samedi 2 avril 2011

Autoportrait politique de l’émergeant du village



Contrairement à des grands hommes politiques qui ont vu leur accession au pouvoir émaillée de luttes nobles en vue de réaliser des grands desseins, j’accède au pouvoir, un peu comme un cambrioleur. Malgré mon jugement supplétif, je n’y serai parvenu, si du joug du colonisateur, je n’avais été le choix le plus judicieux du zarkozisme et de ses ambitions de domination.


Je salue donc le cynisme de mon choix comme chef du village. Car de l’aveu de certains murmures qui m’habitent, je suis celui qui peut le moins faire consensus auprès des populations et de la cupidité et de l’entêtement dont j’ai l’avantage du monopole, je suis le plus mal aimé de la totalité qui constituait le gouvernement du village il y a quelque douze mois. Le choix qui a été porté sur moi repose sans doute sur le fait que je manque d’affection pour le peuple qui me le rend bien.

Je ne suis plus au même rang que mes anciens collègues du gouvernement du village. Dorénavant, ils devront être contraints de gré ou de force de m’honorer. J’y parviendrai. Mon machiavélisme en surprendra les observations les plus sceptiques sur mes capacités de domination. J’ai les moyens de mes ambitions.

En premier, je ferai un tsunami. Tous les parents et autres amis ou collaborateurs de mes adversaires, que dise, de mes ennemis politiques seront évincés de leurs fonctions et, certains mis au chômage technique. Le but étant de susciter la peur. Déjà que les tueries qui me sont attribuées effraient plus d’un.

De plus, désormais tout l’argent du village sera mon argent. La banque BGFI que le clan a bâtie située juste à côté de mes appartements de fonction servira de lieu de transition entre le bureau de la comptabilité nationale et mes appartements.

J’utiliserai pour ce faire le pronom mon, ma ou mes au lieu de notre ou nos quand il s’agit de discuter des biens de l’État. Tel un moissonneur, je pourrai ainsi à loisir faire des dons à titre personnel ici et là quand quelques tornades s’abattront dans certains campements du village.

Pour le reste des affaires du village, je m’emploierai, sans honte, à parler en utilisant la première personne du pluriel. Ce peuple d’innocents ne pourra que croire à son inclusion dans la description de la peine que je ferai des souffrances que je vivrai de gérer convenablement ce petit village.

Complètement dépassé par la fonction dont je ne serai en mesure d’exercer, je démissionnerai à m’y investir. Le manque d’eau et d’électricité des populations, les routes et les ponts coupés çà et là ne seront pas ma priorité, puisque ma priorité est de faire émerger le village, aussi, il faudra rêver grand et de dire que des grandes choses qui sont de l’ordre de l’impossible.

Puisque je serai incapable de remplir les missions sociales qu’on attendra de moi comme chef du village, le peuple voudra me retirer la gestion des affaires du village obtenue illégalement. Je vivrai donc dans l’obsession de perdre mon pouvoir illégitime. Encouragé par les faux conseils que ne manqueront de me donner mes courtisans étrangers et appuyé par mes serviteurs dans l’armée, je chercherai à éliminer tous ceux-là qui constituent un danger potentiel pour mon bien politique.

Pareillement, outre les voyages pour distraire mon ennui et pour m’esquiver de la lourdeur de ma fonction, ma préoccupation principale et journalière sera de répertorier les villageois que je soupçonnerai, du fait de leur intelligence ou de la volonté de contestation de ce qui leur est dû, de dédire mon autorité distinguée.

C’est ainsi qu’une pluie d’inanimés tombera dans le village suite à des longues maladies. Par empoissonnement en effet, les têtes pensantes y compris les musiciens, les journalistes et même les officiers de l’armée seront surveillées de près et anéanties au gré des soupçons révélés par mes courtisans, notamment mon parent accroupi-ici.

Ceux parmi, ces contestataires de la société civile qui craindront pour leur vie se trouveront obligés de s’exiler à ma grande satisfaction en France, laissant le champ libre à des hommes politiques incompétents, décomposés. Désireux de s’enrichir rapidement, ces incompétents accourront me proposer des alliances de majorité villageoise pour espérer entrer dans le cercle de mon mbadja.

Également, ne sachant régner sur un peuple qui ne m’a pas choisi, je m’appuierai sur des services secrets béotiens. Au lieu de veiller à la sécurité du pays, puisqu’ils n’auront pour fonction que de veiller à ma bonne quiétude, ils tyranniseront justement les villageois paisibles. D’ailleurs j’ordonnerai la mise sur écoute, le contrôle d’Internet. Mon body garde personnel coréen me donnera les secrets de la Corée du Nord sur le contrôle des villageois et les empoisonnements de mes adversaires.

C’est ici qu’il y a lieu de préciser le rôle cynique de certains de mes courtisans. Un de ces courtisans formera, comme jadis, une milice politique. D’autres, sur le net, la jeune garde des toilettes, l’œil émergent ou Génération Nouvelle, avec une étonnante capacité de nuisance et de destruction, seront convaincus de servir un projet politique dont j’ai moi-même de la difficulté à cerner les contours.

