dimanche 20 mars 2011

Des limites de la vision d'Ali Bongo dans ses «ambitions» pour le Gabon



Dans plusieurs de ses discours, Ali Bongo Ondimba dit vouloir faire émerger le Gabon par une politique d'industrialisation accélérée. Je veux bien! Mais où sont les industries? Où sont la main d’œuvre spécialisée et la politique énergétique de cette industrialisation?

Alors même que le système éducatif est à terre, abandonné, que plusieurs étudiants vont être chassés des facultés et des grandes écoles; alors même que les ménages gabonais peinent à s’éclairer, par manque d’énergie électrique suffisante; voila que Ali Bongo parle de lancer le Gabon dans le chemin de l’industrialisation pour le faire émerger.

En réalité, le processus d’industrialisation change radicalement les modes de vies et le socle social et favorise effectivement le développement économique et social des pays. En apprenant assise dans une main d’œuvre spécialisée et le développement social par l’expansion du pouvoir d’achat en favorisant la satisfaction des besoins primaires, le développement industriel relève les conditions socio-économiques des zones géographiques où il s’enracine. Pour cela, en se fondant sur les effets de l’industrialisation, sans au préalable examiner leurs tenants (notamment une politique éducative efficace pour doter le pays d’une main d’œuvre efficace et spécialisée selon les besoins des industries), Ali Bongo croit donc développer le Gabon par l’industrialisation du pays. Nous estimons que cette politique d’émergence sur l’industrialisation n’est pas réaliste.

Disons tout d’abord que pour industrialiser un pays de la taille du Gabon, il faut disposer dès maintenant de près 85000 ingénieurs, architectes, des spécialistes du management dans tous les secteurs de l’activité de production des biens et de services et multiplier ce nombre par 3 pour les 15 années à venir. De même, qu'il faut autant sinon plus de techniciens supérieurs. Or, malgré ce besoin de ressources humaines, la politique éducative du gouvernement émergent montre une absence de perspective pour combler le pays des ressources humaines spécialisées pour se développer. De surcroit, le peu de Gabonais en formation pour acquérir l’expertise dont le pays a besoin est délaissé.

Ensuite, avant d’industrialiser le Gabon, il faut au départ que le pays dispose d’un socle d’activités de production des biens et des services grâce à l’existence d’un cadre de transformation des matières premières selon une division de spécialisation du travail, prenant appui dans la mécanisation, les systèmes de communication et sur l'exploitation des sources énergétiques. L'industrialisation n’étant dans ce contexte que le bouleversement des processus et des techniques industrielles de production existantes et leur expansion. En somme, le remplacement du système artisanal, manuel, de production, dans des lieux dispersés par un système de production recourant de plus en plus à une énergie provenant de système de machines, des productions en grandes séries, centralisée, utilisant des normes ou des standards afin d'obtenir des produits en plus grand nombre et d'une qualité homogène dans des délais très courts. Or, à l’exception des usines décadentes de la production du ciment, de la bière, du poulet, du sucre et de l’huile de palme et un peu du pétrole brut pour faire du gaz butane, il n’y a pas au Gabon un tissu d’industries susceptible d’être développé.

En outre, aucune politique d’industrialisation ne peut se faire en l’absence d’une politique énergétique probante. Depuis la fin des années soixante, il existe un lien indissociable entre énergie et développement industriel. Il faut dire que la politique de développement industriel tient en tout premier compte, après la main d’œuvre spécialisée, à l’existence d’un cadre énergétique susceptible d’être développé selon les besoins de la croissance économique. Il ne suffit, pas au regard de cette réalité, de dire qu’on va construire une usine d’électricité pour se dire disposer d’un plan ou d’une politique de développement énergétique.

Les politiques énergétiques sont les mesures des prévisions qu'adoptent les gouvernements pour la croissance économique qu’ils entendent développer. Aussi portent-elles sur la production, le transport et l'utilisation des produits énergétiques en vue de réaliser les objectifs de la croissance économique, le développement et la diversification industrielle et de la protection de l'environnement.

Depuis la forte hausse des prix de l'énergie au début des années 70, les gouvernements du monde considèrent le développement énergétique comme le fondement de leur politique de développement économique et des plans de l’industrialisation de leur économie. La politique énergétique est même utilisée par les gouvernements comme des leviers de promotion pour attirer les investisseurs dans leur pays.

En effet, les besoins de production industrielle qui se manifestent dans les pays émergents forcent la mise en place des structures nécessitant une plus grande consommation ou capacité de production énergétique. Aussi, voit-on ces pays se doter des politiques énergétiques qui laissent apparaître les soucis aussi bien pour la construction des outils moderne de production, de transport et de distribution des énergies qu’à la diversification et au contrôle des sources et des ressources d’approvisionnement énergétique. Ces politiques posent l'indépendance énergétique comme une condition pour le développement économique et social face au contexte de la concurrence accrue de l’économie mondiale. Or, rien dans ce qui est dit dans les discours de l’émergence ne démontre un début d’une politique pour asseoir une indépendance énergétique.

Par rapport aux sources fluviales et des énergies fossiles que disposent le Gabon, les gouvernements du Parti Démocratique Gabonais ont toujours considéré le Gabon comme disposant d’une indépendance énergétique pour satisfaire à la demande des ménages. Pourtant, malgré l’absence d’un tissu industriel, les Gabonais vivent au quotidien, dans l’ensemble du pays, des situations de délestage du courant électrique. Cette situation est le fait d’une absence de vision de développement de l’énorme potentiel énergétiques dont dispose le pays. Encore que, comme à leur mauvaise habitude d’improvisation des besoins du développement du Gabon, le gouvernement émergent parler de l’industrialisation du Gabon sans préalablement définir les contours qui doivent la servir d'assise à cette idée.

Bref, disons que la construction d’une usine pour la production électrique pour des fins de consommation ménagère et industrielle doit résulter d’une politique portée sur une vision à long terme des besoins de consommation énergétique. La qualité de cette politique énergétique montre le sérieux que l’on doit avoir pour le développement du Gabon. La politique d’émergence par rapport au projet de développement industrialisation n’est pas sérieuse. Elle est un discours creux et dénouée de toute substance et d’un certain réalisme.

Ali Bongo ne fait pas ce qu'il doit faire pour le Gabon et ce qu'il fait, il le fait très mal. Assez d'incompétence s'il vous plait.

Joël Mbiamany-N’tchoreret

1 commentaire:

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