauvage de biens immobiliers de compatriotes et autres propriétaires dans certains quartiers de Libreville et de sa périphérie.

Les patriotes indignés qui militent pour le respect des droits de l’Homme affirme leur attachement aux dispositions de l’article 1er 10°) de notre Constitution qui tirent leur source de les articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyens de 1789 ainsi que de l’article 17 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui édicte que : « 1. Toute personne, aussi bien seul qu’en collectivité, a droit à la propriété. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété ». Les patriotes indignés en rappelant ces sources de droit entendent souligner l’importance de ce droit constitutionnel de l’Homme.

Les patriotes indignés tiennent également à faire observer aux gabonaises et au gabonais, ainsi qu’à la communauté internationale, qu’en matière de démolition de constructions anarchiques ce sont les dispositions du titre VI de la loi n° 3/81 du 08 juin 1981 du 08 juin 1981 fixant le cadre de réglementation d’urbanisme qui encadrent l’action de l’État.

En substance, la procédure qui en découle impose que le ministre en charge de l’urbanisme, après procès-verbal d’infraction à la législation constatée par des agents habilités, ordonne au contrevenant de démolir dans un délai déterminé le bien construit en méconnaissance de la réglementation. Il faut donc une notification à l’intéressé. Si la construction anarchique n’est pas démolie au terme du délai fixé, alors le Ministre en charge de l’urbanisme saisit le tribunal compétent. C’est le juge et seulement lui qui peut ordonner la destruction du bien par l’Administration. Cette opération se fera au frais du contrevenant.

Les gabonaises et les gabonais auront bien compris que l’Administration n’a pas respecté la procédure qu’impose la loi. Aucun arrêté, aucune décision ne peut infléchir cette procédure. Et pourtant le pouvoir émergent s’en est affranchi. Quel gouvernement respectueux du droit peut-il se prévaloir de l’incivisme des citoyens pour s’autoriser lui-même à agir en dehors de la loi. Non ! « Nul ne peut se prévaloir des turpitudes d’autrui pour justifier les siennes ». De quel côté se trouvent donc les hooligans ?

Les gabonaises et les gabonais auront constaté, comme les patriotes indignés, l’irruption intempestive du Ministre des Travaux Publics et de celui de l’Intérieur dans ce dossier qui relève de la compétence du Ministre en charge de l’urbanisme. L’arrogance de leurs propos et la légèreté de leur posture ajoutent à la frustration légitime de nombreux compatriotes.

Si les patriotes indignés sont d’avis que dès lors que certains compatriotes n’ont pas respecté la loi, il convient de corriger cela, non seulement dans le respect des procédures légales mais également dans le respect de la dignité humaine.
Le gouvernement n’étant pas au dessus de la loi, les patriotes indignés tiennent alors à faire remarquer que lorsque celui-ci se prend à croire qu’il peut agir selon son bon désir alors l’on peut affirmer sans risque de se tromper qu’il s’agit d’un gouvernement tyrannique, qu’il s’agit d’une dictature.

Les patriotes indignés disent donc haut et fort que la répression conforme à la loi est juste mais elle n’est pas la réponse essentielle attendue par les gabonais dans le domaine de la politique de l’habitat, du logement et de l’urbanisme. Non seulement Ali Bongo et son gouvernement n’ont rien à proposer aux gabonais, mais ils ont menti en promettant la construction de 5000 logements par an, nous devrions en compter aujourd’hui 10.000. Le bilan après deux ans d’exercice plein du pouvoir c’est zéro (0) logement. Bien au contraire nous vivons les destructions de maisons, de barrières, honnêtement construites ou acquises à la sueur du front des compatriotes. Il est évidemment plus facile de défaire que de faire.

Sous prétexte de la visite du président français Georges Pompidou, en 1972 Albert-Bernard Bongo avait cassé à Glass et autres quartiers situés sur le parcours que devait emprunter son hôte…39 ans après jugez vous-mêmes ! Faut-il attendre des événements particuliers, ponctuels pour donner de l’apparence en lieu et place d’une vraie politique publique de l’urbanisme et du logement. Que nous dit le budget 2011 sur ce point ? Voilà une opération coûteuse qui n’est même pas inscrite au budget de l’Etat.

Les patriotes indignés fustigent cet amateurisme, ce pilotage à vue d’Ali Bongo et de son gouvernement qui confondent gouvernance et gesticulation. Un homme d’Etat italien du 19ème siècle a dit que « tous les imbéciles savent gouverner avec l’Etat de siège » et les patriotes indignés disent à l’unisson avec Mirabeau que « les rhéteurs parlent pour produire un effet de vingt quatre heures, les hommes d’Etat travaillent pour tous les temps ».

