dimanche 27 février 2011

Un coopérant militaire français menace un journaliste Togolais

la capitale du Togo, en marge d'une confrontation entre manifestants et gendarmes togolais, un face-à-face tendu oppose un officier français et un reporter togolais. Le premier exige du second qu'il efface une photo de lui qu'il avait prise : le ton et les menaces évoquent un autre temps supposé révolu.

Une vidéo a été prise de ce face-à-face, et n'est pas avantageuse pour ce colonel français en uniforme, qui se décrit comme conseiller du chef d'état-major de l'armée de terre togolaise. Il lance sur un ton agressif :

« Tu sais qui je suis ? Je suis le conseiller du chef d'état-major de l'armée de terre. Tu veux que j'appelle le RCGP [Régiment des commandos de la garde présidentielle, ndlr] pour foutre un peu d'ordre là-dedans ? Alors, je demande d'enlever les photos. Est-ce que c'est compliqué ? »


Epaulé de gendarmes togolais casqués, matraque à la main, l'officier menace le journaliste, Didier Ledoux, bien connu au Togo, portant un gilet avec le mot « presse » écrit en énorme, fourni par les Nations unies. Il lui dit :

« Tu veux qu'on te donne un coup sur l'appareil ou quoi ? »


Françafrique pas morte.

Mardi à Lomé,
Un peu plus tard, face aux protestations du journaliste qui proteste qu'il fait son boulot, l'officier lui rétorque « je m'en fous », puis dis à l'un des gendarmes, sur un ton autoritaire : « Tu le mets en taule ». (Voir la vidéo tournée par Noel Kodou Tadegnon, correspondant de Reuters à Lomé)

Sur le site du quotidien togolais d'opposition Liberté, auquel collabore Didier Ledoux, un journaliste relate l'incident, et pose une question :

« C'est curieux qu'un officier français formé en France, pays des droits de l'Homme, menace de faire venir des éléments de la garde présidentielle pour régler un malentendu qui l'opposait à un journaliste qui ne faisait que son travail. »


L'ambassade de France au Togo a publié un communiqué, affirmant que le véhicule de l'officier, qui se trouvait « fortuitement » à proximité du rassemblement, a été pris à partie par des jets de pierres. Il ajoute :

« Après avoir signalé les faits au détachement de gendarmerie qui se trouvait à proximité, l'officier n'a pas souhaité qu'un photographe fasse une prise de vue. »


Comme ces choses-là sont dites avec modération. Le problème est qu'aujourd'hui il y a la vidéo, il y a YouTube, et que l'on peut y voir un officier français en territoire conquis, arrogant (« Tu sais qui je suis » ? ) et menaçant (« Tu veux un coup sur l'appareil ? » ; « Tu le mets en tôle »), pour un incident de toute évidence mineur. Cinquante ans après les indépendances africaines célébrées en grande pompe cet été sur les Champs-Elysées, ça surprend…

A Paris, le ministère de la Défense nous a fait savoir qu'il ne « se reconnaissait pas » dans l'attitude et les déclarations de cet officier, « qui ne défend pas les valeurs qui sont les nôtres ». Le ministère indique que cet officier devra s'en expliquer avec le journaliste togolais. Bonne nouvelle.

Sur L'Express.fr jeudi, l'officier mis en cause, le lieutenant-colonel Romuald Letondot, revient sur les circonstances de l'incident, et indique qu'il a présenté ses excuses au journaliste togolais et qu'ls sont « repartis copains ». Il estime « normal » que l'armée française l'ait désavoué mercredi, même s'il dit s'être fait « piéger » par les circonstances.

► Rectificatif, le 11/8/2010 à 15h22, avec la correction de la citation, c'est sur l'apareil que l'officier menace de donner un coup, pas sur la tête. Merci aux riverains vigilants.

► Mise à jour le 11/8/2010 à 15h52, avec la réaction du ministère de la Défense à Paris.

►Mise à jour le 12/8/2010 à 18h18, avec la réaction de l'officier concerné.

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