lundi 31 octobre 2011

L’UPG, de Pierre Mamboundou, subira-t-elle le sort du PGP à la mort d’Agondjo-Okawé?

Le samedi 27 août 2005, disparaissait subitement Pierre-Louis Agondjo-Okawe, le chef du Parti Gabonais du Progrès (PGP), un peu de la même façon que nous a quitté le leader de l’Union du Peuple Gabonais (UPG). Au regard de la structure de fonctionnement de ce parti, similaire de celui de l’UPG à l’époque et des ambitions des leaders du parti, on peut se demander si l’UPG subira le même sort que celui du PGP.

Au cours des dix dernières années, l’UPG a été, par le charisme de son leader, le principal parti politique du Gabon. N’eut était de la maladresse de certains, il aurait été l’unique candidat de l’opposition à la dernière élection présidentielle anticipée. L’opposition politique gabonaise n’est pas à sa première erreur de positionnement politique par rapport à la volonté manifeste du changement que réclame le peuple. Avant Pierre Mamboundou et les errances politiques de Père Paul Mba Abessolo, il y a eu le PGP de Maître Agondjo-Okawe.

Au début des années quatre-vingt-dix, Agondjo-Okawé et son parti avaient imprégné la volonté des gabonais aux changements politiques. On se souviendra de ces soulèvements populaires qui avaient nourri la partisannerie à l’égard de ce parti lorsqu’un de ses leaders, Joseph Redjambé, par ailleurs, frère de Agondjo-Okawe fut trouvé mort à l’hôtel Dowé de Libreville dans ce que l’on considéra un assassiné politique.

La colère provoquée par cet assassinat politique solidarisa les Gabonais, aspirant au changement politique, derrière le PGP. Tous les leaders politiques avaient fait de même. Le PGP faisait alors consensus recueillant les appuis des citoyens de partout au pays. Néanmoins, malgré la stature Agondjo-Okawé et les appuis qui mirent également Libreville et Port-Gentil à feu et à sang, le PGP n’a jamais pu s’instituer en organisation politique d’envergure nationale.

Indubitablement, alors que les gabonais dans l’ensemble du territoire recherchaient une posture politique radicale pour le renversement du régime politique en place, Agondjo-Okawé a été mené les démarches qui ont entraîné les discussions pour les compromis avec le régime politique en place. Dans la mesure où ces compromis sont apparus comme de la compromission pour l’intérêt des leaders du PGP, en l’absence des réelles avancées pour la libération politiques du pays, les gabonais se sont détournés du PGP. De fait, les gains de popularité du PGP réalisés au début des années quatre-vingt-dix se sont étiolés.

En outre, les gabonais s’identifiant politiquement aux leaders de leur communauté ethnique, lorsque les ententes politiques avec le pouvoir suivant ces accords de Paris sont apparus comme des arrangements pour les intérêts politiques des leaders politiques, les appuis du PGP ont été circonscrits aux omiènè de Port-Gentil, ceux du quartier Likouala et de Toulon de Libreville. Pour cela, hormis le soubresaut de l’élection de quelques débutés, les appuis du PGP n’ont été que régionales et n’ont cessé de décliner au fil des compromissions faits avec le pouvoir pour l’existence politique de ce parti.

Également, à la mort d’Agondjo-Okawé, au lieu de se renouveler en profondeur et reconquérir ses appuis d’autrefois, le parti prisonnier des logiques structurelles et fonctionnelles claniques s’est livré à des querelles intestines. La vision de conquête du pouvoir céda la place à la conquête du leadership pour aller négocier le partage du pouvoir. Au regard d’un manque de maturité et de désintérêt pour la cause du pays, le PGP s’est laissé mourir comme un orphelin abandonné à l’hôtel des ambitions politiques égoïstes.

Assurément en 1999, le PGP ne comptait plus que quelques élus bornés à la commune de Port-Gentil et deux ou trois ailleurs. Il était définitivement expulsé des banquettes de l’Assemblée nationale en 2006 après le décès de son leader fondateur. Aujourd’hui, le PGP n’est plus que l’ombre de lui-même, chantant les louanges de ce qu’il serait devenu s’il avait été bâti sur autre chose que l’intérêt clanique et l’idéologie ethniciste.

À ne point douter, les bagarres intestines de successions d’Agondjo-Okawé ont sapé les bases politiques et le peu de crédibilité politique qui restait au PGP. Cela aura pris quinze ans au PGP pour naître et disparaître.
Peut-on dresser un parallèle quelconque entre le quasi mort politique du PGP suite au décès de son leader charismatique et le sort qui attend l’Union du Peuple Gabonais (UPG) après départ de Pierre Mamboundou Mamboundou vers ses ancêtres. L’UPG survivra-t-il à PMM, dans les prochaines cinq prochaines années?

Cela dépendra de plusieurs facteurs : est-ce que le parti aura recours à un congrès pour se restructurer et procéder à la succession de son défunt président ? Est-ce que le parti entrera dans des disputes intestines pour la succession de Pierre Mamboundou Mamboundou ? Est-ce que les leaders actuels du parti resteront ancrés dans une position politique de fermeté face au pouvoir ou succomberont-ils aux chants des sirènes émergentes pour annihiler toute opposition politique réelle au Gabon? Et enfin, est-ce que les nouveau leaders de l’UPG feront une large ouverture pour se donner une véritable implantation dans l’ensemble du pays?

Les leçons du passé doivent servir d’enseignement. Il y a quelques cinq ans, le PGP a suivi la voie de sa propre marginalisation. Il y a quelque cinq mois, l’UN marque manque de fonctionnement et des structures réellement démocratiques, a été conduit à sa disparition politique, du moins pour le moment. Pourtant tout indiquait les volontés du pouvoir à faire disparaître ce parti. Pris dans une vision et une logique unique, l’UN s’est contenté de regarder Ali Bongo dans les rétroviseurs sans épier ses angles morts de sa propre évolution.

Pour éviter la répétition des mêmes maladresses, l’UPG doit comprendre que l’adversaire du changement politique au Gabon aujourd’hui n’est pas seulement Ali Bongo. Toute organisation politique qui se structure pour faire combat uniquement à Ali Bongo est vouée à échouer. Pour favoriser une opposition politique authentique susceptible d’entraîner l’engouement pour des changements politiques réels, il faut se donner une organisation politique qui fasse concurrence non seulement à Ali Bongo mais surtout au PDG. Pour cela, l’UPG doit innover et réussir là où l’Union Nationale (UN) a échoué. Elle doit tenir un congrès à partir duquel ses leaders seront tous élus par les militants de base et duquel congrès seront tirées les orientations pour son combat politique. Cette façon de faire donnera à l’UPG les lettres de noblesse qui font défaut à tous les partis politiques gabonais. L’UPG pourra se targuer d’avoir un président élu par ses militants. De même, de l’engouement suscité par cette désignation, le président de l’UPG qu’il soit originaire du Nord, du Sud, de l’Est, du Centre ou de l’Ouest sera plus légitime qu’Ali Bongo, tout comme seront plus légitime les délégués de l’UPG face aux députés de l’Assemblée nationale.

Affaire à suivre.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

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