jeudi 24 mars 2011

L’école au Gabon est faite pour échouer



«L’école pour échouer» est le titre d’un texte éloquent sur le système éducatif gabonais publié par Gilbert Nguema Endamne. Selon cet auteur, le système éducatif au Gabon avait été institué pour conduire au développement du pays en permettant entre autres la formation de ressources humaines qui prendrait en charge le développement du pays.

Il constate que, depuis le milieu des années quatre-vingt, le système éducatif au Gabon est dans un processus de crise durable qui conduit inexorablement à l’échec de l’école. L’exode des Gabonais vers les pays africains ou ceux de l’Occident, les piteux résultats aux examens nationaux et la crise née de la divulgation des épreuves des examens nationaux sont la pointe de l’iceberg de l’état comateux dans lequel se trouve le système éducatif Gabonais.

Certains analystes du monde de l'éducation(Gauthier, Desbiens, Malo, Martineau et Simard, 1997; Gauthier et M'hammed Mellouki, 2006; Frigaard, 2008) considèrent que les systèmes éducatifs un peu partout dans le monde vivent une situation de chao. Ce qui se passe au Gabon n’est donc pas propre à ce pays. Plusieurs pays, même les États-Unis d'Amérique, connaissent des ratés avec leur système éducatif.

En effet, depuis la deuxième moitié du 20e siècle, l’école, un peu partout dans le monde, fait l’objet de nombreuses critiques (Gauthier, Desbiens, Malo, Martineau et Simard, 1997; Gauthier et M'hammed Mellouki, 2006; Frigaard, 2008). La formation reçue par les élèves est inadéquate (Day, 1999, Duke et Hochbein, 2008). La programmation scolaire ou la qualité de l’enseignement en sont responsables. Les programmes scolaires demeurent inadaptés (Arendt, 1990 et Schweitzer, 2008). Et l’on reproche aux enseignants de manquer d’efficacité dans leurs interventions pédagogiques (Morgan et Bourke, 2008; Hamano, 2008).

Pour remédier à cette situation, les autorités politiques des différents pays où prévalent les principes de la démocratie ont entrepris des réformes de l’éducation entraînant des redéfinitions de la mission éducative de l’école en fonction des objectifs de développement socio-économiques de leurs pays (Feldman et Kent, 2006; Sanchez et Salinas, 2008; Browne-Ferrigno, Allen Hurt, 2008). Les finalités de l’éducation qui en ont résulté ont provoqué une révision des fonctions du système éducatif, du rôle de l’école, une redéfinition des curricula et une mutation de l’activité de l’enseignement.

Au Gabon, malgré les nombreux états-généraux de l’éducation, aucune finalité concrète n’est définie pour la mission de l’école. Par ce fait, le système éducatif nage dans le vide. Pourtant, même une épicerie du quartier est gérée avec un plan, des méthodes et des objectifs à atteindre. L’école au Gabon ne possède ou ne fonctionne avec aucun plan. Le système éducatif et les écoles sont gérés à vue. Il ne faut pas s’étonner de la cacophonie, des insuffisances que l’on observe et de la désertion qui caractérise le système éducatif gabonais.

Dans tous les pays qui ont eu à effectuer un saut qualitatif dans le processus de leur développement, le système éducatif dans son ensemble a toujours été considéré comme la force motrice la plus puissante et la plus déterminante de cette évolution. Si l’on veut faire émerger le Gabon, il faut redéfinir la mission éducative de l’école au Gabon. Cette redéfinition doit entraîner une restructuration du rôle et des fonctions de chaque intervenant du système éducatif gabonais. Peut-être alors pourrions-nous disposer d’une école de qualité qui éviterait l'exode de nos enfants vers d'autres cieux et qui permettrait à chaque jeune gabonais de bien réussir sa formation scolaire ou sa formation universitaire au pays.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

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