Sous d’autres cieux les villes nouvelles prospèrent à côté des villes anciennes, ici, au Gabon de nombreuses expropriations pour pseudo cause d’utilité publique en faveur de projets privés étrangers prospèrent au détriment des gabonais, en dépits du discours officiel.

Alexis de Tocqueville a écrit que « le goût qu’on montre pour le pouvoir absolu est dans le rapport exact du mépris qu’on professe pour son pays ».

Les patriotes indignés sont solidaires des compatriotes floués, spoliés et méprisés. Ils enregistrent avec tristesse et colère les récriminations sur cette opération hasardeuse de démolition qui vient amplifier la misère et le mal être des gabonais.

Enfin les patriotes indignés rappellent à tous les gabonaises et gabonais l’importance des dispositions suivantes de l’article 1 tiret 21°) de la Constitution de la République « La République gabonaise reconnaît et garantit les droits inviolables et imprescriptibles de l'homme, qui lient obligatoirement les pouvoirs publics… Chaque citoyen a le devoir de défendre la patrie et l'obligation de protéger et de respecter la Constitution, les lois et les règlements de la République. »

Oui gabonaises et gabonais levez vous et marchez avec la Société Civile et la véritable Opposition réunies au sein du mouvement « ça suffit comme ça ». Les patriotes indignés rejoignent aussi ce grand mouvement patriotique pour mettre fin à un régime inique.

Fait à Libreville, le 18.11.2011

Ngouali Disumba

La saga d’Accrombessi au pays natal

Il fallait s’y attendre. Qu’aux faits, l’on trouve les éléments qui viendraient les altérer. Qu’aux évidences, l’on trouve les mensonges à servir au public afin que celui-ci demeure dans la niaiserie où les pouvoirs veulent les maintenir. Les pouvoirs béninois et gabonais. Ainsi se comportent les Etats lors des scandales. Ces affaires d’Etat ! Sur l’affaire de l’avion présidentiel du Gabon, pas un coucou lambda immatriculé simplement TR (Tango Roméo), adresse aéronautique du Gabon, mais un des attributs du pouvoir d’Ali Bongo, président de la République, qui a été banalement contrôlé à l’aéroport de Cotonou. L’on comprend que le pouvoir béninois ait mis trois jours pour réagir. Cependant, posons des questions simples et utiles. Maixent Accrombéssi a-t-il été au Bénin entre les 11 et 13 Novembre derniers, alors qu’on annonçait un départ du Président gabonais pour Abu Dhabi ? Oui. C’est du moins ce que le communiqué de la Présidence du Bénin a annoncé. Cet avion avait-il à son bord des jeunes filles embarquées ensuite sur un autre vol ? Nul n’a démenti ce fait. Ces dernières ont-elles été appréhendées puis contrôlées positives aux tests anti-dopage ? Oui.

La lettre d’excuses publiée par des journaux fluants proches de la présidence de la République gabonaise parle d’une consommation d’aspirine. Toutes les trois. Etrange. Jusque-là, il n’y a aucun démenti sur la présence de Maixent Accrombessi au Bénin, encore moins sur la forte délégation qui l’accompagnait. Ni même sur la confiscation de son passeport par un « agent zélé ». Il y était bien pendant que son « protégé » se trouvait, seul, à Abu-Dhabi. Bien entendu, rien n’a filtré de cette visite à ce jour, où par ailleurs, se déroulait au même moment un Grand Prix de Formule 1. Quant au contenu du fameux avion, « devises et drogue ». La vérité de ces faits ne peut être dite à travers une « lettre d’excuses » dont les journaux du Palais ne se sont pas pressés d’accompagner du paraphe de « l’infortuné ». Le problème reste entier. En attendant un procès en diffamation du gouvernement béninois, qui, il faut le relever, n’a incriminé son agent de police que pour avoir violé les conventions de Genève. L’affaire de l’avion du président gabonais au Bénin est bien réelle.

Il reste toujours des zones d’ombre dans cette affaire. Alors que le communiqué officiel côté béninois enfonce plutôt le clou, en parlant d’une mission qu’a conduite le directeur de cabinet du Président gabonais, où était le dispositif protocolaire d’usage que le pays d’accueil met à la disposition de tels hôtes ? C’est généralement ce dispositif constitué d’ambassadeurs accompagnateurs, qui prend en charge toutes les formalités de circonstance (Hébergement, transport, formalités de police). Ce d’autant plus que l’envoyé d’Ali Bongo pour cette mission inconnue n’était pas n’importe qui. La saga béninoise de cet « enfant du pays » soulève cependant des questions de souveraineté que l’on ne passera pas sous silence.

