vendredi 30 septembre 2011

Le combat politique de la société civile et l’opposition politique au Gabon: la Constitution d’un État de droit.

Depuis un certain temps, des post abondent dans le net sur des prétendues projets de réalisation de l’émergence du Gabon. Les auteurs de ces post, adaptes de la propagande politiques voient dans les critiques faites pour disqualifier le gouvernement de l’émergence (de par son illégitimité, son amateurisme, ses dictats, ses impostures et ses mensonges), une manifestation de contestation d’Ali Bongo dans, se disent-ils, sa volonté de faire avancer le Gabon. Pourtant, personne n’est contre la vertu. Aucun gabonais ne veut rejeter Ali Bongo par simple esprit de malveillance, en voulant le faire quitter de la tête de l’État s’il y est de façon légitime et si son intention est de réellement de permettre le développement du pays dans tous ses aspects.

Réalisons qu’en prenant le pouvoir, de la façon que l’on sait, le premier geste politique d’importance d’Ali Bongo a été de s’octroyer une Constitution du pays taillée sur mesure pour maintenir un ordre politique en vue de satisfaire ses lubies. En cela, qu’on l’admette ou pas, le pays est pris en otage. Quel type d’avancée le pays pourrait connaître le pays si les paramètres de contradictions politiques qui servent de paravents aux erreurs de tout genre ne sont pas fonctionnels. Comme de raison, depuis son arrivée à la tête de l’État, Ali Bongo fait vivre au pays des recules des avancées démocratiques construites ardument depuis 1990.

L’opposition à Ali Bongo de la société civile n’est pas une vue de l’esprit, une malhonnêteté intellectuelle de ses leaders. Elle est une lutte pour un État de droit et non un État de loi. Il importe à tous de bien le comprendre. Car le pouvoir se targue de dire qu’il respecte la loi et que ses actes sont l’expression de sa mise en application. Lorsque l’on examiner la nature de la Constitution du Gabon et le cadre de sa mise en œuvre, les mœurs et les coutumes politiques qu’elle entraîne, nul besoin de se demander si les lois dont-on se vente de respecter sont justes, démocratiques.

La lutte politique que l’on voit n’est que la lutte pour une Constitution qui nous ressemble collectivement à travers les valeurs qu’elle déclare et dans les lois dont-elle donne naissance. Il est dans l’intérêt de tous les gabonais d’adhérer, de prendre part à la lutte pour un État de droit et non un État de loi. Elle est la construction d’un meilleur destin collectif.

La nature de la Constitution d’un pays détermine le genre d’organisation et d’autorité politique qui prévaut dans ce pays et dans une certaine mesure, elle est indicative de l’état d’esprit social et politique du peuple qu’il régit et des avancées du développement auxquelles peuvent prétendre les citoyens de ce pays.

La Constitution est effectivement la loi fondamentale du pays. Par conséquent, lorsque le pays est une démocratie, elle reflète les valeurs sociales, économiques et politiques partagées par les concitoyens qu’elle dirige. Ces valeurs sont définies dans un ensemble de principes. Aux États-Unis, c’est la déclaration d’indépendance américaine qui a fait de la liberté du citoyen le socle de son émancipation. On parle du rêve américain, celui de la possibilité de chacun de vivre cette totale liberté qui engendre tous les vouloirs et leur réalisation. En France la déclaration française des droits de l’homme impose une certaine égalité entre tous les citoyens et donne lieu à un État providence pour égaliser la répartition des moyens de vie. Au Canada, c’est la Chartes canadienne des droits et liberté qui confère des droits aux citoyens dans l’affirmation de la citoyenneté.

Les déclarations qui fondent les constitutions des pays que nous venons de citer sont l’aboutissement d’une certaine évolution des peuples. Désirant atteindre une plénitude sociale harmonieuse, ces peuple ont pris sur eux non seulement d’énoncer un ensemble de principes politiques, sociaux et culturels pour se définir, mais ont également adhérés à une certaine façon de se considérer citoyens, comme nation et comme peuple.

Si nous voulons atteindre une quelconque forme de plénitude sociale et être en mesure de nous donner certains rêves comme d’autres peuples, nous devons lutter pour une Constitution qui nous confère un État de droit. Les américains, les français et les canadiens entre autres, ne sont pas parvenus à se définir par le fait hasard. Ils ont lutté entre eux ou contre d’autres peuples pour s’affranchir d’une domination politique qui apparaissait au plus grand nombre contraire aux croyances essentielles de la concorde entre eux et dans la liberté qui confère à chacun et à tous la maîtrise de leur destin.

Lorsqu’une Constitution est faite pour imposer au peuple des valeurs, des choix et des orientations politiques d’un individu ou d’une minorité, elle est le fait d’une dictature. Il importe à tout individu libre d’esprit et conscient de l’embrigadement dans lequel cette Constitution le place de se lever et de contester politiquement l’autorité de la loi qu’elle incarne.
Mais comme le souligne les théoriciens du droit positif, l’État a les attributs de la puissance publique. Même illégitime, il dispose de la force de contrainte pour imposer ses vues. Il serait téméraire pour un individu seul de tenter de s’opposer à la puissance de l’État.

Comme le soulignait René Levesque, ce n’est pas la puissance qui fait la force mais le nombre. La volonté du plus grand nombre et son intelligence à refuser de se soumettre à l’arbitraire politique peut venir à bout de toute dictature, comme en Tunisie, comme en Égypte. Il faut pour cela agir avec et en intelligence. Les individus soumis à la contrainte d’un État illégitime doivent s’organiser, se concerter, créer le cadre de la lutte politique pour se soustraire de la domination.

Pour cela, les gabonais doivent à prendre à dialoguer avec les autres, à mettre de côté leur propre intérêt égoïste. Il ne s’agit plus de regarder le gain égoïste que l’on peut récolter dans des stratégies de dessous de tables. De la même façon, il ne s’agit plus d’agir avec malice pour s’arroger une position politique avantageuse ultérieurement ou de vivre dans un calcul nombriliste. Tout comportement qui met d’abord le soi de l’avant est de nature à démotiver, à disperser les élans fédérateurs de la force du nombre.

Également, avant d’agir, lorsque l’on appartient à un ensemble, il faut s’assurer que l’ensemble des composantes de cet ensemble soit acquis à la démarche que l’on souhaite mettre sur pied. De fait, des stratégies isolées, réalisées dans son cagibi clanique ne sont pas de nature à surmonter la force de la puissance publique de l’autorité illégitime. Au contraire, elle la renforce. Car les composantes du peuple qui auraient souhaité faire tomber le géant illégitime se démobilisent. Quand le peuple est démobilisé face au mal politique, ce dernier se renforce et prend les allures d’un pouvoir totalement légitime, parce qu’en pareille circonstance, le peuple de par le silence donnera l’impression d’acquiescer l’illégitimité.

Aujourd’hui, le combat politique ne porte pas sur le choix ou le refus d’un homme. S’adonner à un tel engagement de combat serait se condamner dans la répétition des mêmes erreurs du passé. Nous devons nous battre pour la mise en place d’une Constitution qui établit des valeurs, des principes et des croyances sociales, politiques, économiques et culturelles. Parce que consensuellement partagées, elles tendront à l’harmonie dans le fonctionnement de notre pays, donnant ainsi cette liberté qui rend tous les rêves possibles.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

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