Néanmoins, ils considéreront toute opposition à cette chose comme une attaque personnelle contre nous (moi). J’utiliserai le slogan laissez-nous avancer pour justifier le piétinement que ne manquera pas d’honorer l’incompétence et l’amateurisme dont nous (moi) ne manquerons de faire preuve.

Il faut aussi signaler, que par pure ignorance et manque de clarté d’esprit, et surtout du fait que je rechercherai à construire tout ce qui peut m’aider à me maintenir au pouvoir, aussi longtemps que possible, j’entrerai dans les loges de la Franc-maçonnerie avec des buts et pratiques complètement étrangers à notre culture. Par cette adhésion et le serment à Marianne, je confirmerai ma disposition à être un disciple de la loge au lieu d’être l’avocat des intérêts de mon peuple.

Il s’agira d’assurer l’approvisionnement en Métropole en matières premières dont le village regorge en abondance, mais aussi de préserver le village comme marché pour des biens et des produits de la métropole. D’ailleurs n’est-il pas là le véritable objet de ma cooptation!

Pour que les objectifs vitaux de leur suprématie soient réalisés, n’a-t-on pas vu en moi un homme complexé, peu clairvoyant, docile et manipulable ? Sans que j’en prenne vraiment conscience, ma fonction sera d’empêcher le développement de femmes et d’hommes d’affaires de mon village pour pérenniser entre autres la gouvernance par la souffrance et la domination néocoloniale.

Issue de l’adoption d’une ethnie minoritaire, j’entendrai créer et exacerber les antagonismes ethniques dans le but cynique de déstabiliser les alliances éventuelles contre moi (nous). C'est pourquoi les termes de repli identitaire seront utilisés en abondance pour culpabiliser ceux qui chercheront par des voies populaires de m’évincer du trône facilement acquis.

Pour bien remplir ma mission, mes amis gaulois verront d’un mauvais œil les revendications pour l’instauration de la vraie démocratie. Convaincus que les villageois sont des sous-hommes, des primates à peine évolués, donc des esclaves qui n’ont pas le droit de décider de leur propre sort, les dirigeants des villages occidentaux notamment les Gaulois parleront cyniquement de la démocratie comme d’un luxe pour nous. Ils feront à travers les journaux et les sites internet (IFR, 24Gaulois) les louanges de mon action pour le mal du village et auront ainsi à discréditer l’opposition.

Et pour joindre l’acte à la parole, les dirigeants gaulois, poussés par leurs milieux d’affaires chez nous, continueront de me soutenir même dans le crime contre l’humanité. Je pourrai ainsi, sans honte demeurer au pouvoir aussi longtemps que durera le souffle de ma vie, en attendant qu’un de ma progéniture reprenne le relais.

En fait, tout ne dépendra que de mon bon vouloir. La Constitution, réécrite pour la pérennité de mon aïeul, selon la volonté des membres du parlement issus des élections législatives frauduleuses, sera réaménagée pour qu’elle permette à ceux de mon clan politique de renouveler à volonté leur mandat. Ainsi, je ne ferai rien pour la modifier ou réviser pour moderniser la vie politique du village. Quel intérêt trouverai-je à le faire. De l’acquis de la CENAP et de la Cour constitutionnelle, nous nous ferons élire par l’intimidation, le crime et la force des armes. La biométrie qu’ils revendiquent, ils l’auront. Mais quelle surprise que ce sera que de voir comment je contrôlerai davantage mon élection sans corrompre par l’argent cette fois.

Il est bon que je me rappelle que les Occidentaux réclament la démocratie dans les anciennes républiques de l’Union soviétique. Par exemple, il y a quelques mois, les ambassadeurs des villages occidentaux notamment, Saxon et Bolche ont pris part à des démonstrations de colère contre l’Iran pour protester contre les fraudes électorales. Chez nous : Togo, Guinée, Tchad, RCA, ils maintiendront un silence de cimetière face aux fraudes électorales et aux crimes de dictature refusés en Iran.

Ici comme ailleurs où nous sommes à leur service, ils feront comme si rien de grave ne s’est passé même si nous commettrons des massacres contre nos villageois comme au campement de Port-Gentil. Leurs journaux IFR et 24Gaulois diront pour notre cause : circuler, il n’y a rien à voir, il n’y a rien à dire.

Pour l’observateur perspicace, il est clair que les forces colonialistes ne sauraient voir de gaîté de cœur l’enracinement de la démocratie dans mon village. Il en va de la sauvegarde de leurs intérêts. Mes adversaires politiques qui n’ont pas encore compris cela : que le salut des principes relatifs au bien-être du peuple qu’ils défendent ne peut aboutir que par la lutte sérieuse du pouvoir, même avec les armes, sauront attendre leur retraite en réagissant de temps à temps à mes faits et gestes. Ils n’ont pas retenu la maxime de mon aïeul : le chien aboie et la caravane continue d’avancer. Même si c’est pour faire du surplace, qu’ils nous laissent avancer. Après tout, n’est-ce pas nous qui avons l’avenir en confiance !

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