Dans tous les pays du monde, il existe des attributs liés au pouvoir. Ces attributs sont des éléments intégraux de la souveraineté qu’incarne chaque chef d’Etat. Ali Bongo n’est pas une exception à cette règle. Au nombre de ceux-ci on peut citer : le bureau, le siège sur lequel il préside aux destinées du pays ou le Conseil des ministres ; le logement en fait partie. La voiture présidentielle, l’avion présidentiel qui généralement se mue en poste de commandement lorsqu’il est à bord. Ce sont-là des espaces inviolables. L’on n’a pas vu Fillon, en visite officielle au Gabon en juillet, dernier arrivé dans l’avion présidentiel. Ni Claude Guéant, tout puissant Secrétaire général de l’Elysée, avant de passer au Ministère de l’Intérieur, effectuer ses nombreuses missions à bord de l’avion présidentiel. Air Force One ou le « Command Car » de Barack Obama reste à l’usage exclusif du Président des Etats-Unis. Maixent Accrombessi s’est arrogé les attributs du pouvoir d’Ali Bongo dans cette affaire, par cet acte. C’en est trop !

A titre de rappel, alors Chef de cabinet, il se permettait le droit d’adresser une lettre de cadrage au Premier ministre, Chef du gouvernement. En lieu et place du président de la République. Et en lieu et place du Premier ministre, il signait en janvier 2010 une convention de plus de 10 milliards de francs pour l’achat de véhicules de luxe, avec une société basée en Suisse et en Autriche, SDP und Logistic, dont la filiale à Libreville se trouve à l’immeuble Deltassur (Ogar). Que l’on rapporte à son actif l’arrêt du cortège présidentiel, et autres hauts faits, rien ne surprendrait plus. « La tentation de Cotonou », c’est finalement cette tentation d’accaparement du pouvoir et se substituer sans cesse au tenant actuel de ce pouvoir ; de narguer sur son passage quelques « frères Popos », et de leur montrer que c’est lui « Iznogoude » qui est calife à la place du calife, lui « l’enfant du pays ».

Ainsi fonctionnent les Bongo, ainsi va le Gabon

dimanche 20 novembre 2011

PLAIDOYER POUR UN SOMMET PATRIOTIQUE SUR L’AVENIR POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL DU GABON APRÈS LE 17 DÉCEMBRE 2011



Le Gabon notre pays traverse une crise politique profonde, n’en déplaisent aux émergents et autres courtisans dans l’ombre. La source de cette crise, comme je l’ai démontré dans un article récemment, remonte au début de l’indépendance du pays.

«Sous la coloniale, la constitution du 27 octobre 1946, instituant l’Union Française, avait créé un cadre propice à l’éclosion du pluralisme politique en Afrique noire française. Au Gabon, comme dans les autres Territoires d'outre-mer, de grands mouvements politiques avaient vu le jour, et s’affrontaient sur le terrain politique. Par rapport à ce pluralisme politique, le 4 novembre 1960, le Gabon s’était dotait d'une constitution de type parlementaire. Elle conférait l’essentielle des prérogatives de l’autorité de l’État aux représentants du peuple assemblés ».

Au lendemain du refus du général de Gaule de faire du Gabon un département français et des vives discussions nées dans les échanges avec ses adversaires politiques, Léon MBA adopte des pratiques de gouvernement restreignant les libertés politiques au niveau de l’Assemblée nationale. Aidé par ses amis les forestiers blancs du Gabon qui mettent en place un système de corruption généralisée, Léon MBA parvient à avoir l’ascendant sur ses adversaires politiques et à prendre les commandes de l’Assemblée nationale. En 1961, alors qu’il est élu président de la République en candidat unique, une nouvelle constitution élaborée sans consultation des citoyens lui accorde pratiquement tous les pouvoirs du parlement. D’un système parlementaire, le Gabon passa à un système politique présidentiel sans le constamment du peuple pour un changement aussi fondamental. C’était un d’État.

En février 1964, voulant stopper Léon MBA dans ses manœuvres anticonstitutionnelles démocratiques, un groupe de patriote renverse arrête Léon MBA et amène au pouvoir son opposant démocrate Jean-Hilaire Aubame. La France qui voit en Léon MBA son allié dans l’exploitation des ressources du Gabon le ramène militairement au pouvoir et le pays passe alors sous la tutelle de Paris.

Gravement malade, Léon MBA est conduit en France pour des soins de santé. Pour assurer une succession qui favorise ses intérêts, la France encourage l’ajout du poste de vice-président de la République dans la Constitution. Dans la mesure où ce changement s’est appuyé sur la légalité constitutionnelle née en 1961, ce changement était ni légale et encore moins légitime.

Ce changement permettra à Albert-Bernard Bongo vice-président, d’accéder au pouvoir à la mort de Léon MBA en novembre 1967, donc illégitimement et immoralement. Afin de perdurer au pouvoir, Omar Bongo procédera à la modification de la Constitution pour instaurer le monopartisme. Il enlevait aux citoyens l’indépendance de choisir leurs gouvernants. En procédant unilatéralement, Albert Bernard Bongo perpétuera la situation de coup d’État. De la même façon, toutes les réformes constitutionnelles faites par la suite et qui ont trouvé justification légale dans les différentes Constitutions réformées par Albert Bernard Bongo antérieurement n’ont été qu’une perpétuation des coups d’États initiaux qui ont enlevé aux Gabonais le droit de choisir librement leurs gouvernants.

En 1990, la Conférence nationale entraînant l’instauration du multipartisme n’avait pas préalablement rétabli la souveraineté du peuple sur l’ordre constitutionnel. Voilà pourquoi les consultations électorales faites sous le multipartisme par la suite se sont toutes soldées par un contentieux entre la volonté de la majorité des citoyens et la volonté d’Omar Bongo et ses courtisans. Le cadre institutionnel favorisant la volonté d’Omar Bongo a soldé tous les contentieux en sa faveur. La crispation politique du peuple face à cette situation a entamé depuis 2994 une crise politique qui perdure.

Pour s’en sortir, les chefs politiques se sont retrouvés en France et ont signé des accords politiques, dites les accords de Paris. Ils entérinèrent quelques maigres principes pour établir un ordre constitutionnel plus propice à l’expression de la volonté souveraine des citoyens. Les citoyens furent convoqués à un référendum pour donner leur consentement à ces accords.

Dans la mesure où le cadre de discussion accouchant des accords de Paris n’offrait qu’un rapport de force minimal à l’opposition politique représentant la majorité des citoyens, les accords politiques de Paris n’ont favorisé que des changements constitutionnels mineurs. Ils n’ont pas été à la hauteur pour faire respecter l’expression de la volonté de la majorité des citoyens. Conséquemment, lorsque les citoyens ont été appelés à s’exprimer sur leur gouvernance après la signature des accords de Paris, les intérêts politiques égoïstes d’Omar Bongo soumettant l’ordre institutionnel du pays à sa volonté ont fait barrage à l’expression de la volonté de la majorité des Gabonais. C’est dans ce cadre institutionnel qu’à la suite du décès d’Omar Bongo que s’est tenue l’élection présidentielle anticipée d’août 2009.

Par rapport à cette élection, les observateurs sont unanimes. Ali Bongo qui a succédé à Omar Bongo comme président du pays n’avait pas remporté l’élection présidentielle anticipée de 2009. La mainmise sur les forces de sécurité et le contrôle que ses proches exercent sur les institutions de l’État ont fait proclamer l’élection d’Ali Bongo. De même, par le contrôle exercé par sa belle mère sur la Cour constitutionnelle avait vidé les contentieux nés de la contestation de cette proclamation en sa faveur.


Depuis trois mois, des appels à la non participation aux prochaines législatives sont dans les lèvres et les écrits des tenants de la transparente électorale et de la reprise par le peuple de la souveraineté de ses institutions politiques. Un mouvement citoyen a été mis en place pour relayer ces revendications. Le mouvement « ça suffit comme ça » regroupe en son sein des personnalités de la société civile, des cadres de partis politiques et leurs chefs de même que des citoyens anonymes, militants, activistes, etc. Pourtant, malgré la légitimité de la démarche qui le sous-tend la cause, ça suffit comme ça n’a pas encore fait tout le plein de mobilisation qu’on attendrait d’un tel mouvement. Plusieurs Gabonais préférant observés ce qui se passe et écouter ce qui se dit.

Échaudés par le comportement de plusieurs acteurs politiques, plusieurs gabonais ont développé le reflexe de l’attentisme et de la non implication dans les débats sociopolitiques. Pourtant, ça suffit comme ça ne peut faire l’économie de l’indifférence des Gabonais dans son engament pour le bien de tous les Gabonais. En leader de la revendication sociopolitique pour des changements notables, le mouvement, tout en maintenant le cap, doit reconsidérer certains aspects de son élan en vue de la mobilisation totale des gabonais.

À cette fin, il est nécessaire de dépasser les écueils de l’idéalisme imprégnant une grande partie de la pensée exprimée en ce moment. Il faut se départir des biais idéalistes et entraîner les gabonais dans un discours concret. Se départir des biais idéalistes suppose, d’abord et avant tout, de reconnaître que le discours actuel ne même nulle part. Il n’est pas positif. Les idées les plus magnifiques lorsqu’elles ne sont pas dotées, en elles-mêmes, d’une finalité concrète pour les gens qui vivent au quotidien des situations difficiles, elles n’ont qu’un pouvoir d’attraction sociale mineur. Elles ne peuvent constituent un facteur de mobilisation que dans la mesure où elles permettent ou laissent poindre un gain de tous les acteurs du changement.

