mercredi 6 avril 2011

Non au néo-colonialisme : justification du soutien à Laurent Gbagbo


Nous souffrons beaucoup de l’intervention militaire de la France en Côte d’Ivoire, particulièrement des justifications jetées sur les ondes audiovisuelles, par des personnes dotées d’une authentique gracieuseté morale, pour les légitimer. Nous avons vécu un sentiment similaire, peut être avec moins d’acuité, lorsque les États-Unis d’Amérique ont arrêté quelque trois centaines d’islamistes et les ont enfermé dans une prison à Cuba et soumis à des traitements déshumanisants quotidiennement.

Alors que nous aurions cru l’humanité affranchie d’une certaine forme de barbarie, ces traitements déshumanisants ont fait jaillir des images d’une époque antérieure à la modernité que l'on ne trouve que dans les livres d'histoire. La conscience humaine, née de l’esprit de la modernité, avait croyait-on banni certaines formes de barbarie. Il faut supposer qu’au fond de nous, nous avions gardé une partie de bestialité qui fait que certains, grâce aux impulsions de leur irrésistible égoïsme, font émerger le mal pour assouvir leurs lubies.

Nonobstant, la prise de conscience du mal qui peut exister chez certains, il est souvent douloureux en effet de voir des individus agir avec beaucoup plus de violence et un appétit de cruauté, qui dépasse même celle qui leur a été faite, pour le redressement des préjudices prétendument subis.

Quand Alassan Ouatara demande aux forces militaires françaises d’intervenir dans son pays contre ses frères pour un litige postélectoral et qu’à la suite de cette intervention, des cadavres jonchant le sol maculé par les traces des ambitions colonisatrices, des africains disent de cela du bien, il y a de quoi en souffrir profondément. Aucune économie de honte, de déshonneur de sa race ne peut être faite en pareille circonstance. Il faut le dénoncer!

Assurément, indépendamment des plans machiavéliques ourdis par la France pour le contrôle des richesses de la Côte d’Ivoire, rien ne justifie le soutien des attaques militaires contre Laurent Gbagbo et ses partisans. Une telle justification ne pouvant qu'être mise au rang de complicité de crime contre l'humanité.

Il sera une entreprise veine que de tenter de convaincre la France sur le caractère criminel de son intervention militaire. Tentons plutôt de dire à ces africains qui parcourent les ondes des média français pour trouver et dire justes les interventions miliaires qui sont faites par la France en Côte d’ivoire.

Les arguments qu’ILS soulèvent pour les interventions militaires françaises en Côte d’ Ivoire portent sur la justesse de leur légitimité. Mais qu'est qu'il y a de légitime dans les bombardements de la France en Côte d’ivoire? On entend par légitime quelque chose qui est propre en soi, quelque chose dont on ne peut comprendre l’existence que dans sa propre incarnation.

Alors que les partisans du président sortant invoquent le principe de la négociation politique pour régler le contentieux électoral dans la vie politique de leur pays, les opposants invoquent la justesse de l’usage de la force militaire française pour leur donner raison par la force et ce indépendamment des souffrances qu’une telle intervention peut causer.

Cette demande n’est ni légitime tout comme l’intervention militaire subséquente ne peut l’être. À moins de considérer que la force militaire française est une composante de la vie politique ivoirienne. Si la France n’est pas partie prenante à la vie politique ivoirienne, l’intervention militaire française ne saurait aucunement être légitime.

Précisons qu’une position légitime pour justifier l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire doit s’appuyer sur des arguments défendables rationnellement. De plus, sur le plan moral, elle doit être conforme à une valeur fondamentale, de portée universelle, et entraîner les meilleures conséquences possibles pour toutes les personnes en cause. La valeur morale qui selon moi correspond le mieux à ce critère est le respect de la personne humaine, de sa vie, de sa liberté et de son intégrité.

