mardi 29 mars 2011

Ce qu’il faut savoir de l’échec de l’émergence du Gabon d’Ali Bongo


Pour entreprendre ses projets de développement du Gabon en vue dit-il de l’émergence du pays, Ali Bongo avait misé sur les ressources financières d’investisseurs provenant de pays émergents : Malaisie, Chine, Brésil, Afrique du sud, Inde, etc., Afin d'obtenir ces ressources et des prêts financiers pour la construction des logements sociaux, des routes, des usines pour la transformation des matières premières, etc., dans ses négociations, il avait mis sur la table les bloques pétroliers offshores du pays. Sous le jeu de l’offre et de la demande exercé à travers des enchères, il entendait créer une concurrence entre les investisseurs intéressés. Ali Bongo espérait aller chercher près de 8 milliards d’euros en trois ans soit environ 9 mille milliards de francs CFA, près du double du budget annuel du Gabon. Tout un pactole pour le développement rapide du Gabon.

En procédant par un processus d’enchères, il espérait non seulement obtenir de l’argent liquide, mais également procéder à un transfert de technologie, d’expertise, d'infrastructures industrielles et permettre l’entrée du pays dans les grands groupes de production, transformation et vente des matières premières dont regorge le Gabon. Une telle entrée aurait permis de placer le pays dans l’économie mondiale pour favoriser son émergence. L’idée de l’avenir en confiance avait son origine dans cette perspective d’investissement.

Quelque cinq ans avant le décès de son père, il avait longuement réfléchit sur la manière de parvenir à moderniser le Gabon. Ces plus proches amis rénovateurs l’avaient raconté une belle histoire sur la façon d’obtenir les ressources financières pour reconstruire le Gabon. Le pétrole du Gabon, le fer de Béligna de même que le bois et les plantations d’hévéa et d’huile de palme à grande échelle devaient être des puissants leviers pour attirer des capitaux étrangers importants. Les accords de coopérations économiques avec la France ayant montré leurs limites, il convenait d’aller au-delà de la France exposer les atouts du Gabon en vue de disposer des ressources financières dont le pays a besoin pour son décollage économique. Il fallait donc offrir les ressources du Gabon aux les plus offrants pour les investissements et le développement du Gabon.

Seulement voilà, en procédant, par exemple, par des enchères pour arriver à des contrats de gré à gré sur l’exploitation du pétrole gabonais, Ali Bongo remettait en cause le monopole français sur le contrôle des matières premières du Gabon. L’aboutissement des accords économiques de gré à gré devaient à terme conduire à l’éviction des entreprises françaises du sol Gabonais et du Golf de Guinée. Ce qui fut mal perçu en France. Des appels à l’ordre amicaux lancés dans des cocktails mondains laissaient Ali de marbre. Tout comme il fut indifférent aux déclarations faites à travers l’AFP, RFI et France 24, notamment en permettant à certains leaders de l’opposition d’accéder aux ondes de ces medias pour critiquer publiquement son amateurisme.

Au regard de ce qui commençait à apparaître comme une intransigeance de la part du numéro neuf du Gabon, des avertissements plus sérieux furent mis sur la place publique, entre autres, la diffusion de son assermentation maçonnique. De même, un documentaire de menaces en termes presque dévoilés de confier les commandes de l’État à son adversaire politique fut commandé et diffusé. Devant la force des propos et notamment de la réussite théâtrale d’indignation des services secrets français, Ali Bongo compris que s’il voulait faire des vieux os aux commandes de l’État gabonais il fallait qu’il recule. Des signes de gage de sa repentance et sa soumission au regard de ce qui s’apparentait à un affranchissement de l’autorité et des intérêts de la France furent demandés à Paris. De passage à Paris sur son chemin pour New York, il fit révérence et promis de ne pas s’affranchir des signes du respect des intérêts français au Gabon.