L’appel à ne pas participer et à ne pas collaborer à la tenue des élections doit donc surtout viser à renforcer chez les citoyens l’espoir que leur mobilisation débouchera sur une démarche qui leur sera salutaire par la suite. À l’encontre du déterminisme de certains discours politiques humanistes, il est nécessaire d’insister sur ce qui adviendra du fait de ne pas aller à cette élection pour eux et non ce que le pouvoir subira de honte.

Dès lors, il est essentiel d’avancer un projet apte à rassembler largement. Il ne s’agit pas de dénoncer uniquement les rapports de domination existants mais de trace une alternative attrayante. Que se passera-t-il après le 17 décembre 2011. Contre le dévoiement de la notion de domination politique, il faut redonner à cette nation un sens politique authentique consistant à mettre en avant des mesures capables de transformer, voire, de dépasser la situation politique actuelle. Outre des propositions de réformes à la fois crédibles et radicales, un projet convaincant doit aussi dessiner un horizon de long terme, seul à même de réinsuffler l’espoir en des changements politiques souhaités par tous sans pour autant que nous exposition le pays et les populations a des situations malheureuses.

En effet, l’écrasante majorité des gabonaises et des gabonais vivent des situations politiques coriaces et multiformes qui entravent leur capacité à se donner des rêves sains et à mettre en œuvre des projets de vie simples. Des inégalités sociales aux inégalités entre les sexes, en passant par les discriminations fondées sur l’origine ethnique et clanique, le principe de liberté de se donner un destin pourrait refléter l’intérêt d’une majorité de citoyens.

La liberté n’est en effet effective que pour une minorité de dominants dans les rapports socio-économiques, culturels ou de genre, tandis que la majorité des individus cumule diverses formes d’oppressions et d’inégalités. L’idéal de liberté, en plus de permettre une contestation de l’existant et le rassemblement de divers combats, aurait aussi pour avantage de tracer une alternative mobilisatrice. Chacun n’aspire-t-il pas à être libéré des diverses entraves qu’il subit dans son existence et à pouvoir à la place réaliser ses rêves et projets de vie de manière autonome?

Potentiel de mobilisation

S’il est nécessaire de parler à l’intérêt de chacun ce n’est pas seulement en raison de des souffrances que chacun endure ou des mentalités nouvelles de la société de consommation qui créent des singularités sociales, mais aussi parce que l’égoïsme constitue une part des comportements humains tout aussi essentielle que l’altruisme et est particulièrement présent dans les motifs d’actions ou de décisions collectives. Au lieu d’interpréter le souci de soi uniquement comme un obstacle aux transformations sociales et une justification du statu quo, ça suffit comme ca devrait en percevoir le potentiel mobilisateur: à condition d’être utilisé pour générer une action collective de sensibilisation du particulier au collectif et du collectif au particulier au regard du gain éventuel qu’une mobilisation nationale pourrait entraîner.

La vision réaliste que nous proposons suppose aussi de laisser ouverte la définition de la liberté. Ainsi, dans une société où chacun serait libre de définir les entraves à sa vie et à son bien-être, certains choisiraient de se concentrer sur la liberté politique, l’autre sur son absence d’épanouissement socio-économique, tandis que d’autres privilégieraient leurs aspirations personnelles. Car il faut savoir que si certains participent à temps plein à la politique, d’autres ne consacrent qu’une petite partie de leur temps aux préoccupations politiques, ce qui impose d’intégrer pleinement dans le discours une approche qui laisse libre cours à l’appropriation du discours de la contestation, à la démocratie.

Mais rendre la liberté réelle pour chacun suppose aussi de penser les moyens collectifs de sa réalisation. Étant donné les nombreux rapports de domination caractérisant la société actuelle, des transformations d’ampleur sont nécessaires pour permettre à chacun de réaliser ses conceptions du bien: il s’agit non seulement de générer un engagement des citoyens en faveur d’un certains progrès sociopolitique et économique mais aussi, de dire comment l’engagement aboutira à cette conception du bien.

Action politique

La souveraineté politique et économique devrait dès lors être réhabilitée contre les attaques répétées dont elle fait l’objet mais sans céder pour autant aux tentations identitaires. Contrairement aux discours patriotiques en tout genre — qu’ils soient explicitement exclusifs ou fondés sur les droits humains et la démocratie et qu’ils soient nationaux, régionaux ou supranationaux — il est possible et souhaitable de penser la souveraineté en la détachant de l’identité. L’impulsion principale de l’action politique devrait être la réalisation de l’intérêt de la majorité des gens par la mise en place des conditions nécessaires à leur liberté.

Aussi, nous proposons aux Gabonaises et aux Gabonais de tenir après la période des fêtes au mois de mars 2012 un sommet patriotique sur l’avenir politique et institutionnel de notre pays. Par ce sommet, nous attendons nous réapproprier la souveraineté de nos institutions donnée aux mains des étrangers. Le débats sur la reprise entre nos mains des institutions de notre pays devrait donc être fonctionnelle plutôt qu’identitaire, éthique ou morale si l’on veut éviter les débats non rassembleurs — imposer à tous une vision particulière du bien — et communautariens — homogénéiser le collectif de manière artificielle, occulter ses contradictions internes et opposer un «nous» valorisé à des «eux» dénigrés.

En fin de compte, un projet ayant pour fin la liberté et comme instrument l’action collective devrait permettre au mouvement ça suffit comme ça de faire intéresser tout le monde au débats et à la revendication de la transparence électorale.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

samedi 19 novembre 2011

Le Gabon, le pays du coup d’État permanent.

Le préambule de la Constitution des États-Unis d’Amérique énonce: « Nous, le peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d’établir la justice, de faire régner la paix intérieure, pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d’assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d’Amérique ».

Cet énoncé montre que le but fondamental pour toute communauté politique est de faire régner une paix juste par tous par les biens-faits de la liberté pour tous. C’est d’ailleurs dans les bienfaits de la liberté par tous et pour tous que Jeremy Bentham (1789), théoricien utilitariste du droit positif, déterminera le but de toute Constitution. Elle doit garantir des droits et des libertés inaliénables pour tous les citoyens en vue de produire le plus grand bonheur pour le plus grand nombre de gens.

La Constitution du Gabon ne préserve que des droits et des libertés pour une infime minorité des citoyens en vue de leur seul bonheur politique au (mé) prix du mal-être pour le plus grand nombre des citoyens. Mais comment une Constitution faite par les citoyens pour le bien-être de tous les citoyens peut-elle conduire à une situation de mal-être pour la majorité? Les coups d’État permanents que vit le Gabon depuis la proclamation de son indépendance entraînant le détournement de la vocation de la Constitution gabonaise en est la cause.

Que faut-il entendre par coup d’État permanent? En quoi est-il un facteur du mal-être pour la majorité des Gabonais?

D'abord, précisons que l’État est la structure d’organisation politique qu’un peuple ou qu’une nation se donne à l'intérieur d'un territoire déterminé. Il a vocation d’exercer sur ce territoire son autorité pour permettre la paix et le bien-être de la collectivité, d’après la volonté exprimée par la majorité de ses citoyens. Pour ces fins, l’État est un ensemble de principes moraux et légaux enchâssés dans la Constitution par consensus de ces citoyens. Ces principes ne peuvent favoriser la liberté et le bonheur pour tous, que si les pratiques de gouvernance font valoir la primauté du droit, laquelle ne peut être effective que lorsqu’il y a séparation des pouvoirs entre les différentes institutions de l’État. Une telle séparation fait obstacle à la volonté d’un individu ou d’un groupe d’individus de prendre illégalement et/ou immoralement le contrôle de l’autorité de l’État en contravention de la volonté de la majorité des citoyens.

Justement, le coup d’État est le choc entre la volonté d’un individu de prendre le contrôle de l’autorité de l’État et la volonté de la majorité des citoyens de déterminer leurs gouvernants. En s’emparant du pouvoir illégalement et/ou immoralement, les usurpateurs de l’autorité de l’État détournent l’ordre institutionnel pour que les pratiques de gouvernement qui en découlent veillent non plus à la préservation de l’expression démocratique de la majorité des citoyens, mais pour qu’il serve à leur seule volonté de l’usurpateur. En pareille situation, l’État n’est plus démocratique, ne tirant plus sa légitimité dans la volonté de la majorité des citoyens. La conséquence de tout coup d’État est la restriction si ce n’est l’élimination des libertés politiques et des droits fondamentaux dans l’exercice de la citoyenneté. L’État est dès lors une autocratie, tirant sa légitimité de la seule volonté de celui qui dirige le pays. La boîte de pandore de tous les excès est dès lors ouverte.

Comment le coup d’État a-t-il pris racine au Gabon? Et comme est-il devenu un phénomène permanent?

Le coup d’État est un phénomène récent. Il est consécutif à l’avènement de l’État de droit qui a conduit à l’instauration de l’expression de la volonté des citoyens comme cadre de désignation des gouvernements. Par rapport à cette expression de la volonté des citoyens pour faire fonctionner l’État, tous les coups d’État suivent un schéma similaire. Voilà pourquoi la théorie du coup d’État n’a pas évolué depuis le coup d’État opéré par Napoléon de Bonaparte.

Pour prendre le contrôle de l’État français, le 9 novembre 1799, Napoléon Bonaparte, avait pris possession du commandement de l'armée en vue du maintien de l'ordre dans Paris. Il avait déplacé les lieux des assemblées populaires pour que la population ne les investisse pas et s’oppose à son coup de force. Les représentants du peuple ne pouvant plus s’assembler, l’autorité de l’État s’était de facto incarnée dans la personne qui parlait en son nom et des personnes le soutenant dans son action. Napoléon Bonaparte avait mis les villes sous le contrôle de la police. Toute entrée ou sortie fut interdite. Ces contrôles de l’autorité de l’État et des citoyens avaient rntrainé la soumission forcée des populations à la volonté de Bonaparte.

Pour que la soumission à Bonaparte perdure dans le temps, il avait jeté la volonté de la majorité des citoyens aux orties en faisant régner une Constitution soumettant l’ordre constitutionnel et institutionnel à sa seule volonté. Par cette soumission, il pouvait changer l’ordre constitutionnel pour la satisfaction de ses visées politiques. De fait, pour demeurer au pouvoir plus longtemps que ne lui autorisait la Constitution, Napoléon Bonaparte avait, au matin du 2 décembre 1851, décrété unilatéralement le changement de l’ordre constitutionnel. Ce changement sans le consentement librement ou clairement exprimé par la majorité des citoyens, ou leurs représentants désignés dans une élection libre et transparente constituait la perpétuation du coup d’État initial. Le changement constitutionnel fait ne visait qu’à soumettre indéfiniment la volonté de la majorité des citoyens à la volonté du putschiste sans user du contrôle de la population et des assemblées populaire par les armes.

Incontestablement, lorsque le coup d’État conduit à un changement de l’autorité politique de l’État, on entre dans une situation de «coup d’État permanent». Le coup d’État permanent est une expression née de la plume de François Mitterrand (1964) lorsqu’il critiqua les prérogatives que s’était données le général de Gaule sous la cinquième république pour gouverner par ordonnance et changer constamment l’ordre institutionnel pour le fonctionnement de l’État français à sa satisfaction.

En vérité, si l’État moderne est par principe le cadre du contrat entre citoyens pour convenir de qui doit gouverner et comment il doit le faire, selon la volonté exprimée clairement et librement par la majorité des citoyens, ne fait-il aucun doute que tout changement de la Constitution qui n’est pas entériné dans l’exercice démocratique soit une violation de la Constitution, surtout lorsque ces changements limitent les droits démocratiques acquis ou les libertés essentielles à l’expression de la démocratie.

Certes, certains observateurs désobligeants font valoir que dans le cas du Gabon ce sont les représentants du peuple qui procèdent à la réforme de la Constitution. Les changements de l’ordre constitutionnel seraient donc légaux et légitimes. Comment parler de légitimité dans les réformes constitutionnelles lorsque le pouvoir est un absolutisme et que les soi-disant représentants du peuple réformateurs de la Constitution sont désignés de façon autocratique.

Le coup d’État permanent est le fait de constamment changer la Constitution en prenant appui sur une légalité constitutionnel antérieure elle-même illégale et ou illégitime.

En effet, la situation du coup d’État que nous connaissons au Gabon aujourd’hui est la perpétuation des réformes constitutionnelles opérées à partir de la modification illégale et illégitime de la Constitution initiale du Gabon.

«Sous la coloniale, la constitution du 27 octobre 1946, instituant l’Union Française, avait créé un cadre propice à l’éclosion du pluralisme politique en Afrique noire française. Au Gabon, comme dans les autres Territoires d'outre-mer, de grands mouvements politiques avaient vu le jour, et s’affrontaient sur le terrain politique. Par rapport à ce pluralisme politique, le 4 novembre 1960, le Gabon s’était dotait d'une constitution de type parlementaire. Elle conférait l’essentielle des prérogatives de l’autorité de l’État aux représentants du peuple assemblés ».

Au lendemain du refus du général de Gaule de faire du Gabon un département français et des vives discussions nées dans les échanges avec ses adversaires politiques, Léon MBA adopte des pratiques de gouvernement restreignant les libertés politiques au niveau de l’Assemblée nationale. Aidé par ses amis les forestiers blancs du Gabon qui mettent en place un système de corruption généralisée, Léon MBA parvient à avoir l’ascendant sur ses adversaires politiques et à prendre les commandes de l’Assemblée nationale. En 1961, alors qu’il est élu président de la République en candidat unique, une nouvelle constitution élaborée sans consultation des citoyens lui accorde pratiquement tous les pouvoirs du parlement. D’un système parlementaire, le Gabon passa à un système politique présidentiel sans le constamment du peuple pour un changement aussi fondamental. C’est le premier coup d’État.