Bien des partisans de Laurent Gabgbo considèrent que le recourt à la force militaire pour régler des désaccords politiques est légitime. Je crois qu'on ne peut soutenir raisonnablement la nécessité d’une intervention militaire pour la cause d’un différend postélectoral. Cela ne signifie pas que le parti qui dit avoir gagné ces élections ne doive pas revendiquer sa victoire.

Le désavantage des interventions militaires pour régler des conflits politiques qui ont conduit à faire intervenir une tierce partie a été démontré notamment en Coré, au Viêt-Nam, en Chine, etc. Les interventions militaires pour régler des désaccords politiques dans ces pays ont favorisé à des grands bouleversements sociaux et politiques. Dans certains cas, elles ont conduit à la division du pays; certains parties du territoire ont formé leur propre pays et sont devenus des États indépendants. Dans d’autres cas, le conflit militaire a duré si longtemps, qu’il a fallu plus de deux générations après les enfants des belligérants pour effacer les stigmas des douleurs occasionnées d’un côté comme de l’autre. On a qu’à se rappeler tout ce désordre laissé dans nos souvenirs par les Khmers rouges.

En vérité, que l’on ne s’y trompe pas, aucun gain politique pour l’humanité ne provenir du genre d’intervention que fait la France en Côte d’ivoire. Elle ne résoudra rien. Elle ne fera que reporter à plus tard le dialogue que les Ivoiriens doivent nécessairement faire entre eux pour le fonctionnement, l’organisation et la participation de tous à la vie politique de leur pays.

Plusieurs Ivoiriens partisans de Ouatara demanderont si garder Gbagbo au pouvoir par la force de sa seule volonté ne favorise pas le désordre politique? Surtout qu’il est là depuis dix ans.

Rien ne garantit que la présence de Gbagbo défavorise les tentions politiques latentes. Par contre, encourager une intervention militaire de la France dans son pays pour le simple fait de faire partir Gbagbo est en soi un crime plus énorme que de laisser Gbagbo au pouvoir : les interventions militaires françaises ouvrent la voie au paillage du pays; ouvre la voix à la présence d’une tierce personne dans le débat national. Cette tierce partie ne jugera jamais bien l’existence d’une concorde entre ivoiriens pour leurs propres ambitions nationales. D’ailleurs, pourquoi Gbagbo est-il vomit par cette fameuse communauté internationale?

En Afrique lorsque des africains se sont tenus débout pour parler aux africains, à leurs concitoyens de leur propre développement, ces africains, comme par hasard, sont devenus les ennemis à abattre de la communauté internationale. On se souviendra de Patrice Lumumba, de Thomas Sankara. Pour les abattre, la communauté internationale a pris appui sur des africains, ces serviteurs des intérêts de l’Occidents.

Face au refus de Gabgbo de laisser son pays continuer à être spolié par la France, cette communauté internationale a trouvé prétexte d’une dispute électorale pour faire disparaître Gbagbo.

Nous dénonçons la participation des africains à cette barbarie interne de l’Occident, qui trouve un exutoire de ses difficultés économique dans nos pays avec cette implantation néocoloniale.

Nous dénonçons ce double discours sur les droits de libertés des peuples de l’Occident par opposition à l’oppression et à l’esclavagisme pour nous par la complicité des nôtres.

Nous dénonçons les discours complaisants sur les valeurs démocratiques policées pour les sociétés occidentales et la démocratie souillée pour nous par la complicité des nôtres.

Nous dénonçons Ce double langage à partir duquel on reconnaît Ali Bongo élu au Gabon selon la proclamation de la Cour constitutionnelle du Gabon, pour respecter la souveraineté de ce pays, et un refus du verdict de la Cour constitutionnelle de Côté d’Ivoire, pour favoriser ce que la communauté internationale considère être son choix.

À vous mes frères et sœurs africains n’est-il pas gênant d’entendre dire Alassane Ouatara le président reconnu par la communauté internationale ? Cette communauté internationale au nom de qui parle-t-elle ? Quand allez-vous arrêter d’être les esclaves de la maison ? Quand allez-vous devenir les maîtres de votre propre maison ?

Joël Mbiamany-N’tchoreret

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