Dans son souci ne pas offenser la France, les projets de l’émergence et de cet avenir en confiance : vente des bloques pétroliers offshores, la transformation du bois au Gabon avant exportation, ont été rangés dans les placards. Tout comme il est désormais exigé de la Chine de partager avec France les gains de l’exploitation des gisements de fer de Bélinga et du manganèse du Moyen-Ogooué. Au regard de ces changements et du renoncement des stratégies d’acquisition des ressources financières pour les investissements au Gabon, le projet d’émergence se trouve privé des moyens financiers de ses ambitions. D’où cette stagnation dans la construction des stades et des hôtels pour la CAN et les autres projets d’infrastructures et structures de développement économique et social. Ali Bongo a jeté l’éponge du combat de l’avenir en confiance. Le numéro 9 a donc échoué où Hugo Chavez, Morales, Loula Da Sylva ont réussi : affranchir leur pays des dictats de certaines puissances occidentales prédatrices. Qui avait dit à Ali Bongo que le Gabon était déjà un pays souverain qui pouvait, comme ça, un matin, décider de sa politique de développement économique et sociale.

La France et tous des pays occidentaux font face à la montée des pays émergents qui menacent plus que jamais leur puissance économique, leur domination dans le monde. Ils vont pour maintenir leurs intérêts économiques et stratégiques user de ruse, de manipulations qui conduisent à se servir des opposants comme des épouvantails que l’on brandit comme d’un joker que l’on peut faire jouer à tout moment. Ali Bongo n’a pas vu venir la France. Il a cédé.

Lorsqu’on veut affranchir son pays de la main mise des pays occidentaux, il faut au préalable accumuler beaucoup de force, de soutien et de légitimité politique. Il faut presque faire l’unanimité politique dans son pays. Si Hugo Chavez ou Gbagbo est encore aux commande l’État c’est parce qu’il a l’appui de ses concitoyens. Ali Bongo est arrivé au pouvoir par un coup d’État électoral en bafouant les rêves politiques que le peuple s’était donné en croyant à un renouveau politique. De plus, il n’est un secret pour personne qu’Ali n’est pas apprécié. C’est pour cela que les Français ont misé sur lui pour remplacer Omar Bongo. Il ne peut disposer de l’appui populaire pour s’affranchir du soutien de la France. Dans son égocentrisme, il n’avait pas compris cela. Quel réveil douloureux que de se voir comme ça, en publique, agenouillé devant le blanc alors qu’il croyait le faire dans l’anonymat de ses accords et rites qui assujettissent notre pays.

Ali Bono a échoué parce qu’il manque d’humilité et de sagesse politique, comme le sont par ailleurs plusieurs de ses collègues et adversaires politiques. Ces gens qui sont dépassés par le temps croient qu’on fait la politique aujourd’hui comme dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Qu’il suffit comme cela d’avoir été ministre ou de disposer d’un doctorat pour posséder ces maximes qui nous disposent à comprendre les choses au-delà des dimensions communes. La France se joue d’eux comme on se joue des enfants dans une maternelle. Va dire ceci à France 24 pour intimider l’autre… et il court le dire. Va faire faire telle déclaration à RFI et AFP pour impressionner un tel…. et il court le faire. Les populations qui ne vivent et ne fonctionnent que des médisances politiques assises aux tribunes du colisée de leur malheur applaudissent en imbécile heureux qu’elles sont.

Au regard de cette incompétence et d’amateurisme, il ne faut pas que dénigrer Ali, même s’il apparait le plus ignare aux yeux de tous. Certains leaders politiques et quelques Gabonais, qui se disent haut cadre, sont aussi sots. Ali Bongo l’est beaucoup moins que certains, qui ont cru qu’avec quelques pas de danse boiteux malgré de nombreuses casseroles ou d’une certaine attitude hautaine ils pouvaient devenir président du Gabon sans stratégie de conquête politique au-delà de son ethnie et de son parti politique.

Il n’est pas encore trop tard pour bien faire. Le défi du développement du Gabon doit être plus important que nos égos. Pour affranchir le Gabon de la tutelle politique et économique de certains prédateurs, il faut d’abord faire l’unité politique, consolider la Nation en vue d’engager tous les Gabonais dans un élan de solidarité et de patriotisme face aux défis du développement à relever. Mais pour cela, il faut faire preuve de courage et de maturité politique. Il faut aussi sortir du somnambulisme qui fait que la plupart de ces Gabonais suivent certains leaders politiques presque par idiotie et les encouragent dans l’erreur.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

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