mardi 31 juillet 2012

« Monsieur BONGO Ali, qui s’amuse avec les deniers de l’Etat… »

CONFERENCE DE PRESSE DU 30/07/2012 PAUL MARIE GONDJOUT

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie d’avoir fait le déplacement de cet après-midi pour cette conférence de presse qui a trait à l’incident du samedi 28/07/2012 à l’Aéroport de Libreville.

Alors que je m’apprêtais à voyager à l’étranger en compagnie de mon épouse, cela m’a été interdit par la Police de l’Air et des Frontières (P.A.F.), au motif d’une instruction du Procureur de la République.

Je dois dire que préalablement à cela, j’avais été informé incidemment par une relation, que je ne pourrais sortir du Gabon. Mais n’ayant reçu aucune notification de cela, j’ai alors préféré me rapprocher du Procureur de la République, pour lever toute équivoque à ce sujet, car je ne fais l’objet d’aucune poursuite judiciaire qui pourrait justifier d’une telle interdiction.

Et par ailleurs, aucune décision de justice y relative ne m’a été notifiée à ce jour. J’ai donc adressé une lettre au Procureur de la République en date du 17/07/2012, et j’ai dans le même temps, eu deux échanges téléphoniques avec elle ; malheureusement elle n’a pu satisfaire ma requête, attendant d’avoir des instructions de sa hiérarchie que j’ai aussi joint par téléphone en la personne du Directeur de Cabinet du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Chargé des Droits de l’Homme : là aussi, la réponse a été la même.

Comme vous pouvez le noter, tous les responsables administratifs joints ont été dans l’incapacité de répondre d’une quelconque manière à ma requête. Vous conviendrez alors avec moi que cette affaire sort du cadre de l’Administration, elle devient une affaire politique.

Le pouvoir, une fois de plus s’est servi de la Justice, du Parquet, pour faire le sale boulot en déniant pour des raisons obscures et inavouées, à un citoyen, son droit fondamental d’aller et venir, reconnu à l’alinéa 3 de l’article premier de la Constitution Gabonaise.

Le Directeur de la P.A.F., présent ce samedi soir à l’aéroport, nous a confirmé, pour justifier son opposition à mon voyage, que c’était bien du Procureur de la République qu’il avait reçu des instructions écrites. Sur notre insistance à voir le document en question, prouvant ses allégations, il a accepté, seulement en présence de mon Avocat, sans nous donner copie, de montrer la Note d’Instruction du Procureur en date du 26/01/2011, portant la mention N°080/PRLBV01.

Cette Note est la preuve irréfutable d’un déni de Droit car général et absolu, c’est la raison pour laquelle, j’ai demandé à mon Avocat, Maître Jean Paul MOUBEMBE, d’introduire ce jour, une requête en référé auprès du Président du Tribunal de Première Instance de Libreville, pour Cessation de Troubles en levant la mesure d’interdiction de sortie du territoire.

Mesdames, Messieurs,

A la lecture de cet incident regrettable, laissez-moi vous dire, mon sentiment à propos de cette situation.

D’abord, je ne suis pas malheureux pour moi, mais pour mon pays dont la dignité est travestie et bafouée par ceux-là même qui ont en charge de l’administrer et dont la justesse des actes et des comportements doivent l’élever sinon l’avilir.

Ensuite, cet évènement vient confondre une fois de plus le Pouvoir en place qui n’a de cesse de nier ses méfaits à l’endroit de la personne humaine en le brutalisant dans sa détresse, en violant ses droits et en le culpabilisant dans sa quête de justice. J’en veux pour preuve : les destructions des maisons de paisibles citoyens, le laisser-aller du Pouvoir quand il n’est pas complice dans la lutte contre la criminalité multiforme et le grand banditisme, l’érection implicite des crimes rituels en de simples faits sociaux, le massacre des populations de Port-Gentil par des soldats étrangers, lorsqu’elles ont manifesté leur opposition au coup d’état électoral perpétré par Monsieur Ali BONGO, le 03/09/2009, la tentative d’assassinat des candidats à l’élection présidentielle ce même jour devant la Cité de la Démocratie.

Oui, nous avons affaire à un pouvoir brutal, sournoisement dictatorial et pour qui, les gabonais ne sont que des simples sujets, voire de simples objets ornementaux.

A ces faits évoqués plus haut, nous ne pouvons passer sous silence, le désarroi social des gabonais qui peinent à joindre les deux bouts. Ces gabonais pour qui se soigner devient un luxe, pour qui envoyer leurs enfants à l’école est un souci et à l’évocation du mois de septembre, ils sont soudain pris par l’angoisse. Ces mêmes gabonais qui ne savent plus où donner de la tête quand il faut se loger, parce qu’ils auront été berné par les promesses fallacieuses d’un pouvoir racoleur et inconséquent.

Oui, l’angoisse sociale des populations est une réalité, tout comme est une réalité, la gabegie de Monsieur BONGO Ali, qui s’amuse avec les deniers de l’Etat, en faisant financer par l’ANGT, les folies et lubies du régime, alors qu’il sait le peuple gabonais à la peine. La crise est là, elle est morale, elle est politique et elle est sociale. Pourquoi la nier pour refuser la tenue d’une conférence nationale souveraine. Elle est inéluctable et Monsieur BONGO Ali n’aura le choix, qu’entre, d’une part, accepter l’organisation de cette conférence nationale souveraine pour sauver sa peau et redorer son blason, depuis longtemps terni, et d’autre part, persister dans son refus de la tenir, et il sortirait alors très tôt par la petite porte.

C’est là, Mesdames, Messieurs, mon sentiment, à l’issu de ce que j’ai vécu samedi et je ne pouvais rester silencieux face à cela.

Je vous remercie./

Source: Le nouvel Observateur

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire