samedi 16 avril 2011

L’ignorance est le principal facteur qui entraine le mal politique en Afrique noire.


La lecture du texte «Le gâteau de Charles Baudelaire» est d’un enseignement surprenant sur l’origine de nos barbaries politiques. Deux frères, «le premier si parfaitement semblable au second, qu’on aurait pu les prendre pour des frères jumeaux» se livrent une guerre fratricide pour la conquête d’un gâteau. Aucun n'en voulant sacrifier la moitié pour son frère. Le premier, exaspéré, empoigna l'oreille du second avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois». Le légitime propriétaire du gâteau enfonçant ses petites griffes dans les yeux de l'usurpateur; à son tour celui-ci appliqua toutes ses forces à étrangler son adversaire d'une main, pendant que de l'autre il tâchait de glisser dans sa poche le prix du combat. Mais, ravivé par le désespoir, le vaincu se redressa et fit rouler le vainqueur par terre d'un coup de tête dans l'estomac. Le gâteau voyageait de main en main et changeait de poche à chaque instant; mais, il changeait aussi de volume. Lorsque exténués, sanglants, ils s'arrêtèrent par impossibilité de continuer, il n'y avait plus, aucun sujet de bataille; le morceau de pain avait disparu. Il s’était éparpillé en miettes semblables aux grains de sable auxquels il était mêlé. Les deux frères auraient pu se partager le gâteau. Dominés par l’instinct de l’avarice, ils ont eu cette réaction impulsive et instantanée d'un animal sauvage. Face à un danger, un besoin, une peur, il n’a pas la capacité de réfléchir longtemps quand un évènement particulier survient. Et par instinct de survie, il se sauve ou attaque. Il croit survivre longtemps en s’enfuyant, en attaquant ou en privant l’autre du gain de sa victoire. Pourtant sa survie ne peut être préservée que dans la coopération. Mais de par l’empire de l’égoïsme, aucun sentiment de coopération ne peut naître et faire ombrage à l’instinct de survie animale. Aussi, est-on condamné à vivre dans la sauvagerie et la barbarie politique.

Dans un échange de mail que j’ai eu hier avec un ami et frère, j’ai dû souffrir de constater que cet instinct de survie existe même dans la confiance de nos intimités. Aurais-je adopté moi aussi ses relents de survie animale que depuis nous aurions été en guerre mon ami et moi. Me croyant concurrent de ce qu’il présent être un gain éventuel au terme du combat politique commun, il adopte des positionnements pour se donner un avantage concurrentiel le moment venu. Malgré que du gain qui alimente l’ambition qui l’habite, je ne nourris aucun appétit. Mais l’ignorant, il agit par instinct pour ce qu’il croit être sa survie politique. De même, il faut comprendre et analyser ce qui se passe au Gabon et en Côte d’ivoire.

«L'ignorance en politique est la nuit de l'esprit.... et cette nuit n'a ni lune ni étoiles». Elle plonge dans les ténèbres abyssaux où par tâtonnement, croyant disposer des bons repères, nous en venons à prendre la parole, des décisions, à poser des actes qui entretiennent des situations de misère et quelques fois des états de tragédie, de barbarie.

La plus grande cause de l’homme africain dans son enfermement dans la misère politique, la mauvaise gouvernance est l’ignorance.

Galbraith dans une réflexion sur la démocratie dans les sociétés occidentales écrivait : « Toutes les démocraties vivent dans la peur permanente des ignorants. » car estimait-il, la démocratie n'est rien d’autre qu’une tentative de faire de tous les membres de la société des politiques doués de capacité de discernement. Faut-il encore que tous disposent des bonnes connaissances sur la réalité sur laquelle ils réfléchissent pour que les décisions qu’ils prennent n’entrainent pas des actions et des comportements périlleux.

Effet, quand on parle d'ignorance dans la vie quotidienne, plusieurs personnes pensent qu’on parle de l’absence de connaissance sur une chose ou un phénomène. Pourtant la plupart des femmes et des hommes politiques gabonais ou ivoiriens ont en moyen un second cycle d’études universitaires. Ce sont donc des personnes dotées de connaissances et d’une culturelle générale étendues. Comment en arrivent-ils à faire preuve d’ignorance pour entraîner leur peuple dans la misère, les tragédies et les barbaries quand une simple volonté de coopération peut épargner autant de souffrance.