Mais en février 1964, Léon MBA est renversé par un coup d'État qui amène au pouvoir son opposant démocrate Jean-Hilaire Aubame. La France le ramène militairement au pouvoir et le pays passe alors sous la tutelle de Paris. Gravement malade, Léon MBA est conduit en France pour des soins de santé. Pour assurer une succession qui favorise ses intérêts, la France encourage l’ajout du poste de vice-président de la République dans la Constitution. Dans la mesure où ce changement s’est appuyé sur la légalité constitutionnelle née en 1961, ce changement était ni légale et encore moins légitime.

Pourtant, il permettra à Albert-Bernard Bongo vice-président, d’accéder au pouvoir à la mort de Léon MBA en novembre 1967, donc illégitimement et immoralement. Afin de perdurer au pouvoir, Omar Bongo procédera à la modification de la Constitution pour instaurer le monopartisme. Il enlevait aux citoyens l’indépendance de choisir ses gouvernants. En procédant unilatéralement, Albert Bernard Bongo, comme Napoléon Bonaparte, avait perpétué la situation de coup d’État antérieur. De la même façon, toutes les réformes constitutionnelles faites par la suite et qui ont trouvé justification légale dans les différentes Constitutions réformées par Albert Bernard Bongo antérieurement n’ont été qu’une perpétuation des deux coups d’États initiaux qui ont enlevé aux Gabonais le droit de choisir librement leurs gouvernants.

En 1990, la Conférence nationale entraînant l’instauration du multipartisme n’avait pas préalablement rétabli la souveraineté du peuple sur l’ordre constitutionnel.

Voilà pourquoi les consultations électorales faites sous le multipartisme par la suite se sont toutes soldées par un contentieux entre la volonté de la majorité des citoyens et la volonté d’Omar Bongo et ses courtisans. Le cadre institutionnel favorisant la volonté d’Omar Bongo a soldé tous les contentieux en sa faveur. La crispation politique du peuple face à cette situation a entamé une crise politique en 1994. Pour s’en sortir, les chefs politiques se sont retrouvés en france et ont signé des accords politiques, dites les accords de Paris. Ils entérinèrent quelques maigres principes pour établir un ordre constitutionnel plus propice à l’expression de la volonté souveraine des citoyens. Les citoyens furent convoqués à un référendum pour donner leur consentement à ces accords.

Dans la mesure où le cadre de discussion accouchant des accords de Paris n’offrait qu’un rapport de force minimal à l’opposition politique représentant la majorité des citoyens, les accords politiques de Paris n’ont favorisé que des changements constitutionnels mineurs. Ils n’ont pas été à la hauteur pour faire respecter l’expression de la volonté de la majorité des citoyens. Conséquemment, lorsque les citoyens ont été appelés à s’exprimer sur leur gouvernance après la signature des accords de Paris, les intérêts politiques égoïstes d’Omar Bongo soumettant l’ordre institutionnel du pays à sa volonté ont fait barrage à l’expression de la volonté de la majorité des Gabonais. C’est dans ce cadre institutionnel qu’à la suite du décès d’Omar Bongo que s’est tenue l’élection présidentielle anticipée d’août 2009.

Par rapport à cette élection, les observateurs sont unanimes. Ali Bongo qui a succédé à Omar Bongo comme président du pays n’avait pas remporté l’élection présidentielle anticipée de 2009. La mainmise qu’il avait sur les forces de sécurité et le contrôle que ses proches exercent sur les institutions de l’État ont favorisé la proclamation de son élection. De même, par le contrôle exercé par sa belle mère sur la Cour constitutionnelle avait vidé les contentieux nés de la contestation de la proclamation de l’élection en sa faveur.

Pour conclure, disons que la particularité des coups d’État et de leur permanence est de priver de façon permanente les citoyens de leurs libertés et de leurs politiques fondamentaux pour faire le choix du gouvernement qu’ils désirent. Cette privation a pour corollaire la soumission à la volonté d’un tiers qui se dit ou se croit illuminé d’une connaissance pour décider du destin de tout un peuple. Dans un discours mémorable, Winston Churchill avait postulé que « La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres ». Il employait cette maxime pour justifier les imperfections de la démocratie. Pourtant, bien qu’imparfaite, la démocratie était vue par lui comme le moins pire de toutes les autres formes de gouvernement, dont notamment l’autocratie qui expose les individus à des conditions politiques qui leur enlèvent la qualité de citoyen pour leur substituer la qualité de sujet.

Il est dans l’intérêt primordial de la République du Gabon, que le peuple devienne le souverain, reprenne la souveraineté de sa Constitution en vue : de former une Union plus parfaite, d’établir la justice, de faire régner la paix intérieure, pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d’assurer les bienfaits de la liberté qu’offre une Constitution établie pour le peuple et par lui-même ou ses représentants librement et démocratiquement choisis. Le combat pas de pas biométrie, pas de transparence doit conduire à la réparation des coups d’États permanents que vit le pays depuis son indépendance.

Joël Mbiamany-N’tchoreret
Résolument anti-autocratie