L’ignorance n’est pas un problème d'absence de connaissance. D’ailleurs, l’absence de connaissance d'une chose est impossible. Pour constater l'absence d'une chose, il faut l'avoir connue au préalable. Par exemple, si je ne sais pas ce qui différencie un fruit et un légume, je ne pourrais pas manquer de connaissance pour dire si une tomate est un fruit ou un légume. De même pour toute autre chose. Si je dis que la tomate est un légume, ma connaissance est totalement fausse, c’est tout simplement que prenant la tomate dans la consommation de ma salade, j’en suis arrivé à la considérer telle un légume. Je fais donc preuve d’ignorance de la qualité végétale de la tomate. Le terme «ignorance» désigne donc, non pas l'absence de connaissance de la tomate mais une connaissance limitée, partielle, confuse, erronée, illusoire... de cette chose qui existe déjà dans notre esprit. Mais pour des sentiments particuliers qui commandent ma volonté de perception, j’en viens à percevoir ce qui n’est pas et à agir de façon en conséquence. De la même façon, de la mauvaise perception, des individus en politique ou dans la gouvernance du bien commun agissent de façon contraire à ce qui pourrait favoriser le bien-être de tous parce que ignorant la réalité fortune sur soi et sur les autres.

En vérité, quand nous nous mettons à observer attentivement nos propres expériences, il apparaît que nos erreurs, nos illusions, nos problèmes politiques, nos souffrances de la mauvaise gouvernance, ne sont que le fait de l'ignorance. Lorsque, dans la pénombre, une corde est prise par exemple pour un serpent, il est bien évident que la corde ne s'est pas changée en serpent, tout comme un serpent réel ne s'est substitué à la corde. Ce n'est l’absence de perception qui a transformé la corde en serpent. C'est notre conscience qui, sous la forme d'une volonté préalable, a alimenté une peur, laquelle crée une fausse connaissance et révèle un serpent à la place d'une corde. Le fait de pas bien apprécier une chose et la prendre pour une autre n’est pas l’absence de connaissance de ce que cette chose est en réalité. L'ignorance n'annule pas la réalité. Elle nous voile la réalité, donne une conscience délimitée par les phénomènes perceptibles dont la pseudo-conscience : l'ego, l’arrogance, la concupiscence, l’avarice.

Ainsi, faut-il comprendre que l'ignorance est le produit de notre conscience alimentée par les sentiments hideux. De ces sentiments, la conscience façonne un défaut de connaissance qui entraîne dans tous les cas, des pensées et des actions qui favorisent des crises, de conflits sociopolitiques ou des guerres. Parce que, justement, l'ignorance d'un point de vue politique ne fonde pas les actions des décideurs dans la recherche de la vertu et du bien. Elle entraine la recherche des meilleurs moyens pour se rendre maître des objets et de chercher à les garder pour sa propre survie politique de façon infinie. De fait, l'ignorance politique est ce qui menace l’harmonie politique au Gabon, en Côte d’Ivoire et dans toute l’Afrique en général. Parce qu'elle suscite des comportements qui privent des réformes politiques souhaitables d’une part et, d'autre part, parce qu'elle favorise des dérives totalitaires. Car si nous déplorons cette ignorance dans nos sociétés, plusieurs en Occidents tablent sur elle pour mener à bien leurs projets politiques ou économiques. Les ignorants sont très utiles pour l’impérialisme des sociétés occidentales. Elles trouvent chez nous des complices bien intentionnés pour à agir contre les intérêts des semblables. C’est ainsi que l’ignorance est la cause de cette situation politique lamentable vécue au Gabon ou encore cette barbarie que vécue par les frères ivoiriens.

En somme, disons que l'ignorance est un décalage entre la réalité et une perception de cette réalité, décalage qui est la conséquence d'une croyance ou d'un fait avéré de ne pas savoir. Elle est un voile. Elle induit les passions et cause les métempsycoses. Pour connaitre l’harmonie politique, la démocratie, il faut conduire tous les citoyens ou du moins une majorité acceptable d'entre eux à disposer des connaissances minimales qui protègent contre les maux dangereux de l'ignorance et qui, par là même, protègent la société entière des conséquences tragiques de celle-ci. Il faut prêcher pour la vertu dans nos pensées et nos actions quotidiennes. La quête de la vertu dans nos institutions politiques entraînerait non seulement de rentabiliser au maximum les bénéfices propres, mais aussi de prendre en compte les intentions et les besoins d'autrui ce qui de plus empêcherait les sentiments hideux qui prennent le dessus sur nos perceptions et commandent des penser et des actions néfastes pour le bien vivre en commun.

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